Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2002

Table des matières

  1. Les fléaux des Prairies
  2. L'hiver 2001-2002 a disparu
  3. Un été aux journées mornes et brumeuses
  4. Déluges dans les Prairies - Trop et trop tôt
  5. Un printemps glacial qui bat des records
  6. En ville, on a grillé cet été
  7. Sécheresse sur la verte Colombie-Britannique
  8. Quatre ouragans en quatre semaines
  9. La fumée du Québec franchit les frontières
  10. Un temps idéal pour les visites du Pape et de la Reine

1. Les fléaux des Prairies

La saison de croissance des cultures de cette année a été la pire que les agriculteurs de l'Ouest du pays ont jamais connu. Ils ont été confrontés à des sécheresses et des déluges à grande échelle, à une chaleur qui a tout desséché, à des nuages de sauterelles, à divers insectes ainsi qu'à de la neige et du gel au milieu de l'été, auxquels sont venues s'ajouter, trop tard, des pluies trop fortes au moment des récoltes. La situation a atteint un point de rupture pour des milliers de producteurs, leurs familles et les collectivités. Il ne fait aucun doute que les agriculteurs et les éleveurs ont été durement touchés, leur situation a également eu des répercussions sur d'autres, comme les manutentionnaires de céréales, les camionneurs, les exploitants de parcs à fourrage, les vendeurs de véhicules et d'équipement, les magasiniers et les restaurateurs, qui ont tous aussi été durement touchés.

Les malheurs de cette année ont pris naissance au cours des cinq dernières années, alors que les deux tiers des saisons ont enregistré un temps plus chaud et plus sec que normalement à la même époque. Au début du printemps 2002, la sécheresse dans l'Ouest du pays était plus marquée qu'elle ne l'avait jamais été depuis un siècle. Les agriculteurs auraient eu besoin de précipitations dépassant de 60 % les volumes habituels avant le début de la saison de croissance, simplement pour reconstituer les stocks d'eau. Au lieu de cela, ils ont subi une diminution de 60 % des précipitations, qui a eu pour effet de mettre fin à la saison de croissance avant même qu'elle ne débute.

Quand le printemps a remplacé l'hiver, la sécheresse sans fin s'est déplacée du sud vers le nord pour toucher le centre des Prairies. La région la plus touchée a été le rectangle délimité par Edmonton, Calgary, Moose Jaw et Saskatoon, c'est-à-dire des terres qui comptent parmi les plus productives de l'Ouest du Canada. Les fosses-réservoirs et les étangs se sont asséchés ou, dans le meilleur des cas, n'ont été remplis qu'au quart. À Saskatoon, les précipitations du mois de juin ont été en baisse de 56 % et c'était le dix-huitième mois consécutif de précipitations inférieures à la normale. Dans la région d'Edmonton, la période allant du 1er octobre 2001 au 30 avril 2002 a été le début le plus sec d'une saison de croissance depuis 1880, année au cours de laquelle on a commencé à tenir des statistiques.

La sécheresse extrême et les froids record des mois d'avril et de mai ont retardé l'ensemencement, et ralenti la croissance des cultures toute l'année. Ensuite, les températures ont grimpé de façon brutale, ce qui a fait que les mois de juin et juillet à Edmonton ont été les seconds plus chauds et plus secs jamais enregistrés. L'excès de chaleur a commencé à se faire sentir sur toutes les cultures qui manquaient déjà d'humidité, en particulier les céréales et les oléagineux. La situation n'a fait que s'aggraver à la fin juillet et au début août alors que cette partie du pays a enregistré des records de gel et de chutes de neige. Les records de température vieux d'un siècle ont été battus dans de nombreuses parties de la Saskatchewan quand la température a plongé en-dessous de zéro le 2 août, la date la plus avancée pour un premier gel en 109 ans de statistiques.

Quand les régions du sud ont débuté les récoltes à la fin août, le temps leur a joué un autre tour cruel. La pluie dont les agriculteurs avaient tant besoin en juin, et dont ils ne voulaient pas à l'époque des récoltes, est tombée au pire moment possible. Les quelques céréales que la neige et le gel avaient épargnées ont alors été réparties entre le bétail, les sauterelles et les oiseaux migrateurs. L'invasion de sauterelles a atteint 100 insectes par mètre carré dans un district de la Saskatchewan. Dans la plupart des régions, la période de croissance s'est terminée après un gel marqué au milieu septembre. Les averses fréquentes ont nui aux récoltes pendant les deux semaines suivantes, et ont été suivies de neige au début octobre. La saison a pris fin de façon abrupte alors que 10 à 15 % des récoltes se trouvaient encore dans les champs.

En termes de production de blé, les chiffres de cette année sont inférieurs de 25 % à ceux de l'an dernier, qui étaient déjà très médiocres, et la qualité est si décevante que la majorité de la récolte est allée à l'alimentation animale. Pour aggraver encore la situation, le mauvais état des pâturages, alors que les prairies artificielles étaient en piteux état, a amené les producteurs de bétail, en manque d'aliments, à vendre une partie de leurs troupeaux. Tous ces fléaux qui ont touché les Prairies ont déclenché des versements records d'assurance-récolte et d'aide gouvernementale pour aider les producteurs à faire face à l'adversité.

2. L'hiver 2001-2002 a disparu

À l'échelle nationale, ce fut le huitième hiver le plus chaud en un demi-siècle et le dix-huitième le plus sec, à un niveau proche de celui constaté au cours des dernières années. En réalité, le pays n'a pas vraiment connu d'hiver froid depuis 1993-1994. Les Canadiens vivant dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, dont le nombre dépasse 15 millions, ont connu en 2001-2002 l'hiver le plus chaud qu'ils aient jamais vécu, un hiver comme on n'en voit que tous les 210 ans.

Dans certaines parties du Canada, l'hiver s'est à peine montré. Un flux persistant d'air en provenance de Hawaï a inondé l'Amérique du Nord, repoussant le courant atmosphérique à grande vitesse vers le Nord et emprisonnant l'air arctique qui joue normalement un rôle dominant en hiver au Canada. Sans couverture neigeuse, l'air chaud du Pacifique l'est resté en traversant l'Amérique du Nord jusqu'à la côte Atlantique. Les motoneiges n'ont alors pu que soulever la poussière alors que les patineurs n'ont pu pratiquer leur sport pendant une bonne partie de l'hiver. À Ottawa, le canal Rideau, connu comme la plus longue patinoire au monde, n'a été qu'une bande de purée de glace parsemée de marres pendant la plupart de l'hiver. Le canal Rideau n'a jamais été ouvert si tard aux patineurs (2 février) et pendant si peu de temps (25 jours).

Les habitants du sud de l'Ontario et de certaines régions du Québec ont connu un hiver pratiquement exempt de gel. À Toronto, la température maximale n'a été inférieure au point de congélation que 25 jours, moins de la moitié de la normale, et la température moyenne pour l'hiver dans la ville a été la plus chaude depuis 1840 (date à laquelle on a commencé à tenir des statistiques). En vérité, ce n'est pas qu'il a fait très chaud, mais plutôt qu'il n'a pas fait très froid! C'est ainsi qu'à Montréal, les températures inférieures au cours de la nuit n'ont jamais chuté en-dessous de -19° C (la marque d'un jour froid au Canada) et ce fut une première. Dans des endroits comme Toronto, Hamilton, London, Ottawa, Windsor, Québec, Val D'Or et Bagotville, on a également enregistré des records d'hiver le plus chaud jusqu'à maintenant.

Cela a eu des avantages. Des sommes énormes ont été économisées en déneigement, il y a eu moins d'accidents de la circulation et les déplacements ont été plus faciles, l'engorgement du sol a été négligeable, les factures de chauffage des résidences ont baissé de 25 % dans le centre du pays. Par contre, pour les gens qui aiment l'hiver et qui en dépendent, la saison fut une des plus ennuyeuses et des plus coûteuses depuis des années. La température a nui à la construction de ponts de glace et de routes d'hiver dans le Nord, les exploitants de centres de ski de l'Ontario et du Québec ont perdu leurs chemises, et les amateurs de grand air ont été très déçus. Même les clients de commerce de détail sont restés à la maison, laissant dans les magasins des stocks invendus importants de planches à neige, de motoneiges et de pelles.

3. Un été aux journées mornes et brumeuses

Du point de vue météorologique, l'été a été généralement calme dans tout le pays puisqu'on a enregistré moins d'orages, de tornades et de grêle, et moins de dommage aux biens causés par le mauvais temps. Comme l'an dernier, il n'y a pas eu de tornades dévastatrices et les orages n'ont pas été très puissants et ont le plus souvent duré peu de temps. À la place des orages, nous avons par contre eu du smog.

Cet été a connu de fortes chaleurs, beaucoup de soleil et peu de déplacements des masses d'air, ce qui a donné une année record pour les alertes au smog dans le sud de l'Ontario. Dans les régions les plus gravement touchées, entre Toronto et Windsor, les responsables ont lancé dix avertissements couvrant au total 27 jours, soit plus que le record de l'an dernier, et ont enregistré la présence de smog la plus tardive dans les livres, le 10 septembre.

Au Québec, il y a eu au total 15 jours de smog répartis en sept périodes. Montréal a été la plus touchée avec 13 jours alors que la normale est de dix. Le cas le plus grave a duré quatre jours en août avec des vents légers du sud-ouest qui faisaient tourner la même masse d'air chaud, humide et vicié. Ce fut la manifestation la plus longue de smog en continu au Québec depuis que le Programme de surveillance atmosphérique a débuté en 1994. Il faut également signaler que les deux derniers étés montréalais ont été les pires en matière de smog pour les 15 dernières années.

Même les Maritimes n'ont pas échappé à la brume. Du 14 au 16 août, la vallée Annapolis a été couverte d'un smog si épais qu'on ne pouvait même pas apercevoir Wolfville des hauteurs du Cap Blomidon, Les responsables ont publié des alertes au smog et des avis en matière de santé à sept occasions, dont certains se sont prolongés sur des périodes de deux ou trois jours. Normalement, dans la région de l'Atlantique, on s'attend à deux manifestations de smog par année. On a également signalé dans les régions du centre et de l'est de Terre-Neuve, où l'air est normalement passablement clair, des concentrations de pollution qui se situaient juste en-dessous du seuil d'une mauvaise qualité de l'air.

4. Déluges dans les Prairies - Trop et trop tôt

Après trois ans de sécheresse, la pluie est enfin arrivée sur le sud des Prairies au début juin avec une série d'orages importants se déplaçant lentement. Ce qui a débuté le 6 juin sous forme de crachin au sud de l'autoroute Transcanadienne s'est ensuite transformé en déluge qui a duré plus de trois jours. À certains endroits, les précipitations ont atteint 280 mm, transformant les cratères de poussière en cratères de boue. Brocket, en Alberta, a reçu en trois jours les précipitations qu'elle a d'habitude en un an. Les rivières et les égouts ont débordé et les routes ont été emportées. Dans les parties les plus hautes du parc Waterton, la glace et les accumulations de neige poussée par le vent, qui atteignaient un mètre, ont contraint les campeurs à partir. Certains résidents de Lethbridge ont dû éponger leurs sous-sols inondés pendant que d'autres ont été contraints à l'abandon de leurs résidences. Alors que les agriculteurs aux terres desséchées auraient dû être ravis, le déluge a emporté les semences et retardé la saison de plantation. De part et d'autre de l'autoroute Transcanadienne, les agriculteurs et les éleveurs qui espéraient voir les eaux ruisseler jusqu'à eux n'ont pu qu'observer les nuages d'orage qui se dissipaient au nord de Calgary.

En Saskatchewan, deux jours de pluie qui ont bien trempé la terre sans l'inonder ont été bien accueillis par les fermiers touchés par la sécheresse, interrompant ainsi la pire période de sécheresse de mémoire d'homme. Beaucoup d'endroits ont reçu des précipitations entre 80 et 120 mm, soit assez pour redonner son humidité au sol, remplir les réservoirs et faire verdir les pâturages desséchés. À Saskatoon, une maigre pluie qui a donné des précipitations de 14 à 18 mm, la plus importante en un jour en un an, a suffi à remonter le moral de façon temporaire.

Au même moment, des orages violents touchaient le sud du Manitoba en y déversant jusqu'à 250 mm de pluie, la précipitation la plus forte dans l'histoire récente, avec des vents atteignant 114 km/h. À Winnipeg, il n'y a eu que 60 mm de pluie à tomber sur deux jours et cela a suffi à inonder les rues et les sous-sols, et à transformer des quartiers en marécages quand les égouts n'ont plus été en mesure d'absorber l'eau. Plusieurs feux de circulation et 300 arbres se sont effondrés, alors que les berges populaires de la rivière étaient submergées sous un mètre d'eau, obligeant à les fermer pendant plus d'un mois.

Au sud-est de la capitale du Manitoba, les inondations brusques ont couvert les champs et les routes. Neuf collectivités rurales ont déclaré un état d'urgence quand le niveau d'eau a dépassé celui des inondations du siècle en 1997. Les villes les plus durement touchées ont été Piney et Sprague. La hausse du niveau de l'eau a contraint de nombreux résidents à quitter la ville en bateau. À Sprague, il y avait un mètre eau dans la rue principale et les utilisateurs de puits ont été informés qu'ils devaient faire bouillir l'eau. La moitié des récoltes de céréales, de colza canola et de soya du sud-est du Manitoba ont été perdues. En plus, trois semaines plus tard, une nouvelle vague de moustiques a pris naissance dans les terrains détrempés et les étendues d'eau.

5. Un printemps glacial qui bat des records

Le printemps a été la saison la plus cruelle pour les Canadiens d'un océan à l'autre. Dans l'ensemble, le pays a connu son cinquième printemps le plus froid. Ce qui a le plus surpris a été qu'il s'agissait du premier printemps froid depuis dix-neuf ans. Pour la plupart des Canadiens résidant entre Vancouver et Montréal, le printemps a été tout simplement trop long, trop froid en ressemblant trop à l'hiver qu'ils n'avaient pas eu.

Le 20 mars, les températures ont chuté à -35°C dans les Prairies. Il a neigé pendant quatre jours d'affilée à Victoria et à Vancouver avec la chute de neige la plus importante et la plus tardive jamais enregistrée. À London, des voiles blancs mortels ont balayé la région alors que les résidents d'Ottawa et de Montréal affrontaient leur plus importante chute de neige depuis un an et que le sud du Nouveau-Brunswick recevait 25 cm de neige humide et lourde. Vive l'arrivée du printemps!

Les résidents des Prairies ont, eux, connu le printemps le plus froid depuis que des statistiques sont tenues, soit depuis 120 ans. Dans certaines régions, le mois de mars a été pour la première fois plus froid que les mois de janvier et de février, et, malheureusement, il s'agissait d'un froid sec. Saskatoon a connu son deuxième printemps le plus sec en plus de 97 ans. On n'a pas eu l'impression de sécheresse à Calgary parce que l'essentiel des précipitations est tombé sous forme de neige, 70 % de plus que d'habitude. La ville a connu 25 jours de neige au printemps, dix de plus que la normale, alors que la dernière chute de neige touchant Calgary a duré toute une fin de semaine en mai. Les travailleurs en santé mentale de la ville ont prétendu que le temps sombre était responsable, dans une certaine mesure, du nombre record d'appels de personnes téléphonant à des services d'aide en cas de crise.

Alors que Victoria et Vancouver ont été largement épargnées par les chutes de pluie après la mi-mars, les premiers jours du printemps ont vu des chutes de neige de 10 à 15 cm. Pendant ce mois, diverses régions de la Colombie-Britannique ont enregistré des records de froid effaçant plus de 530 records quotidiens antérieurs. Et ce n'était pas fini. Le 6 mai, la côte Ouest a été touchée par des températures qui dépassaient à peine le point de congélation. Des flocons de neige et du grésil sont tombés sur toutes les terres basses continentales.

Dans le sud de l'Ontario et du Québec, une vague de chaleur a fait atteindre des températures record à la mi-avril, mais ce n'était qu'au faux-semblant de printemps. Une semaine plus tard, une tempête balayait la région des Grands-Lacs en la laissant couverte de neige, de pluie et de grésil. Ottawa a enregistré une chute record de 17 cm de neige le 28 avril. Dans les deux provinces, un week-end glacial à l'occasion du Jour de Victoria a davantage fait penser à la Journée du Souvenir alors que de l'air arctique froid apportait un méchant mélange de pluie, de grésil et de neige aussi loin au sud qu'à Sarnia. Les campeurs ont dû recourir à des couvertures, des chauffe-mains, des bonnets et des parkas. Quatre d'entre eux, qui utilisaient un chauffage au propane près de Kenora, ont été empoissonnés par le monoxyde de carbone alors qu'ils luttaient contre la température épouvantable de cette longue fin de semaine.

Le temps froid, inhabituel pour la saison, a gravement retardé la plantation des cultures. Dans le sud de l'Ontario, les agriculteurs ont planté le maïs avec trois semaines de retard, ce qui a provoqué des problèmes quand les pluies du milieu de saison ne sont pas arrivées. Les agriculteurs qui cultivent des fraises ont irrigué à longueur de journée pour tenter de sauver leurs plants fragiles du gel. Le froid a également retardé la saison des incendies de forêt de deux semaines dans les régions situées à l'ouest de l'Ontario.

La nature semblait avoir perdu le nord et les gens ont aussi été déboussolés. Les golfeurs et les jardiniers, séduits par le peu de neige tombée au cours de l'hiver et par les températures douces, espéraient un printemps précoce. Les centres de jardin et les attractions extérieures sont restés vides pendant une grande partie du printemps. Les commerçants de détail ont imputé au temps froid persistant une diminution de 30 % des ventes des produits et des services sensibles au temps qu'il fait. C'est ainsi que nombre de Canadiens et de Canadiennes ont annulé ou reporté à plus tard leurs achats de piscines, de climatiseurs d'air et de vêtements pour la saison chaude.

6. En ville, on a grillé cet été

Pour la majorité des Canadiens, ce fut un été mémorable avec des records de chaleur, des fins de semaine parfaites et peu de mauvais temps. Dans l'Est du pays, l'été a démarré lentement mais, une fois sur sa lancée il s'est poursuivi en beauté et s'est terminé avec le mois de septembre le plus chaud qu'on n'ait jamais eu. À Toronto, la température moyenne entre le 1er juin et le 30 septembre a été de 21.5°, soit une moyenne supérieure de 3,2 degrés à la normale, et la plus chaude enregistrée en 63 ans. Le nombre de jours chauds, c'est-à-dire dépassant 32°C, a été de 23 alors que la normale est de 5, et le nombre de nuits chaudes, avec une température supérieure 20°C, a aussi battu un record avec 19, alors que la normale est de 5. Dans la grande ville, non seulement il a fait chaud et humide mais, en plus, l'air était nauséabond avec la grève des éboueurs qui a duré dix jours. Toronto a déclaré 15 fois des alertes à la chaleur d'une journée et deux fois des situations d'urgence imputables à la chaleur. Ce fut le troisième grand nombre de jours de chaleur et les records précédents remontaient à 1955. Cette chaleur étouffante a incité les gens à pousser leurs climatiseurs, ce qui a provoqué des records de consommation d'énergie.

À Montréal, la période estivale, qui va du 21 juin au 30 septembre, a été à la fois la plus sèche et la plus chaude jamais enregistrée. De façon surprenante, les précipitations totales de l'été ont été inférieures de 25 % à celles de l'été dernier, qui constituaient déjà un record. Dans les Maritimes, l'été a démarré lentement. Dans l'ensemble, les températures ont été proches de la normale mais pour le cinquième été au cours des six derniers, les précipitations ont été inférieures à la normale. La Colombie-Britannique a connu un été splendide. Il compte parmi les dix plus chauds de la province et le troisième en terme de sécheresse avec des précipitations inférieures de 30 % à la moyenne. Dans le sud de l'Ontario et du Québec, les fins de semaine ont été splendides. Sur les 31 jours de fin de semaine et les lundis fériés que l'on compte entre le 1er juin et le Jour du travail, il n'y en a eu que de quatre à sept à connaître de la pluie, avec souvent simplement une petite averse. La plupart des Canadiens ne voulaient pas que ce temps estival splendide cesse, en particulier pour aller au chalet, faire des barbecues et pour célébrer des mariages à l'extérieur.

Ce qui a séduit les campeurs et les amateurs de plage s'est par contre révélé néfaste pour les agriculteurs et les jardiniers. Le manque de pluie a amené à craindre la sécheresse dans le centre du pays pour le second été de suite. C'est ainsi qu'à Sarnia, London et Kitchener-Waterloo, entre autres, le mois d'août fut le plus sec des mois d'août enregistrés et aussi le mois le plus sec jamais subi. À la station de l'aéroport Pearson de Toronto, on a enregistré le mois d'août le plus sec depuis 1937. En ce qui concerne la région des Grands-Lacs, les craintes ont été accrues parce que cinq des six derniers étés avaient été plus secs que la normale. La plupart des cultures avaient été plantées en retard à cause du printemps froid et humide. Si les conditions chaudes et sèches du début ont favorisé la production de maïs et de soya, la pénurie de pluie qui a suivi a nui à leur croissance. Dans les villes, la rareté des précipitations a endommagé des milliers d'arbres. Beaucoup sont morts alors que d'autres ont souffert et sont devenus plus vulnérables aux ravageurs et aux maladies.

7. Sécheresse sur la verte Colombie-Britannique

Le temps sec a fait « du temps supplémentaire » cette année en Colombie-Britannique. À Vancouver, il n'y a eu que 105 mm de pluie à tomber de juin à octobre, à peine le tiers de la normale et le temps le plus sec en 65 ans. Le climat était particulièrement sec en octobre quand tout juste 18,3 mm de pluie sont tombés à l'aéroport international contre une moyenne de 112,5 mm. Whistler et Port Hardy ont également connu leur mois d'octobre le plus sec de tous les temps. Dans l'intérieur des terres, Vernon a connu ses plus petites chutes de pluie entre juin et octobre, avec seulement 72 mm, un record depuis 1900, l'année au cours de laquelle on a commencé à comptabiliser ces chiffres. L'aéroport international de Victoria a également battu un record pour les précipitations les plus faibles sur la période allant d'avril à octobre.

Cette longue période de temps sec est due à une zone de haute pression persistante sur la province qui a empêché les orages de parvenir sur le littoral. De plus, un surprenant bassin d'eau chaude est apparu de façon soudaine dans la partie nord-est du Pacifique à la fin de l'été, à environ 1 500 km de la côte. L'absence de pluie qui en a découlé a amené à s'inquiéter des niveaux d'eau dans plusieurs régions de la Colombie-Britannique, y compris à Vancouver. Au début novembre, les réservoirs n'étaient pleins qu'à 25 % de leur capacité et leur niveau baissait de un pour cent par jour. Les migrations des saumons ont également été menacées parce que les cours d'eau du sud de l'île de Vancouver étaient à sec.

La situation s'est améliorée au début novembre, quand les orages de l'automne ont touché la région côtière, mais le reste de la province n'a pas reçu beaucoup d'humidité. Les fortes pluies ont inondé les sous-sols à Vancouver et l'aéroport de la ville a fait état d'une quantité de pluie correspondant presque à un mois (147 mm) en 17 jours consécutifs. Malheureusement, les pluies ont cessé aussi rapidement qu'elles étaient venues et ce qui semblait être le premier mois mouillé depuis longtemps s'est terminé par des précipitations totales inférieures à la normale. Les deux dernières semaines de novembre, en règle générale les plus humides de l'année, n'ont pas du tout connu de pluie. Dans l'intérieur des terres, la situation n'a pas été meilleure. Kelowna a reçu moins de 50 % de ses précipitations normales pour un mois de novembre, et pour la première fois, pas de neige du tout.

Au début décembre, alors que la faiblesse des précipitations et des niveaux des réservoirs battait des records, les responsables de la région de Victoria ont soulevé la possibilité de restrictions à l'arrosage extérieur en hiver, une première! La principale source d'approvisionnement en eau de la région, à Sooke, était en déficit de trois milliards de gallons et en perdait 18 millions par jour. Les gestionnaires de l'eau de la côte du Pacifique continuent à s'inquiéter étant donné que les trois dernières années ont fait partie des neuf plus sèches sur la période de 55 ans pour laquelle on a des données, avec des précipitations inférieures d'environ 15 %. D'autres secteurs d'activité qui ont besoin d'approvisionnements stables en eau, y compris ceux de la forêt, de l'agriculture, de la pêche sportive et commerciale, de l'hydroélectricité, des loisirs et du tourisme, le risque de pénurie fait aussi peser une menace.

Enfin, le 10 décembre, la pluie est arrivée! Une succession de forts orages du Pacifique a commencé à toucher la côte Ouest avec des vents très forts et de la pluie. Ils se sont ensuite dirigés vers le nord, en direction du golfe de l'Alaska, franchissant à l'occasion le littoral du nord de la Colombie-Britannique. Au cours d'un orage, les vents ont dépassé 100 km/h à Point Atkinson et 130 km/h sur la côte ouest de l'île de Vancouver, obligeant les spécialistes des prévisions à publier un avertissement fort rare de risque de vents de type ouragan dans le détroit de Georgia. Même l'aéroport relativement abrité de Powell River a enregistré de puissantes rafales à 111 km/h.

8. Quatre ouragans en quatre semaines

Les météorologues s'attendaient à une saison normale d'ouragans dans la partie nord de l'océan Atlantique et leurs prévisions se sont, pour l'essentiel, avérées passablement exactes. À la fin de la saison, il y avait eu une douzaine de tempêtes dont les noms allaient de Arthur à Lili, dont quatre sont devenues de vrais ouragans et deux ont pris la forme de très gros orages avec des vents dépassant 178 km/h. La saison a été la plus calme en cinq ans et cela s'explique, en partie, par le renforcement d'El Niño.

Si la saison elle-même a été jugée calme, septembre s'est distingué avec un mois particulièrement explosif puisqu'on a vu la formation de huit des 12 tempêtes ayant hérité d'un nom au cours de la saison - un record de tous les temps pour un seul mois dans l'Atlantique - qui s'est expliqué en partie par le réchauffement soudain de la température de l'eau de surface. Les quatre ouragans -- Gustav, Isidore, Kyle et Lili - sont apparus en septembre et ont tous touché le Canada d'une façon ou d'une autre.

L'ouragan Gustav a été le premier de l'année, et le premier à frapper si tard dans l'année en plus de 60 ans. Le 12 septembre, Gustav a touché terre près de Sydney, en Nouvelle-Écosse, une journée après être devenu un ouragan et ce fut le premier à toucher le littoral de la Nouvelle-Écosse en six ans. La tempête a provoqué des pannes d'électricité, fait tomber des arbres et provoqué des inondations mineures. Les pluies les plus importantes (100 mm) ont eu lieu près d'Antigonish, en Nouvelle-Écosse, et les vents les plus forts (122 km/h) sur l'île de Sable. Les restes de Gustav ont encore provoqué des rafales à plus de 100 km/h à Terre-Neuve quelques jours plus tard. Heureusement, un désastre a été évité de justesse à Charlottetown étant donné que Gustav a touché la région quatre à cinq heures avant la pleine mer. S'il était arrivé à marée haute, il y aurait eu 70 cm d'eau de plus à inonder le centre-ville.

Il y a ensuite eu Isidore, un des deux ouragans les plus forts de la saison, qui a pénétré dans les terres en Louisiane le 26 septembre. Même affaibli, il a réussi à toucher le sud des Grands Lacs et la région des Maritimes le lendemain avec des chutes de pluie fort bienvenues de 25 à 35 mm à l'est de l'Ontario.

Une semaine plus tard, l'ouragan Lili a touché la Louisiane à la suite d'Isidore. Le jour suivant, la tempête tropicale qu'il était devenu s'est combinée avec un orage de la région des Grands Lacs et a provoqué une forte dépression qui s'est déplacée dans le nord de l'Ontario et du Québec. Elle n'a provoqué que des pannes de courant et des chutes d'arbres.

Kyle, le dernier ouragan de septembre, n'a pas été si puissant que cela mais il a duré longtemps. Il est resté actif pendant 22 jours, ce qui en a fait la troisième plus longue tempête de l'histoire. Encore plus rare, Kyle a pris de la force pour devenir une tempête tropicale à quatre occasions distinctes. Les résidents de la baie de Fundy ont craint que la tempête ne concrétise une prédiction menaçante de l'Almanach de l'agriculteur voulant que Kyle vienne en seconde place pour ses dégâts avec la tempête Saxby de triste mémoire, une tempête vicieuse qui, en 1869, avait détruit des centaines de bateaux et emporté plus de 1 000 vies. Heureusement, Kyle n'a jamais atteint les côtes du Canada et la prédiction s'est avérée un échec.

9. La fumée du Québec franchit les frontières

Au cours de la première semaine de juillet, des millions de résidents de l'est du Canada se sont réveillés en sentant une odeur de fumée acre et en découvrant un ciel voilé. Les services de police et de lutte contre les incendies ont été inondés d'appels. Les images satellites ont montré que cette fumée provenait des incendies de forêt provoqués par des éclairs qui faisaient rage dans le sud de baie James au Québec. Ces feux ont été considérés comme les plus graves que la province ait connus en une décennie, étant donné que des dizaines de milliers de pins et d'épinettes noires ont brûlé dans la région de la baie James et du réservoir Manicouagan. Les incendies étaient si intenses que les bombardiers à eau ne pouvaient s'en approcher à cause de l'épaisseur de la fumée et des fortes perturbations des courants d'air.

Cette fumée s'est vue aussi loin de son point de départ parce qu'elle a été enfermée sous une couche d'air chaud qui a concentré son panache. La couche de fumée, d'une largeur de 200 à 300 km, a été aspirée par un flux d'un nord qui s'est répandu sur tout le sud du Québec et de l'Ontario, à l'ouest jusqu'au Michigan et à l'est jusqu'aux quatre provinces atlantiques, et aussi loin au sud qu'à Washington et Baltimore. Le nuage de fumée a réduit la visibilité à trois kilomètres par endroit et a voilé le soleil dans une grande partie du nord-est du continent. La ville de Québec a été noyée dans un brouillard blanc, limitant la visibilité dans la basse ville à moins de 500 mètres. À Montréal, de fines particules de cendre sont tombées sur les voitures et les autorités ont publié des avertissements en matière de santé. À Toronto, qui se trouvait en plein milieu d'une grève des fonctionnaires municipaux, l'odeur de la fumée s'est révélée un substitut agréable à celui des ordures pourries.

10. Du temps typiquement canadien pour les visites du Pape et de la Reine

Cette année, deux dignitaires connus dans le monde entier ont pu constater directement pourquoi les Canadiens sont si obsédés par le temps qui change si souvent.

Le pape Jean-Paul II est arrivé à Toronto le 23 juillet alors qu'un triple avertissement météorologique était en cours pour la chaleur, la fumée et l'humidité. Le jour précédent, un fort orage avait touché la région avec des pluies importantes et des vents élevés, provoquant des pannes de courant et faisant tomber des arbres. Près de London, une activité de la Journée mondiale de la jeunesse a dû être annulée à cause de la menace de tornades. Le 28 juillet, 800 000 personnes se sont regroupées à Downsview Park, au nord de Toronto, pour célébrer une messe à l'extérieur avec le Pape. Le jour précédent, sous une chaleur étouffante, des centaines de jeunes avaient dû être traités sur place ou dans des hôpitaux voisins à cause de malaises provoqués par la chaleur et des coups de soleil car la température à l'ombre avait atteint 30° C. Avant la messe du dimanche, aux alentours de 5 h du matin, une pluie serrée et froide est tombée pendant plusieurs heures et il a fallu traiter des centaines de pèlerins frissonnants pour l'hypothermie.

La Reine Elizabeth II est arrivée à Iqaluit, au Nunavut, le 2 octobre pour débuter sa visite du Canada à l'occasion de son Jubilée d'or. Des foules importantes sont venues accueillir le couple royal par des températures inférieures au point de congélation, et avec des flocons de neige. Deux jours plus tard, des milliers de résidents de Victoria ont accueilli la Reine et le Prince Philippe sous un ciel clair majestueux et un chaud soleil. Mais c'est le temps frais avec un régime de tempêtes du 8 octobre, à Winnipeg, qui a suscité le plus d'intérêt, en particulier une fois revenus à domicile. Au cours de l'après-midi, la température est descendue près du point de congélation et de forts vents nord-nord-ouest ont soufflé à 35 km/h, avec des rafales à 50. Le froid pénétrant est apparu encore plus froid sur la rivière Rouge où le bateau-mouche qui transportait le Couple royal est tombé en panne et a dû être remorqué jusqu'à la rive.

Le 12 octobre, le Couple royal s'est rendu à Sussex, au Nouveau-Brunswick, sous un soleil étincelant et avec des températures automnales agréables. Toutefois, le jour suivant, à Ottawa, la Reine a dû supporter un vent d'ouest frais et une pluie tenace pendant les cérémonies sur la colline du Parlement et au Monument commémoratif de guerre du Canada. Malgré ce temps misérable, plus de 4 000 spectateurs se sont fait tremper et ont frissonné pour assister à cet événement.

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