Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2011 : évènement neuf

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9. Blizzard du jour de la marmotte: tempête  historique ou dans un verre d’eau?

Carte de certaines parties de l'Ontario, du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve étant touchée par une forte tempête hivernale.

Au cours de la dernière semaine du mois de janvier, les météorologues de toute l’Amérique du Nord ont annoncé l’arrivée d’un cataclysme : la tempête de neige du siècle qui pourrait toucher 100 millions de personnes du Nouveau-Mexique jusqu’à Terre-Neuve et Labrador. La tempête dite « du jour de la marmotte » a paralysé les deux pays avec des vents violents, un refroidissement éolien dangereux, de la glace, du blizzard et des gels rapides. Cette puissante tempête hivernale et potentiellement mortelle restera dans les annales comme ayant gravement perturbé la circulation routière et entraîné l’annulation de milliers de vols dans toute l’Amérique du Nord, sans parler des innombrables fermetures d’écoles.

Cette tempête a eu d’énormes répercussions aux États-Unis suffisamment pour constituer l’année météorologique la plus dévastatrice de l’histoire des États-Unis. La tempête s’est illustrée par une accumulation de glace de 2,5 cm dans certains secteurs, des tornades dans le sud et plus 50 cm de neige à Chicago, conséquence d’un blizzard aveuglant accompagné de vents soufflant à 100 km/h. Les annulations et les fermetures se sont produites partout, et variaient de quelques jours à quelques semaines. En fin de compte, la tempête a entraîné 36 décès et causé des dégâts se chiffrant à plus de 4 milliards de dollars.

© Photos.com. Camions ensevelis sous la neige.  Tempête de février produisant des chutes de neige abondantes sur le Québec et le Canada atlantique.

Toutes les conditions étaient réunies pour l’apparition d’une tempête titanesque et puissante. Un violent système dépressionnaire en Alberta (ou Clipper albertain) a mené la charge, suivi d’un gigantesque dôme d’air arctique présentant une pression de 105,2 kPa en son centre et pouvant fournir de l’air froid pendant des jours. Cet air froid s’est ensuite dirigé vers une zone de basse pression tout aussi impressionnante provenant du littoral du nord de la Californie. Cette dépression a traversé les Rocheuses, renforcée au passage par une zone de basse pression provenant du Texas qui puisait son humidité dans le golfe du Mexique. Ce cocktail météorologique s’est intensifié et s’est déplacé lentement vers nord-est le long d’un courant-jet puissant de latitude moyenne.

La tempête colossale s’est dirigée vers les Grands Lacs et le sud de l’Ontario avec des prévisions de couverture neigeuse allant de Windsor à Sudbury, ville située bien plus au nord. La crainte de chutes de neige abondantes, soulevées et emportées par des vents forts, accompagnés par des pluies verglaçantes et des températures glaciales a poussé bon nombre de personnes à prendre leurs précautions en prévision de la tempête. Windsor a déclaré l’état d’urgence avant l’arrivée de cette tempête de neige. Dans un geste inhabituel, le Conseil scolaire du district de Toronto a fermé ses écoles primaires et secondaires (soit environ 600 écoles) touchant ainsi la totalité des élèves de la ville, ce qui ne s’était pas produit depuis 1999. La compagnie ferroviaire Via Rail a ajouté des trains supplémentaires pour répondre à la hausse de la demande de déplacements dans le corridor Ontario-Québec et de nombreux travailleurs sont restés chez eux ou se sont terrés dans les hôtels. Même avant la chute des premiers flocons, les vols ont été annulés et la police provinciale a exhorté les conducteurs à rester à leur domicile. Dans le sud de l’Ontario, un avertissement de blizzard à grande échelle a été émis, le premier depuis la « tempête du siècle » de mars 1993. Il convient de noter qu’en Ontario, les critères ont été modifiés concernant le blizzard (omission du refroidissement éolien) au cours des mois précédant la tempête du jour de la marmotte, rendant les épisodes de blizzard plus probables en Ontario.

Dans certaines parties du sud de l’Ontario, la tempête a été moins féroce qu’elle n’y paraissait. Par exemple, à un moment critique tôt le matin, la tempête a aspiré une bouffée d’air sec qui a permis de désamorcer la bombe météorologique qui se dirigeait vers Toronto. Au lieu des 30 cm de neige attendus, la ville n’en a reçu que 13 à 17 cm, un cumul de neige beaucoup moins important en comparaison des dernières années. Les utilisateurs de Twitter ont commencé à railler l’hystérie qu’avait provoquée cette tempête que l’on prévoyait apocalyptique. Toutefois, bien que la tempête n’ait pas été à la hauteur du battage qu’elle avait provoqué à Toronto, ce ne fut pas le cas pour le reste de l’Ontario. La police provinciale de l’Ontario a signalé des conditions dangereuses dans tout le sud de l’Ontario, la poudrerie entraînant une visibilité nulle dans certaines zones. Au total, 29 cm sont tombés dans la région de Niagara, encore plus dans les régions sous l’emprise du vent provenant du lac Huron, alors que des vents de près de 120 km/h se sont abattus sur Long Point. Dans tout le sud, les véhicules glissaient sur des routes enneigées et glacées, et de nombreuses routes secondaires étaient ensevelies sous d’épais bancs de neige. Selon les nouveaux critères, les conditions de blizzard étaient réunies du lac Huron à la région de Niagara.

La tempête a eu des répercussions plus fortes sur le Québec et le Canada atlantique. Au Québec, plusieurs collectivités ont été assaillies par de fortes chutes de neige, des vents violents et de la poudrerie. Les zones les plus fortement touchées comprenaient : les Cantons de l’Est (entre 15 et 50 cm de neige); le parc du Mont-Orford (50 cm); Owl’s Head (45 cm); le parc national du Mont Mégantic (35 cm); Sutton (34 cm) et Bromont (30 cm). Trois jours plus tard, une seconde dépression a occasionné une nouvelle chute de neige de 25 à 40 cm dans les mêmes régions. Les collisions ont été nombreuses sur les routes : un carambolage long de 3 km impliquant un autobus scolaire près de Montréal a fait 29 blessés et les écoles des Cantons de l’Est et de Sherbrooke ont été fermées pendant des jours. En ce qui a trait aux provinces maritimes, la tempête du jour de la marmotte a duré deux jours et recouvert la région de 20 à 40 cm de neige. Le sud est du Nouveau-Brunswick était touché pour la sixième fois par des chutes de neige importantes cette année. Ainsi, certains toits de bâtiments affaiblis se sont affaissés. À Halifax, les écoles ont été fermées et certains événements ont dû être reportés, notamment l’assemblée générale de la Whiskey Tasting Society, des réunions de jeunes religieux et des cours d’art. Les vents ont soufflé à 60 km/h et la visibilité était réduite à 500 mètres dans des conditions de voiles blancs, entraînant la fermeture des transports aériens, la perturbation de la circulation ainsi que de nombreuses annulations. Les derniers souffles de la tempête en Amérique du Nord ont été ressentis à Clarenville et à Bonavista, à Terre-Neuve et Labrador. La ville de St. John’s a reçu entre 20 et 30 cm de neige sur une période de quatre jours et des rafales de 76 km/h ont frappé Bonavista.

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