Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2005 : évènement quatre

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4. D'un été décevant à un été sans fin

Durant l'été, les résidents de l'Ontario et du sud du Québec ont dû composer, pour le meilleur ou pour le pire, avec un accès de chaleur torride et d'humidité insupportable. Si on l'associe à un nombre record de journées de smog, cet été fut sûrement un des plus chauds, des plus collants et des plus sales. Et quelle différence avec l'année 2004, qui n'a pas connu d'été - c'était soit trop froid, trop pluvieux ou trop nuageux aux goûts de la plupart des gens. Si 2004 fut une année sans été, 2005 fut celle de l'été sans fin.

L'été des étés a commencé par le mois de juin le plus chaud de l'histoire. Cette tendance s'est poursuivie en juillet, en août et à l'automne. Pour des régions traditionnellement chaudes comme Windsor et Toronto, la période de juin à août fut la plus chaude enregistrée. Le nombre de journées chaudes (>30 °C) à Toronto est important. Habituellement, la ville enregistre environ 14 journées de chaleur par année. En 2004, il n'y a eu que trois journées chaudes, alors qu'en 2005 on en a compté 41! Montréal se trouve également au-dessus de sa moyenne de 8 journées chaudes par année, car elle en a connu 23 en 2005, mais deux seulement en 2004. Toronto a émis huit alertes de chaleur et 18 alertes de chaleur extrême, pour un total de 26 journées chaudes. Le record précédent, soit 19, remontait à 1991. La chaleur estivale fut exceptionnellement persistante, avec quelques moments de répit entre chaque épisode.

C'est de l'humidité écrasante dont la plupart se plaignaient, et pour cause. À Toronto, le nombre de journées dont le taux humidex a dépassé un inconfortable 35 °C a atteint 44°C, égalisant les records de 1955 et 2002. L'été a aussi été marqué par une période d'humidité de type tropicale de 13 jours consécutifs, soit la plus longue à jour, qui a commencé le 10 juillet. La chaleur de la journée pouvait être oubliée grâce aux piscines et aux lieux climatisés, mais les températures nocturnes minimums empêchaient souvent les gens de dormir. À Toronto, les températures minimums se situaient quatre degrés écrasants au-dessus de la normale. De plus, 25 nuits ont été marquées par une température minimum supérieure à 20°C (c.-à-d. nuits tropicales), fracassant ainsi le record de 2002 (19 nuits).

En raison de la grande chaleur, de l'abondance de soleil et des déplacements peu fréquents des masses d'air, les nombreuses journées de smog étaient inévitables. Parfois, l'air lourd était presque irrespirable, et le smog si épais que la Tour du CN n'était que partiellement visible de loin. Le ministre ontarien de l'Environnement a émis un nombre record d'avis de smog entre le 1er mai et 30 septembre, soit pour 42 jours dans la province. Le nombre d'avis oscillait entre 38 à Toronto et 10 à Sault Ste. Marie. En juin, l'air était particulièrement mauvais et des avis de smog ont été émis pour 20 jours (les deux-tiers du mois). Un épisode a même duré huit jours, ce qui est sans précédent. Au Québec, il y a eu cinq épisodes de smog (pas d'avis) entre mai et septembre, 13 jours au total, variant entre 12 jours à Montréal et quatre jours dans les Laurentides et dans la région Québec-Beauce. L'épisode le plus long de mauvaise qualité de l'air a duré six jours, du 8 au 13 juin, à Montréal et dans la région de Drummondville - Bois-Francs.

À Toronto, au moins six décès sont attribuables à l'été chaud persistant, et il ne s'agit probablement que d'une fraction du taux de mortalité réel lié à la chaleur et au smog. Il n'est pas surprenant que la consommation d'électricité ait atteint un sommet. Le gestionnaire de l'électricité de l'Ontario a émis plus d'une douzaine d'appels d'urgence pour inciter les gens à réduire leur consommation d'électricité afin d'éviter les pannes rotatives. étant donné que la consommation de mégawatts atteignait des niveaux records, la province a dû réduire la tension électrique de 5 %.

Pourtant, la majorité des résidents ont semblé ravis que l'été n'en finisse plus. À la fête du travail, l'été s'est annoncé comme le plus chaud jamais enregistré. Il ne s'achevait pas. La période de six mois allant de juin à novembre a battu des records de chaleur dans certaines régions de l'Ontario et du Québec. Tout le monde parlait de la perduration de la chaleur, surtout à l'automne. Celui-ci fut agréablement chaud pendant si longtemps que de nombreux résidents se sont sentis coupables ou se sont inquiétés d'avoir bientôt à payer pour les excès de cette merveilleuse température.

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