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Rapport de la commission de révision pour le décaméthylcyclopentasiloxane (siloxane D5)

4 La nature, l'utilisation, la répartition, les concentrations et la toxicité du siloxane D5


4.1 Utilisation et rejet de siloxane D5 dans l'environnement au Canada

104. Le siloxane D5 est un liquide inodore et incolore qui est utilisé dans des produits de consommation et des produits industriels. Il est principalement utilisé dans le mélange et la formulation de produits de soins personnels et de cosmétiques et est un intermédiaire dans la production de polymères de silicone de type polydiméthylsiloxane. Quelques nettoyeurs à sec commerciaux du Canada utilisent également le siloxane D5 comme liquide de nettoyage à sec. Son utilisation dans les polymères de silicone et le nettoyage à sec n'est pas considérée comme une source importante de rejet dans l'environnement (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, p. 9).

105. Au Canada et dans le monde entier, le siloxane D5 est surtout utilisé dans la préparation de produits de soins personnels, notamment dans les antisudorifiques et les produits pour le soin de la peau et des cheveux (Environnement Canda et Santé Canada, 2008, p. 9). L'utilisation actuelle de siloxane D5 dans les produits de soins personnels au Canada a été estimée à 3,3 millions de kilogrammes par an en 2010 (SEHSC et CCTFA, 2011, p. 21). En 2010, les désodorisants et/ou les antisudorifiques représentaient 72,2 % de l'utilisation de siloxane D5 dans les produits de soins personnels, suivis par les produits pour le soin des cheveux (19,4 %), les produits pour le soin de la peau (2,7 %), les cosmétiques colorés (2,6 %), les écrans solaires (1,1 %) et quelques autres utilisations représentant au total 1,9 % (CCTFA, 2011a).

106. En raison de l'importante pression de vapeur et de la volatilité du siloxane D5, sa principale voie de rejet des produits de soins personnels est l'atmosphère (CCTFA, 2011b). Par exemple, pour ce qui est des antisudorifiques, le siloxane D5 est principalement perdu dans l'air, moins de 1 % restant huit heures après l'application et moins de 0,1 % restant après 24 heures.

107. Des pertes dans l'air similaires ont été observées pour d'autres utilisations où le produit a été appliqué directement sur la peau ou dans les cheveux (après lavage). Toutefois, dans le cas des produits pour le soin des cheveux tels que les revitalisants qui sont rincés après utilisation sous la douche, environ 40 % du siloxane D5 pénètre dans le drain et sera ensuite transporté vers les stations d'épuration des eaux usées (« SEEU ») (CCTFA, 2011b).

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4.2 Répartition et persistance du siloxane D5 dans l'environnement

108. Lorsque des produits chimiques sont rejetés dans l'environnement, ils se déplacent dans différents compartiments tels que l'air, les sols, l'eau et les sédiments. La répartition finale d'un produit chimique dans ces compartiments et la vitesse à laquelle il s'y déplace dépendent des propriétés physiques et chimiques de ce produit ainsi que de l'environnement dans lequel il est rejeté.

109. Une fois rejetés dans l'environnement, les produits chimiques peuvent subir des transformations lorsqu'ils se déplacent entre les compartiments environnementaux. Ces transformations peuvent être dues à des processus biologiques et physico-chimiques, tels que l'hydrolyse et la photolyse, et entraînent la production de substances différentes du produit d'origine. La vitesse et le degré de transformation déterminent le volume de produit chimique qui peut s'accumuler dans l'environnement.

110. En décrivant la répartition du siloxane D5 dans les différents compartiments et sa persistance dans l'environnement, la Commission a gardé à l'esprit qu'il s'agissait d'un composé chimique unique, dont le comportement est différent de celui d'autres composés de poids et de taille moléculaires similaires (Mackay, 2011a).

111. Le siloxane D5 se compose de carbone, de silicium, d’oxygène et d'hydrogène dans une structure circulaire symétrique. Ce composé a des propriétés chimiques et physiques intrinsèques qui entraînent des modèles uniques de répartition dans l'environnement (Environnement Canada, 2011a, tableaux 4 et 5, p. 21-22, SEHSC. 2011a). Ces propriétés ont été soigneusement étudiées dans le cadre de l'évaluation de l'exposition des organismes dans l'environnement et du danger que le siloxane D5 représente, le cas échéant.

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4.2.1 Utilisation de modèles et outils pour évaluer le devenir et la répartition du siloxane D5 dans l’environnement

112. Lorsqu'un produit chimique est évalué et que les mesures empiriques des concentrations dans l'environnement sont limitées, des modèles peuvent être utilisés pour estimer les rejets dans l'environnement ainsi que le devenir et la répartition du produit chimique après le rejet. Même si le siloxane D5 est utilisé depuis plus de 30 ans, il y avait peu de données sur les concentrations et les effets dans l'environnement. Par conséquent, les modèles occupaient une place prédominante dans l’Évaluation préalable effectuée par des représentants du gouvernement.

113. La Commission a soigneusement examiné les modèles et les outils appliqués dans l’Évaluation préalable (Environnement Canada et Santé Canada, 2008) ainsi que les modifications ultérieures et les paramètres d’entrée apportées à ceux-ci. La Commission a conclu que ces modèles et outils avaient plusieurs limitations et inexactitudes.

114. La Commission est d'avis que ces lacunes se sont traduites par des prévisions inexactes du devenir dans l'environnement. Par conséquent, les interprétations basées sur ces modèles et outils avaient une utilité limitée dans le cadre de cette révision. Étant donné que la Commission avait accès à des données de surveillance empiriques, elle a accordé plus d’importance à ces valeurs mesurées qu’aux estimations initiales du modèle MegaFlush (Environnement Canada, 2009) et de l'outil MassFlow (Environnement Canada, 2008a).

115. Dans le cadre de l’Évaluation préalable, (Environnement Canada et Santé Canada, 2008), l'outil MassFlow et le modèle MegaFlush ont été utilisés pour estimer les rejets dans l'environnement par les eaux usées. Comme paramètre d'entrée dans l'outil MassFlow, les représentants du gouvernement avaient estimé que 12,2 % du siloxane D5 utilisé par l'industrie et dans les produits de soins personnels étaient rejetés dans les égouts (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, no 1632 tableau 3, p. 12).

116. Dans le cadre de cette procédure, le SEHSC a indiqué qu'il était plus raisonnable d'estimer le taux de rejet dans l'environnement par les eaux usées entre 9 et 9,5 % (Cowan-Ellsberry et Mackay, 2011b, p 7) et qu'il s'agissait également d'un taux qui concorde avec celui indiqué par Environnement Canada dans la documentation de l'outil MassFlow (Environnement Canada, 2008b).

117. Ce taux estimé a été confirmé en répartissant l'utilisation du siloxane D5 au Canada (26,9 mg par personne par jour) et le débit moyen des SEEU par personne (495 L par personne par jour), ce qui donne une valeur de 54 µg/L (Cowan-Ellsberry, 2011, p. 6). Cette quantité est en accord avec la concentration du 95e centile mesurée dans les influents de source non industrielle des SEEU (environ 47 µg/L d'après des données tabulaires de Wang et al., 2010).

118. Par conséquent, après avoir étudié toutes les données soumises au cours de ce processus de révision, la Commission a convenu qu'une valeur de 9,5 % était un estimé plus raisonnable, tout en demeurant prudent, de rejet de siloxane D5 dans les égouts, plutôt que la valeur de 12,2 % utilisée dans l’Évaluation préalable (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, no 1632, tableau 3, p. 12).

119. La Commission a également examiné les paramètres du taux d'élimination utilisés dans le modèle MegaFlush au cours de l’Évaluation préalable. Dans le cadre de l’Évaluation préalable, on a supposé que les taux d'élimination du siloxane D5 étaient de 0 % pour les étangs de stabilisation et de 48 % pour le traitement primaire (SEHSC. 2011a).

120. Les renseignements présentés au cours de cette révision ont indiqué que les taux d'élimination réels étaient supérieurs. Par exemple, les données basées sur le modèle ASTREAT qui ont été présentées à la Commission laissent entendre que le taux d'élimination pour les étangs de stabilisation, les stations de traitement primaire et les stations de traitement secondaire sont de l'ordre de 97 % (Cowan-Ellsberry, 2011, p. 6). Ces taux sont similaires aux taux d'élimination moyens réels de 98 % mesurés au Royaume-Uni (Cowan-Ellsberry, 2011, p. 7, CCTFA, 2011b, p. 432).

121. Les concentrations de siloxane D5 ont été mesurées dans des SEEU du Canada en été et en hiver (Wang et al., 2010, Wang et al., 2011a). Ces mesures peuvent être utilisées pour vérifier les hypothèses utilisées dans le modèle MegaFlush. Même si les échantillons n'ont pas été associés au temps de rétention de la SEEU, les concentrations des échantillons d'influents et d'effluents prélevés en été suggéraient que le taux d'élimination moyen du siloxane D5 s'élevait à 99,2 % pour les étangs de stabilisation et à 96 % pour les SEEU utilisant un traitement primaire. Les taux d'élimination moyens du siloxane D5 dans les SEEU utilisant un traitement secondaire furent évalués à 97,8 % (d'après les données de Wang et al., 2010).

122. D'après les résultats d'échantillons similaires prélevés en hiver, les taux d'élimination du siloxane D5 des SEEU utilisant un traitement secondaire n’étaient pas influencés significativement par la température (ils étaient tous ≥95 % entre 10 et 25 °C) (Wang et al., 2011a, figure 3). La Commission a toutefois fait remarquer que les taux d'élimination des étangs de stabilisation étaient très variables à des températures ≤5 °C, variant de 25 % à 99 % pour les 11 sites étudiés (Wang et al., 2011a, figure 4). Toutefois, tous les taux d'élimination étaient supérieurs à l'hypothèse de la pire éventualité de 0 % pour les étangs de stabilisation utilisée dans le cadre de l’Évaluation préalable. De même, les taux d'élimination des SEEU utilisant un traitement primaire étaient approximativement deux fois plus élevés que l'hypothèse de 48 % utilisée dans le cadre de l’Évaluation préalable.

123. Par conséquent, la Commission a conclu que la quantité de siloxane D5 rejetée dans les eaux réceptrices des SEEU était inférieure à celle précédemment estimée à l’aide de divers modèles et outils et que les valeurs mesurées pour les échantillons prélevés dans divers emplacements canadiens sélectionnés fournissent des estimations de la pire éventualité raisonnables de l’exposition dans les eaux de surface.

124. La Commission a convenu avec le SEHSC et la CCTFA que, dans l'ensemble, d'après ses propriétés intrinsèques uniques, ses utilisations, et les types de traitement des eaux usées au Canada, il serait réaliste d'estimer les rejets de siloxane D5 dans l'environnement à 94,5 % dans l'air, 0,8 % dans l'eau et 4,7 % dans les sols par l'entremise des biosolides (Powell, 2011, p. 2, Cowan-Ellsberry et Mackay, 2011b, p. 4).

125. Depuis la soumission de l’Évaluation préalable, le modèle de simulation du critère d'équilibre basé sur la fugacité (« modèle EQC ») (CEMC, 2003) a été mis à jour. La Commission a conclu que les estimations révisées du devenir dans l'environnement et les conclusions tirées de ce modèle mis à jour sont plus précises que les estimations utilisées dans l’Évaluation préalable. En particulier, la structure et les paramètres d'entrée révisés du modèle fournis à la Commission (Mackay, 2011b, Kim, 2011) reflètent plus précisément la répartition relative du siloxane D5 entre les compartiments environnementaux.

126. Par ailleurs, de récentes modifications du modèle EQC (Mackay, 2011b) permettent de mieux estimer la répartition et le temps de séjour du siloxane D5 (temps requis pour qu'il se dégrade jusqu'à la moitié de sa concentration initiale). Ces modifications ont également permis que le modèle prenne en compte certaines des propriétés intrinsèques du siloxane D5 et ont permis d’ajouter manuellement le coefficient de partage carbone organique-eau (« Kco »).

127. Dans la version précédente du modèle EQC utilisé par Environnement Canada, le Kco était calculé à partir du coefficient de partage octanol-eau (« Koe ») (Transcription des audiences publiques, vol. 4, p. 700), qui, selon la Commission, ne convenait pas au siloxane D5 en raison des propriétés intrinsèques de ce dernier.

128. La répartition et les temps de séjour dans les divers compartiments de l’environnement sont résumés ci-dessous (Tableau 1).

Tableau 1. Répartition et persistance du siloxane D5 rejeté dans divers compartiments de l’environnement
Milieu d'émission :Pourcentage de
la quantité émise :
Temps de séjour (demi-vie) en jours :
AirEauSolsSédiments
Air99,9<0,1<0,1<0,110
Eau15096680
Sols71029011
Scénario réaliste de rejet dans l'air, les sols et l'eau64213315

Données de (Kim, 2011, Mackay, 2011b)

129. Au fil du temps, les concentrations de produits chimiques s'équilibrent entre les compartiments de l’environnement comprenant l'air, l'eau, les sols et les sédiments. Le taux d'accumulation d'un composé tel que le siloxane D5 est déterminé par les taux relatifs de rejet et de dégradation dans l'environnement.

130. Avec un taux de rejet relativement constant, ce qui est le cas pour le siloxane D5, le taux d'accumulation dépend des taux de dégradation au cours de divers processus. Les conditions sous lesquelles les concentrations absolues dans l'environnement et les concentrations relatives dans les divers compartiments ne changent pas sont appelées l’état d’équilibre.

131. Comme indiqué précédemment, le siloxane D5 est utilisé depuis plus de 30 ans dans divers produits de consommation et produits industriels. Les preuves présentées à la Commission indiquaient que les concentrations dans l'environnement en général ainsi que dans ses compartiments relatifs ne changeaient essentiellement pas au fil du temps (Transcription des audiences publiques vol. 4, p. 581 et 651). D'après son taux de dégradation dans l'environnement, le siloxane D5 a atteint un état de quasi-équilibre. Par conséquent, les concentrations de siloxane D5 présentes dans l'environnement varient selon des intervalles prévisibles.

132. Par conséquent, la Commission est d’avis que les concentrations de siloxane D5 dans l'environnement n'augmenteront pas de manière importante. Même si les utilisations de siloxane D5 devaient doubler à l'avenir (un scénario qui ne devrait pas se produire), cela n'aurait pas une incidence mesurable sur le risque pour l'environnement (Transcription des audiences publiques, vol. 4, p. 656).

133. En plus des processus physiques de dégradation, il existe des processus de transformation d'origine biologique appelés processus de biotransformation. La biotransformation peut se produire en raison de l'action de bactéries et de fungi ou de façon métabolique dans les organes d'organismes supérieurs. Le siloxane D5 est biotransformé en silanols, qui sont plus solubles et moins actifs que le siloxane D5 (Environment Agency, 2010) et qui présentent donc moins de risque et de danger pour l'environnement.

134. Dans les sections suivantes, le devenir et la répartition du siloxane D5 dans divers compartiments environnementaux sont examinés. Cet examen est axé sur les analyses pour lesquelles de nouvelles méthodes de mesure des concentrations sont utilisées. Historiquement, le défi majeur fut d'avoir des méthodes analytiques fiables pour mesurer les concentrations de tous les siloxanes dans les compartiments environnementaux. C'est seulement au cours des dernières années que des méthodes fiables ont été élaborées, qui réduisent les erreurs liées à la contamination des échantillons et de l'équipement (McLachlan et al., 2010, Kierkegaard et McLachlan, 2010, Environnement Canada, 2010c, Wang et al., 2011b). L'accent a été mis sur les données concernant les concentrations mesurées à différents endroits au Canada.

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4.2.2 Air

4.2.2.1 Processus qui ont une incidence sur le devenir et la répartition dans l'air

135. Le siloxane D5 a une pression de vapeur et donc une volatilité supérieures à d'autres molécules de poids et de taille moléculaires similaires. Par conséquent, le siloxane D5 a tendance à se répartir (c.-à-d. à être rejeté) dans l'air. Une fois dans l'air, le siloxane D5 peut être transporté sur des distances relativement longues, cependant les prédictions indiquent que le dépôt dans les sols ou l'eau devrait être limité (Tableau 1) (Transcription des audiences publiques, vol. 4, p. 742).

136. Le principal processus de dégradation du siloxane D5 dans l'atmosphère est la photolyse indirecte. Dans le cadre de ce processus, les radicaux hydroxyles (•OH) formés dans l'atmosphère par le rayonnement UV-B dégradent le siloxane D5 en diméthylsilanediol, et éventuellement en dioxyde de carbone, en eau et en dioxyde de silicium (sable). Les radicaux hydroxyles sont couramment considérés comme les agents de nettoyage de l'atmosphère car ils transforment de nombreux produits chimiques atmosphériques, notamment les principaux polluants atmosphériques, en des formes qui sont plus solubles dans l'eau et donc qui disparaissent plus facilement de l'atmosphère avec les précipitations.

137. Il a été estimé que la demi-vie du siloxane D5 était comprise entre 0,6 et 9,8 jours dans l'air, en fonction de la température, de l'intensité du rayonnement solaire, de la présence de précurseurs pour les •OH, et d'autres paramètres (Environment Agency, 2010).

138. Le Règlement classe dans les produits chimiques persistants les produits dont la demi-vie dans l'atmosphère est supérieure à 2 jours. Toutefois, le fait que le siloxane D5 soit principalement rejeté dans l'atmosphère constitue un aspect important de son devenir dans l'environnement. L'atmosphère est le compartiment dans lequel le siloxane D5 se trouve principalement et où il se dégrade le plus rapidement. Comme les rejets sont plus importants dans les zones urbaines, il est important de noter que les demi-vies ont tendance à être plus courtes près des zones urbaines en raison des plus grandes concentrations de •OH à ces endroits (Environment Agency, 2010).

139. La Commission a également étudié la question des effets potentiels du siloxane D5 sur l'ozone stratosphérique (Shao-Meng, 2010). La demi-vie du siloxane D5 dans la troposphère est nettement inférieure aux deux à trois mois qu'il faudrait pour que des quantités importantes atteignent les régions équatoriales d'où elles seraient transportées dans la stratosphère (Transcription des audiences publiques, vol. 2, p. 298, Transcription des audiences publiques, vol. 3, p. 446, Transcription des audiences publiques, vol. 4, p. 657). De plus, le siloxane D5 ne contient pas de substances appauvrissant la couche d'ozone, telles que des halogènes (Cowan-Ellsberry et Mackay, 2011b, Cowan-Ellsberry et Mackay, 2011a, Xu, 2011c). Par conséquent, la Commission a conclu que l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique ne constituait pas une question préoccupante.

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4.2.2.2 Concentrations dans l'air

140. Le siloxane D5 a été mesuré dans l'air ambiant au-dessus de la Suède à des concentrations entre 0,3 et 9 ng/m3 (McLachlan et al., 2010), des valeurs qui concordent avec celles prédites par la modélisation par simulation, mais qui sont inférieures aux concentrations mesurées dans le cadre d'études précédentes menées en Suède (9 à 170 ng/m3) (Kaj, 2005) ainsi que d'autres pays nordiques (50 à 19 000 ng/m3) (Nordisk Ministerråd et Nordisk Råd, 2005).

141. Les concentrations totales de siloxanes (dont environ 75 % de siloxane D5) dans l'air ambiant au-dessus du Canada étaient de 0,3 à 0,4 ng/m3 (Environnement Canada, 2010a). Ces concentrations étaient inférieures à celles mesurées en Europe. La Commission ne considère pas que ces concentrations au Canada représentent un danger pour l'environnement.

142. Les concentrations totales de siloxanes (dont environ 75 % de siloxane D5) dans l'air près d'une SEEU au Canada étaient supérieures à celles de l'air ambiant, s'élevant en moyenne à 4 556 ng/m3, et les échantillons sous le vent à partir d'un site d'enfouissement s'élevaient à 4 669 ng/m3 pour l'ensemble des siloxanes (75 % de siloxane D5) (Environnement Canada, 2010a). Ces concentrations sont plus de 80 000 fois inférieures à la concentration sans effet nocif observé de 380 000 000 ng/m3 relevé chez les rats (Brooke et al., 2009).

143. Comme pour l'air ambiant, où les marges de sécurité sont encore plus importantes, la Commission a déterminé que ces concentrations de siloxane D5 près des sources d'émission ne représentaient pas un danger pour l'environnement.

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4.2.3 Eau

4.2.3.1 Processus qui ont une incidence sur le devenir et la répartition dans l'eau

144. Le siloxane D5 subit une hydrolyse dans l'eau, un processus de dégradation qui implique également l'ion hydroxyle OH. Les produits finaux de la dégradation de siloxane D5 dans l'eau sont le dioxyde de carbone, l'acide de silicique et/ou le dioxyde de silicium.

145. La demi-vie du siloxane D5 dans l'eau douce est d'environ 315 jours à pH neutre et à une température de 12 °C. L'hydrolyse est plus rapide à des valeurs de pH supérieures ou inférieures au pH neutre et à une température supérieure. Par exemple, la demi-vie de l'hydrolyse du siloxane D5 était de 64 jours à pH 8 et à 9 °C dans l'eau salée (Brooke et al., 2009).

146. En plus de la dégradation, les siloxanes peuvent se répartir hors de l'eau, dans d'autres compartiments environnementaux (Tableau 1), ce qui peut se traduire par une diminution des concentrations dans la phase aqueuse.

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4.2.3.2 Concentrations dans l'eau

147. Les concentrations de siloxane D5 dans les eaux de surface en aval des SEEU traitant des effluents industriels en Europe ont été signalées comme étant inférieures à la limite de détection (« LD ») (0,02 µg/L). Les concentrations dans les effluents issus de ces mêmes SEEU se situaient entre 0,22 et 26,7 µg/L (résumé par Brooke et al., 2009).

148. Une étude récente a fait état des concentrations de siloxane D5 dans l'eau douce de surface, à des emplacements proches de SEEU au Canada (Wang et al., 2010). Dans les échantillons prélevés à 11 emplacements situés à quelques mètres du point de rejet jusqu'à 3,1 km de celui-ci, les concentrations moyennes géométriques variaient entre des valeurs inférieures à la LD de 0,004 à 1,48 µg/L. Les risques potentiels que présentent ces concentrations de siloxane D5 pour les organismes aquatiques sont discutés dans la section 5.2 ci-dessous. Les concentrations moyennes géométriques de siloxane D5 d’échantillons recueillis dans les effluents des SEEU au même moment que ceux de l'eau de surface adjacente variaient entre des valeurs inférieures à la LD (0,004 µg/L) et 1,56 µg/L.

149. Dans une étude de suivi visant à définir les effets de la saisonnalité sur les concentrations de siloxane D5 dans les influents et les effluents de 13 SEEU (Wang et al., 2011a), les concentrations moyennes géométriques mesurées dans les effluents en été variaient d'une valeur inférieure à la LD (0,004) à 1,56 µg/L (discutées ci-haut à partir des travaux de Wang et al., 2010), alors que celles mesurées en hiver étaient comprises entre des valeurs moyennes arithmétiques de 0,53 à 466 µg/L.

150. Les plus fortes concentrations mesurées en hiver étaient toutes associées aux effluents d'une SEEU, site 8. Cette SEEU recevait des influents d'une exploitation industrielle où du siloxane D5 était utilisé. Les concentrations de siloxane D5 mesurées dans les influents de ce site étaient comprises entre 261 et 4 400 µg/L dans un intervalle de 16 jours. Cette variation concorde avec des rejets involontaires des opérations industrielles. En été, les concentrations de siloxane D5 relevées dans les influents étaient inférieures, la moyenne géométrique étant de 134 µg/L. C'est également au site 8 que la plus forte concentration de Siloxane D5 dans les eaux de surface a été mesurée, à un emplacement situé à 1,26 km du point de rejet de la SEEU (Wang et al., 2011a). Étant donné la situation particulière du site 8, la Commission est d’avis que cette situation représente un cas extrême de scénario de la pire éventualité et qu'elle n'est pas représentative des concentrations de siloxane D5 rejetées dans l'environnement à d'autres endroits du Canada.

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4.2.4 Sédiments

151. Il est important d'exprimer les concentrations de constituants dans les sédiments de façon uniforme. La normalisation au poids sec est couramment utilisée. Comme le siloxane D5 se répartit dans la matière organique, la normalisation de la quantité de matière organique ou de carbone organique (CO) dans les sédiments est appropriée et permet d’évaluer la proportion de la solubilité totale qui a été atteinte. Cette approche convient à l'évaluation de la partition entre les sédiments et les organismes (voir la section 4.3.2.3 ci-dessous).

152. Aux fins de caractérisation des risques, toute méthode de normalisation est appropriée pourvu qu'elle soit uniforme entre les essais de toxicité et les concentrations dans l'environnement. Dans les sections suivantes, la normalisation du poids sec est utilisée.

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4.2.4.1 Processus qui ont une incidence sur le devenir et la répartition dans les sédiments

153. Le siloxane D5 a une forte affinité pour les particules de carbone organique et a tendance à se répartir dans les sédiments lorsqu'il est rejeté dans l'eau (Tableau 1). La Commission est d'accord avec les déclarations des parties à l'audience selon lesquelles le plus fort risque de danger serait dans les sédiments dans les trois kilomètres en aval des points de rejet des SEEU (Transcription des audiences publiques, vol. 3, p. 542).

154. De plus, le siloxane D5 est plus persistant dans les sédiments que dans d'autres compartiments environnementaux. On rapporte que les demi-vies de siloxane D5 radiomarqué (14C) mesurées dans des sédiments naturels du lac Pepin au Minnesota variaient de 1 200 à 3 100 jours (Xu, 2011b). La demi-vie aérobie dans des sédiments non stérilisés était la plus courte (1 200 jours). Cette valeur est la plus appropriée pour caractériser le taux de dissipation du siloxane D5 trouvé dans les sédiments dans l'environnement.

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4.2.4.2 Concentrations dans les sédiments

155. Les concentrations de siloxane D5 dans les sédiments ont été mesurées à divers endroits. Les concentrations mesurées dans les sédiments en Europe et au Royaume-Uni variaient entre un seuil non détectable (1 µg/kg) et 280 µg/kg (poids sec) (résumé dans Brooke et al., 2009). Les concentrations dans les sédiments recueillis en Suède variaient entre un seuil non détectable (limites de détection variables ou « LD variables ») et 190 µg/kg (poids sec) (Kaj et Institutet för vatten-och luftvårdsforskning, 2005) et entre un seuil non détectable (LD variables) et 2 000 µg/kg (poids sec) dans d'autres pays nordiques (Nordisk Ministerråd et Nordisk Råd, 2006).

156. Des mesures de siloxane D5 ont été effectuées dans des échantillons de sédiments du lac Ontario en 2007 (Powell et Kozerski, 2007). Dans cinq carottes, les concentrations de siloxane D5 étaient inférieures à la LD (4,7 µg/kg en poids humide). Toutefois, un échantillon instantané prélevé dans le port de Toronto contenait des concentrations de 358 µg/kg (poids humide) (équivalent à 790 µg/kg (poids sec)).

157. Les concentrations de siloxane D5 mesurées dans des sédiments recueillis en aval de 11 SEEU au Canada ont été signalées par Wang et al. (2010). Au moins deux échantillons instantanés ont été prélevés à chaque emplacement et ont été traités comme des échantillons distincts. Les concentrations moyennes géométriques d'analyses en triple de siloxane D5 variaient entre 0,021 et 7,6 µg/kg (poids sec).

158. Les deux concentrations moyennes géométriques les plus fortes, c'est-à-dire 4,0 et 7,6 µg/kg (poids sec), ont été mesurées dans l'eau en aval du site 8, un site où le siloxane D5 est utilisé pour des applications industrielles (Wang et al., 2011a). Ces concentrations sont considérées comme la pire éventualité et ne sont pas représentatives des valeurs normalement observées aux points de rejet des SEEU au Canada.

159. Les risques potentiels que présentent ces concentrations mesurées pour les organismes benthiques sont discutés dans la section 4.4.4 ci-dessous.

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4.2.5 Sols

160. D'après les preuves examinées, la Commission a conclu qu'il y aurait des dépôts négligeables de siloxane D5 de l'air vers les sols par l'entremise de pluie et/ou de neige. Ainsi, les précipitations ne constitueraient pas une source de siloxane D5, ni dans le champ proche, ni dans le champ lointain (p. ex. l’Arctique).

161. La principale voie du siloxane D5 dans les sols est par l'épandage de biosolides provenant des SEEU. Le siloxane D5 adhère aux biosolides qui sont épandus sur les terres agricoles en tant qu'amendement du sol pour améliorer la fertilité.

162. Dans les pays nordiques, des concentrations de siloxane D5 variant entre 1 100 et 89 000 µg/kg (poids sec) dans des biosolides et dans des boues d'épuration (données résumées pour l'Europe par Brooke et al., 2009) ont été documentées. Les concentrations dans des biosolides provenant d'échantillons prélevés de SEEU au Canada se situaient entre 28 000 et 328 000 µg/kg (poids sec) (Wang et al., 2010). Comme les biosolides ne sont pas un compartiment environnemental, mais plutôt une voie de passage pour le transport des matériaux vers les sols, la Commission s'est concentrée sur le devenir et la concentration de siloxane D5 dans les sols.

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4.2.5.1 Processus qui ont une incidence sur le devenir et la répartition dans les sols

163. Il y a deux mécanismes par lesquels le siloxane D5 est extrait des sols (Xu et Chandra, 1999). Le premier est la répartition dans l'air par la volatilisation aidée par l'humidité. Il s'agit du processus dominant dans les sols humides. Le deuxième est la dégradation par l'hydrolyse catalysée par des particules d'argile. Ce processus est prédominant dans les sols secs (Xu, 2011a). La demi-vie de dégradation du siloxane D5 dans les sols séchés à l'air est de 1,9 heure. À partir de ces données, la Commission a déterminé que le siloxane D5 ne persistera pas et ne s'accumulera pas dans les sols auxquels des biosolides ont été ajoutés.

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4.2.5.2 Concentrations dans les sols

164. Au Canada, des concentrations de siloxane D5 ont été mesurées dans des sols agricoles à onze sites où les sols avaient été amendés avec des biosolides provenant de SEEU (Wang et al., 2010). De plus, des échantillons de sol de deux sites sans amendement ont également été analysés.

165. Malgré que du siloxane D5 ait été détecté à tous les sites, les concentrations variaient entre les échantillons de sol prélevés de différents emplacements de la même exploitation agricole. Lorsque des sous-échantillons d'un site étaient traités comme des mesures indépendantes, les concentrations se situaient entre une valeur inférieure à la limite de quantification (0,003 mg/kg (poids sec)) et 0,899 mg/kg (poids sec).

166. En Europe, les concentrations de siloxane D5 mesurées dans deux échantillons de sol amendés avec des biosolides étaient inférieures à la LD (0,0001 mg/kg (poids sec)) et 0,01 mg/kg (poids sec) (Nordisk Ministerråd et Nordisk Råd, 2005).

167. Les risques potentiels d’effets nocifs que présentent ces concentrations mesurées pour les plantes et les organismes vivant dans le sol sont discutés dans la section 5.1 ci-dessous.

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4.3 Persistance, bioaccumulation et amplification trophique du siloxane D5 dans l'environnement

4.3.1 Persistance

168. On a demandé à la Commission de déterminer si le siloxane D5 constituait un danger pour l'environnement. Bien que la persistance puisse contribuer au potentiel d'une substance de constituer un danger, elle n'est pas nécessairement un indicateur de danger en soi. Il existe de nombreuses substances naturelles et synthétiques qui sont persistantes mais qui ne sont ni nuisibles ni dangereuses pour l'environnement.

169. La persistance d'un produit chimique est l'estimation du temps durant lequel il demeurera dans l'environnement ou dans un organisme. Il peut y avoir persistance globale et locale. Alors que certains produits chimiques ne sont pas transformés ou dégradés dans l'environnement, d'autres subissent différents processus par lesquels ils sont transformés en d'autres produits chimiques ou se dégradent de façon à ce qu'ils soient, ultimement, minéralisés ou décomposés en leurs éléments constitutifs.

170. Lorsqu'on effectue une évaluation des risques, il est important de savoir si les produits chimiques se dégradent, et le cas échéant, de savoir à quelle vitesse ils se dégradent, et en quels produits ils se dégradent. Les produits chimiques peuvent également persister dans les organismes en se liant aux protéines ou en étant stockés dans les tissus adipeux à partir desquels ils sont rejetés lentement, ce qui permet au produit chimique de demeurer dans le corps durant de longues périodes. Dans le cas du siloxane D5, celui-ci ne se lie pas aux molécules dans l'organisme et n'est pas soluble dans les tissus adipeux ou dans les lipides.

171. Dans l’Évaluation préalable, les représentants du gouvernement ont déterminé qu’en vertu du Règlement, le siloxane D5 était une substance persistante. D'après les seuils établis dans le Règlement (voir la section 3.4 ci-dessus), un produit chimique persistant est un produit chimique dont la demi-vie est ≥2 jours dans l'air; ≥182 jours dans l'eau; ≥365 jours dans les sédiments; ou ≥182 jours dans les sols. Ces seuils ont été établis car, pendant ces périodes, un produit chimique pourrait possiblement contribuer à des effets locaux ou répandus.

172. Selon l'information présentée dans la section 4.2, les demi-vies du siloxane D5 dans l'air, dans l'eau et dans les sédiments dépassaient les valeurs de seuil indiquées dans l'article 3 du Règlement. Le seul compartiment de l’environnement pour lequel la demi­vie ne dépassait pas le seuil était les sols. Toutes les parties à l'audience et la Commission étaient d'accord avec cette caractérisation de la persistance.

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4.3.2 Accumulation

173. Maglré que le siloxane D5 atteingne les seuils de persistance en vertu du Règlement, celui-ci ne constituera seulement un danger pour l'environnement que si sa persistance se traduit par des expositions ayant des effets nocifs pour l'environnement.

174. Par conséquent, la persistance doit être accompagnée de l'accumulation dans un ou plusieurs compartiments de l'environnement (ou organismes) au point où ces expositions dépassent le dosage ou la concentration causant des effets nocifs. Cette éventualité dépend d'autres propriétés intrinsèques du produit chimique et de son milieu. Dans ce rapport, la Commission discute de la façon dont ces propriétés interagissent avec la persistance et si cette interaction représente un danger pour l'environnement.

175. Pour causer un effet, un produit chimique doit pénétrer dans un organisme ou au moins interagir avec ses membranes externes (p. ex. peau, branchies, etc.). Le siloxane D5 peut pénétrer dans les organismes par plusieurs voies, notamment par l'inhalation, par le tégument, comme la peau et les branchies des poissons ou des invertébrés benthiques, ou par la paroi du tube digestif. Cependant, pour tous les organismes, l'exposition a lieu principalement par l’alimentation et/ou par l'eau. Suite à cette exposition, le processus par lequel des molécules neutres et non réactives comme le siloxane D5 pénètrent dans les organismes est la diffusion moléculaire.

176. La diffusion, par définition, est un processus de premier ordre qui dépend de la différence entre les concentrations (gradients) et une constante qui varie selon les propriétés physiques et chimiques de la molécule et des membranes de l'organisme. Il y a deux taux qui doivent être pris en considération, le taux d'accumulation et le taux de dépuration, ou l’élimination de l'organisme, pour l’ensemble des voies d'exposition.

177. Dans des conditions d'exposition constante, ce qui est le cas lorsque les produits chimiques sont considérés à l’équilibre, la concentration qui peut être atteinte dans un organisme est déterminée uniquement par le taux de dépuration (voir la section 4.3.2.6 ci-dessous).

178. Il y a trois mécanismes par lesquels un produit chimique peut s'accumuler dans des organismes. Le premier est la bioconcentration, selon lequel le produit chimique s'accumule dans les organismes à des concentrations supérieures à celles du milieu environnant. Le facteur de bioconcentration (FBC) est le ratio entre la concentration dans l’organisme et celle dans la matrice entourant l'organisme.

179. Le deuxième mécanisme est la bioaccumulation, le processus selon lequel les produits chimiques s'accumulent dans les organismes à partir du milieu environnant, incluant d’autres sources telles que l'alimentation. Le facteur de bioaccumulation (FBA) est le rapport entre la concentration dans l'organisme et celle dans le milieu environnant. Si des sédiments sont inclus en tant que matrice, ce rapport représente le facteur d'accumulation biote-sédiments (FABS).

180. Le FABS est défini comme le rapport de la concentration dans un animal, par exemple un invertébré benthique ou un poisson, normalisé selon la teneur en lipides de l'animal, divisé par la concentration du produit chimique d'intérêt dans le sédiment, normalisé selon la quantité de carbone organique du sédiment.

181. Le FABS est une constante thermodynamique qui permet la prédiction de concentrations dans les organismes à partir des concentrations dans les sédiments, en corrigeant pour les effets des lipides et du carbone organique sur les caractéristiques de répartition d'un produit chimique. L’unité de mesure du FABS est le kg de carbone organique divisé par le kg de lipides (kg de CO/kg de lipides). Les valeurs du FABS ont tendance à être spécifiques à chaque site en raison des nombreux facteurs environnementaux pouvant l'influencer. Pour cette raison, il est préférable d'utiliser le FABS de façon comparative, plutôt que de façon prédictive.

182. La meilleure utilisation du FABS est pour interpréter la mesure selon laquelle il est probable qu'un produit chimique s'accumule dans les organismes à partir des sédiments. Comme on s'attend à ce que du siloxane D5 se répartisse dans les sédiments, le FABS est un paramètre pertinent à utiliser pour évaluer le comportement du siloxane D5 dans l'environnement, particulièrement pour les organismes vivant dans les sédiments, comme les invertébrés benthiques. On s'attendrait normalement à ce que les produits chimiques ayant des valeurs de FABS d'environ 500 se bioamplifient (Gobas et al., 2011, p. 26 à 28).

183. Le troisième mécanisme est la bioamplification, ou l'amplification trophique, dans le cadre duquel les concentrations dans les organismes augmentent à chaque niveau trophique de la chaîne alimentaire. Dans ce processus, l'organisme au niveau trophique plus élevé, par exemple un prédateur, accumule une concentration supérieure à celle de l'organisme au niveau trophique inférieur, par exemple la proie.

184. La bioamplification se produit pour les composés persistants, par exemple certains biphényles polychlorés (BPC) qui se biotransforment lentement, ou pas du tout. Cela fait en sorte que les concentrations de résidus plus persistants qui s'associent aux lipides dans la proie augmentent, ce qui donne lieu à un gradient de concentration qui force le composé plus persistant dans l'organisme qui consomme la proie. Ce gradient de concentration et la propension conséquente du produit chimique de migrer de la concentration supérieure à la concentration inférieure s'appellent la fugacité (voir la discussion débutant au paragraphe 190 ci-bas).

185. À l'état d'équilibre, le rapport entre la concentration du composé dans un organisme et celle dans sa source de nourriture est le facteur de bioamplification (FBM). La relation entre les concentrations d'un produit chimique dans des organismes à différents niveaux trophiques d’une chaîne alimentaire et leur position dans la chaîne alimentaire est le facteur d'amplification trophique.

186. L'information au sujet du facteur de bioamplification et du facteur d’amplification trophique est importante pour l’évaluation de l’exposition dans les organismes qui se trouvent aux niveaux plus élevés de la chaîne alimentaire. Pour la caractérisation de la bioaccumulation et de l'amplification trophique du siloxane D5, la Commission s'est principalement concentrée sur les organismes aquatiques, pour lesquels des données empiriques étaient disponibles.

187. Les facteurs d’amplification trophique sont déterminés dans des conditions naturelles à partir d'analyses d'organismes à différents niveaux trophiques pour le produit chimique en question, ainsi qu'à partir du rapport de deux isotopes d'azote, les isotopes 15N et 14N. Les organismes plus hauts dans la chaîne alimentaire concentrent l'isotope 15N et ce rapport isotopique est utilisé comme substitut de niveau trophique.

188. Un facteur d’amplification trophique inférieur à 1,0 indique une biodilution où les organismes biotransforment le produit chimique plus rapidement qu'ils l'accumulent, et où les concentrations diminuent à mesure que le niveau trophique augmente. Un facteur d’amplification trophique supérieur à 1,0 indique une bioamplification aux niveaux supérieurs de la chaîne alimentaire.

189. La fugacité est un concept qui est lié au mouvement des produits chimiques parmi les compartiments environnementaux. À l'état d'équilibre, alors que les molécules individuelles se déplacent toujours entre les compartiments, ainsi qu’à l’intérieur-même de ces derniers, les concentrations du produit chimique à l’intérieur de chaque compartiment ne changent pas.

190. La fugacité peut être considérée comme une fonction de force avec des unités de pression (Pa). Autrement dit, la fugacité est la tendance d'une substance à se déplacer d'un compartiment à un autre. La capacité de fugacité (Z) d'un système permet la comparaison de concentrations d'un produit chimique dans différents compartiments en les exprimant sur une base commune.

191. Le rapport de fugacité est un indicateur de la propension d'un produit chimique à se bioconcentrer. Plus précisément, il s'agit du rapport de la fugacité d'un produit chimique dans un organisme par rapport à celle dans le compartiment de l’environnement dans lequel l'organisme est exposé, par exemple l'eau ou les sédiments. Un produit chimique qui se bioamplifie a un rapport de fugacité supérieur à 1,0.

192. Lorsqu'on détermine le potentiel d'un produit chimique d’avoir des effets nocifs, il est important d'évaluer s'il est probable que les organismes soient exposés au produit chimique. Un aspect de cette évaluation de l'exposition consiste à estimer le potentiel du composé de pénétrer dans les organismes en examinant le FBC, le FBA, le FABS, et/ou le facteur d’amplification trophique. Plusieurs approches peuvent être adoptées, selon l'information disponible et le niveau de l'évaluation des risques. Les facteurs d'accumulation peuvent être mesurés sous des conditions de laboratoire contrôlées, peuvent être estimés à partir d’expositions sur le terrain, ou peuvent être prédits par des modèles.

193. Si on évalue un produit chimique et que peu d'information est disponible, son profil d'accumulation ou de persistance pourrait être prévu par l'utilisation de simples modèles d'énergie libre linéaires (corrélations) de premier ou deuxième principe. Il s'agit des mesures des propriétés physiques et chimiques du composé en question et peut inclure des mesures de ses propriétés à l'état pur, par exemple la solubilité dans l'eau, et la répartition entre l'eau et les solvants organiques, par exemple le Koe.

194. Dans l'approche la plus simple, les valeurs du FBA, du FBC, ou d'un estimateur substitut, comme le Koe, sont comparées aux valeurs de référence. D'après les renseignements historiques pour d'autres catégories de produits chimiques, l'article 4 du Règlement établit des valeurs de seuil de 5 000 pour le FBA et le FBC. Dans des circonstances où des valeurs mesurées existent, comme dans le cas présent pour les facteurs de bioconcentration, il n'est pas nécessaire de tenir compte du Koe.

195. Si un produit chimique atteint un seuil, il est désigné comme un produit chimique préoccupant en raison de son potentiel d’accumulation dans les organismes et dans l'environnement. Ces seuils devraient servir principalement à exclure les produits chimiques ou à établir l'ordre de priorité des produits chimiques pour des études plus approfondies. Le simple fait que le FBC ou le FBA d'un produit chimique est supérieur à la valeur de référence ne détermine pas en soi que le produit chimique représentera un danger. Il s'agit plutôt d'un indicateur du potentiel d'accumulation.

196. Comme la Commission l'a indiqué précédemment, l'article 5 du Règlement nécessite un examen des propriétés intrinsèques du produit chimique. Dans le cas du siloxane D5, cela comprendrait :

  • ses propriétés physiques et chimiques uniques;
  • la façon selon laquelle il pénètre dans l'environnement;
  • la façon selon laquelle il se déplace entre les compartiments;
  • la façon selon laquelle il se dégrade.

197. Ces facteurs supplémentaires sont importants pour déterminer l'exposition et le potentiel du siloxane D5 d’avoir des effets dans l'environnement. Par conséquent, la Commission a examiné deux aspects de l'accumulation :

  • Les valeurs du FBA ou du FBC pour le siloxane D5 atteignent-elles les seuils de bioaccumulation selon le Règlement?
  • Les propriétés intrinsèques du siloxane D5 ont-elles une incidence sur l'analyse de ses caractéristiques de bioaccumulation?

198. Comme la Commission a le mandat d'évaluer la nature et l'importance du danger (ou du risque) que représente le siloxane D5 pour l'environnement, elle a examiné la bioaccumulation, l'amplification trophique, et les propriétés intrinsèques du siloxane D5 et leur rapport avec sa répartition et son devenir dans l'environnement. La Commission a donc pris en compte la façon dont le siloxane D5 est rejeté dans l'environnement, sa répartition dans les différents compartiments environnementaux, la façon dont il se dégrade, et la toxicité de la molécule lorsqu'elle atteint un site d'action dans un organisme.

199. Dans le cadre de cette évaluation, la Commission a pris en compte tous les renseignements scientifiques pertinents disponibles, y compris les renseignements disponibles en 2008, lorsque l’Évaluation préalable a été effectuée.

200. La Commission a examiné la bioaccumulation et l'amplification trophique par rapport aux concentrations auxquelles les organismes dans l'environnement pourraient être exposés afin de déterminer si elles représenteraient un danger pour l'environnement. La Commission a également reconnu que l'accumulation d'une substance à partir de la matrice ou de la nourriture dans un essai ou un test pour la toxicité (aiguë ou chronique) considère intrinsèquement le FBC ou le facteur de bioamplification, ainsi que la pertinence des concentrations qui s'accumulent dans un organisme, même si ces valeurs ne sont pas mesurées.

201. Si aucune toxicité n'est observée dans le cadre d'un essai à long terme, alors l'accumulation qui a eu lieu dans un organisme suite à cette exposition n'a pas produit d'effets nocifs. Par conséquent, l'exposition testée pendant l'essai représentait un risque de minimis.

202. Essentiellement, l'accumulation en soi n'est pas nécessairement nocive. Celle-ci n’est nocive que lorsque l'accumulation entraîne une concentration dans l’organisme qui excède le seuil de toxicité de celui-ci, ou le seuil de toxicité de ses prédateurs.

203. Avant de procéder à l'analyse de la Commission concernant la bioaccumulation relativement au siloxane D5, il est important de noter que l'article 4 du Règlement, qui a guidé la Commission, établit un ordre hiérarchique pour examiner la mesure de bioaccumulation appropriée.

204. La première mesure prescrite dans le Règlement est le FBA. Si ce facteur ne peut pas être déterminé, alors les évaluateurs étudieront le FBC du produit chimique. S'il n'est pas possible de déterminer le FBA ou le FBC, les évaluateurs détermineront le Koe. Comme cela a été indiqué précédemment, puisque le FBC avait été mesuré, il n'a pas été nécessaire de tenir compte du Koe.

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4.3.2.1 Facteur de bioaccumulation

205. Comme le stipule le Règlement, le FBA est le premier facteur à considérer pour évaluer la bioaccumulation. L’Évaluation préalable comportait des facteurs de bioaccumulation calculés à partir de modèles. Cela est dû au fait qu'aucun FBA empirique n'était disponible (Environnement Canada et Santé Canada, 2008). Toutefois, comme indiqué dans l’Évaluation préalable, les représentants du gouvernement n’étaient pas en mesure de conclure que le siloxane D5 atteignait le seuil réglementaire lié à la bioaccumulation (FBC ou FBA ≥5 000) en raison de preuves contradictoires (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, p. iii, Environnement Canada, 2011a, p. 3). Environnement Canada a réitéré cette conclusion dans son Rapport sur l'état des connaissances scientifiques du 20 janvier 2011, où il a stipulé qu'il « considère que la modélisation du FBA pour le D5 est équivoque » [traduction libre] (Environnement Canada, 2011a, p. 67 et 68).

206. Bien qu'aucune donnée supplémentaire sur le FBA n'a été fournie à la Commission pendant cet examen, Environnement Canada, dans ses conclusions finales, a jugé que le « D5 est un produit chimique qui a des propriétés bioaccumulatives et qui dépasse les critères canadiens de FBA ou de FBC ≥5 000 établis dans le Règlement. Cette conclusion est fondée sur le poids de la preuve qui a considéré 15 mesures de bioaccumulation » [traduction libre] (Environnement Canada, 2011, p. 7).

207. Cet énoncé est contradictoire à la position adoptée dans l’Évaluation préalable et dans le Rapport sur l'état des connaissances scientifiques plus récent. Néanmoins, après avoir examiné les soumissions des parties et les renseignements scientifiques pertinents, la Commission a conclu que les valeurs pour le FBA sont équivoques et ne corroborent pas une conclusion que le seuil réglementaire pour le FBA a été atteint.

208. En raison de l'absence de valeurs mesurées de FBA, la Commission a également pris en compte d'autres méthodes pour exprimer la bioaccumulation. Celles-ci comprenaient le FBA dans des milieux multiples et le FBA relatif (McLachlan, 2011). Toutefois, ni l'une ni l'autre de ces méthodes n'est actuellement utilisée dans un contexte réglementaire ou dans un contexte d'évaluation des risques (Transcription des audiences publiques, vol. 3, p. 476 et Transcription des audiences publiques, vol. 4, p. 613). De plus, ces techniques sont nouvelles et n'ont pas été validées par rapport à d'autres approches d’estimation de la bioaccumulation. La Commission était donc d'avis qu'il ne serait pas approprié de s'appuyer sur le FBA dans des milieux multiples ou le FBA relatif dans le cadre de cette enquête.

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4.3.2.2 Facteur de bioconcentration

209. Selon le Règlement, le FBC est le deuxième facteur à considérer pour évaluer la bioaccumulation. Les estimations du potentiel d'accumulation dans les organismes peuvent être utilisées dans les évaluations initiales de plus faible niveau d'un processus d'évaluation progressive des risques en comparant les valeurs empiriques aux seuils. L'alinéa 4b) du Règlement établit une valeur de 5 000 comme le seuil de l’examen préalable pour le FBC.

210. Au moment où l’Évaluation préalable a été effectuée, il y avait trois valeurs disponibles pour le FBC (Environnement Canada et Santé Canada, 2008). Ces valeurs se situaient entre 1 950 et 13 300 L/kg (poids humide) (Annelin et Frye, 1989, Drottar, 2005, Opperhuizen et al., 1987).

211. Afin de compléter ces données empiriques, le modèle Arnot-Gobas (2003) a été utilisé dans l’Évaluation préalable pour estimer le FBC pour les poissons de niveau trophique intermédiaire. Toutes les valeurs calculées à l'aide de ce modèle étaient inférieures à 5 000 (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, tableau 9b).

212. Les seuls nouveaux renseignements au sujet du FBC qui ont été fournis à la Commission pendant cet examen étaient les résultats d'un essai de toxicité chronique à un stade précoce de l'existence effectué sur des têtes-de-boule. Les auteurs de l'étude ont signalé des valeurs se situant entre 4 000 et 5 000 L/kg (poids humide) (Environnement Canada, 2010d).

213. L’Évaluation préalable a conclu que, « même si le D5 a le potentiel de s'accumuler dans le biote, il n'est pas possible de conclure à ce moment que le D5 satisfait aux critères de bioaccumulation définis dans le Règlement, compte tenu des preuves contradictoires issues des diverses analyses en laboratoire et des modèles prédictifs » [traduction libre] (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, p. ii et iii). De plus, le Rapport sur l’état des connaissances scientifiques du 10 janvier 2011 (Environnement Canada, 2011a, p. 55) a déduit que les données sur le FBC pour le siloxane D5 étaient « équivoques », même en prenant en considération l'essai de toxicité chronique à un stade précoce de l'existence effectué sur des têtes-de-boule discuté ci-dessus.

214. Toutefois, dans ses conclusions finales, Environnement Canada a indiqué que le siloxane D5 a un FBA ou un FBC supérieure ou égale à 5 000 (Environnement Canada, 2011b, p. 7). Ici encore, la Commission a fait remarquer qu'Environnement Canada avait changé sa position en ce qui concerne le FBC par rapport celle dans l’Évaluation préalable et dans le Rapport sur l'état des connaissances scientifiques plus récent. Néanmoins, après avoir examiné les soumissions de toutes les parties et les renseignements scientifiques pertinents, la Commission a conclu que les valeurs pour le FBC sont équivoques et qu’elles ne corroborent pas la conclusion que le seuil réglementaire pour la bioconcentration a été atteint.

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4.3.2.3 Facteur d'accumulation biote-sédiments

215. Le facteur d'accumulation biote-sédiments (FABS) n'a pas été pris en compte dans l’Évaluation préalable (Environnement Canada et Santé Canada, 2008). Toutefois, pendant les audiences, ce paramètre a été soulevé par Environnement Canada et le SEHSC et la CCTFA. Les facteurs d’accumulation biote-sédiments du siloxane D5 ont été mesurés dans plusieurs études sur des organismes vivant dans les sédiments dans des conditions de laboratoire et dans des conditions de terrain (Wildlife International, 2008, Norwood et al., 2010, Dow Corning Corporation, 2009). Toutes les valeurs étaient inférieures à 10 kg de CO/kg de lipides. Ces valeurs sont inférieures à 500 kg de CO/kg de lipides, ce qui est le seuil préoccupant normal pour les molécules persistantes organiques neutres.

216. Dans le cas du siloxane D5, le FABS devrait dépasser environ 725 de CO/kg de lipides avant qu'on s'attende à ce que le siloxane D5 se bioamplifie à une concentration supérieure au seuil d'effet nocif (Gobas et al., 2011, p. 28). Le siloxane D5 a un seuil supérieur de concentration totale car il a tendance à se répartir davantage dans le carbone organique dans les sédiments que d'autres molécules organiques neutres de taille moléculaire semblable (voir la discussion sur le Kco dans la section 4.2.1 ci-dessus).

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4.3.2.4 Facteur de bioamplification

217. Des deux études qui ont mesuré les facteurs de bioamplification pour le siloxane D5, l'Agence environnementale du Royaume-Uni en a seulement considéré une comme étant valide, celle de Drottar (2007) (Brooke et al., 2009). Drottar a étudié la truite arc-en­ciel et a rapporté un facteur de bioamplification de 0,22 (poids humide) et de 0,63 lorsque normalisé selon la teneur en lipides (Drottar, 2007).

218. La bioamplification n'a pas lieu lorsque les valeurs du facteur de bioamplification sont inférieures à 1,0. Ceci est discuté en détail en ce qui a trait aux taux de dépuration dans la section 4.3.2.6 ci-dessous. Après avoir examiné les renseignements scientifiques disponibles concernant le facteur de bioamplification, la Commission est d'avis que le siloxane D5 ne se bioamplifie pas.

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4.3.2.5 Facteur d'amplification trophique

219. Aucun renseignement sur le facteur d’amplification trophique n'était disponible lorsque l’Évaluation préalable a été effectuée. Des renseignements sont maintenant disponibles qui permettent de calculer les valeurs des facteurs d’amplification trophique.

220. Des valeurs de facteurs d’amplification trophique pour le siloxane D5 mesurées au moyen d'isotopes de l'azote dans le lac Pepin, dans la rivière Mississippi, au sud de Minneapolis-St Paul, au Minnesota, étaient inférieures à 1,0, ce qui indique une dilution trophique. Si l’on considère toutes les espèces analysées, le facteur d’amplification trophique était de 0,18. Lorsque ces valeurs étaient regroupées selon les habitudes alimentaires (guildes trophiques), le facteur d’amplification trophique pour toutes les espèces était de 0,11 (Dow Corning Corporation, 2009).

221. L'utilisation d'isotopes de l'azote pour caractériser les niveaux trophiques dans les milieux terrestres et d'eau douce peut être faussé par des apports en azote de source anthropique ou par des difficultés à mesurer les concentrations de lipides dans certains organismes (Powell et Seston, 2011), ce qui pourrait avoir eu une influence sur les mesures du facteur d’amplification trophique pour le siloxane D5. Toutefois, une caractérisation semblable du réseau trophique dans le lac Pepin a été entreprise avec plusieurs BPC, qui sont reconnus pour se bioamplifier dans la chaîne alimentaire. Tous les facteurs d’amplification trophique pour les BPC étaient supérieurs à 1,0 (entre 1,5 et 5,1, selon le congénère de BPC) (Powell et Seston, 2011) et étaient conformes au comportement de ces composés très étudiés dans d'autres systèmes.

222. Compte tenu de ces résultats, la Commission a conclu que ces mesures ajoutaient du poids aux valeurs de facteur d’amplification trophique pour le siloxane D5 et que ce produit chimique n'est pas amplifié dans les réseaux trophiques. La Commission était également d'accord avec la suggestion qu'un produit chimique de référence qui n'est pas biotransformé, par exemple le BPC 153 ou le BPC 180, pouvait servir de référence pour permettre l'estimation d'un facteur d’amplification trophique relatif (Powell et Seston, 2011). Cette méthode compense les sources possibles d'erreur et permet une meilleure caractérisation de l'amplification trophique de produits chimiques tels que le siloxane D5 dans les chaînes alimentaires d'eau douce.

223. Dans le lac Pepin, les concentrations de siloxane D5 du niveau trophique inférieur (détrivores) étaient supérieures à celles des sédiments. Toutefois, les concentrations de siloxane D5 étaient inversement proportionnelles au rapport d’isotopes de l’azote dans tous les autres niveaux trophiques. Aucune amplification trophique n'a eu lieu. La dilution trophique du siloxane D5 a également été observée dans le fjord d’Oslo (Powell, 2009), dans l'estuaire Humber et dans la mer Baltique (Gobas, 2011, diapositives 11 et 12).

224. Après avoir examiné tous les renseignements scientifiques concernant les facteurs d’amplification trophique et avoir tenu compte des incertitudes relevées par les parties, la Commission a conclu que le siloxane D5 ne se bioamplifie pas.

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4.3.2.6 Taux de dépuration

225. Le taux auquel le siloxane D5 est biotransformé par des organismes supérieurs détermine, en partie, le taux d'accumulation et de dépuration (perte de l'organisme dans l’ensemble des voies, notamment la diffusion, le transport actif et la dégradation).

226. À mesure que la nourriture est consommée, une partie du carbone organique est dégradée et accumulée dans l'organisme, où il est converti en énergie. Par conséquent, la teneur en carbone organique, et en particulier la teneur en lipides de la nourriture diminue à mesure qu'elle est digérée et biotransformée. Dans des conditions d'exposition constante, ce qui est le cas à l'état d'équilibre, la concentration qui peut être atteinte dans un organisme est déterminée uniquement par le taux de dépuration.

227. L'information sur le taux de dépuration peut être utilisée de deux façons. D'abord, elle peut être utilisée pour interpréter si un composé comme le siloxane D5 est biotransformé. Le siloxane D5 est biotransformé, à différents degrés, dans les mammifères (Varaprath et al., 2003) et dans les poissons (Springer, 2007). Les constantes de vitesse de dépuration qui ont été rapportées pour deux espèces de poisson et une espèce de ver varient de 0,029 à 0,25 par jour (Gobas, 2011, diapositive 4). Ces taux de dépuration mesurés sont supérieurs à ceux prédits par des modèles dans lesquels on supposait que le siloxane D5 n'est pas biotransformé. Ces taux confirment que le siloxane D5 est biotransformé par les organismes.

228. Ensuite, le taux de dépuration peut également être comparé au taux d’absorption. Si le taux de dépuration (exprimé en unités de masse du produit chimique par masse de l'animal par unité de temps) est supérieur au taux d'absorption (exprimé dans les mêmes unités), alors le produit chimique ne peut pas être bioamplifié.

229. Dans le cas du siloxane D5, si on suppose qu'un animal consomme 4 % de sa masse corporelle en nourriture par jour (un taux élevé) et que l'efficacité d'assimilation est de 50 % (ce qui est une valeur typique pour des produits chimiques organiques neutres dans des poissons), un taux d'absorption maximal peut être calculé (Gobas et al., 2011, p. 3 ). Lorsque cela a été effectué, un taux constant de 0,02 par jour a été calculé (Gobas, 2011, diapositive 4). Le fait que les taux de dépuration mesurés soient tous supérieurs à cette valeur indique également que le siloxane D5 ne se bioamplifie pas.

230. D'après l'information disponible sur le facteur de bioamplification, les concentrations mesurées dans l’environnement, ainsi que les voies et les processus de dégradation, la Commission a conclu que le siloxane D5 ne se bioamplifie pas. À partir de cette conclusion, il s'ensuit que les organismes à des niveaux trophiques plus élevés ne seront pas exposés à de plus fortes concentrations de siloxane D5 que les organismes situés plus bas qu'eux dans le réseau trophique.

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4.3.2.7 Analyse de la fugacité

231. Tel qu'il a été mentionné précédemment, la fugacité est la tendance des produits chimiques à se déplacer d'un compartiment à un autre dans l'environnement et/ou les organismes. Lorsque les rapports de fugacité pour le siloxane D5 ont été calculés, ils étaient tous inférieurs à 1,0 (Gobas et al., 2011, figure 3, p. 59). Pour les composés organiques bioaccumulables, par exemple les BPC non biotransformés, les rapports de fugacité sont toujours supérieurs à 1,0. Les preuves ont indiqué que le siloxane D5 est biotransformé, car ses rapports de fugacité étaient inférieurs à 1,0.

232. Les analyses de fugacité peuvent également être utilisées pour déterminer si le siloxane D5 pouvait provoquer des effets nocifs. D'après des calculs effectués pour certaines conditions environnementales moyennes, la fugacité maximale du siloxane D5 à ses limites de solubilité serait d'environ 33 Pa (Gobas et al., 2011, p. 32 à 39, figures 2 et 3, p. 58 et 59).

233. Lorsque les taux de fugacité du siloxane D5 ont été calculés pour divers compartiments environnementaux et organismes, ils étaient toujours inférieurs à 33 Pa et diminuaient avec une augmentation du niveau trophique. Les valeurs de fugacité variaient entre un maximum de 10 Pa dans les effluents des SEEU à 0,0000001 Pa dans les mammifères marins (Gobas et al., 2011, figure 3, p. 59). Les valeurs de concentration sans effet observé (CSEO) pour tous les organismes étudiés étaient à des mesures de fugacité supérieures à 33 Pa. Ces mesures de fugacité sont thermodynamiquement impossibles à atteindre dans l'environnement (Gobas et al., 2011, figure 3, p. 59).

234. Les résultats de cette analyse concordent avec la conclusion de la Commission que le siloxane D5 n'a pas de potentiel de bioconcentration et que, d'après ses limites de solubilité, le siloxane D5 ne peut pas dépasser les concentrations qui pourraient provoquer des effets nocifs pour les organismes.

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4.3.3 Conclusions sur la persistance, la bioaccumulation et l'amplification trophique du siloxane D5 dans l'environnement

235. Selon les renseignements scientifiques qui lui ont été présentés, la Commission a conclu que le siloxane D5 répond aux critères de classification en tant que produit chimique persistant en vertu du Règlement. Toutefois, le siloxane D5 constituera un danger pour l'environnement seulement si sa persistance est telle qu'elle entraîne des effets nocifs pour l'environnement. La persistance doit donc être accompagnée de l'accumulation dans un ou plusieurs compartiments de l’environnement (ou organismes) au point que ces expositions dépassent le dosage ou la concentration causant des effets nocifs. Les conclusions de la Commission à l'égard des effets nocifs sont décrites dans les sections suivantes.

236. Bien que le siloxane D5 puisse s'accumuler dans des organismes à partir de matrices environnementales ou d'aliments, il ne se bioamplifie pas dans la chaîne alimentaire. C’est-à-dire, les concentrations de siloxane D5 n’augmentent pas dans les prédateurs comparées à celles de leurs proies.

237. L’Évaluation préalable n'a pas étudié toutes les propriétés intrinsèques du siloxane D5, leurs effets sur le devenir et le transport dans l'environnement et l'exposition subséquente pour les organismes. L’Évaluation préalable a conclu, en partie, que le siloxane D5 devrait être considéré comme étant bioaccumulable simplement par la comparaison des valeurs de FBC et/ou de FBA au seuil réglementaire de 5 000, même si les données étaient équivoques. Une telle approche pourrait être appropriée dans des évaluations préalables de niveaux inférieurs moins robustes et dans l'absence de renseignements supplémentaires au sujet des propriétés intrinsèques d'une substance. Toutefois, compte tenu de la disponibilité de renseignements supplémentaires, la Commission a effectué une évaluation plus approfondie du danger potentiel que représente le siloxane D5 pour l'environnement et a conclu qu'il ne se bioamplifie pas dans la chaîne alimentaire.

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4.4 Toxicité du siloxane D5 pour les organismes récepteurs dans l'environnement

238. La toxicité est le potentiel d'un produit chimique à avoir des effets nocifs ou néfastes sur des organismes. L'ampleur de l'effet nocif est déterminée par la concentration et la durée de l'exposition au produit chimique et par la façon dont celui-ci interagit avec l'organisme.

239. L'interaction du produit chimique avec l'organisme comprend les facteurs toxicocinétiques et toxicodynamiques. Les facteurs toxicocinétiques comprennent les taux d'absorption, de répartition, de biotransformation, et, finalement, d'excrétion. Les facteurs toxicodynamiques comprennent également le taux auquel des dommages sont causés et le taux de rétablissement, le cas échéant, à la suite des dommages.

240. Il y a de nombreux processus dans les organismes qui ont une incidence sur la quantité de produit chimique qui atteint les sites visés dans les tissus. En effet, les organismes peuvent être exposés à une certaine concentration d'un produit chimique pendant une très longue période sans qu'il y ait d'effet nocif. C’est ce que l’on appelle la « concentration efficace minimale ». Les organismes, y compris les humains, sont continuellement exposés à des produits chimiques toxiques; toutefois, c'est seulement lorsque la concentration efficace minimale critique est dépassée pendant une période suffisante pour permettre l'accumulation de dommages que des effets nocifs surviendront.

241. La connaissance du mécanisme d'action d'un produit chimique est utile pour évaluer le danger qu'il représente pour les organismes. Un produit chimique peut avoir un mode d'action qui lui est propre en raison de son interaction avec un récepteur particulier. Par exemple, la forme de certaines molécules est telle qu'elles s’associent à la structure de biomolécules, comme les enzymes ou les récepteurs sur la surface d'une cellule. Les produits chimiques peuvent avoir des effets en imitant des molécules biologiques ou en bloquant des récepteurs clés. Les produits chimiques peuvent interagir avec d'autres produits chimiques, permettant ainsi à des produits chimiques inactifs de devenir actifs. Il convient également de souligner que, dans l'environnement, les produits chimiques n'existent pas sous forme d'entités uniques, mais font plutôt partie d'un mélange.

242. En plus de ces mécanismes d'action propres, tous les produits chimiques ont ce qu'on appelle une toxicité minimale ou de base. On parle alors de « narcose », un phénomène qui se produit lorsque la molécule se répartit, ou se dissout, dans les membranes des cellules de l'organisme et change ses propriétés structurelles ou chimiques. Ce processus est généralement réversible et n'entraîne pas de dommages permanents, à moins que les expositions soient d'une durée et d'une ampleur suffisantes. Pour les molécules neutres (non chargées) telles que le siloxane D5, on ne connaît aucun mécanisme d'action précis; par conséquent, les effets néfastes peuvent seulement provenir de la narcose (Transcription des audiences publiques, vol. 3, p. 516, Transcription des audiences publiques, vol. 7, p. 992).

243. Les concentrations de siloxane D5 requises pour avoir des effets nocifs devraient être pratiquement les mêmes parmi les espèces, car les physiologies et les membranes de la plupart des organismes sont plutôt similaires. Par conséquent, il est improbable qu'il y ait des espèces particulièrement sensibles. Un petit ensemble de données sur la toxicité suffit donc pour tirer des conclusions significatives sur le potentiel d'effets néfastes sur les organismes.

244. Les preuves disponibles indiquent que le siloxane D5 n'est pas toxique pour les mammifères (Environment Agency, 2010). Des effets néfastes sur d'autres espèces sont seulement observés à des concentrations très importantes qui, d'après les preuves examinées par cette Commission, ne peuvent pas être atteintes dans l'environnement à la suite de rejets normaux.

245. Certaines études sur les organismes benthiques (résumées dans Environnement Canada, 2011c, tableau 2, p. 19) ont relevé des effets nocifs. Toutefois, dans ces études, les concentrations étaient supérieures aux limites théoriques de solubilité du siloxane D5 dans la composante de CO des sédiments. La Commission est d'avis que ces études ne représentent pas correctement les concentrations de siloxane D5 qui sont susceptibles de se trouver dans l'environnement.

246. Il n'y a pas d'information disponible concernant la toxicité pour certaines classes d'animaux, par exemple les amphibiens ou les oiseaux (Environnement Canada et Santé Canada, 2008, Brooke et al., 2009). Il n'y avait pas de données disponibles permettant de savoir si le siloxane D5 interagissait avec d'autres produits chimiques dans l'environnement, en tant qu'élément d'un mélange. Par contre, la Commission est d’avis que ces informations manquantes ne changeraient pas sa conclusion, et ne causent pas un niveau inacceptable d'incertitude au niveau du danger et des risques.

247. Les résultats des études sur la toxicité du siloxane D5 pour les organismes terrestres et aquatiques qui ont été effectuées après que l’Évaluation préalable ait été publiée ont amélioré la compréhension de la sensibilité de plusieurs groupes d'organismes. Les données de toxicité contenues dans ces nouvelles études sont résumées et discutées dans les sections suivantes. Ces données représentent les valeurs associées à la réponse la plus sensible observée dans chaque étude.

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4.4.1 Animaux terrestres

248. Des concentrations de toxicité d'études effectuées après 2008 étaient disponibles pour les vers de terre et les collemboles nivicoles et sont résumées dans le Tableau 2. L'organisme testé le plus sensible était le collembole nivicole, avec une CI50 pour la production de jeunes de 767 mg/kg (poids sec).

Tableau 2. Valeur de toxicité la plus sensible pour les effets du siloxane D5 chez les animaux terrestres
Organisme d'essaiDurée (jours)Paramètre et réponseaValeur (mg/kg [poids sec])b
Ver de terre (Eisenia andrei)56CI50
(production de jeunes)
>4 074
Collembole nivicole (Folsomia candida)28CI50
(production de jeunes)
767

a CI50 est la concentration qui cause 50 % d'inhibition de la réaction.
b Les concentrations de toxicité sont basées sur des concentrations mesurées au début de l'étude.
Données de (Environnement Canada, 2010b).

249. Pendant les tests préliminaires, après 14 jours, les concentrations de siloxane D5 ont diminué de 50 % par rapport aux concentrations initiales nominales. Ces pertes étaient attribuables à la dégradation et à la volatilité. Toutefois, les valeurs dans le Tableau 2 ci­dessus sont basées sur les concentrations de siloxane D5 mesurées dans les sols au début de l'étude, la seule fois où les concentrations ont été mesurées (Environnement Canada, 2010b). Malgré certaines incertitudes associées à cette étude, la Commission a conclu que les résultats de ces tests étaient appropriés pour l'évaluation des risques.

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4.4.2 Plantes terrestres

250. Des renseignements sur la toxicité étaient disponibles pour quatre espèces de plantes (Tableau 3). Toutes ces données ont été obtenues après 2008. Comme c'était le cas pour les animaux terrestres (ci-dessus), les valeurs de CI50 pour les effets du siloxane D5 sur les quatre plantes terrestres les plus sensibles sont basées sur les concentrations de siloxane D5 mesurées dans les sols au début de l'étude. La Commission a déterminé que cela n'invalidait pas les résultats des tests car cette dissipation aurait lieu sur le terrain après l'ajout de biosolides contenant du siloxane D5 au sol.

Tableau 3. Valeurs de toxicité la plus sensible pour les effets du siloxane D5 chez les plantes terrestres
Organisme d'essaiDurée (jours)Paramètre et réponseaValeur (mg/kg (poids sec))b
Orge (Hordeum vulgare)14CI50 (masse sèche de racines)209
Trèfle des prés (Trifolium pratense)14CI50 (toutes les réponses)>4 054
Blé dur (Triticum durum)14CI50 (toutes les réponses)c>3 533
Radis (Raphanus sativus)14CI50 (toutes les réponses)c>4 306

a CI50 est la concentration qui cause 50 % d'inhibition de la réaction.
b Les valeurs de CI50 sont basées sur des valeurs mesurées au début de l'étude.
c Les valeurs de CI50 basées sur l’absence de réponse observée dans l'étude de détermination des doses. Données de (Environnement Canada, 2010b).

251. La plante la plus sensible était l'orge avec une valeur de CI50 basée sur la masse sèche des racines de 209 mg/kg (poids sec). Cette valeur a été utilisée dans l'évaluation des risques discutée ci-dessous (section 5.1 ci-dessous).

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4.4.3 Organismes aquatiques

252. Bien que des renseignements sur la toxicité étaient disponibles lorsque l’Évaluation préalable a été effectuée (Environnement Canada et Santé Canada, 2008), des données supplémentaires ont été présentées à la Commission et sont comprises dans cet examen. Les valeurs de concentrations pour toutes les études sont résumées (Tableau 4) et comprennent deux études sur le stade précoce de l'existence.

Tableau 4. Valeurs de toxicité les plus sensibles pour les effets du siloxane D5 chez les organismes aquatiques
Organisme d'essaiDurée (en jours)ParamètreValeur (μg/L)
Truite arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss)14CSEO≥16
Cladocère (Daphnia magna)21CSEO≥15
Truite arc-en-ciel (O. mykiss)90 (stade précoce de l'existence)CSEO≥14
Truite arc-en-ciel (O. mykiss)a45CSEO≥17
Tête-de-boule (Pimephales promelas)65 (stade précoce de l'existence)CSEO≥8,7

Données de (Environnement Canada, 2011c). Les concentrations sans effet observé (CSEO) sont basées sur des concentrations mesurées, à l'exception de la valeur a, qui est basée sur des concentrations nominales dans un essai avec renouvellement continu.

253. Aucun effet nocif n'a été observé dans les études. Dans tous les cas, les concentrations sans effet observé (CSEO) étaient les concentrations les plus élevées testées ou mesurées pendant les études. Les concentrations étaient toutes supérieures ou égales à la solubilité maximale du siloxane D5 dans l'eau (17 µg/L) (Environnement Canada, 2011a, tableau 5, p. 22).

254. Dans plusieurs de ces études, il n'était pas possible de maintenir des concentrations de siloxane D5 près de sa solubilité maximale, ou supérieures à celle-ci. Par exemple, dans l'étude sur la tête-de-boule (Environnement Canada, 2010d), la concentration nominale la plus élevée testée (17 µg/L) a été mesurée à 8,7 µg/L. Cette donnée concorde avec la pression de vapeur et le coefficient de partage air-eau, le Kae, du siloxane D5 et sa tendance à se dissiper de l'eau à l'air (section 4.2 ci-dessus).

255. Comme le mécanisme d'action du siloxane D5 est la narcose (Transcription des audiences publiques, vol. 3, p. 546), la Commission a déterminé que les valeurs de toxicité disponibles pour le siloxane D5 dans les organismes aquatiques étaient représentatives d'autres espèces aquatiques. La Commission a également conclu qu'aucun effet néfaste ne serait prévu à des concentrations inférieures ou égales à sa solubilité maximale dans l'eau (17 µg/L).

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4.4.4 Organismes vivant dans les sédiments

256. Des données sur la toxicité pour les organismes vivant dans les sédiments étaient disponibles pour le ver à boue (Lumbriculus variegatus), et la larve de moucheron (Chironmus riparius) en 2008. Des données supplémentaires pour ces espèces et l'orchestie (Hyalella azteca) ont été rendues disponibles par la suite. Toutes les données sont résumées dans le Tableau 5 et sont présentées par rapport au poids sec des sédiments et par rapport à la quantité de carbone organique dans les sédiments.

Tableau 5. Valeurs de toxicité les plus sensibles pour le siloxane D5 chez les organismes vivant dans les sédiments
Organisme d'essaiDurée (en jours)ParamètreValeur
(µg/g poids sec)
Valeur
(µg/g CO)
Orchestie (Hyalella azteca)28CSEO6212 400
Orchestie (H. azteca)28CSEO1302 708
Orchestie (H. azteca)28CSEO8415 827
Moucheron (Chironmus riparius)28CSEO693 450
Moucheron (C. riparius)28CSEO702 188a
Ver à boue (Lumbriculus variegatus)28CSEO>336>6 720
Ver à boue (L. variegatus)28CSEO>1 272>34 378

a Il s'agit de la seule valeur où la concentration du siloxane D5 est inférieure à la saturation dans la composante de CO du sédiment.
Données de (Fairbrother et al., 2011).

257. La Commission a remarqué que toutes les concentrations sans effet observé (CSEO), sauf une, dans le Tableau 5 étaient supérieures à la limite de solubilité maximale dans la fraction de carbone organique du sédiment utilisé dans le test. D'après le Kco mesuré pour le siloxane D5, la concentration à saturation serait de 2 516 µg/g de CO (Mackay, 2011a). Sauf dans l'éventualité d'un rejet industriel involontaire, des concentrations supérieures à cette valeur ne pourraient pas découler de la diffusion et de la répartition normales dans l'environnement.

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4.4.5 Conclusions sur la toxicité du siloxane D5 pour les organismes récepteurs dans l'environnement

258. Selon les renseignements scientifiques présentés à la Commission, le siloxane D5 n'est pas toxique pour les organismes testés jusqu'à la limite de solubilité, et au-delà de celle-ci, dans la matrice environnementale par laquelle ils ont été exposés. Tel qu'il a été mentionné à la section 3.3.7, il est théoriquement impossible que le siloxane D5 se répartisse dans une matrice à un point tel que sa concentration soit supérieure à sa solubilité maximale dans ce milieu. Par conséquent, la Commission est d'avis que le siloxane D5 ne s'accumulera pas à des concentrations suffisamment importantes pour avoir des effets nocifs sur les organismes situés dans l'air, l'eau, les sols, ou les sédiments. De plus, le siloxane D5 ne semble pas interagir avec d'autres produits chimiques dans le mélange environnemental de façon à être nuisible à l'environnement ou aux organismes.

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