Les dix événements météorologiques les plus marquants de 1999

Table des matière

  1. La tempête de neige du siècle à Toronto
  2. Une nouvelle année très, très chaude
  3. Pluies et vents en C.-B.... mais où sont les inondations?
  4. Un printemps humide ralentit les semailles dans les Prairies
  5. Un bas niveau record de l'eau dans les Grands Lacs et le bassin du Saint-Laurent
  6. Le Canada de l'Atlantique: une autre sécheresse et beaucoup d'ouragans
  7. Un été qui a fait des heureux dans l'Est et des mécontents dans l'Ouest
  8. L'avalanche du Nouvel An fait neuf victimes au Québec
  9. Tragédies routières causées par de mauvaises conditions météorologiques
  10. Été sans orage

1. La tempête de neige du siècle à Toronto

Le premier jour de l'hiver, soit le 21 décembre 1998, il n'était tombé que 4 cm de neige à Toronto, soit la deuxième plus petite quantité de neige des annales météorologiques de la ville depuis 155 ans. Mais seulement 12 jours plus tard, une série de tempêtes se sont abattues sur le centre-ville, laissant derrière elles en moins de deux semaines presque autant de neige qu'il en tombe en une année. La pire tempête a frappé le 2 janvier : la majeure partie du sud de l'Ontario, de Windsor à Kingston, a été ensevelie sous une couche de 20 à 40 cm de neige et plus de cinq millions de personnes ont été touchées. Au total, au moins onze personnes ont perdu la vie dans cette tempête et des milliers de passagers se sont retrouvés coincés dans les aéroports de Toronto, un des jours les plus occupés de l'année.

Quatre autres tempêtes ont fait de cette quinzaine la plus enneigée depuis 1846. La station météorologique du centre-ville a enregistré les plus importantes chutes de neige d'un mois de janvier (118,4 cm) et la plus importante couverture de neige au sol des annales (65 cm). Le maire de Toronto a appelé l'armée à la rescousse et 400 militaires sont arrivés en ville. Les renforts civils, notamment 100 vieux chasse-neige de l'Île-du-Prince-Édouard, ont permis d'enlever du centre-ville un million de tonnes de neige. La facture totale du déneigement de Toronto a atteint 70 millions $, plus de deux fois le montant prévu au budget pour toute l'année. De plus, la ville a perdu près de 2 millions $ de revenus provenant des amendes de stationnement. Si les Torontois se démenaient avec des tas de neige aussi hauts que les autobus et pataugeaient dans une neige fondante qui leur remplissait les bottes, le reste du Canada semblait se réjouir du sort de la grande ville, l'interpellant d'un océan à l'autre : « Voyons, Toronto ! Vous êtes au Canada et c'est l'hiver! »

2. Une nouvelle année très très chaude

L'année 1999 n'a plus que quelques jours à vivre et il est probable qu'elle sera la deuxième année la plus chaude des annales météorologiques nationales qu'Environnement Canada tient depuis 1948. La région atlantique est en tête avec le printemps et l'été les plus chauds jusqu'ici et le deuxième automne le plus chaud des annales. Pour le reste de l'Est du Canada, 1999 a été la deuxième année la plus chaude en plus d'un demi-siècle. On a ainsi connu dix saisons consécutives aux températures supérieures à la normale et une remarquable période de temps chaud à l'aéroport Pearson de Toronto : depuis novembre 1997, aucune température mensuelle moyenne n'a été sous la normale à cet endroit.

Un Canada plus doux suit le changement que connaît le reste du monde. Cette année a été la 21e année consécutive que la température de la surface du globe dépasse la normale et la cinquième plus chaude année des annales depuis 1880.  Si une nouvelle année chaude ne prouve pas en soi l'existence du changement de climat, une augmentation sans précédent des températures de la planète au cours des vingt dernières années constitue une preuve indiscutable que la planète est clairement en train de se réchauffer. Au niveau mondial, les 10 années les plus chaudes  des 140 dernières années sont toutes postérieures à 1983, sept d'entre elles sont postérieures à 1990. Les années 1990 ont constitué la décennie la plus chaude depuis 1860 ; dans l'hémisphère nord, le XXe siècle a été le plus chaud des mille dernières années. En cette fin de ce siècle, les températures mondiales sont d'environ 0,7° C supérieures à celles de la fin du siècle dernier.

3. Pluies et vents en  C.-B. ... mais où sont les inondations?

La combinaison d'eaux chaudes le long de la côte est de l'Asie et d'eaux « plus froides qu'à l'ordinaire » dans le nord-est du Pacifique a poussé davantage de tempêtes violentes se dirigeant vers le nord en Colombie-Britannique. Le résultat? L'hiver le plus venteux, le plus humide et le plus terne de plusieurs décennies dans les basses terres du Fraser.

Entre novembre et mars, des vents de plus de 60 km/h ont balayé Vancouver pendant 18 jours (soit 10 de plus que normalement). Des tempêtes hivernales ont forcé les autorités à annuler 118 voyages de traversiers sur les routes les plus populaires au départ de Vancouver, alors que l'année précédente il n'y avait eu que 20 annulations. La ville a également connu 116 jours de pluie, soit huit de plus que le record de 108 jours établi 50 ans auparavant. Elle a également connu la deuxième précipitation hivernale la plus importante des annales : 1 048 mm. Réalité peut-être difficile à accepter pour les résidents de Victoria : leur ville a même reçu plus de pluie que Vancouver durant la mousson de la côte ouest.

Dans les montagnes de la C.-B., les accumulations ont été supérieures aux records établis ; il y a eu deux fois plus de neige que la normale, ce qui a fait craindre des avalanches et des inondations. Inquiètes, les autorités ont stocké près de  5 millions de sacs de sable et dépensé 5 millions $ pour se protéger des inondations. Le danger de fortes inondations a finalement dépendu du temps qu'il a fait au printemps. Heureusement, des températures basses et de faibles précipitations ont permis à la neige de fondre progressivement.

4. Un printemps humide ralentit les semailles dans les Prairies

Dans le sud-ouest du Manitoba et le sud-est de la Saskatchewan, un printemps froid et humide a empêché les agriculteurs d'ensemencer près de trois millions d'acres de terres agricoles parmi les plus fertiles du Canada. Les problèmes d'eau ne venaient pas du débordement de rivières mais du ruissellement :  trop d'eau trop vite. Brandon, par exemple, a reçu 201 mm de pluie en mai, plus de la moitié de ce qu'elle reçoit d'habitude en un an. Dès le début du printemps, le sol était saturé par les pluies de la fin de l'automne et un enneigement important. Ne pouvant s'écouler, les pluies printanières ont submergé les terres agricoles pendant au moins deux mois. Les agriculteurs ont eu de la difficulté à semer leurs cultures avant la fin juin, ce qui les a exposés au danger d'une gelée meurtrière qui pourrait endommager les cultures avant qu'elles ne mûrissent mais après l'échéance normale de l'assurance-récolte. Le reste des Prairies a connu une excellente saison de croissance ; la production du colza canola a dépassé le record de l'année précédente et la production totale de blé a dépassé la récente moyenne quinquennale.

5. Un bas niveau record de l'eau dans les Grands Lacs et le bassin du Saint-Laurent

Peu de personnes se souviennent d'avoir vu le niveau des Grands Lacs et du bassin du Saint-Laurent aussi bas. À la fin de 1999, le niveau de tous les Grands Lacs et du bassin du Saint-Laurent se situait sous la moyenne des 80 dernières années et à l'exception des lacs Supérieur et Ontario, il avait baissé par rapport au niveau de l'année précédente. Il fallait remonter à 1966 pour trouver aussi peu d'eau dans les lacs Michigan-Huron, St. Clair et Érié.

Plus étonnant encore : les lacs se vident plus vite que jamais auparavant. Les lacs Michigan-Huron ont connu leur plus importante baisse annuelle depuis que les niveaux d'eau ont commencé à être enregistrés en 1860 et les lacs Érié et St. Clair ont connu leur deuxième plus importante baisse.

Le niveau de nombreux cours d'eau, lacs et puits à l'intérieur des terres a été plus bas qu'il ne l'avait jamais été depuis des décennies. Le niveau des eaux souterraines dans le bassin de la rivière Grand, dans le sud-est de l'Ontario, a chuté à son point le plus bas en 130 ans. Il n'est pas surprenant que la station météorologique de Waterloo ait enregistré des précipitations sous la normale pour 27 des 32 derniers mois (depuis juin 1977). Au cours de cette période, il est tombé 550 mm d'eau de moins que la normale.

Après deux années de sécheresse, les Grands Lacs et le bassin du Saint-Laurent se vident rapidement. Cette perte est due à une baisse des précipitations totales, un écoulement moindre des rivières et des ruisseaux et, ce qui est plus surprenant, d'énormes pertes par évaporation. La surface des eaux et des terres dans le bassin a été inhabituellement  chaude toute l'année, ce qui a entraîné de plus importantes pertes d'eau par évaporation. Pour donner une idée de ce que cela représente, disons que la baisse du niveau de l'eau dans les Grands Lacs et le bassin du Saint-Laurent au cours des 12 derniers mois est égale à la quantité d'eau que laisseraient passer les chutes du Niagara pendant 658 jours, 24 heures sur 24.

6. Le Canada de l'Atlantique : une autre sécheresse et beaucoup d'ouragans

Pour le troisième été de suite, la sécheresse et la chaleur intense ont fané les cultures, mis en danger la santé du bétail et rendu nécessaire l'interdiction de feux à ciel ouvert dans les parcs et les forêts de certaines régions des quatre provinces de l'Atlantique. 

Même en mai, un mois souvent humide et parfois frais, on a connu des chaleurs records et une extrême sécheresse qui s'est prolongée jusqu'en juillet. À certaines stations météorologiques des Maritimes, le total des précipitations en mai et en juin a été le plus bas des 50 dernières années. Avec le temps chaud et sec qui a duré tout le printemps et le début de l'été, de faibles chutes de neige en hiver et la diminution de la nappe phréatique, les sources d'eau habituellement fiables que constituent les ruisseaux, les réservoirs et les puits artésiens sont devenues moins abondantes.

La sécheresse s'est terminée en septembre quand de fortes pluies causées par les tempêtes tropicales ont détrempé les cultures et les plantes et reconstitué les puits et les réserves d'eau souterraine. Malheureusement pour les cultivateurs de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard, le déluge a noyé leurs champs, retardant la récolte de plus d'une semaine et aggravant une situation déjà mauvaise. Jusqu'à un quart de la récolte de pommes de terre de la province a été perdue à cause de l'eau.

Les météorologistes avaient prévu une saison riche en ouragans pour la région de l'Atlantique en 1999. Dans le nord de l'Atlantique, 12 tempêtes tropicales se sont formées, dont huit ont atteint la force d'un ouragan et cinq ont été considérées comme intenses. Avec celles qui l'ont précédée, cette année a constitué la série des cinq années consécutives les plus riches en tempêtes tropicales des annales.

Cinq tempêtes tropicales ont également frappé le Canada atlantique cette année. À la fin d'août, Cindy tourbillonnait au milieu de l'Atlantique, mais une fausse lame a noyé deux nageurs sur le littoral de la Nouvelle-Écosse. Et si l'est du Canada s'était  préparé fébrilement pour l'attaque de l'ouragan Floyd, c'est son jeune frère Harvey qui a frappé le plus fort. Du 21 au 23 septembre, les précipitations de la tempête tropicale Harvey ont nourri une tempête qui passait au-dessus de Halifax. Ce système en plein développement a causé les pluies et les vents forts « du siècle ». Plusieurs stations météorologiques le long de la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick, ont reçu plus de 200 mm de pluie et il en est tombé jusqu'à 302 mm sur le nord de la Nouvelle-Écosse, ce qui a provoqué les pires inondations des 30 dernières années.

Le lendemain, le Labrador a senti l'après-coup de Harvey quand il a reçu entre 50 et 100 mm de pluie. Le 23 septembre, la conclusion de l'ouragan Gert a coulé au moins cinq bateaux amarrés dans un port de la péninsule Avalon de Terre-Neuve. Les vents ont atteint jusqu'à 120 km/h au-dessus des Grand Bancs et les vagues ont atteint jusqu'à neuf mètres. Un mois plus tard, l'ouragan Irene arrivait sur le sud du Nouveau-Brunswick accompagné d'une pluie régulière et douce et de coups de vent.

7. Un été qui a fait des heureux dans l'Est et des mécontents dans l'Ouest...

Les Calgariens en parle comme de « l'été le plus moche de tous les temps ». Ce n'est pas seulement parce qu'ils ont reçu plus de neige en juillet qu'en février, ou qu'ils n'ont pas eu un seul week-end ensoleillé du début de l'été à la Fête du travail. L'été dans son ensemble a été l'un des plus pluvieux de l'histoire et compte parmi les dix étés les plus froids et les plus nuageux du présent siècle. À Edmonton, le mercure n'a pas atteint 30°C,  pour la deuxième fois seulement en 38 ans.

Pour la plupart des Albertains, la responsable est « La Nina ». Une progression de systèmes de basse pression qui ont pris naissance dans le Golfe de l'Alaska ont fait que la pluie et les frissons étaient au rendez-vous la plupart du temps et surtout les week-ends. La ville de Vancouver a connu le même sort que l'Alberta, établissant un nouveau record pour le plus grand nombre de journées de pluie pendant l'été (40), elle qui normalement en connaît 24. Au mois de juin, il n'y a eu que deux journées consécutives où il n'y a pas eu une goutte de pluie à Vancouver.

Par contre, les Canadiens de l'Est du pays ont profité ou souffert, selon le cas, de périodes de grande chaleur et de forte humidité. Le Ministère de l'environnement de l'Ontario a émis cinq avis sur la qualité de l'air couvrant au total neuf jours, dont l'un des plus précoces jamais émis en mai. À Toronto, on n'avait jamais connu des mois de juin et juillet aussi chauds depuis que l'on a commencé à rassembler des statistiques en 1840. Certaines parties du centre et de l'Est du Canada se sont transformées en véritable bain sauna, obligeant les services publics à fournir de l'énergie sans interruption. Entre mai et septembre, de nombreuses villes du Sud de l'Ontario et du Québec ont enregistré le double de journées chaudes qu'ils connaissent normalement avec des températures de plus de 30°C. Par exemple, Ottawa a connu 26 journées chaudes, comparativement à une normale annuelle de 12 journées.

8. L'avalanche du Nouvel An fait neuf victimes au Québec

Quelques minutes avant les douze coups de minuit le 1er janvier, dans le petit village Inuit de Kangiqsualujjuaq (village côtier isolé de 650 habitants dans la Baie d'Ungava, à environ 1 700 km au nord-est de Montréal), un mur de neige s'est effondré sur le gymnase de l'école, où plus de la moitié des résidents de la communauté s'étaient rassemblés pour fêter l'arrivée de la nouvelle année. Les équipes de secours, malgré des vents violents et une tempête cinglante, ont creusé à la main dans environ trois mètres de neige dans un effort désespéré pour libérer les dizaines de personnes prisonnières des amoncellements de neige et de débris. Dans cette tragédie, neuf personnes, dont cinq enfants de moins de 8 ans, ont perdu la vie et vingt-cinq autres personnes ont été blessées.

9. Tragédies routières causées par de mauvaises conditions météorologiques

Très tôt le matin du vendredi précédant la Fête du travail, un brouillard dense a enveloppé certaines sections de l'autoroute 401 près de Windsor, ce qui a causé l'une des pires tragédies routières de l'histoire au Canada. Huit personnes ont perdu la vie dans cet accident et trente-trois personnes ont été blessées. En tout, le carambolage a entraîné la destruction de 82 véhicules, dont plusieurs se sont mêmes fusionnés sous l'effet de la chaleur intense. Quelques minutes avant l'accident, la visibilité était réduite à environ un mètre à cause du brouillard dense qui s'est formé soudainement juste après le lever du soleil.

Plus tard en septembre, la glace noire a causé un carambolage de 90 véhicules à Calgary, ce qui a entraîné la fermeture de l'autoroute pendant 20 heures. L'après-midi précédant, la neige avait fondu sur le chemin pour ensuite regeler rapidement quand la température a chuté à la tombée du jour. Certaines portions de la route étaient recouvertes de 2 cm de glace. Plus de 27 ambulances se sont portées au secours des victimes.

Les 12 et 13 décembre, la première tempête de neige de l'hiver dans le Sud du Québec a apporté beaucoup de neige et des vents violents surtout dans l'Est de la province. Les routes glissantes et la mauvaise visibilité ont causé de nombreux accidents de la route et ont fait 13 victimes.

10.  Été sans orage

L'été a été remarquable pour la rareté des phénomènes climatiques graves, soit les orages, les tornades et les averses de grêle. Il n'y a pas eu de graves tornades cette année, et les tempêtes de type convectif étaient généralement faibles et de courte durée. Pour la douzième année consécutive, personne n'a été tué au Canada par une tornade, même si des éclairs et des chutes d'arbres ont fait plusieurs victimes.

Il y a toutefois eu quelques exceptions au cours de cet été « sans orage ». Le 18 mai, trois tornades à l'ouest de Saskatoon se sont dangereusement rapprochées de la ville. Le 7 juin, une microrafale de 15 secondes a frappé une banlieue de Toronto, rasant un mail linéaire et renversant quelques voitures. Miraculeusement, personne n'a été blessé. Le 25 juin, un orage violent s'est abattu sur le Sud du Manitoba et dans le Nord-ouest de l'Ontario. Il est alors tombé 144 mm de pluie en 13 heures sur Kenora. La tempête et les inondations qui ont suivi ont perturbé la circulation routière et ferroviaire, inondé des sous-sols et endommagé des tombes. À la suite de la tempête, les compagnies d'assurance ont reçu quelques 350 réclamations pour un total de près de 4 millions de dollars.

Le 5 juillet, dans le centre du pays, la chaleur et l'humidité étouffantes ont déclenché une suite d'orages spectaculaires dans l'Est de l'Ontario, les Laurentides et les Cantons de l'Est du Québec. La tempête, avec des vents de 100 à 120 km/h, des rafales de 160 km/h et de fortes pluies, a ouvert une large voie et déraciné de grands arbres, écrasé des véhicules, démantelé le réseau de distribution d'électricité et arraché des toitures. À Montréal et dans les Cantons de l'Est, plus de 600 000 foyers se sont retrouvés sans électricité, certains pendant même une semaine. Hydro Québec a indiqué que les vents et les orages avaient occasionné des dégâts se chiffrant à environ 15 millions de dollars.

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