Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2011 : évènement six

Table des matières

6. Au revoir Irène, Katia, Maria et Ophelia

Carte du Canada démontrant les régions du Québec, de Terre-Neuve-et-Labrador, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du-Prince-Édouard touchées par les ouragans au cours de la saison d'ouragans de 2011.

Les experts des ouragans avaient prévu une saison des ouragans active dans l’Atlantique en 2011 et ils ont vu juste. D’Arlene à Sean (plus une tempête sans nom), 19 tempêtes tropicales se sont formées dans le bassin de l’Atlantique, un nombre bien supérieur à la moyenne de 11 tempêtes. Seulement 7 de ces tempêtes se sont muées en ouragans dont 3 ont été classés comme majeurs, soit de catégorie 3 ou plus : Irène, Katia et Ophelia. Cette saison de tempêtes active faisait suite à une activité supérieure à la normale ayant commencé en 1995. Depuis lors, toutes les saisons des ouragans dans l’Atlantique sauf deux (1997 et 2002) ont été plus actives que la normale. Voici certains des facteurs qui ont contribué à l’activité intense au cours de cette saison : un prolongement des eaux océaniques chauffées à travers la zone tropicale de l’Atlantique; un contenu énergétique des océans plus important; des vents favorables et une circulation d’air en altitude qui a favorisé des vents d’est avec un cisaillement du vent plus faible. De plus, des conditions climatiques liées au phénomène La Niña sont réapparues sur la zone tropicale du Pacifique au mois d’août, après un bref intermède de conditions neutres entre mai et juillet.

© Photos.com. Vue des eaux agitées au large de la côte de l'Atlantique.

Irene

Irène était le premier ouragan de la saison et, comme on le notera par la suite, le plus meurtrier et le plus dévastateur. Le 27 août, Irène a touché terre au niveau des bancs extérieurs de la Caroline du Nord. Les jours suivants, la tempête s’est déplacée lentement vers le nord‑est pour toucher terre une seconde fois dans le New Jersey, puis une troisième fois à Brooklyn (New York). D’un bout à l’autre de la côte est, des pluies torrentielles ont transformé les cours d’eau en torrents violents détruisant routes et ponts. Des ondes de tempête de plus d’un mètre ont causé d’importantes crues des rivières dans huit États. Irène a entraîné le décès d’au moins 47 personnes ainsi que des dégâts estimés entre 7 à 10 milliards de dollars aux États-Unis, ce qui en fait l’une des 10 catastrophes les plus coûteuses de l’histoire de ce pays.

Le 28 août, au moment de frapper le Canada dans la région du Saint-Laurent, au Québec, et dans le nord-ouest du Nouveau-Brunswick, l’intensité d’Irène avait diminué pour devenir un cyclone post-tropical. Le centre de la tempête a suivi la chaîne des Appalaches, traversé le fleuve Saint-Laurent près de Matane et a atteint le Labrador le 29 août. Même si elle était moins intense à cet instant, Irène couvrait une zone plus vaste qu’un ouragan normal et présentait des vents violents et des pluies torrentielles qui s’étendaient sur un diamètre de 800 km, soit bien au-delà du centre de la tempête. De plus, elle se déplaçait lentement, à une vitesse maximale de 32 km/h, alors que des tempêtes de taille comparable se déplacent habituellement à une vitesse variant entre 48 et 64 km/h. À un moment, ses nuages de pluie s’étendaient de Kingston à Halifax et du New Jersey à Terre-Neuve-et-Labrador. À son apogée au Canada, Irene a affiché des vents de 113 km/h (à l’est de la ville de Québec, sur l’île d’Orléans) et déversé près de 150 mm de pluie en quelques heures à peine autour de Montmagny–L’Islet. La rive nord du fleuve Saint-Laurent a reçu entre 40 et 70 mm de pluie, à l’exception des villes de Québec et de la région de Charlevoix qui, en raison de leur proximité par rapport à la trajectoire de tempête, ont reçu entre 100 et 150 mm de pluie. Des pluies battantes (de 10 à 15 mm à l’heure) ont inondé plusieurs collectivités, particulièrement dans les Cantons de l’Est, la Montérégie et au lac Saint-Jean. Les torrents d’eau ont inondé des sous-sols, détérioré des routes, submergé des ponceaux et provoqué des glissements de terrain. Les vents de la tempête ont également déraciné des arbres et arraché des lignes électriques. Près de 250 000 habitants du Québec, 50 000 habitants du Nouveau-Brunswick et 8 000 habitants de la Nouvelle-Écosse ont été privés d’électricité à l’apogée de la tempête. Au nord-est de Montréal,un automobiliste s’est noyé après qu’un glissement de terrain a poussé une partie de la chaussée dans la rivière Yamaska, engloutissant deux voitures. Les répercussions d’Irène ont été aggravées dans le sud et l’ouest du Québec, régions qui venaient de vivre le mois d’août le plus humide jamais enregistré.

Katia

Le 9 septembre, l’ouragan Katia s’est déplacé vers le nord, entre les États-Unis et les Bermudes, en tant qu’ouragan de catégorie 1. Au matin du 10 septembre, lors de son passage au sud de Terre-Neuve, Katia était devenu un cyclone extratropical puissant. Au Canada, ses effets se sont limités à des déferlements et à de forts courants de retour. Une houle de deux à trois mètres s’est abattue sur la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse et des vagues pouvant atteindre 13 m de haut ont été enregistrées au large de Terre-Neuve, au sud des Grands bancs.

Maria

L’ouragan Maria a touché terre au sud-ouest de la presqu’île Avalon en tant qu’ouragan de catégorie 1 le 16 septembre, mais ses répercussions ont été faibles. Les habitants de St. John’s n’ont pas pris de risques. Presque un an après, le souvenir de l’ouragan Igor étant gravé dans les mémoires, ils se sont bien préparés à l’arrivée de Maria, ce qui a permis d’atténuer les répercussions de cet ouragan. Les préparatifs ont commencé une semaine avant son arrivée. Les fossés et les aires de drainage ont été nettoyés, les branches d’arbre fragiles ont été enlevées, le drainage des chantiers de construction a été vérifié et les écoles ont été fermées avant l’arrivée de l’ouragan. Maria a apporté sur son passage des vents forts ainsi que de fortes pluies éloignées de son centre. Des chutes de pluie de plus de 60 mm se sont abattues sur Burgeo et St. Lawrence ainsi que sur la péninsule Burin. Alors que seulement 13 mm de pluie sont tombés à St. John’s, les rafales ont atteint près de 80 km/h. Dans quelques endroits exposés autour de la presqu’île Avalon, ils ont atteint 100 km/h (avec une pointe de 103 km/h à Cape Pine, près de St. Shotts). L’onde de tempête n’a pas été importante (50 cm enregistrés à marée basse le 16 septembre à Argentia). Selon les données du National Hurricane Center situé à Miami, Maria était le treizième ouragan à toucher terre à Terre-Neuve depuis 1851. Il convient également de noter que, pour la première fois depuis que des registres sont tenus, l’année 2011 marquait la deuxième année consécutive au cours de laquelle un ouragan touchait cette province.

Ophelia

Même si Ophelia était l’ouragan le plus puissant de la saison des ouragans dans l’Atlantique, sa fureur s’est principalement déchaînée en pleine mer où, le 1er octobre, il a atteint la catégorie 4 alors qu’il se trouvait au nord-est des Bermudes. Le jour suivant, il a été rétrogradé à la catégorie 1, puis est entré dans les eaux de Terre-Neuve le 3 octobre. En fin de compte, l’ouragan Ophelia a touché terre au niveau de la presqu’île Avalon et s’est transformé en tempête post-tropicale au nord du cap Race. L’ouragan était accompagné de fortes pluies (jusqu’à 65 mm) et d’une brève période de vents violents (près de 100 km/h). Même s’il est apparu, puis s’est dispersé rapidement, il est clair que la présence de l’ouragan Ophelia a été ressentie, et plus particulièrement sur les péninsules de Bonavista et de Burin, où des pluies de plus de 20 mm à l’heure ont entraîné des inondations de sous-sols, des affouillements sur les routes et l’évacuation de quelques maisons. La tempête tropicale Sean n’a eu aucun effet direct sur le Canada; toutefois, un front météorologique qui a déversé des quantités considérables de pluie sur les Maritimes le jour du Souvenir tirait son humidité de Sean.

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