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Les Pluies FAQ acides
Questions
Les faits
- Quelle est l'origine des précipitations acides?
- Que signifie le terme « acide »?
- Qu'est-ce que le pH?
- Où les précipitations acides posent-elles un problème?
- D'où proviennent les émissions de dioxyde de soufre?
- Les niveaux de émissions de SO2 ont-ils changés?
- D'où proviennent les émissions de NOx ?
- Les niveaux de émissions de NOx ont-ils changés?
- Quelle est la différence entre une charge cible et une charge critique?
- Les pluies acides continueront elles de susciter des préoccupations si l'on ne prend pas de mesures de lutte supplémentaires ?
Eau
Les forêts
La qualité de l'air
Votre santé
Des études de cas
Questions et réponses
Les faits
Quelle est l'origine des précipitations acides?
Le terme général « dépôts acides » ne désigne pas simplement les précipitations acides. Les dépôts acides proviennent principalement de la transformation du dioxyde de soufre (SO2) et des oxydes d'azote (NOx) en polluants secondaires secs ou humides comme l'acide sulfurique (H2SO4), le nitrate d'ammonium (NH4NO3) et l'acide nitrique (HNO3). Le SO2 et les NOx se transforment en particules et en vapeurs acides lorsque ces substances sont transportées dans l'atmosphère sur de longues distances pouvant varier de centaines à des milliers de kilomètres. Les particules et les vapeurs acides peuvent se déposer de deux façons : par voie humide ou par voie sèche. Les dépôts humides sont les précipitations acides, à savoir le phénomène qui survient lorsque les acides, dont le pH est normalement inférieur à 5,6, tombent de l'atmosphère sous forme de pluie, de neige, de giboulée et de grêle. Les dépôts secs se produisent quand des particules comme les cendres volantes, les sulfates, les nitrates et les gaz (le SO2 et les NOx, par exemple) se déposent sur les surfaces ou y sont absorbées. Les gaz peuvent alors être transformés en acides au contact de l'eau.
Que signifie le terme « acide »?
Un acide est une substance au goût aigre, qui se caractérise chimiquement par sa capacité à réagir avec une base pour former un sel. Le papier tournesol bleu (ou papier pH) devient rouge lorsqu'il est trempé dans un acide. Les acides forts brûlent la peau.
Qu'est-ce que le pH?
Le pH est une échelle logarithmique qui mesure la quantité d'acide dans un liquide comme l'eau. Étant donné que les acides libèrent des ions d'hydrogène, la teneur en acide d'une solution dépend de la concentration des ions hydrogène, ce qui est exprimée par une valeur de pH. Cette échelle est aussi appliquée à la mesure de l'acidité des échantillons de précipitations.
- 0 = acidité maximale
- 7 = point neutre
- 14 = basicité maximale (le contraire de l'acidité)
Plus le chiffre est petit sur l'échelle de pH, plus la substance est acide. Les précipitations dont le pH est compris entre 0 et 5 sont acides, d'où la désignation de « précipitations acides ». À de petites variations de pH correspondent de grands changements d'acidité.
Par exemple, un changement d'une seule unité de pH (disons de 6,0 à 5,0) indique une augmentation de l'acidité par un facteur de 10. Les précipitations non polluées ont ordinairement un pH de 5,6. Elles sont légèrement acides à cause du dioxyde de carbone naturellement présent dans l'atmosphère. En comparaison, mentionnons que le pH du vinaigre est de 3.
Où les précipitations acides posent-elles un problème?
Elles constituent un problème dans l'est du Canada parce que bon nombre des systèmes aquatiques et terrestres de cette région ne sont pas suffisamment alcalins (pas assez calcaires) et qu'ils ne parviennent pas à neutraliser naturellement les précipitations acides. Les provinces du Bouclier canadien précambrien, comme l'Ontario, le Québec, le Nouveau Brunswick et la Nouvelle-Écosse, sont frappées le plus durement parce que leurs systèmes aquatiques et terrestres ne parviennent pas à contrer les effets néfastes des précipitations acides. De fait, plus de la moitié de la superficie du Canada repose sur un substratum granitique dur qui ne peut pas bien neutraliser les pluies acides. Si ces systèmes étaient plus alcalins, comme c'est le cas dans certaines parties de l'ouest du Canada et du sud-est de l'Ontario, ils parviendraient à neutraliser naturellement les précipitations acides, ce qu'on appelle l'effet-tampon.
Les données sur l'ouest du Canada sont insuffisantes et ne permettent donc pas actuellement de déterminer si les précipitations acides perturbent les écosystèmes. Dans le passé, des facteurs comme l'industrialisation moins intense, contrairement à la situation dans les provinces de l'est, et des facteurs naturels comme les vents dominants, qui soufflent d'ouest en est, ainsi que des sols plus résistants (et donc plus en mesure de neutraliser l'acidité) ont soustrait la majeure partie de l'ouest canadien aux ravages des précipitations acides.
Cependant, des secteurs de l'ouest canadien ne sont pas à l'abri de cette pollution. Par exemple, les lacs et les sols reposant sur un substratum granitique ne sont pas en mesure de neutraliser l'acidité. C'est le cas, par exemple, dans certaines parties du Bouclier canadien situées dans le nord-est de l'Alberta, dans le nord de la Saskatchewan et du Manitoba, ainsi que dans certaines parties de la Colombie-Britannique, dans le Nunavut et dans les Territoires du Nord Est. Les lacs de ces secteurs n'ont pas plus de moyens de défense contre les précipitations acides que ceux du nord de l'Ontario. Si les émissions de dioxyde de soufre et d'oxydes d'azote continuent d'augmenter dans l'ouest du pays, on y observera les mêmes incidences nuisibles qui se produisent dans l'est.
Pour savoir comment obtenir des données ou des cartes relatives au dépôt acide, visitez le site Web de NatChem.
D'où proviennent les émissions de dioxyde de soufre?
Le dioxyde de soufre (SO2) est normalement un sous-produit de procédés industriels et de la combustion de combustibles fossiles. La première fusion de minerais, l'exploitation de centrales au charbon et le traitement du gaz naturel sont les principales sources de SO2
En 2000, par exemple, les émissions de SO2 aux États-Unis se sont chiffrées à 14,8 millions de tonnes, soit plus de 6 fois les émissions canadiennes, qui atteignaient 2,4 millions de tonnes au total. Mais les sources d'émissions diffèrent d'un pays à l'autre. Au Canada, 68 % des émissions proviennent des sources industrielles et 27 % des services publics d'électricité (2000). Aux États-Unis, elles proviennent à 67 % des services publics d'électricité (2002).
Le Canada ne parviendra pas seul à vaincre le problème des précipitations acides. En effet, la réduction des émissions doit s'obtenir de part et d'autre de la frontière. Plus de la moitié des dépôts acides dans l'est du Canada proviennent d'émissions aux États-Unis. Environ les trois-quarts du dépôt que reçoivent des régions comme le sud-est de l'Ontario (Longwoods) et Sutton, au Québec, sont d'origine américaine. En 1995, on a estimé entre 3,5 et 4,2 millions de tonnes par an le passage transfrontière du dioxyde de soufre.
Les niveaux de émissions de SO2 ont-ils changés?
En vertu du Programme de lutte contre les pluies acides dans l'est du Canada, qui a été lancé en 1985, le Canada s'engageait à limiter à 2,3 millions de tonnes ses émissions de SO2 dans les sept provinces de l'est en partant du Manitoba pour 1994, ce qui représentait une réduction de 40 p 100 par rapport aux valeurs de 1980. En 1994, les sept provinces avaient atteint ou dépassé leurs objectifs. En 1998, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux du Canada ont signé la Stratégie pancanadienne sur les émissions acidifiantes après l'an 2000 en vertu de laquelle ils s'engageaient à prendre des mesures supplémentaires pour réduire les pluies acides. Les progrès réalisés dans le cadre du Programme de lutte contre les pluies acides dans l'est du Canada et de la Stratégie pancanadienne sur les émissions acidifiantes après l'an 2000, y compris des données relatives aux émissions sont présentés dans les rapports annuels respectifs de ces derniers. De 1980 à 2001, les émissions de SO2 ont diminué d'environ 50 % pour se situer à 2,38 millions de tonnes. Dans l'est du Canada, elles ont diminué d'environ 63 % pendant cette même période.
D'où proviennent les émissions de NOx ?
La combustion des carburants pour véhicules automobiles et des combustibles pour les appareils de chauffage résidentiels et commerciaux, pour les moteurs et les chaudières industriels et pour l'alimentation des centrales électriques et d'autre matériel constitue la principale source d'émissions de NOx. En 2000, le secteur du transport était la source la plus importante de NOx au Canada; il prenait une part d'environ 60 % de toutes les émissions. Au total, celles-ci se sont chiffrées à 2,5 millions de tonnes cette année-là. Aux États-Unis, elles avaient atteint 21 millions de tonnes, soit huit fois plus qu'au Canada.
Le transport transfrontière des polluants atmosphériques des États-Unis vers le Canada a une influence marquée. Environ 24 % des épisodes d'ozone d'échelle régionale observés aux États-Unis aussi affectent l'Ontario. L'analyse de la concentration de l'ozone à quatre emplacements dans la pointe extrême du sud-ouest ontarien, qui tient compte de l'orientation et de la force des vents, permet d'estimer qu'entre 50 % et 60 % de l'ozone qui y est mesuré provient des États-Unis (équipe du Programme scientifique sur les NOx et les COV, 1997b).
Émissions de polluants atmosphériques, Canada
Tendances des émissions de polluants atmosphériques, États-UnisLes niveaux de émissions de NOx ont-ils changés?
Au Canada, les émissions totales de NOx sont relativement stables depuis 1985. Depuis 2000, on y a réduit les sources fixes d'émissions de NOx de plus de 100 000 tonnes par rapport au niveau prévu pour les centrales électriques, les principales sources de combustion et les fonderies. En 2000, en vertu des dispositions de l'Annexe sur l'ozone à l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l'air, le Canada s'est engagé à limiter les émissions de NO2 des centrales à combustible fossile à 39 000 tonnes dans le centre et le sud de l'Ontario et à 5 000 tonnes dans le sud du Québec. Il s'est aussi engagé à imposer des normes plus rigoureuses de réduction des émissions provenant de la combustion des carburants pour véhicules automobiles et à prendre des mesures pour réduire les émissions de NOx des chaudières industrielles. Selon les estimations, ces engagements devraient permettre d'atteindre en 2010 une réduction d'environ 39% des émissions annuelles de NOx de 1990 dans la région transfrontière canadienne (soit le centre et le sud de l'Ontario et le sud du Québec).
Accord Canada - États-Unis sur la qualité de l'air et Rapports d'étape
Émissions de polluants atmosphériquesQuelle est la différence entre une charge cible et une charge critique?
La charge critique est une mesure du degré de pollution qu'un écosystème peut tolérer. En d'autres mots, c'est le palier au-delà duquel le milieu est endommagé. La charge critique varie selon les régions. Les écosystèmes tolérants aux précipitations acides ont une charge critique élevée, les écosystèmes vulnérables ont une faible charge critique.
Au Canada, la charge critique varie d'une région à l'autre. Elle dépend de la capacité d'un écosystème donné de neutraliser l'acidité. Pour les écosystèmes aquatiques, les scientifiques l'ont défini comme étant la quantité de dépôts humides de sulfate en dessous de laquelle 95 % des lacs sont protégés contre l'acidification jusqu'à un pH inférieur à 6. (Le point de neutralité est le pH 7; toute valeur inférieure est dans la plage acide, toute valeur supérieure est dans la plage basique). À un pH inférieur à 6, les poissons et d'autres espèces aquatiques entament leur déclin.
Une charge cible est un niveau de pollution pouvant être respecté et que l'on considère comme étant politiquement acceptable lorsque d'autres facteurs (p. ex., facteurs d'ordre éthique, incertitudes scientifiques et incidences socio-économiques) sont examinés en regard des considérations d'ordre environnemental. En vertu du Programme de lutte contre les pluies acides dans l'est du Canada, le Canada s'était engagé à limiter à 2,3 millions de tonnes ses émissions de SO2 dans les sept provinces de l'est en partant du Manitoba pour 1994. Ce programme avait pour objectif de réduire les dépôts humides de sulfate à une valeur cible de 20 kg, au plus, par hectare et par an (kg/ha/an). Nos scientifiques avaient alors estimé que ce taux de dépôt était acceptable pour protéger les écosystèmes aquatiques modérément vulnérables à l'acidification.
Dans le cadre de la Stratégie pancanadienne sur les émissions acidifiantes après l'an 2000, signée en 1998, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada ont convenu d'adopter comme principal objectif à long terme, de respecter les charges critiques pour le dépôt acide à l'échelle du pays. Récemment, on a conçu des cartes qui combinent des valeurs de charges critiques pour les écosystèmes aquatiques et forestiers. Ces cartes indiquent la quantité d'acidité (exprimée en équivalents par hectare et par an (éq/ha/an) que la partie la plus vulnérable de l'écosystème d'une région déterminée peut recevoir sans subir de dégâts.
La charge critique est la quantité maximum de dépôts acides qu'une région donnée peut recevoir sans que les écosystèmes subissent de dommages. Elle dépend essentiellement du pouvoir de neutralisation des acides des eaux, des roches et des sols et, comme l'indique cette carte du Canada, elle peut varier considérablement d'une région à une autre. On a calculé les charges critiques en utilisant les modèles de chimie de l'eau (« expert » ou « SSWC ») ou un modèle du sol forestier (« SMB »). La carte répertoire (en bas à gauche) indique le modèle sélectionné pour chaque carré de grille : rouge = expert (aquatique), jaune = SSWC (aquatique), vert = SMB (sols forestiers secs).
Les pluies acides continueront elles de susciter des préoccupations si l'on ne prend pas de mesures de lutte supplémentaires ?
Oui. Dès 1990, les scientifiques estimaient, tant au Canada qu'aux États Unis, qu'il fallait accroître d'environ 75 % les réductions des émissions de SO2 auxquelles se sont engagés les deux pays en vertu de l'Accord sur la qualité de l'air de 1991 afin de résoudre la question des dépôts acides au Canada. Cette prévision se fondait sur les effets des acides dérivés du soufre dans les dépôts humides sur les écosystèmes aquatiques. L'Évaluation scientifique 2004 des dépôts acides au Canada examine des données nouvelles pour déterminer dans quelle mesure les écosystèmes aquatiques et terrestres peuvent absorber les acides dérivés à la fois du soufre et de l'azote présents dans les dépôts secs et humides. D'après les estimations améliorées des dépôts secs (soit le total des dépôts de SO2 gazeux, de particules de sulfate, d'acide nitrique, de particules de nitrate et d'autres espèces azotées), les charges critiques ont été surestimées dans le passé, ce qui laisse supposer que les prévisions antérieures concernant les incidences des stratégies de lutte proposées étaient exagérément optimistes. Dans certaines régions, les charges critiques des écosystèmes forestiers sont plus rigoureuses même que celles des écosystèmes aquatiques. Vu les nouvelles charges critiques des écosystèmes terrestres, le Canada doit évaluer la viabilité des écosystèmes forestiers en fonction de divers niveaux de dépôts acides. Les données améliorées continueront sans doute de mettre en évidence la nécessité de réaliser des réductions des émissions de SO2 aussi considérables ou sensiblement plus importantes.
C'est pourquoi la Stratégie pancanadienne sur les émissions acidifiantes après l'an 2000 demande des réductions supplémentaires tant au Canada qu'aux États-Unis. Si aucune mesure de contrôle autre que celles mentionnées dans l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l'air de 1991 n'est mise en place, certains secteurs du sud et du centre de l'Ontario, du sud et du centre du Québec, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse continueraient de recevoir des quantités moyennes annuelles de dépôts humides de sulfate supérieures à leur charge critique. Celle-ci serait dépassée de 10 kg/ha/an par endroits dans le centre de l'Ontario et le centre et le sud du Québec. Il s'ensuit qu'environ 95 000 lacs demeureraient endommagés par les précipitations acides. Dans ces secteurs, les lacs ne se sont pas ajustés à la baisse des dépôts de sulfate autant ou aussi rapidement que ceux situés dans des secteurs moins vulnérables. En fait, certains de ces lacs ont continué de s'acidifier.
Au total, en l'absence de mesures de contrôle supplémentaires, une superficie d'environ 800 000 km2 (soit la France et le Royaume-Uni réunis), dans le sud-est du Canada, recevrait des quantités nocives de précipitations acides. C'est-à-dire que ces quantités dépasseraient largement la charge critique des systèmes aquatiques.
Dépassements du dépôt humide de sulfates (en kg/ha/an) prévus pour 2010 par rapport aux charges critiques, en l'absence d'autres mesures de réduction.
Eau
Les précipitations sont-elles ou non de plus en plus acides?
Une des mesures de l'acidité des pluies acides est le pH. Le pH de la pluie dépend de deux facteurs : la présence de substances acidifiantes comme le sulfate et la disponibilité de substances pour neutraliser l'acide, comme les sels de calcium et de magnésium. Les précipitations non polluées ont un pH d'environ 5,6. Le vinaigre a un pH de 3.
Malgré la baisse de l'acidité des pluies acides depuis 1980, la pluie reste acide dans l'est du Canada. Par exemple, le pH moyen de la pluie dans la région de Muskoka-Haliburton en Ontario est d'environ 4,5, d'où une pluie à peu près 40 fois plus acide que la normale.
Les réductions de l'acidité dans les pluies acides dépendent des réductions dans les émissions de SO2.
De quelle manière les précipitations acides agissent-elles sur les lacs et les cours d'eau
Les lacs acidifiés ne peuvent plus abriter la même diversité de formes vivantes que les lacs sains. Lorsqu'un lac s'acidifie, les populations d'écrevisses et de moules sont les premières à disparaître; viennent ensuite différentes sortes de poissons. De nombreux types d'organismes planctoniques, de minuscules organismes à la base de la pyramide alimentaire du lac, sont également affectés. À mesure que les stocks de poisson disparaissent, le nombre de huarts et d'autres oiseaux aquatiques qui s'en nourrissent diminue. Toutefois, les lacs ne deviennent pas tout à fait stériles. Certaines formes de vie tirent avantage de la hausse de l'acidité. Par exemple, les plantes benthiques (au fond des lacs) et les mousses pullulent dans les lacs acides, tout comme les larves de simulies (mouche noire).
Ce ne sont pas tous les lacs exposés qui s'acidifient. Dans les régions où abonde la roche calcaire, les lacs sont davantage en mesure de neutraliser l'acidité. Là où le roc est surtout granitique, les lacs n'y parviennent pas. C'est hélas le cas de la majeure partie de l'est du Canada - où tombe la majeure partie des précipitations acides.
Qu'advient-il des poissons, des grenouilles, des oiseaux et des insectes qui y vivent?
Le poisson des lacs et des cours d'eau est affecté de nombreuses manières par les précipitations acides. Il se produit des mortalités massives (au moment de la fonte printanière) lorsque des polluants très acides, qui se sont accumulés dans la neige au cours de l'hiver, sont drainés dans des cours d'eau. De tels cas de mort massive de truites et de saumons ont été amplement documentés en Norvège.
Le plus souvent, le poisson disparaît graduellement de ces voies d'eau, à mesure que son environnement devient intolérable. Certaines espèces comme l'achigan à petite bouche, le doré, l'omble de fontaine et le saumon sont plus sensibles que d'autres à l'acidité et tendent à disparaître en premier.
Même les espèces qui semblent survivre peuvent souffrir de différentes manières du stress causé par l'acidité. L'incapacité de pondre constitue l'un des premiers signes de cette forme de stress. Parfois, même si les femelles pondent, les larves et les alevins ne parviennent pas à survivre en eaux très acides. Ce qui explique que, dans certains lacs acides, on ne trouve que des poissons plus âgés. Une bonne pêche peut faire croire aux pêcheurs sportifs qu'un lac est sain.
On observe d'autres effets sur le poisson, comme le ralentissement de la croissance, l'incapacité de réguler son équilibre chimique, le dépôt d'œufs moins abondant, des difformités chez les jeunes et une plus grande vulnérabilité à la maladie.
Effets de l'acidification d'un écosystème :
Lorsque le pH de l'eau tend vers : Effets 6,0d - Les crustacés, des insectes et certaines espèces planctoniques commencent à disparaître.
5,0 - Des changements importants dans la communauté planctonique se manifestent.
- Les mousses et des espèces planctoniques moins utiles apparaissent.
- La perte progressive de certaines espèces est probable, les plus prisées étant généralement les plus vulnérables..
Moins de 5,0 - Il ne reste plus beaucoup de poisson.
- Le fond de l'eau est couvert de matériaux non décomposés.
- Les secteurs côtiers peuvent être envahis par les mousses.
- Selon les écosystèmes aquatiques, les animaux terrestres peuvent être affectés. Par exemple, la sauvagine dépend d'organismes aquatiques pour se nourrir et se procurer les nutriments nécessaires. À mesure que ces sources s'amenuisent ou disparaissent, l'habitat perd en qualité et le succès de la reproduction des oiseaux est affecté.
Les lacs sont-ils en voie de rétablissement?
Certains lacs acidifiés se rétablissent, beaucoup d'autres, non. Des 202 lacs étudiés depuis le commencement des années 1980, le degré d'acidité s'est abaissé dans 33 % des cas, la situation n'a pas changé dans 56 % des cas, et 11 % de ces lacs se sont acidifiés davantage. Les progrès les plus notables ont été signalés dans la région de Sudbury, où le degré d'acidité des émissions locales provoquant les polluants s'est abaissé dans 90% des cas, au cours des trois dernières décennies. Les populations de poisson se sont redressées et celles des oiseaux piscivores, comme le huart, se sont accrues. Cependant, aucun rétablissement important de la faune sauvage n'a été constaté hors de la région de Sudbury. C'est dans la région de l'Atlantique que l'amélioration a été le moins sensible, même si les lacs de cette région n'ont jamais été aussi acidifiés que ceux de certaines parties de l'Ontario et du Québec. Depuis 1990, les chercheurs ont confirmé que le maintien du pH des lacs à au moins 6,0 est le critère le plus approprié au calcul des charges critiques. À ces pH, la condition des réseaux de lacs et de rivières est optimale.
Les forêts
Quels sont les effets des précipitations acides sur les arbres?
Ils peuvent être très légers comme très graves, selon la région du pays et l'acidité de la pluie. Les précipitations, le brouillard et les vapeurs acides endommagent la surface des feuilles et des aiguilles, abaissent la résistance au froid des arbres et inhibent la reproduction et la germination. Bref, la vitalité et le pouvoir régénératif des arbres sont limités.
De quelles autres façons les précipitations acides endommagent-elles les forêts?
L'exposition prolongée aux précipitations acides appauvrit les sols en éléments nutritifs utiles. Elle provoque, en outre, une hausse de la concentration de l'aluminium dans le sol qui interfère avec l'absorption des éléments nutritifs par les arbres. Les arbres poussent moins vite, ou encore leur croissance peut être interrompue. Des marques de dommages plus apparentes, comme la défoliation, peuvent se manifester par la suite. Et les arbres exposés aux précipitations acides peuvent éprouver plus de difficulté à résister à d'autres sources de stress comme la sécheresse, la maladie, les insectes ravageurs et le froid.
La capacité des forêts de résister à l'acidification est liée à celle des sols forestiers de neutraliser l'acidité. Or, celle-ci dépend essentiellement des mêmes conditions géologiques que celles agissant sur l'acidification des lacs. Donc, la menace qui s'exerce sur les forêts est le plus intense dans les régions où les lacs sont eux aussi gravement menacés, soit le centre de l'Ontario, le sud du Québec et les provinces de l'Atlantique. Ces régions reçoivent environ deux fois plus de précipitations acides que ce que les forêts peuvent tolérer sans subir de dommages à long terme. De plus, les forêts des plateaux peuvent être endommagées par les brouillards acides qui se forment souvent en altitude.
Ces effets sont-ils réversibles?
Les précipitations acides ont entraîné un appauvrissement important en éléments nutritifs dans les sols forestiers de certaines parties de l'Ontario, du Québec et des provinces de l'Atlantique, ainsi que dans la partie nord-est des États-Unis. Bien que cette situation puisse être réversible, il faudra de nombreuses années, voire des centaines d'années dans certaines régions, avant que les éléments nutritifs des sols atteignent les niveaux antérieurs par processus naturels, comme la météorisation, même si les pluies acides étaient complètement éliminées. Pour l'instant, les forêts des zones touchées, c.-à-d. là où la charge critique est dépassée, exploitent les réserves de minéraux accumulés après les ères glaciaires. Cependant, à certaines stations de surveillance, les sols sont déjà carencés et des dommages sont visibles. La perte d'éléments nutritifs dans les sols forestiers risque d'hypothéquer la pérennité des forêts aux sols vulnérables. Si les niveaux actuels de pluies acides persistent, la croissance et la productivité d'environ 50 % des forêts boréales de l'est du Canada s'en ressentiront.
On appelle charge critique la quantité maximale de dépôt acide qu'une région peut recevoir sans endommager ses écosystèmes. Elle dépend, pour l'essentiel, de la capacité de neutralisation des pluies acides de l'eau, des roches et des sols. Cette carte, des dépassements de charge critique à état stable du sol sec de forêt pour le sud-est du Canada (eq/ha/an) montre des zones de l'est du Canada où les niveaux de dépôt acide dépassent la capacité des sols pour neutraliser l'acide sans nuire à la durabilité à long terme de l'environnement. Les calculs de dépassements à état stable supposent que les forêts ne sont pas exploitées.
La qualité de l'air
Existe-t-il des liens avec d'autres problèmes de pollution atmosphérique?
Oui. La combustion des combustibles fossiles est également à l'origine du smog en milieu urbain, de changements climatiques et de l'émission de mercure dans l'atmosphère.
Le Smog
Le dioxyde de soufre réagit avec la vapeur d'eau et d'autres composés chimiques de l'atmosphère pour former de très fines particules de sulfate. Ces particules aériennes sont un constituant essentiel du smog. On admet désormais qu'elles constituent un danger important sur le plan sanitaire. Les particules fines, ou matières particulaires (MP), peuvent se loger au fond des poumons et causer l'inflammation et endommager les tissus. L'effet de ces particules est particulièrement dangereux chez les personnes âgées et celles souffrant de troubles cardiaques et respiratoires. Des études récentes ont établi une forte corrélation entre une concentration élevée de particules de sulfate dans l'air et le nombre d'admissions, le nombre accru de jours où se manifestent des symptômes d'asthme ainsi qu'un taux supérieur de mortalité attribuable à ces troubles.
De plus, le smog urbain forme également dans l'atmosphère une brume sèche qui masque les objets au loin. Le couloir Windsor-Québec dans l'est du Canada et le Bas-Fraser en C.-B. sont les plus touchés par ce phénomène, le paysage et les immeubles étant souvent voilés.
Changement climatique
On prévoit que le changement climatique se traduira par une hausse de la température et une augmentation des sécheresses. Il pourrait aussi être à l'origine de la transformation de composés inoffensifs, qui se sont accumulés dans les milieux humides, en sulfate générateur d'acide. Lorsque le temps pluvieux reviendrait, ce sulfate serait entraîné dans les lacs environnants et accroîtrait leur acidité.
Mercure
Le mercure communément trouvé en concentration supérieure dans les lacs acidifiés peut être à l'origine de problèmes de reproduction chez les oiseaux.
Rayonnement ultraviolet (UV)
Le plancton et d'autres organismes vivant dans la tranche d'eau superficielle de lacs acides sont rendus plus vulnérables à une hausse du rayonnement ultraviolet attribuable à l'appauvrissement de la couche d'ozone. Cela tient au fait que l'acidité abaisse la quantité de matières organiques dissoutes dans l'eau, rend l'eau plus limpide et permet au rayonnement ultraviolet de pénétrer plus profondément dans l'eau.
Swedish NGO Secretariat on Acid Rain
http://www.acidrain.org
Votre santé
Quel est le lien entre les précipitations acides et votre santé?
Le dioxyde de soufre réagit avec la vapeur d'eau et d'autres composés chimiques de l'atmosphère pour former de très fines particules de sulfate. Ces particules aériennes sont un constituant essentiel du smog urbain. On admet désormais qu'elles constituent un danger important sur le plan sanitaire.
Quels sont les effets des particules sur la santé?
Les particules fines, ou matières particulaires (MP), peuvent se loger au fond des poumons et causer l'inflammation et endommager les tissus. L'effet de ces particules est particulièrement dangereux chez les personnes âgées et celles souffrant de troubles cardiaques et respiratoires. Des études récentes ont établi une forte corrélation entre une concentration élevée de particules de sulfate dans l'air et le nombre d'admissions hospitalières pour des affections cardiaques et respiratoires, un nombre accru de jours où se manifestent des symptômes d'asthme ainsi qu'un taux supérieur de mortalité attribuable à ces troubles.
Cette pyramide illustre le rapport existant entre la gravité et la fréquence des effets de la pollution sur la santé. Les effets les plus bénins et les plus communs, comme les symptômes, se situent à la base de la pyramide, tandis que les effets les plus graves mais aussi les plus rares, comme la mortalité prématurée, se situent au sommet. Cette représentation schématique nous montre que plus la gravité des effets diminue, plus le nombre de personnes touchées par ces effets augmente.
Quels sont les coûts pour la population canadienne de ces effets sur la santé?
Au moyen de modèles informatiques, les chercheurs et les économistes parviennent à estimer le coût de ces effets sur la santé. Ils procèdent par simulation numérique, en abaissant les émissions de SO2 par incréments afin de prédire dans quelle mesure les cas de troubles cardiaques ou respiratoires et de mort prématurée diminueraient. On peut exprimer cette atténuation des effets sur la santé en termes d'avantage potentiel majeur pour la population. À l'inverse, cela correspond aussi au coût, pour la population, de vivre avec la teneur actuelle en SO2.
Par exemple, on estime qu'une réduction des émissions de SO2 de 50 % dans l'est du Canada et aux États-Unis (il s'agit ici de réductions complémentaires à celles prévues dans le cadre du Programme de lutte contre les pluies acides dans l'est du Canada et du U.S. Acid Rain Program) procurerait les avantages suivants à la population canadienne :- 550 décès prématurés de moins par année;
- 1520 visites de moins à l'urgence des hôpitaux par année;
- 210 070 jours où des personnes présentent des symptômes d'asthme par année.
Les économistes estiment que la société attache à ces avantages un prix s'échelonnant entre à peine moins de cinq cents millions de dollars et cinq milliards de dollars par année.
Les États-Unis ont aussi estimé les avantages pour la santé de leur propre programme, tant pour la population canadienne que pour la population américaine. Les calculs indiquent qu'en dollars constants de 1994, ces avantages totaux se sont chiffrés à 10,6 milliards $ US pour 1997, et que le total passe à 40 milliards $ à l'an 2010, alors que ce programme sera appliqué intégralement.
Au Canada, les avantages estimés se concrétiseraient surtout dans le couloir Windsor-Québec, où vit la majeure partie de la population canadienne susceptible de souffrir du transport transfrontières du SO2 émis dans l'est des É.-U. Pour l'horizon de l'an 2010, on évalue à 955 millions $ US au total (ou bien au-delà du milliard en dollars canadiens) les avantages annuels, sur le plan sanitaire, de ce programme.
Des études de cas
Sudbury
La région de Sudbury est reconnue pour ses émissions de SO2 très élevées et les dépôts acides qui s'y rattachent. En outre, elle est largement vulnérable aux précipitations acides. Compte tenu de l'ampleur des dommages historiques causés au paysage ainsi que des efforts déployés par le gouvernement et l'industrie de l'Ontario pour améliorer la situation, elle représente sans le vouloir une « expérience » importante sur le processus complet d'acidification et de rétablissement d'un écosystème.
Des quelque 7 000 lacs endommagés par les émissions de fonderie, la plupart sont situés dans des zones boisées accidentées, reposant sur un lit de roches, au nord-est et au sud-ouest de Sudbury. Par conséquent, l'acidification du secteur nuit considérablement à la pêche sportive. En fait, la majorité des cas bien documentés de pertes de poissons attribuables aux précipitations acides au Canada ont été relevés dans la région de Sudbury (sans oublier bien sûr les pertes de saumons de l'Atlantique dans les cours d'eau de la Nouvelle-Écosse et les pertes de poissons de sport dans certaines zones du Québec).
Depuis qu'ils étudient les lacs et les étangs près de Sudbury, soit depuis plus de 35 ans, les scientifiques ont réuni d'innombrables données qui démontrent clairement les effets néfastes des émissions de fonderie sur la chimie et la biologie des plans d'eau. Ces renseignements sont d'ailleurs souvent utilisés au Canada et à l'étranger dans les discussions sur l'assainissement de l'air. La réduction notable des émissions de fonderie locales s'est traduite par une baisse marquée de la toxicité des lacs de la région de Sudbury. De 1980 à 1997, les sociétés Inco et Falconbridge, les deux principaux producteurs d'émissions de fonderie de la région, ont réduit de 75 % et de 56 % respectivement leurs émissions de SO2.
Dans l'ensemble, l'amélioration générale de la chimie et de la biologie des lacs de la région de Sudbury illustre la capacité de récupération des systèmes aquatiques et apporte des arguments solides en faveur de l'application de mesures de contrôle des émissions pour contrer l'acidification du milieu aquatique. Toutefois, de nombreux lacs de la région sont toujours acidifiés et contaminés par des métaux.
Principales sources de dioxyde de soufre (SO2) à Sudbury, Ontario (kilotonnes)
1980 1990 1997 Limite de SO2 INCO (Copper Cliff) 812 617 200 265 FALCONBRIDGE (Sudbury) 123 70 54 100
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