Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2012

4. L’été en mars

Carte du Canada , où les provinces est mise en évidence. Cela comprend: le Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard.

Un éminent climatologue américain a qualifié la vague de chaleur de mars 2012 de plus extraordinaire anomalie de température de l'histoire de l'Amérique du Nord. Elle était extraordinaire sur tous les plans : intensité, importance et durée. La chaleur a éclipsé tous les records de température précédents et a volé la vedette à l'hiver qui n'en était pas réellement un. Vers la mi-mars, les températures ont grimpé en flèche partout dans le centre et l'est du Canada; à ce moment-là, un grand nombre de villes ont enregistré des températures réservées au début de l'été. Des températures records et presque record (remontant au début de la tenue de registres en 1948) ont été enregistrées dans les deux tiers de l'Amérique du Nord, et ce mois de mars est le plus chaud jamais enregistré dans les Prairies et le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent.

La chaleur est le résultat d'un grand centre de basse pression situé au nord-ouest de la région des Grands Lacs et d'un puissant système de haute pression dans l'Est. Les deux systèmes, alternant dans des directions opposées, ont agi comme deux gigantesques engrenages, générant ainsi un important contraste de pression de surface qui a maintenu des vents modérés provenant du sud-ouest pendant plus de deux semaines. L'air chaud s'est transporté vers le nord dans un effet d'entonnoir à partir du golfe du Mexique jusqu'au Canada, entraînant à Kapuskasing des températures aussi chaudes qu'à Corpus Christi, au Texas. En outre, l'épaisseur de neige était négligeable du point de vue historique; ainsi, au lieu de perdre de l'énergie pour faire fondre la neige et la glace et pour dégeler le sol tandis qu'il se déplaçait vers le nord, le vent a été en mesure de conserver sa chaleur. Il convient également de noter qu'un vent persistant d’ouest en est plus au nord que d'habitude a confiné les vents froids de l'Arctique aux régions supérieures du Canada, ce qui a permis à l'air chaud de déferler librement vers le nord.

Voici un échantillon des incroyables records de température qui ont été établis au Canada pendant la vague de chaleur du mois de mars :

  • Fort Frances, en Ontario, ville habituellement complètement gelée à la mi-mars, a enregistré une température de 26 °C. Le 19 mars, la ville a aussi enregistré une température minimale de 15,1 °C; le record précédent pour cette même journée était de 10 °C.
  • À Winnipeg, la température a grimpé à 20,9 °C le 19 mars – soit la date la plus tôt à laquelle une température au-dessus de 20 °C a été enregistrée pendant une année civile. Tout aussi incroyable, un orage de très forte intensité accompagné de pluies torrentielles est survenu vers 19 h. Le lendemain, la température a atteint un sommet à 23,7 °C.
  • À Windsor, la température a été supérieure à 20 °C pendant dix jours, soit un record de durée.
  • À Halifax, le mercure a atteint 27,2 °C le 22 mars, battant ainsi le précédent record de 11,8 °C établi en 1983.
  • Le 21 mars à Petawawa, le mercure affichait 28,8 °C en après-midi, soit presque 17 degrés au-dessus du record précédent de 12,2 °C; ce fut la température la plus élevée jamais enregistrée en Ontario au mois de mars.
  • Lorsque les températures ont dépassé les 27 °C à Temiscaming, il s'agissait d'un incroyable record, soit 25 degrés au-dessus de la normale.
  • L'endroit le plus le chaud au pays fut Lake Major, en Nouvelle-Écosse, où l'on a enregistré un impressionnant 30 °C le 22 mars.
  • Halifax, Charlottetown, Fredericton, Hamilton, Winnipeg, Toronto, Ottawa, Montréal et Québec faisaient partie des quelques centaines de stations qui ont battu leurs records de tous les temps en mars. Pour plus de la moitié du pays, le nombre de records de température brisés se comptait en milliers, ce qui représente un record pour le nombre de records battus.

Même si l'hiver avait été doux, des millions de Canadiens ont apprécié ce printemps hâtif où chaleur inhabituelle et soleil en abondance se sont côtoyés. Les coureurs et les cyclistes ont rempli les trottoirs et les accotements; on a recensé d'énormes économies d'énergie pour les serriculteurs, les propriétaires de résidences et les clients du secteur commercial; les villes ont économisé des millions de dollars en déneigement et plusieurs terrains de golf ont ouvert plus tôt que jamais. Même les agriculteurs étaient dans le feu de l'action en devançant grandement leurs semaines de plantation.

Jeune fille à la recherche d'eau d'érable dans une érablière.

Mais, tous ne profitaient pas des rayons du soleil. Un record de chaleur au mois de mars a entraîné un raccourcissement de la saison des sucres en Ontario et dans l'ouest du Québec; le rendement s'est avéré inférieur à la moyenne. La coulée a commencé tôt et les températures étaient peu favorables à l'obtention d'un bon débit, et elle a brutalement pris fin lorsque les arbres ont commencé à bourgeonner, ce qui a rendu la sève inutilisable. En Ontario, les patinoires et les pistes de toboggan et de ski ont fermé avant la semaine de relâche plutôt rentable. Dans la plupart des régions du Canada, les arbres pollinisateurs et les graminées ont commencé à produire du pollen simultanément, ce qui a entraîné une trop grande quantité de pollen, trop tôt. Même les personnes sans allergies souffraient de chatouillements à la gorge et d'inflammation. Au Québec, plusieurs régions ont connu des problèmes d'inondations, tandis que toute la neige fondait très rapidement sous l'effet de la chaleur. À l'échelle de la province, la plus grande évacuation en raison d'une inondation s'est produite entre le 22 et le 24 mars : plus de 700 résidants de Saint-Raymond de Portneuf ont dû quitter leur domicile. De plus, à Perth-Andover, au Nouveau-Brunswick, la chaleur anormale de mars a déclenché les plus importants embâcles et inondations de l'histoire. Dans l'océan Atlantique, une fonte précoce de la couverture de glace a freiné la chasse aux phoques et dressé un obstacle important aux mères phoques qui dépendent de la glace pour donner naissance à leurs petits et les nourrir.

Les arbres fruitiers dans l'Est ont été particulièrement touchés par le temps chaud précoce : la floraison s'est effectuée près de cinq semaines plus tôt qu'à l'habitude et, lorsqu'un gel meurtrier s'est abattu sur les vergers de l'Ontario, du Québec et du Nouveau-Brunswick à la fin du mois d'avril, les dommages ont été substantiels. Les pomiculteurs ont été le plus gravement touchés lorsque les températures ont plongé en dessous de -5 °C pendant environ une douzaine d'heures à la fin du mois d'avril. La combinaison d'air froid, de vents légers et d'un ciel dégagé – cocktail mortel pour obtenir une gelée blanche – a entraîné le dépôt d'un manteau blanc sur les toits, les pare-brise et les fleurs fragiles. Ce refroidissement catastrophique soudain a tué environ 80 % des fleurs de pommiers de l'Ontario et a eu pour effet de réduire à moins de la moitié les récoltes de ces fruits fragiles. Les pertes totales ont été estimées à plus de 100 millions de dollars. Les fraisiculteurs ont également dû affronter plusieurs cas de gel; en général, leurs récoltes ont été de 50 % de moins que la normale.