Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2012

3. Les inondations en C-B : importantes, longues et… mortelles

Carte du Canada , où la région de province Colombie-Britannique et Johnson's Landing mise en évidence.

Le mois d'avril a commencé par un avertissement émis par  des prévisionnistes des régimes fluviaux en Colombie-Britannique sur les risques de graves inondations dans toute la province. Dans de nombreuses régions, les relevés de printemps ont montré une épaisseur de neige considérable, soit entre 120 % et 135 % de la normale dans de nombreux bassins versants, notamment sur toute la longueur du fleuve Fraser. La couverture de neige a été l’une des plus épaisses mesurées depuis des années, celle-ci atteignant le cinquième niveau en importance dans le bassin du fleuve Fraser et le second niveau jamais enregistré dans les rivières Skeena et Nass. Dans le col Rogers, il est tombé 324 cm de neige en mars, ce qui représente une accumulation de 172 % au dessus de la normale et la plus importante en 47 ans de records consignés. S’est ajoutée à cette source d’inquiétude la perte d’un nombre incalculable de lots de pin tordu latifolié au fil des ans, décimés par le dendroctone du pin, ce qui a eu pour effet de limiter la capacité du bassin versant à emmagasiner l’eau de fonte et à ralentir le ruissellement nival. Une courte vague de chaleur, accompagnée de pluie, a causé des inondations à la fin du mois d'avril dans les régions d'Okanagan et de Similkameen. La province a subi des crues printanières exceptionnellement longues et tardives avec le rafraîchissement des températures en avril et en mai. Un mois plus tard, la neige accumulée dans les montagnes n'avait pas beaucoup diminué, mais le temps faisait son œuvre.  Et puis, il y a eu d'autres mauvaises nouvelles. Des pluies enregistrées un peu partout sur le territoire en juin et de violents orages ont accéléré la fonte des neiges, ce qui a fait augmenter les risques d'inondations dans les régions de Kootenay et d'Okanagan, ainsi que le long du fleuve Fraser et ailleurs. La lutte contre les inondations a été menée sur plusieurs fronts dans la province. Emergency Management BC et les municipalités ont ouvert 19 centres d'urgence locaux, et le River Forecast Centre (centre de prévision des régimes fluviaux) a émis des avis de niveau d'eau élevé pour au moins une douzaine de rivières dans toute la province. À la fin du mois de juin, un système de temps humide, venu de la côte de l'Oregon, s'est déversé sur une bonne partie de la province et a entraîné des averses de 25 à 50 mm, causant ainsi une nouvelle série d'inondations. Certaines collectivités ont reçu plus de pluie en un jour qu'elles n'en reçoivent habituellement en un mois, plusieurs ayant même fait état de quantités du double au triple par rapport aux quantités normales; de nouveaux records mensuels et annuels ont ainsi été établis.

L'image des grandes eaux d'une rivière.

Sur les bords du tumultueux fleuve Fraser, les digues rompues ont menacé le bétail, et les dommages causés aux résidences et aux propriétés se sont étendus sur la totalité des 600 kilomètres de la bande entre Prince George et le canyon du Fraser. Des alertes d'inondation ont été émises à des milliers de résidants. À certains endroits, les eaux des rivières et des lacs ont monté à des niveaux jamais atteints depuis des décennies, forçant des centaines de résidants à quitter leur maison et des entreprises à fermer, et causant l'effondrement et la fermeture de routes. Des sections de bitume ont cédé, laissant des trous béants dans lesquels des dizaines de véhicules se sont engloutis. Au sud de Salmon Arm, les crues éclairs de plusieurs ruisseaux près de Sicamous ont arraché des maisons de leur fondation et ont fait s'effondrer des plates-formes, ce qui a forcé la fermeture de laTranscanadienne et de l'autoroute 97A, le long du lac Mara. De tout ce qui a été touché, ce sont les marinas qui ont subi le pire durant la saison haute. Près de Nelson, un homme s'est noyé lorsqu'un pont a été emporté.

Il y a eu d'autres décès liés aux conditions météorologiques le matin du 12 juillet lorsque les résidants de Johnson's Landing, sur les rives pittoresques du lac Kootenay, ont entendu un grondement sourd et ont senti le sol trembler. Quarante-cinq secondes plus tard, un important glissement de terrain engloutissait la collectivité, détruisant six maisons et tuant quatre personnes ensevelies sous des tonnes de débris. Le champ couvert de 4 m de boue, de pierres et d'arbres abattus, qui s'étendait sur une superficie équivalente à plusieurs terrains de football, a causé des pertes et des dommages importants dans la petite collectivité. Cette tragédie a été déclenchée par les pluies torrentielles de juin et par une fonte tardive de la neige qui a également fait monter le lac Kootenay à son plus haut niveau en 40 ans. Les pluies de juin ont été torrentielles et ont atteint des records, des précipitations de 228 mm étant tombées sur Nelson et Castlegar, au sud-ouest de Johnson's Landing. Avant le glissement de terrain, il avait plu douze jours sur treize, et ensuite, pendant sept jours consécutifs. Les causes du glissement de terrain ont été à la fois géotechniques et hydrométéorologiques : une coulée de débris et une inondation sur un versant instable façonné par des pluies persistantes sur toute la neige accumulée dont la fonte a été retardée par des semaines de temps froid et l'eau de la fonte qui a coulé en torrents des plus hautes altitudes. Deux jours après le glissement de terrain, les responsables des mesures d'urgence se sont précipités à Fairmont Hot Springs, 45 km plus loin, où une coulée de boue avait forcé l'évacuation de centaines de vacanciers. À cet endroit, le débordement d'un ruisseau à proximité avait occasionné un écoulement de tonnes de boue, de rochers et de pierres.