Les dix événements météorologiques les plus marquants de 1998

Table des matières

  1. La tempête de verglas du siècle
  2. Une vague de chaleur d'une année
  3. La saison des incendies de forêt la plus coûteuse jamais enregistrée
  4. L'été le plus chaud et le plus long de mémoire d'homme
  5. Une année de sécheresse presque record
  6. Plantation prématurée et la moisson la plus hâtive jamais enregistrée
  7. L'inondation de l'hiver et du printemps dans l'Est du Canada
  8. Un automne qui traîne et un hiver très hésitant
  9. Trois tempêtes de neige mémorables
  10. Une saison active d'ouragans et un dur coup pour la Colombie-Britannique

1. La tempête de verglas du siècle

Outre que ce fut le deuxième hiver le plus doux jamais enregistré, ce fut une horrible tempête de verglas qui a défrayé la manchette. Les Canadiens de l'Est connaissent les tempêtes de verglas qui arrivent de 10 à 15 fois par année, mais jamais personne n'a connu une pluie de glace semblable à celle de la première semaine de janvier.

Pour les six jours qui ont suivi, l'équivalent d'eau de la pluie verglaçante et des grains de glace a dépassé 100 mm à certains endroits - plus qu'un approvisionnement de deux ans. L'étendue géographique de la tempête a été énorme, car elle allait de la baie Georgienne à la baie de Fundy. Ce qui a fait de cette tempête de verglas un événement si inhabituel, c'est qu'elle n'avait pas de fin. La précipitation verglaçante a tenu pendant plus de 80 heures, presque le double du total annuel normal.

La tempête a causé jusqu'à 35 morts et a abattu des millions d'arbres, 1 000 pylônes de transmission, 30 000 poteaux et un nombre suffisant de fils et de câbles pour faire le tour du monde trois fois.

Onze mois plus tard, un nombre sans précédent de 700 000 réclamations reliées aux dommages dus à la tempête ont été déposées. Les compagnies d'assurance ont dû verser, au total, tout près de 1,5 milliard de dollars - trois fois le montant versé normalement pour une catastrophe naturelle au Canada. Les pertes couvertes par les gouvernements et l'industrie propulseront le coût au-delà des 3 milliards de dollars.

2. Une vague de chaleur d'une année

Le fait que l'année ait commencé par le deuxième hiver le plus doux jamais enregistré était assez remarquable en soi. Mais ce qui suivit fut vraiment phénoménal - le printemps, l'été et l'automne les plus chauds des annales. Les températures de décembre 1997 à novembre 1998 ont été en moyenne de 2,5 degrés plus chaudes que la normale et un plein degré au-dessus de l'ancien record établi en 1981. Il n'y a jamais eu une année plus chaude au cours du demi-siècle pendant lequel Environnement Canada a tenu des dossiers météorologiques à l'étendue du pays. Sur le plan statistique, nous devrions connaître une année comme 1998 tous les 2 500 ans. Et ce fut la même chose dans tout le pays où chaque région a eu sa première, sa deuxième ou sa troisième période de 12 mois la plus chaude. À l'échelle nationale, un nouveau sommet de température a été établi en février, en avril, en mai, en juillet, en août et en septembre. Quant au mois de juillet, ce fut le mois le plus chaud jamais enregistré au Canada.

Le réchauffement du Canada s'est répercuté à l'échelle de la planète - chacun des mois, de mai 1997 à octobre 1998, a été le plus chaud enregistré depuis 1860. Les scientifiques en ont conclu des faits climatiques remarquables et troublants cette année :

  • L'année 1998 a été la 20e année consécutive avec des températures planétaires au-dessus de la normale;
  • Sept des dix années les plus chaudes des 140 années précédentes se sont produites depuis 1990;
  • Les années 90 représentent la décennie la plus chaude du siècle et le XXe siècle est le siècle le plus chaud depuis au moins 1 200 ans.

Par ailleurs, les forces naturelles, comme El Niño et les taches solaires, ne peuvent entièrement expliquer les températures chaudes records des 12 derniers mois. Bien que l'année chaude ne soit pas en soi une preuve du réchauffement planétaire, une montée abrupte de la température du globe au cours des quelques dernières années a ajouté aux preuves fortes et irrésistibles de la contribution de l'humanité aux changements climatiques.

3. La saison des incendies de forêt la plus coûteuse jamais enregistrée

Tant de feux de forêt et si tôt durant l'année ont fait de l'année 1998 une année record pour les incendies de forêt au Canada. Les flammes ont détruit, au total, 4,6 millions d'hectares de forêts, environ 50 % de plus que la quantité normale, et la plupart dans les zones protégées qui ont une haute valeur commerciale. Les 10 567 incendies représentent le plus grand nombre en dix ans. Les régions les plus frappées ont été l'Alberta, la Saskatchewan, la Colombie-Britannique, le Nord-Ouest de l'Ontario et la partie sud des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon. Le Québec, les provinces de l'Atlantique et, ce qui est surprenant, le Manitoba ont été grandement épargnés par les incendies cette année. Parmi les brasiers les plus mémorables, il y a le bras Salmon, en Colombie-Britannique, où la moitié des gens ont dû être évacués et, à Swan Hills, en Alberta, où la ville a été évacuée deux fois. Vers la fin d'octobre, environ 700 millions de dollars avaient été dépensés pour éteindre les feux dans les forêts canadiennes - deux fois le coût normal et probablement l'année la plus coûteuse.

4. L'été le plus chaud et le plus long de mémoire d'homme

La majorité des Canadiens ont semblé se réjouir à l'excès parce qu'ils connaissaient un été qui a commencé tôt et qui ne semblait jamais finir. Vers la fin, juin, juillet et août ont constitué l'été le plus chaud jamais enregistré et juillet a été le mois le plus chaud au Canada. Mais pour la plupart des Canadiens, ce fut six mois d'une température d'été qui allait de Pâques à l'Halloween dont on parlait le plus. C'était si confortablement chaud pendant si longtemps que beaucoup de Canadiens se sentaient coupables ou inquiets et craignaient d'avoir à payer bientôt pour cette longue et merveilleuse température. Les bénéficiaires des ventes au détail ont été les fournisseurs d'articles de jardinage où les ventes ont augmenté de 63 % ainsi que pour le matériel de pêche et de camping qui ont augmenté de 51 %. Certains terrains de golf ont connu leur meilleure saison. Et la bière a été si populaire que certains brasseurs ont connu une pénurie de bouteilles.

Bien que l'été soit absent de toute vague de chaleur de type texan, nous ne pouvions échapper au type d'humidité comme celui de la Louisiane. Le point le plus chaud a été à Osoyoos, en Colombie-Britannique, où la température a atteint 42,8o Celsius le 27 juillet. La forte humidité et l'excédent de chaleur ont aussi contribué à alimenter une saison active de grandes perturbations météorologiques, spécialement en Ontario et dans les Prairies de l'Ouest. Il y a eu de fortes tornades et, pour la 11e année consécutive, aucune personne n'est décédée dans une tornade au Canada. Quatre personnes, toutefois, ont été tuées par des vents violents en Ontario. La saison de graves perturbations météorologiques a commencé au début de mars en Ontario et s'est terminée après 172 événements, le nombre le plus élevé jamais signalé dans la province. Il y a eu des orages à Calgary pendant huit des dix premiers jours de juillet au cours de leur fameux Stampede. Le 4 juillet, des précipitations records de 43 mm de pluie sont tombées en six heures, ce qui a brisé le record établi en 1909. Il a même plu durant le petit déjeuner du Stampede des prévisionnistes de la météo.

5. Une année de sécheresse presque record

Bien que les températures records aient dominé les conversations météorologiques en 1998, ce sont les temps continuellement secs qui ont causé le plus de misère. À partir de décembre 1997 jusqu'à novembre 1998, le Canada a connu sa sixième année la plus sèche jamais enregistrée, avec des précipitations totales de presque 5 % sous la normale. Ce fut le temps le plus sec dans les annales du Yukon et du Nord de la Colombie-Britannique et dans les forêts boréales de l'Ouest du Canada et de l'Ontario.

Les Grands Lacs ont commencé à plein niveau, mais ont terminé l'année avec un niveau d'eau bien inférieur à la moyenne. Pour la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, les 12 derniers mois ont été les troisièmes plus secs en 51 ans, environ 12,4 % sous la normale. Le lac Ontario a perdu 115 cm au plus fort du printemps et le lac Supérieur a connu son plus bas niveau en 73 ans. Dans certaines voies navigables intérieures, comme la rivière Grand au Sud de l'Ontario, le niveau d'eau a atteint son plus bas niveau en presque 40 ans. La sécheresse de l'été et de l'automne a forcé plusieurs résidents près de London à transporter l'eau par camion, car leur puits s'était asséché. Elle a aussi mené à la première interdiction volontaire de pêcher sur la rivière Grand.

6. Plantation prématurée et la moisson la plus hâtive jamais enregistrée

Un hiver doux et un printemps hâtif ont permis aux cultivateurs de semer un mois plus tôt que la normale. Les températures chaudes et sèches ont aussi aidé le développement des récoltes au moins deux ou trois semaines plus tôt que prévu. Dans plusieurs régions du Canada, les cultivateurs ont terminé leur récolte le plus tôt au moins depuis la dépression. Dans les Prairies, les pluies opportunes juste avant la moisson ont donné des récoltes meilleures qu'au cours des 10 dernières années. Les cultivateurs canadiens ont produit une récolte record de canola, une moisson record de maïs, environ 18 % de plus que la normale, et une production record de pois secs et la deuxième plus grande récolte de fèves soya.

À la fin de juin, une gelée a forcé bien des agriculteurs des Prairies de l'Est et de l'Ontario à semer de nouveau leurs cultures et la gelée meurtrière a dévasté la récolte de bleuets de l'année dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean. À Kelowna, les conditions météorologiques favorables ont plu à la plupart des viticulteurs et de ceux qui cultivent les arbres fruitiers.

Pour la deuxième année consécutive, les cultivateurs de la vallée d'Annapolis en Nouvelle-Écosse ont été menacés par la sécheresse. Les cultivateurs, habitués à 80 ou 90 mm de pluie chaque mois, ont dû se contenter d'aussi peu que cinq à dix mm. Pour la première fois, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a fourni une compensation intéressante pour couvrir une portion des quelque 50 millions de dollars en perte. Dans les comtés de Grey et de Bruce, en Ontario, le temps était si sec que les cultivateurs ont été forcés de se servir de leur réserve de foin comme fourrage l'hiver. La sécheresse extrême a laissé le maïs rabougri. L'avoine n'a pas poussé et les plants de fèves ont donné des gousses vides.

7. L'inondation de l'hiver et du printemps dans l'Est du Canada

Deux journées de pluie torrentielle vers la fin de janvier ont causé une inondation monstre dans certaines parties des Maritimes lorsque plusieurs rivières sont sorties de leur lit. À Truro, en Nouvelle-Écosse, une combinaison de hautes marées, de 80 mm de pluie et de la glace fondante de la rivière Salmon on produit la pire inondation en 25 ans. Les dommages et le nettoyage ont coûté plus de 3 millions de dollars.

Vers la fin de mars, près de 4 000 Québécois ont été forcés d'abandonner leur maison en raison des rivières en crue, par suite de la plus lourde chute de neige de la saison et des chaleurs non saisonnières qui ont produit un dégel hâtif. Le niveau de la rivière Châteauguay a atteint vingt fois sa hauteur normale pour briser tous les anciens records. Pour certaines des personnes évacuées, c'était la deuxième fois en 10 semaines qu'ils devaient quitté leur maison, la première à cause de la tempête de verglas.

Dans l'Est et le Centre de l'Ontario, des pluies diluviennes et une vague de chaleur record vers la fin de mars ont dégagé plusieurs embâcles sur les rivières et les cours d'eau. Pour plusieurs résidents de la vallée de l'Outaouais, ce fut la pire inondation depuis plus de 20 ans. Au Nouveau-Brunswick, les pluies abondantes de mars ont complètement emporté des douzaines de routes entre St-Jean et Fredericton. La région la plus durement touchée a été Welsford où les eaux tumultueuses ont emporté un pont recouvert sur la rivière Nerepis. Le 8 avril, des accumulations de pluies records de 64 mm ont forcé les piétons de St-Jean de Terre-Neuve à circuler tout en ayant de l'eau jusqu'aux genoux.

8. Un automne qui traîne et un hiver très hésitant

Pour la plupart des Canadiens, la période qui s'écoule entre le dernier soupir de l'été et la première couverture de neige durable se mesure habituellement en semaines, sinon en jours. Mais, en 1998, la saison d'automne est demeurée pendant au moins trois mois à sa limite astronomique partout au Canada. La température moyenne nationale pour septembre, octobre et novembre a été de 2,3o Celsius au-dessus de la normale - un autre nouveau record. Portez-en le crédit à El Niño - bien que depuis longtemps parti en mai, sa chaleur résiduelle est demeurée dans l'air, sur la terre et dans les eaux du Canada.

Dans l'Arctique, où l'hiver commence normalement, l'océan a été lent à geler. La concentration de glace dans l'Arctique de l'Ouest est demeurée à des minimums records pendant la grande partie de l'automne. Plusieurs régions de l'Ontario n'ont jamais été si chaudes. Le 30 novembre, la température à Ottawa a atteint 16,4o Celsius, un étonnant 15 degrés au-dessus de la normale. Et aussi tard que le 15 décembre, les températures ont grimpé à 11,3o Celsius à Windsor et à Sarnia.

Vers la mi-décembre, seulement deux des 80 centres de ski alpin de l'Ontario étaient ouverts, un mois complet après le début traditionnel de la saison de ski. Il est même possible qu'il n'y ait pas de ski pendant les Fêtes, à une époque où les centres de ski produisent le quart de leurs recettes de ski de l'hiver, ce qui pousse les exploitants à vouloir désespérément de la neige. La dernière fois que les centres de ski ont fermé au cours de la saison des Fêtes a été en 1979.

Il est remarquable que pour Montréal et Ottawa, deux des villes les plus neigeuses du monde, les chutes de neige aient été le 16 décembre d'une très faible quantité, soit chacune 1,6 cm, comparativement à la normale de 55 cm. Vers la mi-décembre, Phoenix et Las Vegas avaient plus de neige cet hiver que Montréal ou Ottawa.

9. Trois tempêtes de neige mémorables

Le 25 février, près de 70 cm de neige sont tombés sur certaines parties du Sud du Manitoba et de la Saskatchewan, ce qui en fait l'un des pires blizzards de l'histoire. Le vent soufflait si fort à Brandon, au Manitoba, que certaines routes se recouvraient de neige sitôt déblayées. Les routes étaient parsemées de véhicules abandonnés et les charrues calaient pour avoir trop fonctionné. Même les motoneiges restaient bloquées dans les rafales à hauteur de la ceinture.

Le jour de la Saint-Patrick, rien n'était vert à Calgary, car la ville a connu sa pire tempête d'hiver en mars depuis 113 ans. L'aéroport a enregistré 32 cm de neige, mais la plupart des autres parties de la ville ont reçu entre 40 et 45 cm. Le centre-ville de Calgary ressemblait à une ville fantôme. Les automobilistes ne pouvaient déblayer leur entrée et les autobus ont simplement dû s'arrêter de circuler. Pour la première fois, les Irlandais ont dû décommander les célébrations de la Saint-Patrick dans la ville.

Cela ressemblait plutôt à Noël qu'à l'Action de Grâces en Saskatchewan après l'une des pires tempêtes de neige de l'automne jamais enregistrées qui a déversé entre 25 et 70 cm de neige dans les districts du sud et du centre. Prince Albert fut la plus durement touchée avec 42 cm de neige, un nouveau record de neige pour une journée. À Saskatoon, les arbres chargés de neige ont tombé sur les lignes de téléphone entraînant des pannes d'électricité dans 30 000 foyers. Jusqu'à 3 000 des 90 000 arbres de la ville ont été endommagés par cette terrible tempête. À Regina, ce fut l'une des pires tempêtes jamais connues. Bien que la ville n'ait reçue que 18 cm de neige, la neige humide faisait rompre les branches des arbres et les faisait tomber comme de simples cure-dents sur les autos, sur les toitures et sur les lignes électriques. Dix jours plus tard, les températures ont grimpé jusqu'à 24o Celsius dans le sud de la Saskatchewan et les golfeurs ont remisé leurs pelles pour prendre leurs bâtons de golf.

10. Une saison active d'ouragans et un dur coup pour la Colombie-Britannique

En 1998, l'Atlantique-Nord a été la scène de la sixième saison la plus active pour les ouragans depuis 1933. Bien qu'elle ait commencé lentement, elle frappa furieusement le 25 septembre alors que quatre ouragans (Georges, Ivan, Jeanne et Karl) tourbillonnaient dans l'océan Atlantique et la mer des Antilles. Les trois tempêtes catastrophiques ont été Danielle, Georges et Mitch. Mais ce fut Mitch dont on se souviendra comme l'ouragan le plus meurtrier à frapper l'hémisphère occidental depuis 200 ans. Depuis le grand ouragan de 1780, qui avait fait périr environ 22 000 personnes dans l'Est des Antilles, il n'y a pas eu d'ouragan plus meurtrier. Malgré cette haute activité, les ouragans n'ont pas posé de menaces sérieuses au Canada. Seulement trois ouragans ont pénétré dans les eaux canadiennes : Bonnie, Danielle et les restants de Earl. Le 3 septembre, Danielle est passée au sud de Terre-Neuve et a frappé directement la bouée météorologique au large de la côte canadienne ancrée à environ 300 km au sud-est de l'île de Sable. La vague la plus haute a atteint presque 27 m - soit la hauteur d'un édifice de sept étages.

Sans être des ouragans ou des typhons, un accès de forts vents le long de la côte sud de la Colombie-Britannique vers la fin de novembre et au début de décembre a causé de longues pannes et a perturbé les traversiers de la Colombie-Britannique. Cette année n'a été que l'une des trois depuis 1980 à subir 12 ou plusieurs bourrasques de 60 km/h ou plus; six de ces forts vents ont eu lieu en novembre. Une tempête le 23 novembre a laissé 200 000 clients de BC Hydro sans électricité. Le lendemain, des vents soufflant à 85 km/h avec des pointes de 102 km/h - la plus grave tempête de vent à frapper cette région selon BC Hydro.

Date de modification :