Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2007 : évènement sept

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7. Les Grands Lacs : jusqu'où le niveau de l'eau baissera-t-il?

Des milliards de litres d'eau se sont récemment évaporé des Grands Lacs, un système renfermant environ 20 p. 100 des eaux douces de surface dans le monde. En septembre, lac Supérieur a été à son plus bas niveau en cette période de l'année depuis 1900, année où l'on a commencé à le mesurer. Des sécheresses constantes et des températures plus chaudes en ont fait descendre les niveaux 10 cm sous le plus bas niveau mensuel jamais atteint depuis 1926. En outre, le débit de la décharge du lac Supérieur dans la rivière St. Marys a connu une forte baisse, ce qui augure mal pour le système des Grands Lacs, car ce lac est la plus importante source d'eau qui se déverse dans les quatre lacs et la rivière Saint-Laurent en aval.

Au 1er décembre, les niveaux d'eau des lacs Huron-Michigan chutaient également de plus de 66 cm sous le niveau moyen et d'environ un mètre par rapport aux niveaux enregistrés il y a une décennie. Ces niveaux d'eau étaient seulement 8 cm plus élevés que le niveau historique enregistré en 1964 au cours de la même période de l'année et le plus bas niveau jamais atteint en décembre depuis ce temps là. Les niveaux d'eau des lacs Érié et Ontario avaient respectivement baissé d'un cinquième et d'un quart de mètre par rapport à la moyenne à long terme, tandis que les niveaux du fleuve Saint-Laurent, à Montréal, étaient à plus d'un mètre sous la moyenne -- le plus bas niveau jamais enregistré depuis le début de la tenue d'un registre des niveaux en 1967.

Le lac Supérieur a toutefois obtenu le plus d'attention et d'explication. Ses niveaux d'eau sont constamment sous la moyenne depuis dix ans. Un élément encore plus significatif toutefois, c'est que, de juin 2006 à mai 2007, l'approvisionnement en eau du lac a été au plus bas sur toutes les périodes de douze mois enregistrées. Il est important de souligner que la baisse précipitée du niveau du lac Supérieur a été soudainement interrompue en octobre, lorsque le bassin du nord a été inondé par des pluies torrentielles deux fois plus fortes que la normale. L'apport en eau durant ce mois a atteint un niveau jamais enregistré auparavant, soit une augmentation d'environ 20 p. 100 par rapport au niveau record enregistré antérieurement durant ce mois. Plutôt que de baisser de 4 cm, comme cela se produit normalement en octobre, le niveau du lac Supérieur a monté de 14 cm. Le 1er novembre, les niveaux étaient de 20 cm plus élevés qu'ils ne l'avaient été six semaines auparavant. À la fin du mois cependant, l'apport en eau du lac était redevenu faible.

La baisse rapide des niveaux d'eau a posé de sérieux problèmes à la navigation commerciale. Les affréteurs ont dû réduire leur tirant d'eau, allégeant ainsi leur charge de plus de 10 p. 100. Les eaux moins profondes ont également perturbé les frayères des poissons et les espèces sauvages des terres humides, et occasionné des problèmes pour les plaisanciers. Plusieurs marinas ont commencé à draguer, tandis que de nombreux propriétaires privés de bateaux ont été abandonnés à leur sort. La production hydroélectrique a également connu une baisse en raison des plus faibles apports en eau dans le système.

La baisse des niveaux d'eau dans les Grands Lacs soulève des questions sur les effets que peuvent avoir les changements climatiques sur le système. Vivons-nous beaucoup plus tôt ce que les scientifiques ont prévu pour quelques décennies à venir? Il n'y a pas de doute que les niveaux du lac Supérieur baissent en partie à cause du manque de précipitations. En 2006, les précipitations dans tout le bassin du lac Supérieur ont été les plus faibles jamais enregistrées depuis le milieu des années 1920, et celles de 2007 étaient encore plus faibles. De plus, l'accumulation de neige a également été anormalement faible au cours des dernières années. En outre, le lac se réchauffe, tant en profondeur qu'en surface. De 1979 à 2006, la température de l'eau en été a grimpé d'environ 2,5 °C, soit deux fois plus que l'air ambiant. Avec un couvert de glace deux fois moins épais qu'il y a 30 ans, le lac Supérieur perd davantage d'eau en évaporation toute l'année durant. De tout cela se dégage une tendance qui fait que plus la température de l'eau est chaude, moins la glace est épaisse et plus l'évaporation est forte, d'où la baisse des niveaux de l'eau.

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