Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2010 : évènement quatre

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4. Le Canada en chaleur

Une carte du Canada montrant le pays en entier confronté à des températures plus chaudes que la moyenne.

Soleil surplombant un plan d'eau. © Photos.com 2010.

Si vous aviez fixé un thermomètre au Canada à n'importe quel moment de l'année, vous aviez la certitude de pouvoir dire : « Très bien ». Que l'année ait commencé par l'hiver le plus doux selon nos relevés était remarquable en soi. Or, une année vraiment phénoménale a suivi : le printemps le plus chaud, le troisième été le plus chaud et deuxième automne le plus chaud, faisant de 2010 la plus chaude des 63 dernières années.

Les températures de la période de douze mois, de décembre 2009 à novembre 2010, ont connu une hausse moyenne de 2,9°C par rapport à la normale, et presque un demi‑degré de plus que les années précédentes (2006 et 1998) les plus chaudes. L'année 2010 est aussi la quatorzième année consécutive de températures supérieures à la normale. La situation a été semblable partout au pays. Toutes les régions ont enregistré des températures supérieures à la normale, l'Arctique, le Canada atlantique et la forêt boréale de l'Est du Canada au premier rang des records de chaleur, suivies par la région des Grands Lacs et du Saint‑Laurent, le nord de la Colombie‑Britannique et le Yukon. L'année El Niño 2010 a compté pour une bonne partie des températures élevées de 2010, mais l'émergence de La Niña avant août n'a pas semblé réduire la chaleur record cette année.

L'hiver 2009-2010 constitue le plus chaud des hivers depuis l'avènement des relevés de températures à l'échelle canadienne en 1948, affichant une hausse de 4 °C au‑dessus de la normale. La température moyenne nationale au printemps 2010 a connu une hausse de 4,1 °C au-dessus de la normale, constituant l'écart de température le plus grand, toutes saisons confondues, en 63 ans de relevés annuels. Les records de températures saisonnières ont été battus partout dans le Nord canadien, certains atteignant plus de 6 °C au‑dessus de la normale dans des régions arctiques. L'été a également été chaud, atteignant une température moyenne nationale supérieure à la normale de 1,3 °C, ce qui fait de lui le troisième été le plus chaud. À la veille de la fin du présent exercice, les données météorologiques ont affiché une température moyenne, du 1er janvier au 31 novembre, atteignant 2,9 °C au‑dessus de la normale – les onze mois consécutifs les plus chauds relevés jusqu'ici. Pour plusieurs endroits au pays, l’année 2010 représente l’année la plus chaude enregistrée. C’est particulièrement le cas pour plusieurs stations météorologiques dans le Nord. À Iqaluit, par exemple, la température moyenne quotidienne était de – 4,2º C, presque 5 degrés au-dessus de la normale et 2,4 degrés de plus que le record précédent établi en 2006. La vague de chaleur de 2010 est attribuable à un certain nombre de facteurs, dont des épisodes de modéré à fort d’El Niño (un courant chaud du Pacifique qui est demeuré en place pendant les premiers mois de l’année), moins de glace dans l’Arctique et, vraisemblablement, les changements climatiques.

Il ne fait aucun doute que le climat du Canada se transforme, comme le démontre une tendance au réchauffement, observée toutes les saisons depuis 1948. Le changement observé dans l'Arctique canadien est à la fois le plus prononcé, car il pourrait éventuellement laisser l'Arctique sans glace durant l'été. Cette situation ne résulte probablement pas uniquement des températures plus élevées de l'Arctique. Il n'est pas inconcevable que des conditions météorologiques inhabituelles et extrêmes se produisant partout dans l'hémisphère Nord soient responsables de la disparition des glaces au « sommet du monde ». La glace polaire figure parmi les principales forces qui influencent et orientent le climat à l'échelle mondiale.

Avec des températures sans cesse plus élevées, il devient de plus en plus difficile à la glace marine de se former dans l'océan Arctique. À une des périodes automne-hiver-printemps les plus chaudes jamais enregistrées, la glace marine n'a jamais pu s'épaissir, durcir et s'étendre. Par exemple, en janvier, la glace marine a enregistré une croissance moyenne de 34 000 kilomètres carrés par jour, soit un peu plus du tiers du rythme de la formation de la glace dans les années 1980. De plus, les tempêtes étant plus nombreuses (en partie attribuables aux eaux libres plus vastes), la glace se forme désormais moins facilement. Autre fait à noter : la glace de début d'année dans le Nord est de plus en plus mince. La glace de plusieurs années – épaisse et dure au point de stopper les navires – se compose maintenant de seulement 18 % de banquise arctique, contre 90 % il y a 30 ans. 

D'après le Service canadien des glaces, d’Environnement Canada la glace marine des eaux du Nord canadien a commencé à fondre deux à trois semaines plus tôt que la normale au printemps. La fonte s'est poursuivie durant l'été, aboutissant à la plus faible concentration totale de glace, les records antérieurs datant de 1971. L'accumulation totale de glace durant l'été couvrait 33 % des eaux du Nord canadien, soit environ 7 % derrière les records précédents de 1998 et près de 28 % sous la moyenne à long terme de 1971 à 2000. Le 10 septembre, au point creux de la couverture glacielle à la saison des glaces, l'étendue des glaces atteignait à peine la moitié de la moyenne à long terme (748 100 kilomètres carrés contre 1 544 800 kilomètres carrés).

Pour l'océan Arctique, les données du United States National Snow and Ice Data Center (centre américain des données sur les neiges et les glaces) ont indiqué que la couverture glacielle reculait rapidement en mai, soit 68 000 kilomètres carrés par jour en moyenne et plus qu'à tout autre mois de mai en trente années d'observation par satellite. Or, 2010 n'a pas connu de fonte record dans l'océan Arctique. Pourtant, dès la mi-septembre, les niveaux minimums de glace marine de l'Arctique avaient atteint 4,76 millions de kilomètres carrés – leur troisième record de faible étendue des 30 dernières années et presque le même recul incroyable qu’en 2007, alors que l’étendue de glace était passée à 4,28 millions de kilomètres carrés. Autre fait à noter : le point minimal de la couverture glacielle en 2010 a été enregistré le 19 septembre, soit huit jours plus tard que la moyenne; le volume de glace marine a chuté pour atteindre un nouveau record inférieur en 2010 d'après le Polar Science Centre de l'Université de Washington; pour la première fois, le passage du Nord-Ouest du Canada et le passage du Nord-Est de la Russie étaient sans glace en même temps.

En réexaminant les données relevées cette année, la chaleur accrue observée au Canada s'inscrit dans une tendance mondiale selon l'Organisation météorologique mondiale des Nations Unies. En effet, l'année 2010 constitue, à l'échelle mondiale, la 32e année consécutive ayant connu des températures supérieures à la normale et figure aussi parmi les trois années les plus chaudes depuis l'avènement des relevés météorologiques il y a 160 ans. Les dix années les plus chaudes à l'échelle mondiale ont toutes été enregistrées après 1990 et les trois plus chaudes, depuis 1998. De plus, la décennie 2001-2010 a été la plus chaude jamais enregistrée.

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