Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2000

Table des matières

  1. Première tornade mortelle en 13 ans
  2. Un été décevant dans tout le Canada
  3. Des pluies diluviennes inondent l'Ontario et le Manitoba
  4. Une tempête en janvier ensevelit les provinces de l'Atlantique
  5. Jusqu'à quel niveau descendra l'eau des Grands Lacs?
  6. D'autres ennuis météorologiques à la ferme
  7. Une inondation éclair submerge un village de la Saskatchewan
  8. L'ouragan Michael et la déprime de novembre
  9. Premier hiver du millénaire : doux et court
  10. Début précoce de l'hiver 2000-2001

1. Première tornade meurtrière en 13 ans frappe l'Alberta

C'est à l'heure du souper, le vendredi 14 juillet, dans une région du Canada réputée pour ses phénomènes météorologiques estivaux extrêmes, qu'une puissante tornade créant des vents de 330 km/h a frappé de plein fouet le camping Green Acres à environ 60 km au sud-est de Red Deer en Alberta. Pour les 1100 campeurs présents, tout n'a duré qu'une minute. En tout, 12 personnes ont été tuées et 140 blessées. On a estimé les dommages à 13 millions de dollars environ. La tornade de Pine Lake a tué le plus de personnes cette année en Amérique du Nord et elle a été la première tornade meurtrière à toucher le Canada en 13 ans. La dernière avait également frappé un parc pour caravanes un vendredi en Alberta; 27 personnes avaient alors perdu la vie à Edmonton. La tornade de Pine Lake a été la cinquième plus meurtrière de l'histoire canadienne, trois de ces cinq tornades étant survenues au cours des 16 dernières années.

L'explosion de force de la tornade fut à la fois impressionnante et effrayante. Les vents en spirale ont envoyé entre 40 et 50 caravanes dans le lac Pine, mais par miracle personne ne s'est noyé. Certaines embarcations ont été soufflées de l'autre côté du lac et d'autres ont été carrément pliées sur des arbres. Le tourbillon a enlevé toutes les feuilles de certains arbres et en a arraché d'autres. Des appareils ménagers, des divans, des lits ont été projetés dans le lac. De manière étrange, la tornade a pris des poissons du lac pour les rejeter sur la plage et dans le camping. Des balles de golf ont été enfoncées dans des troncs d'arbres et des haches ont été plantées dans des parois de caravanes. En revanche, au beau milieu du carnage, sur une table mise pour le dîner, aucun couvert ni assiette n'avait bougé.

L'été dernier dans les Prairies, les météorologistes ont été très occupés par 685 phénomènes météorologiques extrêmes: 91 tornades (le total habituel étant de 43), 310 tempêtes de grêle, 130 entonnoir de trombe, 96 chutes de pluie abondante et 58 coups de vent ayant causé des dégâts.

2. Un été décevant dans tout le Canada

Pour la plupart des Canadiens et des Canadiennes, le premier été du millénaire n'a pas été formidable. Il est donc difficile de le croire, mais la température moyenne de l'été au niveau national a dépassé la normale de 0,2 °C. Apparemment, le Canada suit l'exemple du Nunavut! L'été a tout simplement oublié les résidents de la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, là où les températures les moins estivales du pays ont été enregistrées, à environ 0,5 °C sous la normale saisonnière.

Ce n'est pas qu'il a fait vraiment froid, c'est plutôt qu'il n'a pas fait vraiment chaud. Il n'y a pas eu plus de deux ou trois jours torrides avec des températures maximales dépassant les 30 °C alors que la normale se situe à 10 ou 12 de ces journées, sans compter les 25 ou 30 de l'été précédent. De plus, le manque de soleil a laissé une impression de températures beaucoup plus basses.

Au centre du Canada, le début de l'été a été un des plus humides des annales. Au niveau national, l'été a été le troisième plus humide des 53 dernières années, avec des précipitations dépassant de 13% la normale. Il a plu quelque part en Ontario chaque jour du mois de juin. Chaque endroit a connu en moyenne 19 jours environ où il pleuvait suffisamment pour mesurer la quantité tombée; quelques-uns en ont connu jusqu'à 25 alors que la normale se situe entre 10 et 13. Les fins de semaine, notamment les longues, ont été particulièrement mauvaises, ce qui a accentué l'impression de temps spécialement humide pour la saison. À Montréal, entre le 1er juin et le 31 octobre, il a plu 19 fins de semaine sur 22, notamment pendant toutes les longues fins de semaine.

Dans les régions côtières de la Colombie-Britannique, la période de mai à juin a été particulièrement humide et froide. Victoria a établi un nouveau record d'absence d'ensoleillement en mai. Pour ne pas être en reste, Vancouver a reçu 100 mm de pluie de plus que la normale pour la période de mai à juillet et a connu son deuxième mois de juillet le plus humide des annales. À Edmonton, bien que le total des précipitations en juillet ait été légèrement sous la normale, la ville a connu 21 jours de pluie alors que la normale y est de 13. Calgary est fière d'avoir connu le deuxième mois de juillet le plus ensoleillé de ses annales et un mois de juin où chaque jour a eu du soleil, et pourtant il y a eu 20 journées humides et le total des précipitations de pluie a été plus élevé de 43% qu'à la normale. London a connu le deuxième été le plus humide de ses annales (elles ont 60 ans) alors que Toronto a établi un nouveau record pour les mois de mai et juin les plus humides de ses annales (elles remontent à 1840).

Aucune région canadienne n'a été satisfaite de cet été. La saison a toutefois fait la joie des moustiques; ils ont aussi vécu plus longtemps! Le temps humide, froid et nuageux a aussi été néfaste pour les secteurs des loisirs et de la vente au détail. Les marinas des Grands Lacs ont enregistré une chute de 25% de leurs activités commerciales. Les visites des parcs québécois ont quant à eux enregistré des chutes allant jusqu'à 20%.

Si le temps était mauvais pour les agriculteurs et les vacanciers, il fut bon pour ceux et celles qui souffrent de maladies respiratoires. Grâce à la pluie, aux nuages et aux températures plus fraîches l'air a été plus frais et plus propre que par le passé et les alertes au smog moins nombreuses.

3. Des pluies diluviennes inondent l'Ontario et le Manitoba

L'été a imposé à l'Ontario moins de phénomènes météorologiques extrêmes : 96 alors qu'au cours des dernières années il y en avait eu au moins 150. Les tornades et les tempêtes de grêle ont toutefois cédé leur place à un nombre sans précédent de chutes de pluie abondante, transformant les rigoles en torrents et comptant pour plus d'un quart des phénomènes météorologiques extrêmes de l'été. Des pluies torrentielles durant toute la journée ont assailli diverses régions de l'Ontario à plusieurs occasions, emportant des routes, remplissant des passages souterrains, coupant l'électricité et remplissant les sous-sols jusqu'au plafond. Des résidents malchanceux de Windsor à Woodstock ont dû nettoyer leur maison d'eaux d'égout brutes refoulées non pas une, mais deux ou trois fois. Le 9 juillet, la région de Stratford-Exeter-Woodstock a reçu jusqu'à 150 mm de pluie. Les gouvernements ont dû organiser des collectes spéciales pour ramasser des tonnes et des millions de dollars de biens gorgés d'eau.

Il est possible que les pluies abondantes aient eu des répercussions sur la qualité de l'eau. Les autorités locales et provinciales s'occupant de l'infection par la bactérie E. coli de l'approvisionnement en eau de la ville de Walkertown ont émis l'hypothèse que les pluies abondantes, en entraînant de la bouse de vache dans l'eau de la ville, aient pu jouer un rôle dans l'infection.

Une pluie torrentielle a frappé Muskoka le 31 juillet, déversant plus de 150 mm d'eau sur la ville en quatre à cinq heures. Des quantités plus importantes ont été officieusement enregistrées à Bracebridge - environ 275 mm - , soit davantage de pluie que n'en avait apporté l'ouragan Hazel en 1954.

Le sud du Manitoba a aussi connu quelques déluges. Le plus important s'est produit le 7 juillet quand une pluie diluvienne a déversé en quelques heures une quantité d'eau équivalente aux précipitations habituelles d'un mois, soit entre 75 et 110 mm. L'inondation a touché 44 municipalités. Des milliers de résidents de Winnipeg ont dû vider leur sous-sol inondé et récupérer leurs automobiles submergées quand les égouts n'ont pas pu absorber toutes les précipitations. Le niveau de la rivière Rouge a monté jusqu'à trois mètres au-dessus de la normale, un record pour l'été. Les demandes d'aide aux sinistrés soumises par les propriétaires ont amplement dépassé les 9 millions $ d'allocations de secours que le gouvernement avait réservés à cette fin suite à la tempête.

4. Une tempête en janvier ensevelit les provinces de l'Atlantique

Une des tempêtes les plus implacables depuis plusieurs années, considérée comme une autre «tempête du siècle» par les habitants, a frappé les provinces de l'Atlantique le 21 janvier. En un peu plus d'une journée, cette «bête» météorologique s'est précipitée des Carolines à la Nouvelle-Écosse. Les météorologistes ont averti le public de l'arrivée de nombreux malheurs qui y étaient reliés : blizzards, chute de neige abondante, pluies abondantes, vents d'ouragan, des ondes de tempête et des inondations du littoral.

Un deuxième blizzard en l'espace de cinq jours a laissé derrière lui jusqu'à 54 cm de neige dans certaines régions de la Nouvelle-Écosse et de l'Île du Prince-Édouard. Mais c'est l'eau et non la neige qui a causé le plus de problèmes. À Charlottetown, des vents violents et la plus forte marée de la saison ont provoqué l'inondation des berges, obligeant les employés municipaux à ériger en toute hâte des bancs de neige pour contenir la montée de l'eau de mer. Le « mur d'eau » qui s'est ainsi dressé a causé des dommages à presque tout l'ensemble du littoral de la province, faisant s'effondrer des quais, inondant des maisons et des commerces et déplaçant des chalets. Lors d'un incident étrange survenu à Tatamagouche Bay, en Nouvelle Écosse, deux chalets ont été soulevés, tournés et déplacés sur plusieurs centaines de mètres sur la plage sans même renverser une seule bouteille.

La tempête a également produit la plus grande vague à frapper Terre-Neuve depuis le tsunami, qui avait touché la péninsule de Burin en 1929, tuant 27 personnes. Cette vague exceptionnelle mesurait entre 15 et 18 m de hauteur et se déplaçait à une vitesse allant de 90 à 110 km/h. La puissance des vents faisait osciller les édifices. Bien que l'on n'ait déploré aucune perte de vie, la tempête a causé plusieurs millions de dollars de dégâts dans toutes les provinces de l'Atlantique.

5. Jusqu'à quel niveau descendra l'eau des Grands Lacs?

Trois mois de pluies dignes de la mousson dans la région des Grands Lacs n'ont pas pu pallier trois années de sécheresse causée par du temps chaud. Tous les lacs, à l'exception du Lac Ontario, s'amenuisent rapidement. Le niveau de l'eau diminue sans cesse et plus rapidement qu'à n'importe quel moment du 20e siècle.

Les pluies abondantes du printemps et du début de l'été ont arrêté temporairement la chute des niveaux des lacs Supérieur, Michigan et Huron, alors que les niveaux d'eau dans les lacs en aval continuaient de baisser en l'an 2000. Le niveau des lacs Michigan et Huron était un mètre plus bas qu'il y a trois ans et à son niveau le plus bas depuis 1964. Le lac Supérieur était à son niveau le plus bas depuis 1925. La baisse du niveau des lacs Érié et Ontario a connu un arrêt momentané. Cependant, la rareté des pluies de l'automne a fait que le niveau des précipitations à la fin de l'année se rapprochait des bas niveaux de l'année dernière. La probabilité que ces bas niveaux se perpétuent en 2001 est plus élevée aujourd'hui qu'elle ne l'était l'an dernier.

Le bas niveau de l'eau a causé des problèmes aux plaisanciers. Plusieurs marinas ont procédé à des opérations de dragage pour pouvoir servir leurs clients, mais de nombreux propriétaires de quais privés ont été forcés de rester au sec. La navigation commerciale est également devenue difficile; les charges ont dû être réduites pour éviter de s'échouer. Durant la première moitié de l'année, la production d'hydroélectricité aux chutes du Niagara a été réduite de manière notable par rapport à l'année précédente et la même chose s'est produite à Sault Ste. Marie durant la deuxième moitié de l'année 2000.

6. D'autres ennuis météorologiques à la ferme

Une fois de plus, les agriculteurs canadiens ont connu une année difficile. Un autre hiver doux n'a pas détruit les maladies et les insectes gêneurs. À l'approche de la saison de croissance, la plupart des agriculteurs s'inquiétaient de l'impact de l'absence de précipitations hivernales sur l'humidité du sol et d'autres réserves d'eau. Puis, une sorte de mousson de printemps a détrempé la terre, notamment au centre du Canada, et emporté les semences et les plants, retardant en général de deux à trois semaines la saison de croissance. Les conditions humides ont également créé un lieu de reproduction idéal pour les insectes et les maladies comme la pourriture de la tige et le mildiou. Presque toutes les principales récoltes ont été touchées par quelque type de virus, de bactérie ou de champignon. Partout, les agriculteurs attendaient anxieusement l'apparition du soleil et de la chaleur nécessaire pour la pousse. Dans le sud du Québec, l'ensoleillement total de mai à août a été de 1000 heures alors que la normale est de 1173 heures. Ensuite est venue la menace de gel et de pluies inopportunes durant les récoltes. Dans les provinces de l'Atlantique et dans le sud du Manitoba, l'humidité de septembre et d'octobre a empêché les agriculteurs de terminer leur récolte à temps.

L'humidité excessive et les maladies ont non seulement réduit les récoltes, mais aussi la qualité de la plupart de la récolte. Les rendements ayant baissé de 20 à 30%, deux fois plus d'agriculteurs québécois que l'année précédente ont soumis des réclamations pour perte de récolte auprès des compagnies d'assurances. Les producteurs de maïs-grain de l'Ontario et du Québec ont connu une année décevante malgré une surface plantée record. La production était inférieure de 15% à celle de l'année précédente. Certains agriculteurs ont abandonné la plantation et ont retourné leurs semences; certains autres ont été réduits à couper la paille et la souffler sur les champs car elle avait une plus grande valeur comme engrais que comme aliment.

Les éleveurs et les agriculteurs du sud de l'Alberta ont dû faire face à des conditions météorologiques parmi les plus sèches de mémoire d'homme. À Lethbridge, les éleveurs sont habitués à recevoir plus de 200 mm de pluie entre mai et août. Cette année, il n'est tombé que 68 mm. Selon les résidents d'un certain âge, c'était la pire sécheresse depuis 1918; même les années 1930 n'ont pas été aussi sèches que l'an 2000.

On a eu aussi quelques bonnes nouvelles. Selon Statistique Canada, les agriculteurs canadiens ont produit une quantité record de pois cultivé et des quantités proches de records de blé dur.

7. Une inondation éclair submerge un village de la Saskatchewan

Il y a une certaine ironie à ce qu'un des endroits les plus secs au pays reçoive la pluie la plus abondante et c'est bien ce qui est arrivé le 3 juillet à Vanguard en Saskatchewan, une communauté qui reçoit généralement peu de pluie. Ce jour-là une averse aussi intense que des jets de lave-auto a submergé la communauté de 200 âmes à quelque 65 km au sud-est de Swift Current. En huit heures, il est tombé 375 mm de pluie, soit la plus grosse tempête pour cette durée dans les Prairies canadiennes et une des plus intenses chutes de pluie jamais enregistrée au Canada.

L'orage spectaculaire a produit plus de coups de foudre que n'en reçoit en deux ans cette partie du sud de la Saskatchewan. Elle a reçu une quantité de pluie équivalente à une année complète, ce qui a noyé et fait pourrir les récoltes dans les champs, et laissé les routes et les voies ferrées sous l'eau. La force de l'eau a écrasé les voitures et les appareils agricoles, emporté les silos à grain et gorgé d'eau les grosses meules de paille. Les résidents bloqués ont dû être secourus par bateau, le moyen de transport le plus prisé de la rue principale de Vanguard. L'inondation éclair a aussi emporté des troupeaux de bétail et noyé des douzaines de chevreuils et d'antilopes. Comble d'ironie, des millions de litres d'eau contaminée ont submergé l'usine de traitement de l'eau et refoulé dans les maisons et les entreprises, forçant les autorités à faire venir de l'eau en bouteille de Swift Current.

8. L'ouragan Michael et la déprime de novembre

Les météorologistes avaient prédit une autre saison avec beaucoup d'ouragans dans l'Atlantique Nord. En fin de compte, 14 tempêtes portant un nom s'étaient produites, dont huit étaient devenues des ouragans et trois des grosses tempêtes. Cette année est donc la dernière des six années consécutives les plus actives du siècle au niveau des tempêtes tropicales. L'ouragan qui a eu le plus d'impact sur le Canada a été l'ouragan Michael qui a frappé le sud de Terre-Neuve le soir du 19 octobre. C'était le deuxième véritable ouragan à toucher terre canadienne en 25 ans après Hortense en 1996. Michael a fait souffler des vents très forts avec des rafales atteignant 172 km/h à St. Lawrence à Terre-Neuve. De façon étonnante, on n'a recensé que peu de dégâts, hormis quelques fenêtres secouées et quelques morceaux de parement mural extérieur arrachés. La très haute vitesse de ce système météorologique a gardé les précipitations sous les 50 mm.

Une tempête survenant juste avant Halloween a amorcé la plus longue période de temps morne et sans soleil dont pouvaient se souvenir les résidents des provinces atlantiques. Après qu'un système de basse pression se soit installé au sud de la Nouvelle-Écosse, refusant de bouger, St. John's, Charlottetown, Sydney et Greenwood ont enregistré des records de temps couvert sans interruption, entre 400 et 500 heures. La population de l'île du Cap-Breton, fatiguée du temps maussade, a dû subir 19 jours de pluie ininterrompue. Cette pluie qui semblait ne jamais finir a laissé au total près de 400 mm d'eau. Plusieurs journées ont établi des records de précipitation. Les résidents ont subi l'inondation de sous-sols, des refoulements d'égouts, ont vu des routes emportées par les eaux, des trous d'eau et des moteurs noyés. L'inondation a causé des dommages dépassant les 3 millions de dollars. Le système immobile n'était pas inhabituel, c'était sa longue durée qui l'était. Ce qui a rendu la situation doublement déprimante est le fait que les habitants des provinces de l'Atlantique ont raté ce que beaucoup considèrent la meilleure saison de l'année, leur merveilleux automne.

9. Premier hiver du millénaire : doux et court

L'hiver a été doux dans tout le Canada - le quatrième d'affilée et le quatrième plus chaud en plus d'un demi-siècle. Ce qui a été le plus frappant durant cet hiver a été sa courte duré, seulement cinq semaines et non cinq mois. Dans la plupart des régions, il a été parfaitement concentré entre la mi-janvier et la fin février. À Vancouver, il n'y a pas eu un seul jour où la température est demeurée sous le point de congélation. Jamais n'a-t-on connu de température plus élevée en Ontario que le 20,4°C enregistré à Windsor le 26 février. Il a fait plus chaud à Ottawa qu'à Reno et Jérusalem. Le lendemain, Montréal fracassa tous les records de chaleur de la ville avec un 11°C et Sherbrooke établit un record provincial pour le mois de février avec 15°C. Les températures clémentes ont épargné aux entreprises et aux propriétaires des millions de dollars en frais de chauffage; les consommateurs ont dépensé environ 10% de moins qu'ils ne prévoyaient.

Il y a eu aussi moins de neige! La plupart des villes du sud du Canada ont reçu environ 80% de leur accumulation normale pour la saison d'hiver. Edmonton a connu son hiver le plus ensoleillé des 81 dernières années et aucune journée n'a reçu plus qu'un maigre 5 cm. Victoria et Vancouver n'ont eu que quatre jours où l'accumulation de neige a été mesurable; l'accumulation pour la saison dans ces villes a été inférieure au tiers de la normale. En Ontario, une seule tempête hivernale importante est survenue; une tempête se mouvant lentement le jour de la Saint-Valentin a recouvert de 20 cm de neige la partie sud de la province. Des routes dangereuses ont créé des problèmes de circulation de Hamilton à Ottawa, mais n'a pu annuler une gigantesque cérémonie de mariage extérieure à Niagara Falls au cours de laquelle 200 couples ont renouvelé leurs vœux de mariage à l'occasion du nouveau millénaire.

Pour les skieurs de fond et les motoneigistes, l'hiver aurait difficilement pu être pire. Il n'y a pas eu de ski de printemps. La glace sur la plupart des lacs n'avaient pas 12 cm d'épaisseur (l'épaisseur minimale recommandée pour les déplacements en motoneige). Les carnavals d'hiver ont dû fabriquer ou importer de la neige. Comme prévu, le temps inhabituel pour la saison a nui aux ventes au détail mais les terrains de golf de tout le sud du Canada n'avaient jamais connu d'ouverture aussi tôt.

10. Début précoce de l'hiver 2000-2001

À l'échelle du Canada, les premiers signes de l'hiver ont été ressentis trois semaines avant le début officiel de la saison. Le 1er décembre, une tempête hivernale précoce a balayé l'Est de Terre-Neuve. St. John's a reçu près de 56 cm de neige et connu des vents de 90 km/h. Des milliers d'usagers ont été privés d'électricité. Au cours de la première semaine de décembre, une coulée polaire a envahi l'ouest et le centre du Canada apportant à l'Alberta ses températures les plus froides des trois dernières années environ. Le froid le plus intense est survenu dans les Territoires du Nord-Ouest où on a enregistré une température de -43°C à Fort Simpson. Dans le nord du Manitoba, le froid intense et des vents forts se sont combinés pour produire un blizzard féroce et un refroidissement éolien inférieur à -70°C. L'arrivée soudaine de l'hiver a fait que les résidents, qui payaient déjà 60% de plus pour le gaz naturel et l'huile de chauffage que l'année précédente, ont consommé 50% d'énergie de plus que l'année dernière à la même période.

Une très forte tempête a frappé l'Ontario et le Québec les 11 et 12 décembre, laissant derrière elle entre 20 et 50 cm de neige. Deux jours plus tard, une deuxième tempête a provoqué l'accumulation de bancs de neige qui s'élevaient jusqu'à la hauteur des genoux. Le temps n'a pas forcé les forces armées à venir aider Toronto, mais a causé bien des problèmes de circulation ainsi que le plus grand nombre d'annulations de vols depuis près de deux ans. La tempête a frappé lors de l'heure de pointe de fin d'après-midi dans la grande région de Toronto et a créé un désordre semblable le lendemain matin à Ottawa et Montréal. Les trois quarts des vols en provenance ou à destination de ces trois villes ont été annulés. De nombreuses écoles, des magasins et des services ont été fermés de Windsor à Québec. À Sarnia, 50 à 60 cm de lourde neige tombée durant la semaine et d'énormes amoncellements de neige ont provoqué l'effondrement du toit d'un magasin, tuant une employée. La tempête a continué vers l'Est, causant de fortes chutes de neige dans le nord du Nouveau-Brunswick et des pluies abondantes et des vents forts sur le reste des provinces de l'Atlantique. Les pannes d'électricité ont été fréquentes dans toute la région et la circulation a été arrêtée sur le Pont de la Confédération entre le Nouveau-Brunswick et l'Île du Prince-Édouard. En fin de semaine, l'hiver avait atteint la Colombie-Britannique. Jusqu'à 15 cm de neige recouvrait certaines banlieues de Vancouver et des coups de vents ont fait tomber des lignes d'électricité dans la vallée du Bas-Fraser et dans la partie Sud de l'île de Vancouver, privant d'électricité 100 000 abonnés. La tempête se transforma ensuite en un féroce blizzard qui s'en alla vers l'Est, balayant les Prairies.

… et nous étions encore à une semaine du premier jour de l'hiver!

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