Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2011 : évènement un

Table des matières

1. Luttes historiques contre les inondations dans l'Ouest

Carte du Canada démontrant l'emplacement des innondations dans le sud de la Saskatchewan et du Manitoba.

Très tôt, une rumeur a annoncé qu’il y aurait de graves inondations dans l'est des Prairies en 2011. Les habitants de l'Ouest sont généralement prêts à lutter contre les inondations, car ils sont confrontés chaque année à des niveaux d'eau élevés, mais personne n'aurait pu prévoir les inondations de 2011, d'une gravité sans précédent à bien des égards. Partout, la fonte des neiges a été extrême, de la vallée de la Qu'Appelle jusqu'à l'est du Manitoba et du sud de The Pas jusqu'à la frontière canado-américaine, entraînant la plus grande superficie inondée jamais enregistrée. La menace d'inondation était continuelle et épuisante, s'étirant d'octobre 2010, alors qu'une bombe météorologique submergeait les Prairies, jusqu'à la fin de juillet 2011, lorsque les militaires affectés à la lutte contre les inondations sont finalement rentrés au bercail. Surnommée l'inondation sans fin ou l'inondation printanière devenue estivale, cette inondation est caractérisée par les plus hauts niveaux d'eau et les débits d'eau les plus élevés de l'histoire moderne dans ces régions du Manitoba et de la Saskatchewan. Du point de vue statistique, on a évalué que les niveaux d'eau atteints lors de la crue de 2011 de la rivière Assiniboine ne sont atteints qu'une fois toutes les 330 années. Au lac Manitoba, les ingénieurs ont qualifié l'inondation d'événement bimillennal. Les instances gouvernementales de tous ordres ont dépensé près de 1 milliard de dollars pour lutter contre les inondations et indemniser les victimes.

 © Lyndon Tucker.  Vue du pont de la 18e rue sur la rivière Assiniboine à Brandon (Manitoba).  Mai 2011.

Les événements qui allaient mener au désastre ont commencé juste avant l'Halloween 2010, lorsqu'une bombe météorologique chargée à bloc a déversé de 50 à 100 mm de pluie mêlée de neige sur tout le sud des Prairies. Les autorités ont signalé que toutes les conditions étaient réunies pour provoquer l'une des inondations printanières les plus destructrices et désastreuses observées depuis longtemps parce que plusieurs lacs et cours d'eau du Manitoba s'approchaient déjà de leurs niveaux les plus élevés jamais enregistrés. Un enneigement égal ou supérieur à la normale combiné à un dégel rapide ne pourrait qu'aggraver une situation déjà menaçante.

Au sud du Manitoba, en 2010, il manquait un millimètre pour battre le record de l'année la plus pluvieuse. À la prise des glaces, les taux d'humidité du sol enregistrés en 2010 arrivaient au deuxième rang depuis 1948, seule l'année 2009 ayant présenté des taux supérieurs. En raison des températures froides tout au long de l'hiver, le sol a gelé plus profondément, laissant présager qu'au printemps, l'eau de fonte risquait de se répandre au lieu d'être absorbée par le sol. De plus, en milieu de saison, la quantité totale de neige tombée était la plus élevée depuis 15 ans. En janvier, les hydrologues estimaient un potentiel de ruissellement printanier supérieur à 120 % sur presque tout le territoire du Manitoba au sud du fleuve Nelson. À l'arrivée du printemps, les températures froides ont ralenti la fonte et retardé les inévitables inondations. À la mi-avril, il restait de la neige à fondre à profusion, mais l'eau n'avait aucun endroit où s'écouler. C'est alors que sont arrivées de fortes précipitations printanières de pluie et de neige, amplifiant la situation d'inondation déjà inquiétante. Les niveaux d'eau ont grimpé de façon constante, pas seulement dans la rivière Rouge qui déborde chaque année, mais aussi dans l'Assiniboine, la Souris, la Pembina, la Qu'Appelle et plusieurs autres cours d'eau, ainsi que dans de nombreux lacs du Manitoba. Au début d'avril, le Manitoba déclarait une situation de risque élevé d'inondation pour six cours d'eau, y compris les deux rivières qui traversent Winnipeg.

La crue de la rivière Rouge à Winnipeg a atteint son apogée dans la soirée du 7 avril, lorsqu'un embâcle a provoqué la montée des eaux. Le niveau le plus élevé atteint s'est classé au troisième rang des 150 dernières années. Heureusement, la crue maximale de la rivière Assiniboine s'est produite plusieurs jours plus tard. Une fois de plus, le canal de dérivation a sauvé la situation, avec un peu d'aide de dame nature, qui n'a envoyé aucune précipitation importante de neige ou de pluie pendant les mois d'avril, de mai et de juin.

© Lyndon Tucker.  Affaissement d'un pont sur la rivière Badger, près de Cartwright (Manitoba).  Avril 2011.

Le 9 mai, le gouvernement manitobain déclarait l'état d'urgence dans l'ensemble de la province, émettant des avis d'évacuation pour plusieurs municipalités voisines de la rivière Assiniboine. La ville de Brandon se trouvait en plein cœur de cette lutte de plusieurs mois contre les inondations. Dans cette ville, l'Assiniboine a atteint son plus haut niveau depuis 1923 et continuait de monter. Le niveau de l'eau dépassait la normale de près de sept mètres, et la rivière était de 20 à 30 fois plus large qu'à l'habitude à certains endroits. L'inondation de l'Assiniboine près de Brandon, la plus importante jamais enregistrée, a duré 120 jours. La lutte contre les eaux d'inondation de la rivière Assiniboine a demandé la participation de centaines de résidents, de militaires canadiens (1 800 soldats et réservistes), de responsables des mesures d'urgence et de bénévoles, y compris les détenus d'une prison locale.

À la fin de mai, la lutte contre les inondations s'ouvrait sur un autre front, celui des lacs manitobains, alors que les lacs Manitoba et Winnipeg ainsi qu'au moins quatre autres lacs atteignaient des niveaux records. Des centaines de résidents et de propriétaires de chalet ont reçu un ordre d'évacuation en raison des forts vents et des hautes vagues. Les riverains craignaient l'arrivée de vents du Nord qui enverraient les vagues s'écraser sur leurs chalets le long de la rive, au sud du lac. Le niveau du lac, plus élevé que lors des inondations vécues à cet endroit en 1955, a été gonflé par l'eau détournée de la rivière Assiniboine. Lors d'une tempête à la fin de mai, les forts vents du Nord ont soulevé d'énormes vagues qui sont venues s'écraser sur des douzaines de résidences de Delta Beach sur la Rive-Sud du lac Manitoba. L'inondation s'est étendue si loin à l'intérieur des terres que les chalets voisins de la plage se sont retrouvés à 3 km au large de la rive.

En tout, 7 100 Manitobains ont été évacués de leur domicile, et 2 700 d'entre eux ne l'avaient toujours pas réintégré à la fin de l'année. Les inondations ont balayé 3 millions d'hectares de terres agricoles, forçant les éleveurs à déplacer des milliers de bovins. L'état d'urgence local a été déclaré dans 70 collectivités du Manitoba. En outre, les eaux d'inondation ont forcé la fermeture de 850 routes, y compris des sections de la Transcanadienne.

© Lyndon Tucker. Trois brise-glace amphibiens sur la rivière Rouge près de Breezy Point (Manitoba).  Mars 2011.

Dans le sud de la Saskatchewan, les inondations historiques ont été le résultat de plusieurs événements, dont les intenses précipitations de juin au moment même où l'eau de fonte des neiges arrivait des Rocheuses et les précipitations excessives de l'été, de l'automne et l'hiver précédents. Cinq journées de fortes pluies du 16 au 20 juin ont trempé le sol déjà gorgé d'eau. De 50 à 120 mm de pluie supplémentaire sont tombés, en quantité plus abondante aux endroits où les orages se sont transformés en fortes averses. Instantanément, les lacs et les réservoirs se sont remplis à leur niveau maximal, multipliant les rejets d'eau dans les déversoirs et augmentant les risques d'inondation en aval. Le déluge à Estevan a entraîné des crues soudaines qui ont grossi la rivière Souris déjà gonflée à bloc, répandant ses eaux sur les rives. En mai et en juin, plus de 323 mm de pluie sont tombés sur la ville, soit 14 % de plus que le record précédent pour la même période. Tous les chenaux de la rivière Souris, les marécages et les réservoirs voisins étaient remplis à ras bord. Les autorités ont dû libérer les eaux excédentaires des barrages en amont pour réduire la pression. L'inondation engendrée a forcé l'évacuation de 800 personnes. Le village de Roche Percee a presque été englouti par les débordements de la rivière Souris. Presque toutes les maisons du village ont dû être démolies après avoir été contaminées par l'eau sale pendant des semaines. En aval, presque 4 000 riverains ont passé la fin de semaine de la fête du Canada hors de leur domicile en raison de l'inondation tandis que 400 réservistes des Forces canadiennes arrivaient à la rescousse. La longue durée de la saison des inondations, plus de 150 jours, est devenue manifeste pendant la deuxième semaine de juillet lorsque la rivière Souris a atteint sa crue maximale, concrétisant la pire croissance possible de 1 100 mètres cubes par seconde, le double de celle observée le 26 avril lors de la première pointe de crue de la Souris.

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