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Suivi de l’évaluation de 1993 du risque écologique des substances organostanniques inscrites sur la Liste intérieure du Canada

4. Effets

Il est généralement admis que la toxicité des composés organostanniques pour les organismes aquatiques résulte de l’exposition au groupement RxSn(4−x)+ et qu’elle est largement indépendante du groupement anionique (Maguire, 1992). Comme on peut le voir dans le tableau 6, cette règle générale comporte quelques exceptions. Dans le cas de la toxicité aiguë pour le médaka, Oryzias latipes, le maléate de dibutylétain est moins toxique que l’oxyde, le diacétate et le dilaurate de dibutylétain. Des essais biologiques portant sur les diatomées Skeletonema costatum et Thalassiosira pseudonana ont montré une diminution de la toxicité du dibutylétain dans l’ordre du diacétate, du dichlorure et du difluorure.

Les données de toxicité pour certaines substances organostanniques sont présentées dans Gouvernement du Canada (1993) et Maguire (1992). Une recherche a été effectuée en janvier 2003 dans la base de données ECOTOX dans le but de trouver des données sur la toxicité pour les organismes aquatiques des substances organostanniques inscrites sur la LIS du Canada. Les résultats obtenus pour la toxicité pour les organismes les plus vulnérables sont présentés dans le tableau 7 pour diverses sous-catégories de substances organostanniques.

Les données de toxicité présentées dans le tableau 7 ne sont pas nécessairement les mêmes que celles utilisées pour l’évaluation des neuf composés organostanniques nouveaux ou faisant l’objet d’une disposition transitoire. Environnement Canada (2006) a examiné les données de toxicité des substances qui étaient les plus apparentées aux neuf substances évaluées tandis que les données du tableau 7 correspondent aux résultats les plus toxiciques pour les sous-catégories de substances organostanniques.

Tableau 6 : Toxicité pour les organismes aquatiques de certaines substances organostanniques à groupements anioniques différents
SubstanceOrganismeCritèreValeur
(µg/L)Note de bas de page a
Références
Oxyde de dibutylétainmédakaCL50 - 48 h1 000Nagase et al., 1991
Diacétate de dibutylétainmédakaCL50 - 48 h2 000Nagase et al., 1991
Dilaurate de dibutylétainmédakaCL50 - 48 h2 000Nagase et al., 1991
Dichlorure de dibutylétainmédakaCL50 - 48 h4 700Nagase et al., 1991
Maléate de dibutylétainmédakaCL50 - 48 h8 000Nagase et al., 1991
Diacétate de dibutylétainSkeletonema costatum (diatomée)CE50 - 72 h (croissance)20Walsh et al., 1985
Dichlorure de dibutylétainSkeletonema costatum (diatomée)CE50 - 72 h (croissance)40Walsh et al., 1985
Difluorure de dibutylétainSkeletonema costatum (diatomée)CE50 - 72 h (croissance)60Walsh et al., 1985
Diacétate de dibutylétainThalassiosira pseudonana (diatomée)CE50 - 72 h (croissance)80Walsh et al., 1985
Dichlorure de dibutylétainThalassiosira pseudonana (diatomée)CE50 - 72 h (croissance)160Walsh et al., 1985
Difluorure de dibutylétainThalassiosira pseudonana (diatomée)CE50 - 72 h (croissance)240Walsh et al., 1985

Notes de bas de page

Note de bas de page A

Concentration exprimée en µg de dibutylétain/L.

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Tableau 7 : Résumé de la toxicité de diverses substances organostanniques pour les organismes d’eau douce les plus vulnérables
 Méthylétains (µg/L)Butylétains (µg/L)Octylétains (µg/L)Phénylétains (µg/L)
Mono-17816>234S.O.
Di-756134,1S.O.
Tri-S.O.0,01S.O.0,209
Tétra-S.O.45S.O.398

Dans le cas des monométhylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est l’algue verte Scenedesmus obliquus avec une CE50-96 h (croissance) pour le trichlorométhylstannane de 178 µg/L (Huang et al., 1996).

Pour les diméthylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est Scenedesmus obliquus avec une CE50-96 h (croissance) pour le dichlorodiméthylstannane de 756 µg/L (Huang et al., 1993).

Dans le cas des monobutylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est le cladocère Daphnia magna avec une concentration maximale acceptable de toxique (CMAT) de 16 µg/L pour le 4-butyl-10-éthyl-4-[[2-[2-éthylhexyl)oxy]-2-oxoéthyl]thio]-7-oxo-8-oxa-3,5-dithia-4-stannatétradécanoate de 2-éthylhexyle (d’après une étude parrainée par le Organotin Environmental Programme et citée dans Environnement Canada, 2006).

Dans le cas des dibutylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est Daphnia magna, avec une CE50-48 h de 13 µg/L pour le 4,4-dibutyl-10-éthyl-7-oxo-8-oxa-3,5-dithia-4-stannatétradécanoate de 2-éthylhexyle (IUCLID, 2002a). Une concentration sans effet observé (CSEO) de 21 jours de 8 µg/L pour le dichlorure de dibutylétain a été signalée pour Daphnia magna (Analytical Bio-Chemistry Laboratories, 1990).

Il est à noter que le tributylétain peut être présent sous forme d’impuretés dans des formulations de dibutylétain du commerce et, sans doute, de laboratoire et peut ainsi accroître de façon appréciable la toxicité de ces formulations. Ainsi, Lytle et al. (2003) ont signalé que la présence d’aussi peu que 0,1 % de tributylétain sous forme d’impuretés pouvait influer de façon appréciable sur la toxicité mesurée de dibutylétains. Les auteurs sont d’avis qu’il pourrait ne pas être possible de réduire la teneur des impuretés des dibutylétains à une valeur de beaucoup inférieure à 0,1 %.

Dans le cas des tributylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est le  guppy, Poecilia reticulata, avec une CSEO de 90 jours de 0,01 µg/L pour l’hexabutyldistannoxane (Becker, 1992; données présentées dans ECOTOX). La concentration minimale avec effet observé (CMEO) de 110 jours chez des alevins vésiculés de la truite arc-en-ciel, Oncorhynchus mykiss, était de 0,173 µg/L pour le chlorure de tributylétain, l’effet étant une augmentation de la mortalité et une réduction de la résistance à Aeromonas (de Vries et al., 1991). Le phénomène de « l’imposex » (imposition de caractères sexuels mâles à des femelles) a été signalé chez des nasses, Nucella lapillus, un gastéropode marin, à des concentrations de tributylétain de 0,001 µg/L, la stérilisation des femelles apparaissant à 0,007 – 0,012 µg/L (Bryan et al., 1988; Gibbs et al., 1988). Shimasaki et al. (2003) ont indiqué que l’oxyde de tributylétain provoquait une inversion sexuelle chez des femelles (génétiques) de la plie japonaise, Paralichthys olivaceus, qui présentaient un phénotype mâle après exposition à la substance présente dans leur nourriture à des concentrations de 0,1 µg/g (25,7 % d’inversion sexuelle) et de 1,0 µg/g (31,1 % d’inversion sexuelle). Dans les sédiments, la CI50-21 jours du chlorure de tributylétain pour la croissance de l’éphémère Hexagenia spp. était de 1,5 µg/g de masse sèche (Day et al., 1998). Cela est cohérent avec l’observation faite par Meador (2000) selon laquelle des effets chroniques sur le benthos pouvaient apparaître à des concentrations de tributylétain de la gamme de 0,1–1 µg/g (masse sèche) de sédiments. Selon Meador (2000), la toxicité du tributylétain pourrait s’expliquer par divers modes d’action particuliers, dont une perturbation endocrinienne et des perturbations de la production d’énergie, du système enzymatique P-450 et du métabolisme de l’hème.

Dans le cas du tétrabutylétain, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est le méné tête-de-boule, Pimephales promelas, avec une CL50-96 h de 45 µg/L (Geiger et al.,1990; données présentées dans ECOTOX).

Pour les monooctylétains, une CL50-48 h >234 µg/L de trichlorure de monooctylétain pour Daphnia magna est le seul résultat d’étude qui a été relevé (Schering AG, 1998).

Pour les dioctylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est Daphnia magna, avec une CL50-48 h de 4,1 µg/L pour le dichlorure de dioctylétain (Steinhauser et al., 1985).

Pour les triphénylétains, l’organisme d’eau douce le plus vulnérable est l’alevin vésiculé de la truite arc-en-ciel avec une CMEO de 110 jours de 0,209 µg/L pour le chlorure de triphénylétain, l’effet étant un augmentation de la mortalité, un épuisement du glycogène hépatique et une diminution de la résistance à Aeromonas (de Vries et al., 1991). La recommandation canadienne pour la qualité des eaux s’appliquant à la protection de la vie aquatique d’eau douce est de 0,022 µg/L (CCME, 1999).

Dans le cas du tétraphénylétain, une CL50-48 h de 398 µg/L pour le médaka, Oryzias latipes, est le seul résultat d’étude qui a été relevé (Nagase et al., 1991).

 
Table des Matières
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