Évaluation préalable du MBMBP : chapitre 11

Potentiel d’effets nocifs sur la santé humaine

Évaluation de l’exposition

Il n’existait pas de données quantitatives permettant de calculer les valeurs estimatives de la limite supérieure de l’absorption de MBMBP provenant d’un milieu quelconque au Canada ou ailleurs dans le monde. Les concentrations estimatives dans l’environnement ont été modélisées pour l’air, l’eau et le sol à l’aide des renseignements obtenus grâce à l’enquête menée en vertu de l’article 71 (Environnement Canada, 2001). Les enfants de 0,5 à 4 ans semblent être le sous-groupe (de la population générale) le plus exposé au MBMBP au Canada, car la limite supérieure estimative de l’absorption quotidienne est de
3,4 × 10-4 μg/kg p.c. par jour (p.c./j); cette valeur est fondée sur la modélisation des concentrations dans l’environnement (voir annexe 1). L’eau potable peut être à l’origine d’une exposition élevée chez les populations demeurant à proximité de sources ponctuelles de rejets de MBMBP dans l’eau de surface. En raison de l’absence de données de surveillance, les limites supérieures estimatives de l’absorption quotidienne attribuable aux sources ponctuelles possibles de rejets de MBMBP dans l’eau de surface ont été calculées à l’aide de valeurs prudentes obtenues par modélisation pour l’eau potableNote de bas de page 1. L’absorption estimative variait entre 7,1 × 10-3 µg/kg p.c./j (groupe d’âge de 12 à 19 ans) et une valeur maximale de 3,7 × 10-2 µg/kg p.c./j (groupe d’âge de 0 à 6 mois).

Le degré de confiance à l’égard de la base de données sur l’exposition va de très faible à faible, car cette base de données est fondée uniquement sur les concentrations modélisées de MBMBP dans l’air, le sol et l’eau. Elle ne renferme aucune indication quant à la présence de cette substance dans les aliments. Étant donné que le coefficient de partage octanol-eau du MBMBP est élevé, l’exposition à cette substance par le biais des aliments et du lait maternel est possible. Toutefois, en raison des faibles concentrations calculées pour l’eau et le sol ainsi que du devenir du MBMBP dans l’environnement, il est peu probable que l’exposition à partir des aliments et du lait maternel dépasse les valeurs estimatives prudentes présentées ici. Le MBMBP peut aussi être présent en quantités résiduelles dans les produits de consommation, mais il n'existe pas de données permettant de quantifier cette exposition; en regard de l’absorption totale, celle-ci serait très faible par rapport à celle attribuable au sol.

1Pour le scénario du rejet dû à des sources ponctuelles, on a présumé que 0,65 % de la quantité maximale estimée de MBMBP qui a été importée au Canada était rejetée à un endroit dans les eaux usées (OCDE, 2003b) et que l’installation fonctionnait 300 jours par année (Communautés européennes, 2003). La quantité de MBMBP éliminée pendant le traitement des eaux usées a été modélisée (US EPA, 2003) et soustraite de la quantité rejetée, et on a présumé qu’aucune autre biodégradation ne se produisait dans l'environnement (c.-à-d. que les valeurs de demi-vie étaient considérées comme négligeables). La modélisation a indiqué que les concentrations dans l’eau étaient de 0,35 µg/L. Chez les bébés nourris à la préparation pour nourrissons, la concentration de MBMBP dans l’eau utilisée pour hydrater cette préparation équivaut à la dose de cette substance absorbée à partir des aliments. Aucune donnée mesurée n a été recensée.

Évaluation des effets sur la santé

D’après l’évaluation préalable des données toxicologiques existantes sur le MBMBP (voir l’annexe 2), la dose minimale avec effet observé (DMEO) la plus faible était de 6 mg/kg p.c./j chez des chiens exposés au MBMBP par voie orale (alimentation) pendant 90 jours (ACC, 1965b). À cette dose, on a observé une importante différence entre l’activité de la phosphatase alcaline du plasma avant l’exposition et celle mesurée aux semaines 12 et 17 chez les chiens exposés au MBMBP comparativement aux témoins, tandis que des changements histopathologiques dans le foie ont été observés à des niveaux d’exposition plus élevés (c.-à-d. 10 mg/kg p.c./j ou plus). Selon les résultats du seul essai biologique limité de toxicité chronique qui a été relevé, de même que ceux de la modélisation des relations quantitatives structure-activité et des relations structure-activité, le MBMBP n’est pas cancérogène. De même, les données limitées existantes et les prévisions des modèles ne portent pas à croire que la substance a un fort potentiel de génotoxicité.

Le degré de confiance à l’égard de la base de données concernant les effets sur la santé est modéré en raison du nombre d’études portant sur les paramètres de toxicité aiguë, de toxicité en doses répétées, de toxicité génétique à long terme et de toxicité pour la reproduction et le développement.

Caractérisation des risques pour la santé humaine

La comparaison d’une dose prudente associée à un effet critique (6 mg/kg p.c./j) pour de légers changements observés dans les paramètres biochimiques d’une étude de 90 jours, menée sur des chiens, avec la valeur la plus élevée de la limite supérieure de l’exposition pour tous les groupes d’âge d’une population vivant à proximité d’une source ponctuelle, soit 0,037 µg/kg p.c./j pour le groupe d’âge de 0 à 6 mois (fondée sur la modélisation prudente des rejets potentiels dans l’environnement), a permis de calculer une marge d’exposition d’environ 160 000.

D’après le degré de confiance à l’égard de la base de données disponible et la nature prudente de la présente évaluation, notamment l’utilisation d’une limite supérieure estimative de l’exposition fondée sur les prévisions modélisées et de la dose minimale avec effet signalée, on considère que la marge entre les niveaux estimatifs d’exposition au MBMBP et les concentrations ou doses ayant des effets sur la santé d’animaux de laboratoire est suffisante pour tenir compte des éléments d’incertitude liés aux limites de la base de données concernant l’exposition de la population et les effets sur la santé (y compris les variations intraspécifiques et interspécifiques de la sensibilité ainsi que la nocivité biologique ou la gravité des effets jugés critiques) à propos de laquelle le degré de confiance varie de faible à modéré, respectivement.

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