Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2009 : évènement un

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1. L’été de notre déplaisir…Trop de chaleur dans l’extrême Ouest, pas assez ailleurs

Carte du Canada mettant en surbrillance l'étrange météo estivale du Canada

Cet été, nous avons vraiment connu tous les extrêmes! Selon la région du Canada, le temps était toujours trop chaud, trop froid, trop sec, trop humide ou trop orageux. Tout ce que les gens désiraient, c'était de connaître une météo normale. Et bien, même si c’est difficile à croire, c'est exactement ce qu’on a obtenu en bout de piste! Globalement, le Canada a connu une température de moins d’un demi-degré supérieure à la normale. Si l’on recueillait toute la pluie tombée, elle ne totaliserait que deux pour cent de plus que la normale. Le problème, pour la population canadienne, c’est que la météo a été trop clémente dans le Nord et l'extrême Ouest, et trop agitée dans le Sud et l’Est. Certaines parties de l’est des Prairies ont eu droit à un des dix étés les plus frais jamais enregistrés, avec des températures de plus d'un degré et demi sous la normale. Le Canada atlantique a connu son été le plus humide; les précipitations dépassant la normale de 42 %. Dans le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent, l’été dernier est arrivé au sixième rang pour l’humidité et au douzième pour la fraîcheur, depuis les 62 dernières années. D'un autre côté, l’Extrême-Arctique a vécu son été le plus doux (1,8 degré de plus que la normale), tandis que sur la côte du Pacifique, l’été a été le troisième plus chaud et plus sec.

Alors que les Canadiens souhaitaient plus que tout pouvoir profiter du soleil sur leur terrasse, un cri s’élevait à l’unisson de l'Alberta à l’Atlantique : «À quand la chaleur?». Toutes les théories ont été invoquées pour expliquer cet été inexistant, depuis l’inactivité du soleil et les trous dans la couche d'ozone jusqu’au rafraîchissement planétaire, en passant par le volcanisme et l’intervention divine. En réalité, il faut plutôt en imputer la faute à un courant-jet qui, au lieu de traverser les territoires d’ouest en est comme à l’habitude, a plutôt plongé vers le sud, le long de la frontière canado-américaine, ouvrant la voie à des masses d'air canadien. À l'est des Rocheuses, le Canada a croupi sous une masse stagnante d'air frais résolument immobile. Cette misère météorologique était exacerbée par une tenace dépression en altitude, dont le tourbillonnement au-dessus de l'Ontario et du Québec a créé un cycle répétitif de pluie, de bruine, de nuages, de brume et de fraîcheur, interrompu par de rares intervalles d’ensoleillement. Ce creux froid a bloqué l’entrée au pays de toute chaleur américaine. En revanche, le Pacifique – et parfois l'Atlantique nord – a accueilli un système de haute pression qui a donné du temps chaud, ensoleillé et sec en Colombie-Britannique et au Yukon et, occasionnellement, à Terre-Neuve et Labrador et au Nunavut.

Certains Canadiens ont tenté de faire contre mauvaise fortune bon cœur en accueillant de bon gré cet été sans smog et sans moustique, qui évite le gaspillage d’énergie. Effectivement, le silence des climatiseurs énergivores s’est traduit par une baisse de 45 % de la consommation de combustibles fossiles en Ontario. Le centre-ville de Toronto a joui d’une qualité de l'air jusque-là inégalée, sans aucune journée de smog. Les résidents de la capitale ontarienne et ceux de Windsor, qui ont dû composer avec des grèves d’éboueurs d’une durée record, ont quand même pu se réjouir puisque l’absence de chaleur a grandement prévenu la formation d’odeurs nauséabondes. Même le virus du Nil occidental s’est fait discret, en contaminant une personne seulement en Saskatchewan comparativement à 1 422 deux ans auparavant. Cependant, si les courriels virulents et les insultes verbales qu’a reçues le climatologue en chef d'Environnement Canada sont représentatifs de la déprime météorologique collective des Canadiens, il n’y a vraiment rien de positif à dire sur cette année sans été.  Dans l’ensemble, les Canadiens fatigués du mauvais temps peuvent difficilement trouver de bonnes choses à dire d’une année délaissée par l’été.

Dans le Canada atlantique, des précipitations record ont donné des récoltes de fraises et de framboises immatures et rabougries. Au Québec, l’absence de petits fruits a engendré une recrudescence des alertes aux ours dans plusieurs collectivités. Avec tout juste 212,5 heures d’ensoleillement en juillet, la ville de Montréal a facilement fracassé son ancien record, qui était de 230,8 heures. Le mois du juillet n’a pas été le plus humide jamais enregistré à Val d’Or, mais avec 27 jours de pluie sur 31, il n’en fut pas moins affreux! En Ontario, le temps était si frisquet que même les enfants refusaient de se baigner. Il est difficile de trouver une météo estivale plus pénible que celle subie par la région d’Ottawa/Gatineau. Les averses torrentielles qui se sont succédé en juillet 2009 ont fait de ce mois le plus pluvieux des annales avec 243,6 mm de précipitations, plus de deux fois et demie la moyenne mensuelle de 91 mm établie à l'aéroport international. Non seulement il a plu dru et souvent, mais la température moyenne en après-midi a été de trois degrés inférieure à la normale. Pour les amateurs de plage, les propriétaires de piscine, les festivaliers et les tenanciers de bistros-terrasses, 2009 a été l'année sans été. Dans les Prairies, il y avait si peu de chaleur que le mauvais temps ne pouvait s’y former et que les trois provinces ont dû émettre des alertes de gel tous les mois.

La côte Ouest, par contre, a connu un été paroxystique où l’excès de chaleur et de sécheresse a valu à la Colombie-Britannique la plus longue et la plus coûteuse saison de feux de forêts de son histoire. Des centaines de records de température maximale quotidienne ont été éclipsés un peu partout dans la province. À Vancouver, des températures de plus de 30 °C ont entraîné la diffusion d’alertes de smog et d’humidité accablante. Alors que le mercure atteint ou dépasse les 30 °C une fois par cinq ans en moyenne dans cette ville, cette situation est survenue à quatre reprises en 2009. Deux journées particulièrement pénibles méritent d’être signalées : le 29 juillet, Vancouver enregistrait un record de tous les temps avec 33,8 °C, un record fracassé dès le lendemain quand la température a grimpé à 34,4 °C. C’était la première fois que des records étaient établis lors de journées consécutives à Vancouver, où la chaleur, l’humidité et le smog ont vraiment fait la vie dure aux résidents, dont moins de 5 % jouissent de la climatisation. La situation n’était pas plus agréable à Victoria, qui a subi un incroyable 35,0 °C le 29 juillet. Le fait que Vancouver et Victoria soient les grandes villes canadiennes qui aient enregistré les températures les plus élevées de l’année est sans précédent et extraordinaire. Non loin de là, dans le fleuve Fraser, les températures de l'eau se situaient à 2,5 degrés au-dessus de la moyenne, un niveau quasiment record qui a entraîné un stress grave et une mortalité précoce chez la population de saumon rouge.

Il y a également lieu de souligner que le Nord a souvent été plus chaud que le Sud, particulièrement en juillet. La ville historique de Dawson City, cœur du Klondike, située à quelque 250 km au sud du cercle arctique, a connu deux fois plus de journées très chaudes (plus de 30 °C) que Toronto, tout comme la ville de Goose, au Labrador. Le 29 juillet, Whitehorse enregistrait un maximum de 32 °C qui mettait cette capitale boréale sur un pied d’égalité avec Miami et certaines régions de l'Espagne. À la fin juillet, des températures de plus de douze degrés Celsius supérieures à la normale à Iqaluit ont forcé certains visiteurs inuits à fuir cette chaleur intenable pour retourner dans leurs collectivités.

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