Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2008 : évènement deux

Table des matières

2. Le dégel se poursuit dans l'Arctique

Carte du Canada avec les régions affectées rehaussées

Les nouvelles de cette année en ce qui concerne la perte de glace dans les eaux de l'Arctique ne sont pas aussi stupéfiantes que celles de l'année précédente. La tendance vers une glace de mer plus mince et nouvelle a continué de surprendre les scientifiques de partout dans le monde sur plusieurs plans.

  • Le 12 septembre, l'étendue de la glace de mer dans l'océan Arctique a reculé à 4,52 millions de kilomètres carrés, se rapprochant du record de l'année précédente de la plus petite étendue avec 4,13 millions de kilomètres carrés. Étant donné que la glace était plus mince en 2008 (moins d'un mètre d'épaisseur à certains endroits), l'ensemble des volumes de glace était moindre que celui de toute autre année. Il est remarquable que nous ayons atteint la deuxième étendue de glace la plus petite pendant la saison de la fonte, après l'hiver le plus froid en huit années, ce qui traduit bien le changement spectaculaire et soudain en cours au sommet de la planète.
  • En août 2008, le taux de fonte de la glace de mer a été le plus élevé enregistré. Des images satellites ont montré la glace reculant à un rythme de 84 686 kilomètres carrés par jour, comparativement à 63 191 kilomètres carrés l'année précédente.
  • En 2008, de vastes étendues d'eau dans la région Ouest de l'Arctique, y compris la mer de Beaufort, étaient presque sans glace. Pour la première fois de l'histoire, les voies navigables en eau profonde du légendaire passage du Nord Ouest, dans la partie supérieure de l'Amérique du Nord, et du passage du Nord Est, au dessus de la Russie, ont été exemptes de glace en même temps. L'année 2008 a également connu le troisième été consécutif où les navires ont pu facilement naviguer dans le passage du Nord Ouest sans frapper de glace de mer ou être bloqués par la glace.
  • Les eaux canadiennes de l'Arctique contenaient beaucoup plus de glace pérenne comparativement à la même date l'année précédente. Seulement 11 p. 100 des eaux canadiennes de l'Arctique présentaient de la glace épaisse de plusieurs années. En 2007, la vieille glace représentait 15,5 p. 100. La majeure partie de la vieille glace dure a soit fondu, soit été évacuée dans l'océan Atlantique où elle s'est désintégrée. Aujourd'hui, plus de 70 p. 100 de la glace de mer de l'Arctique est nouvelle, mince, salée et âgée de moins d'un an.
  • En 2008, il a été encore plus surprenant d'apprendre la disparition spectaculaire de près du quart de l'ancienne plateforme massive de glace flottante sur l'île d'Ellesmere. La glace d'une épaisseur de 70 m qui recouvrait 9 000 kilomètres carrés il y a un siècle est aujourd'hui réduite à tout juste 1 000 kilomètres carrés. Ces chiffres montrent la rapidité et l'irréversibilité des changements qui se produisent dans le Nord.
  • Le vêlage de glaciers du Groenland a mené au détachement de près de 1 000 icebergs de la côte Est du Canada, ce qui est plus que les quatre années précédentes combinées. Certains icebergs se sont même déplacés vers le sud jusqu'à atteindre l'endroit où le RMS Titanic a coulé pendant son voyage inaugural en 1912. À certains moments, d'assez gros icebergs ont entraîné l'arrêt de la production dans les champs pétroliers en mer.
  • Fait notable, l'étendue de la glace dans la mer Baltique a été la plus petite enregistrée depuis 1720, année où l'on a commencé à consigner les données. La Lettonie et la majeure partie de la Finlande ont connu leur hiver le plus chaud depuis 1925. La température hivernale de la Norvège a été la deuxième plus élevée enregistrée.

Le rétrécissement sans précédent de la glace de mer de l'Arctique est une conséquence directe de plusieurs années de vents favorables qui ont poussé la vieille glace dans l'Atlantique. Il importe aussi de noter le réchauffement persistant à longueur d'année dans le Nord et la transformation impressionnante de sa surface de neige blanche ou de glace très réfléchissante en une eau marine noire qui absorbe la chaleur. Des changements remarquables dans le Nord correspondent généralement à ce que les scientifiques prévoient comme résultat des changements climatiques, mais ces transformations se produisent beaucoup plus tôt que prévu.

Les scientifiques ne sont pas encore tout à fait certains de l'impact qu'aura la disparition rapide de la glace de l'Arctique sur le temps dans le Nord du Canada ou ailleurs dans le monde. L'Arctique est le réfrigérateur de la planète et il est un facteur essentiel de la stabilisation des climats dans le monde. Lors qu'on évoquera une sécheresse prolongée dans la Région des grandes plaines en Amérique du Nord, le réchauffement du Gulf Stream ou une augmentation des tempêtes en Europe de l'Ouest, il sera difficile d'affirmer que la disparition de la glace dans le Nord de la planète n'est pas, en partie, en cause.

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