Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2006 : évènement six

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6. Vague de chaleur de janvier dans tout le pays

Qu'ils aient été sur l'avenue Granville à Vancouver, au coin des rues Portage et Main à Winnipeg ou sur la rue Water à St. John's, les Canadiens posaient la même question : Mais où est l'hiver? Avec le courant jet suivant un axe d'ouest en est, le pays a baigné dans l'air doux du Pacifique tout au long de janvier, qui a ressemblé à un chinook national durant tout un mois. Ce mois de janvier a été le dégel le plus long et intense jamais vu en janvier. Le pôle de froid qui règne généralement sur le Yukon ou aux alentours de la baie d'Hudson était loin, sur le Groenland ou la Sibérie, enfermant des régions de l'Europe dans une chape de glace.

À cause du long dégel de janvier, les mois de décembre à février ont constitué la plus chaude saison d'hiver en près de 60 ans d'annales météorologiques nationales, avec une température moyenne de 3,9 °C. Depuis la mer de Beaufort jusqu'au nord de la Saskatchewan, les températures moyennes ont dépassé l'incroyable marque de sept degrés au-dessus de la normale. Plusieurs villes du Canada ont connu le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré. Même Winnipeg, en principe la plus froide des grandes villes du monde, a affiché en moyenne 10,3 incroyables degrés au-dessus de la normale pendant le mois qui, de toujours, est considéré le plus glacial. Tous les postes météorologiques du Manitoba, à l'exception de ceux de Gillam et Churchill, ont enregistré de nouveaux sommets de températures pour janvier. Winnipeg n'a eu que trois jours à moins de -20 °C (contre, normalement, 20 jours « glacials »). Kelowna a aussi enregistré son mois de janvier le plus chaud jamais vu, chaque jour du 21 décembre au 15 février ayant été jour de dégel.

La douceur sans précédent du temps a forcé l'annulation de carnavals d'hiver, de courses de traîneau à chiens, de concours de pêche sur glace et de tournois de hockey sur étang, et elle a produit de la neige trop détrempée pour la sculpture. Pour les gens pressés de dégager une piste extérieure de patin à glace, c'était un échec. D'un autre côté, le temps exceptionnellement doux pour la saison a été apprécié pour les énormes économies d'énergie qu'elle a permises. La consommation de gaz naturel a été en baisse de près de 20 p.100. La réduction de la consommation a amené la plupart des services énergétiques à déclarer une baisse importante de leurs revenus.

Le dégel prolongé du mois de janvier a fait faire d'importantes économies aux services de déneigement des routes et autoroutes. Les mises en chantier ont été en hausse et, de façon générale, les ouvriers de la construction ont apprécié l'hiver anormalement doux et confortable. De plus, un moins grand nombre de collisions et de pannes d'équipement a été déclaré en raison de l'absence de neige, de glace et de froid. D'un autre côté, les projets de construction et de forage sur les surfaces molles ont accusé de longs retards. Les ouvriers forestiers du comté de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, se sont plaints d'avoir vécu le pire hiver de mémoire récente, le temps doux rendant difficile l'accès aux forêts et les restrictions de poids sur les routes rendant quasiment impossible le transport du bois par camion. Partout, des équipes de route travaillaient d'arrache-pied à boucher des centaines de nids de poule chaque jour. Cela a été l'une des saisons de nids de poule les plus précoces et les plus coûteuses jamais vue. Avec des cycles de dégel et de gel se répétant presque aux 24 heures, les rues des villes ont commencé à se détériorer un mois plus tôt que d'habitude. La concentration maximale de glace dans les Grands lacs survient normalement à la mi-février, quand près de la moitié de la surface des lacs est recouverte de glace. En 2006, moins de 15 p. 100 de la surface des lacs était glacée. La minceur de la couche de glace sur les lacs et les rivières a fait que les cours d'eau entrecoupant les pistes de motoneige ne pouvaient supporter le poids de lourds équipements d'entretien des pistes. Ainsi les voyages en motoneige, de même que les ventes et services connexes ont été nettement réduits.

Le dégel de janvier a provoqué une crise pour ceux qui sont dépendent des routes d'hiver et de glace. Les routes d'hiver sont vitales pour les collectivités isolées du Nord qui reçoivent le gros de leurs aliments non périssables, leur carburant et des matériaux de construction par camion. Les expéditeurs, s'ils doivent livrer ces marchandises par avion, doivent augmenter leurs prix. À Yellowknife, les journées de température idéale (-30 °C ou moins) pour la construction de routes de glace n'ont été qu'au nombre de 13 pour tout l'hiver comparativement à la normale de 55 jours. Les températures hivernales générales dans la région de Mackenzie ont affiché la moyenne phénoménale de 7,4 degrés de plus que la normale. De nombreux chefs autochtones ont déclaré l'état d'urgence. L'un d'eux ne se rappelait pas avoir connu un hiver plus doux. Il y a vingt ans, on pouvait compter sur les routes d'hiver pendant près de deux mois, mais ces dernières années, elles n'ont été ouvertes que la moitié de cette période. Les routes d'hiver qui ont été praticables ont ouvert plus tard et fermé plus tôt. La glace des routes desservant les mines de diamant des Territoires du Nord Ouest avait un tiers d'épaisseur en moins que d'habitude. Les routes n'ont jamais atteint les limites maximales de poids. Une compagnie n'a pu faire que moins de la moitié des livraisons planifiées.

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