Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2010 : évènement un

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1. Météo printanière pour les Jeux olympiques d'hiver

Carte du Canada montrant les endroits où le temps chaud a eu des répercussions sur les sites des Olympiques dans le sud de la Colombie-Britannique, y compris à Vancouver.

Un mois de janvier doux et humide prépare le terrain pour les équipes de travailleurs devant apporter de la neige et du foin en prévision des compétitions organisées au mont Cypress. © Aaron McCay Environnement Canada, 2010.

Le Comité d'organisation des Jeux olympiques (COVAN) avait promis que les XXIe Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver seraient les plus « verts » à ce jour. Comme il a dit vrai! Mais en aucun cas il n'aurait pu prédire que la cité olympique connaîtrait son hiver le plus doux jamais enregistré avec, pour ainsi dire, absence de neige – ce qui s'est avéré bien pire que le « phénomène météorologique du siècle » que craignent tous les organisateurs. Une des plus grandes préoccupations des officiels était l'influence du phénomène El Niño, c'est-à-dire, une élévation anormale de la température de l'océan Pacifique équatorial qui se manifeste tous les deux à cinq ans. Dix-sept épisodes El Niño sont survenus au cours des 60 dernières années. Lors des périodes où elle a subi ce phénomène, la ville de Vancouver a répertorié 14 hivers où la température était plus chaude que la normale (trois plus froids) et 14 hivers où il y a eu moins d'accumulation de neige (trois hivers où elle a reçu plus de neige que la normale). Malheureusement, le phénomène El Niño a pris naissance à l'été 2009. Il a pris de la vigueur et s'est comparé à la majorité des phénomènes précédents quant à son impact. Même si les organisateurs et les bénévoles étaient prêts à toute éventualité lors des Jeux d'hiver, incluant les conditions météorologiques, nul, en réalité, ne pouvait avoir le contrôle sur Dame nature. Sur le plan climatique, Vancouver a été la ville candidate la plus chaude de l'Histoire. Le risque était élevé; la tension ici tout comme à l'étranger était énorme.

Les conditions climatiques avant le début des Jeux olympiques n'auraient pas pu être meilleures. À Whistler-Blackcomb, qui accueillait les épreuves de descente, on a enregistré un record de plus de cinq mètres de neige dans la région alpine de la montagne – environ quatre fois la moyenne mensuelle totale. Les températures froides ont aussi rendu la neige dense et parfaite pour les sports de glisse. Pour la deuxième fois de son histoire, la station de ski ouvrait ses portes le 14 novembre soit près de deux semaines avant la date d'ouverture officielle. La neige a recouvert les pentes à Grouse et à Cypress Mountain près de Vancouver – sites qui accueillaient les épreuves de surf des neiges et de ski acrobatique. Le 1er janvier, on observait une accumulation de 108 cm de neige « or blanc » à Cypress Bowl, réduisant les inquiétudes face à un désastre imminent causé par la naissance du phénomène El Niño qui pourrait compromettre les Jeux.

Mais avec la nouvelle année, les conditions ont changé brusquement. Un El Niño plus vigoureux et une dépression provenant d'Hawaï ont inondé Vancouver. À quelques reprises en janvier, l'hiver à Vancouver avait davantage l'allure d'un mois d'avril. Les pluies diluviennes et les températures élevées de janvier et février ont donné lieu à des préparations frénétiques alors que Cypress Mountain affichait un air désolant plus approprié pour accueillir des épreuves de lutte dans la boue que des épreuves de surf des neiges. Plus de 300 travailleurs ont œuvré sans relâche pour acheminer 9 000 mètres cubes de neige à la pelle, à l'aide de camions, de bulldozers et prélevant de la neige d'un amas situé à plus de 250 km du site. Ils ont transporté des bottes de paille et du bois pour façonner les courbes de la pente et les rampes aériennes à l'aide de glace sèche intégrée dans les bosses pour empêcher la fonte et ont pulvérisé de la mousse isolante d'urée formaldéhyde sur la surface de la neige pour la préserver et la lier, pour ensuite être témoins de la destruction des fruits de leurs efforts par les pluies abondantes continuelles et les vents chauds.

Voici des exemples de quelques événements météorologiques qui ont ralenti le bon déroulement des Jeux :

  • Les températures à Vancouver en janvier se sont situées autour de 10 °C pendant 13 jours, ce qui représentait beaucoup plus que la moyenne de trois jours pour ce temps de l'année. Le mercure s'est élevé à 14,1 °C et n'est pas descendu sous la barre des -2,7 °C. Il n'y a eu que deux jours où, pendant cinq heures au total, le mercure a chuté pour atteindre le gel – ce qui est très loin des douze jours où, à Vancouver, le mercure descend sous la barre du gel pendant le mois de janvier.
  • Vancouver n'a jamais connu de période prolongée de températures élevées comme celle des 31 jours s'étant terminée le 9 février. Les records remontent à 114 ans. Entre le 8 janvier et le 16 février, la température moyenne à Vancouver s'est maintenue au-dessus de 5,2 °C pendant 40 jours consécutifs. La dernière période où les températures se sont maintenues au-dessus de 5,2 °C remonte à 1998 où elle avait duré 18 jours.
  • La ville n'a reçu aucune précipitation de neige après le 14 décembre alors qu'elle en reçoit habituellement en moyenne 35 cm. Au cours des 50 jours qui ont précédé les cérémonies d'ouverture, Vancouver n'a connu que 7 jours de temps sec, sans neige et une accumulation totale de 247,2 mm de pluie.

Les organisateurs à Whistler ont eu leur part de défis relatifs au climat : de la neige lourde et humide sur la partie supérieure de la piste pour les épreuves de descente, du brouillard épais ici et là au centre de la piste et de la pluie et des températures douces au bas de piste. Par moments, le surplus de neige devenait un problème et les pentes ont dû être grattées et arrosées pour obtenir une surface glacée, dure et rapide.

Au cours de la journée qui a précédé les cérémonies d'ouverture, le temps a terminé son œuvre en décimant Cypress Mountain. Les vents et les pluies diluviennes ont martelé la pente avant la séance de qualification, assez pour qu'on se demande si l'épreuve pouvait avoir lieu. Les conditions météorologiques au Jour 1 étaient extrêmement décevantes. Le mercure a atteint 10 °C à Vancouver et une vague de pluies torrentielles se dirigeait vers le Lower Mainland. Sur les pentes dénudées de Cypress Mountain, les spectateurs étaient blottis sous la pluie pour voir les skieurs rivaliser sur la neige à demi fondue et dans le brouillard. Les principaux médias et sites Internet partout au monde ont surnommé les Jeux de Vancouver « Rain Games » en raison des conditions météorologiques printanières, et tout cela a tourné au ridicule.

Dès le début de la première semaine complète des Jeux olympiques, la dépression dans l'océan Pacifique s'était dirigée vers le sud faisant place à un système de haute pression stationnaire qui a donné sept jours de temps ensoleillé, doux et sec. Enfin, l'esprit olympique a commencé à se manifester. Les spectateurs de partout au monde ont fait la fête. Les stades se sont remplis et les compétitions devenaient palpitantes. La Colombie-Britannique avait retrouvé sa beauté sous un ciel ensoleillé, avec ses jonquilles et ses cerisiers en fleurs. Les médias internationaux, qui avaient attaqué férocement les Jeux de Vancouver, se sont concentrés sur les compétitions et non sur la météo. Cependant, au cours des derniers jours, le système stationnaire s'est dissipé laissant place à un ciel couvert et au retour de la pluie.

À Whistler, moins de deux semaines après la fin des Jeux olympiques et juste avant les Jeux paralympiques, l'hiver est revenu produisant les meilleures conditions de neige de la saison. Bien sûr, il y a eu quelques moments de mauvais temps. Le jour de l'ouverture des Jeux paralympiques, on observait un brouillard épais persistant et de la neige lourde créant une visibilité médiocre qui a forcé le report des épreuves de ski alpin. Ironiquement, le 1er avril, cinq semaines après la tenue des Jeux olympiques, les pentes de Cypress Mountain étaient couvertes de neige poudreuse qui montait jusqu'à la taille. L'air froid et la forte accumulation de neige ont transformé les pentes dénudées de Cypress en un centre de sports d'hiver.

En dépit des conditions météorologiques épouvantables subies lors des cérémonies d'ouverture et des trois premiers jours des Jeux d'hiver, l'événement s'est révélé un succès reconnu. Lorsque les conditions météorologiques ont changé, l'humeur ainsi que l'esprit sportif de toutes les nations se sont transformés.

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