Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2012

1. 2012 : Attention! Chaud devant!

Carte du Canada mettant en lumière l'ensemble du pays.

Le fait que 2012 a été une autre année chaude au Canada – la 16e de suite – n’apas été une grande surprise. En effet, au cours des dix dernières années, seules quatre des 40 saisons ont été plus froides que la normale. Seulement en 2012, l'hiver, le printemps et l'été figuraient respectivement au sommet des listes des dix plus chaudes saisons. Étonnamment, tous les mois de juillet, d'août et de septembre ont égalé ou ont dépassé le record de chaleur de l'année antérieure. Par conséquent, la période de juillet à septembre a été la plus chaude de toutes les périodes de trois mois enregistrées au Canada en 65 ans. De janvier à novembre inclusivement, l'année 2012 occupe le quatrième rang des années les plus chaudes depuis 1948, date à laquelle la tenue de registres a commencé à l'échelle nationale. Des Canadiens de toutes les régions ont ressenti la chaleur, particulièrement les millions d'entre eux vivant dans la région des Grands Lacs et des basses terres du Saint-Laurent, où une telle période a été la plus chaude jamais enregistrée.

À l'échelle mondiale, cette situation s'est avérée encore plus unilatérale. La dernière fois que le monde entier a connu une année froide, c'était il y a 36 ans. Près de la moitié de la population mondiale n'avait jamais connu un mois plus froid que la normale enregistrée à l'échelle mondiale. Ce qui est encore plus remarquable, c'est que, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration des États-Unis, le mois de septembre 2012 a été le 16e mois depuis 2000 où on a égalé ou battu les records de températures chaudes partout sur la planète. Il y a maintenant 96 ans que le dernier record de température froide a été éclipsé. L'Organisation météorologique mondiale a déclaré que, malgré un refroidissement précoce causé par La Niña pendant la moitié de l'année, 2012 se retrouvera probablement parmi les dix années les plus chaudes depuis plus de 160 ans.

Le froid de l'hiver absent du Canada

Deux bonhommes de neige de fonte dans l'herbe.

En 2012, les Canadiens ont pu observer une absence quasi totale d'hiver; c'est-à-dire plus de pluie que de neige, du vert au lieu du blanc et des températures douces plutôt que froides.Cela ne ressemblait en rien à l'hiver. Les températures enregistrées entre les mois de décembre 2011 et de février 2012 étaient de 3,6 °C au-dessus de la normale, ce qui fait de cet hiver le troisième plus chaud jamais enregistré depuis que la tenue de registres à l'échelle nationale a commencé en 1948. En outre, à l'échelle du pays, il a été le deuxième hiver le plus sec derrière celui de 1956-1957. Les provinces des Prairies ont connu des températures de plus de 6 °C au-dessus des normales; ce fut l'hiver le plus sec et le troisième plus chaud jamais enregistré. Pour des millions de Canadiens vivant dans l'est du pays, il s'agit du deuxième hiver le plus chaud de l'histoire.

À Toronto, l'hiver n'en était tout simplement pas un. La ville a reçu cinq fois plus de pluie que de neige de novembre à mars, inclusivement. La neige a pratiquement fait faux bond; l'accumulation totale de 41,8 cm était la plus faible de tous les temps. Après le 1er mars, aucune chute de neige n'a pu être mesurée; de plus, de novembre à avril, on a recensé seulement neuf jours où il y a eu une accumulation de plus d’uncm. La température hivernale moyenne de la ville était la plus chaude depuis 1840 (date à laquelle on a commencé à tenir des statistiques). À Montréal, les températures inférieures au cours de la nuit n'ont jamais chuté au-dessous de -20 ° C (la marque d'un jour froid au Canada), et ce fut une première dans les registres. Un autre signe d'un hiver exceptionnellement doux a été la fermeture de la célèbre patinoire du canal Rideau à Ottawa après seulement 28 jours, soit sa deuxième saison la plus courte au cours de ses 42 ans d'existence. À Saskatoon, la température moyenne en après-midi pour les mois de décembre et janvier a atteint -3,2 °C, ce qui représente environ sept degrés de plus que la normale, ainsi que les températures les plus chaudes depuis le début de la tenue de registre dans les années 1880. En ce qui concerne les habitants de Calgary, s'il leur a semblé que l'hiver précédent ne finirait jamais, celui de cette année aura été l'hiver qui ne commencerait jamais. Pendant tout l'hiver à Yellowknife, les températures de l’air n'ont jamais tombé au-dessous de -40 °C. En général, on recenserait 10 jours d'un tel froid glacial dans la capitale.

À Winnipeg, les organisateurs du populaire Festival du Voyageur ont dû aller chercher de la neige dans les patinoires et les décharges à neige de la ville. La douceur sans précédent de la température a forcé l'annulation de carnavals d'hiver, de courses de traîneau à chiens, de concours de pêche sur glace et de tournois de hockey sur étang; par ailleurs, la neige était trop détrempée pour la sculpture. En Alberta et en Saskatchewan, au lieu des bancs de neige habituels, on a été témoin de pompiers éteignant des feux d'herbe et des feux de forêt. D'un autre côté, le temps exceptionnellement doux pour la saison a été accueilli chaleureusement en raison des importantes économies d'énergie réalisées au cours de cette période. De plus, pour les travailleurs et les entrepreneurs à l'extérieur, ce fut une saison de travail prolongée, exempte d'obstacles plutôt coûteux. La population croyait que l'hiver avait été annulé. Chez les détaillants en difficulté, les vêtements et les accessoires d'hiver remplissaient les étagères des magasins. Les services provinciaux d'entretien des routes ainsi que les municipalités ont économisé une fortune pour ne pas avoir dû déneiger autant que d'habitude. De plus, il y a eu moins d'effondrements de toits et d'accidents de la route. Les responsables de la santé ont été reconnaissants envers la douceur de l'hiver, car elle a entraîné un déclin des cas de grippes à l'échelle nationale. Par exemple, en Ontario, seulement 678 cas de grippe ont été recensés, ce qui est bien en deçà des 5 026 cas signalés un an plus tôt.

Un été long et chaud

Enfants à la plage pendant une journée chaude.

Peu de Canadiens ont osé se plaindre de l'été des étés en 2012. À l’échelle nationale, les températures des mois de juin à août ont été les plus chaudes de l'histoire, à près de 1,9 °C au-dessus des normales. Mais les mois de juillet à septembre ont été encore plus chauds, devenant les trois mois les plus chauds de tous les temps. L'ensemble du pays a connu des chaleurs au-dessus de la normale, en particulier le Canada atlantique, le nord des Prairies et certaines régions du Nunavut, territoire où l'été a été le plus chaud jamais enregistré. Seules les températures en Colombie-Britannique étaient proches des normales. Elles ont été si agréablement chaudes pendant tellement longtemps que de nombreux habitants se sentaient coupables ou étaient préoccupés par le fait qu'ils devraient éventuellement payer le prix de cette magnifique météo. Le mois de juillet a été particulièrement chaud; en fait, il a été le mois le plus chaud jamais enregistré au Canada. Un tel mois de juillet a également contribué à la période de 12 mois la plus chaude de l'histoire, laquelle s'étendait du mois d'août 2011 à juillet 2012 pour les Grands Lacs, le fleuve Saint-Laurent et l'ensemble des Prairies. À Calgary, la chaleur estivale est arrivée plus tard mais, entre juillet et septembre, on y a connu la période de trois mois la plus chaude depuis qu'on a commencé à tenir des statistiques en 1881. ‎La chaleur a commencé dès les premiers jours de juillet, alors que les Calgariens fondaient pendant le Stampede, et s'est poursuivie semaine après semaine et mois après mois. En Ontario, les jours de chaleur dont les températures dépassaient les 30 °C ont commencé dès le début de l'été, c'est-à-dire de la première longue fin de semaine du mois de mai, jusqu'à la fête du Travail. Par exemple, à Hamilton, on a compté 38 jours de température au-dessus de 30 °C, comparativement à la normale de 10 jours. Parallèlement, à Toronto, on a enregistré 25 jours de grandes chaleurs par rapport à une moyenne de 14. À Montréal, on a enregistré le double de journées chaudes qu'on connaît normalement, c'est-à-dire 20; la moitié d’entre elles étaient en juillet, un phénomène que l'on n'avait pas observé depuis 1970. Les ambulanciers étaient débordés; ils ont reçu 10 % plus d'appels provenant de personnes qui se plaignaient d'essoufflement, d'étourdissements et d'épuisement par la chaleur. Les autorités chargées des sports ont judicieusement reporté les parties prévues pendant la vague de chaleur extrême. Bon nombre de villes ont également connu des températures très chaudes pendant la nuit; cela fait partie d'une tendance à long terme observée dans l'ensemble de l'Amérique du Nord au cours des dernières décennies. Par exemple, à Toronto, on a connu 16 nuits dont les températures se sont maintenues au-dessus de 20 °C, par rapport à la moyenne de quatre. À certains moments, l'air dans le sud de l'Ontario n'était pas seulement chaud et extrêmement humide, il était également sale. Les vents dominants en provenance du sud ont entraîné avec eux des polluants, ce qui a déclenché à la fois la vague de chaleur extrême et les alertes au smog dans la région. Dans certaines villes de l'Ontario, des avis de smog ont été émis pendant 15 à 20 jours, comparativement à un ou deux jours seulement en 2011.

La chaleur ne se limitait pas à l'air. En effet, la température du lac Supérieur, le plus froid, le plus profond et le plus vaste des Grands Lacs, affichait exceptionnellement 8 °C au-dessus des normales à la mi‑août, une chaleur inégalée depuis un siècle. Les températures de surface du lac Ontario ont grimpé à 24 °C, alors que celles du lac Érié ont atteint 27 °C, des températures presque idéales pour la baignade. En raison de la chaleur de l'eau du lac, la prolifération d'algues toxiques a été plutôt florissante, particulièrement dans le lac Érié.