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Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2010

Table des matières

5. Tempête historique : neige, vents violents et inondations

Carte du Canada faisant ressortir les régions du pays qui ont subi une série de tempêtes en décembre, dont le sud-ouest de l’Ontario, la Gaspésie, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et certaines régions de Terre-Neuve.

Deux semaines avant Noël, une tempête violente et massive par son ampleur a traversé la moitié est de l'Amérique du Nord, occasionnant des décès, des destructions et des difficultés extrêmes à des milliers de personnes. L'intense système météorologique provenait de l'ouest des Grands Lacs, mais ses effets et les souffrances entraînées ont été ressentis partout dans l'est. Le souvenir que les gens en garderont sera certainement l'écroulement du toit gonflable du métrodome de Minneapolis, au Minnesota, causé par la neige et le vent. Ce système a également donné lieu à une alerte au gel des cultures légumières de plein champ en Floride et au report d'un essai prévu de la navette spatiale américaine Discovery. Dans le centre des États-Unis, des centaines d'autoroutes ont été bloquées et des milliers de vols ont été annulés. Au moins 15 décès sont attribuables à cette tempête.

Une marée de tempête frappe près de Pointe-au-Père (Québec). © Claude Coulombe, 2010.

Au Canada, la tempête historique a été encore plus menaçante et dévastatrice, mais il y a eu moins de décès. En Ontario, la tempête a apporté le mélange habituel de pluie, de neige et de pluie verglaçante, mais c'est au moment de quitter la province le 13 décembre que son incidence a été la plus importante. À la suite d'un dépôt de 15 cm de neige fraîche, une masse d'air froid et des vents forts ont traversé les eaux libres relativement chaudes du lac Huron, suscitant ainsi la création d'une nouvelle bande de neige causée par un effet de lac qui se déplaçait à l'ouest de London dans le comté de Lambton et à Sarnia. Poussée par des rafales de 80 km/h, cette bande de neige a déversé jusqu'à 40 cm de neige au cours de son trajet, provoquant des conditions de voile blanc et des amoncellements de neige à la hauteur des hanches sur des routes qui sont rapidement devenues impraticables. Des centaines d'automobilistes ont été immobilisés par le blizzard aveuglant sur une distance de 30 km le long de l'autoroute 402 entre Sarnia et Strathroy. Les autorités ont déclaré l'état d'urgence et rapidement fermé l'autoroute et les chemins ruraux, puis elles ont arrêté la circulation entre le Canada et les États-Unis au pont Blue Water. (Parmi les nombreuses conséquences entraînées par la fermeture de la frontière et des routes, mentionnons une pénurie de pièces à laquelle ont été confrontés des fabricants de l'Ontario et du Michigan, particulièrement des fabricants d'automobiles.) Les files de voitures bloquées semblaient interminables. Des remorques mises en portefeuille sur la route et des voitures ensevelies par la neige jonchaient les deux côtés de la route. Au total, plus de 200 semi‑remorques et 100 voitures étaient coincées dans les murs de neige. Pour plus de 300 personnes isolées, leur seul refuge contre une visibilité nulle et un temps froid de -25 oC avec le refroidissement éolien était leur véhicule. Des dizaines d'automobilistes coincés ont marché péniblement jusqu'à des centres de réchauffement d'urgence et à des maisons de ferme le long de l'autoroute. Dans un effort de sauvetage colossal, des résidants locaux, des agriculteurs, des bénévoles de clubs de motoneige, des conducteurs de dépanneuse, 100 policiers du service provincial et 20 membres des Forces canadiennes se sont acharnés à ramener les personnes bloquées à la sécurité ou sur les lieux au plus tard le lendemain après-midi pour qu'elles reprennent possession de leur véhicule. Malheureusement, malgré ces efforts considérables, un automobiliste est décédé à 50 m de sa voiture en raison de son exposition aux intempéries.

La puissante tempête a attendu jusqu'à sa fin avant de faire rage dans l'est du Québec et les provinces maritimes, où les résidants avaient déjà subi les effets dévastateurs d'intempéries. Le 13 décembre, la tempête a atteint la région des Maritimes et a ralenti une fois dans l'ouest du Nouveau-Brunswick. Après avoir absorbé l'énergie et l'humidité provenant du Gulf Stream du côté de l’Atlantique, elle a déversé violemment sur l'est du Canada de grandes chutes de pluie et des vents semblables à ceux d’un ouragan. La première journée, on a enregistré une température record au Nouveau-Brunswick, soit près de 15 oC, et les vents étaient violents, atteignant entre 80 et 120 km/h. Les vents étaient encore plus puissants sur l'île du Cap-Breton et dans la partie ouest de Terre-Neuve-et-Labrador. Le toit de certains immeubles a été arraché et des centaines de poteaux électriques ont été endommagés ou inclinés par les vents violents, ce qui a provoqué une panne d'électricité touchant plus de 100 000 habitants. Dans la vallée de l'Annapolis, certains foyers et entreprises se sont retrouvés sans électricité pendant quatre jours. Des vents forts ont également limité les déplacements. De grandes quantités de pluie, dépassant plus de 175 mm en moins de 24 heures (ce qui est incroyable pour décembre), ont été déversées près de St. Stephen, au Nouveau-Brunswick, sur un sol déjà saturé des pluies abondantes tombées à l'automne. À Bayside, 185 mm de pluie sont tombés, ce qui en fait le jour le plus humide de l’histoire météorologique du Nouveau-Brunswick. Le record précédent était de 179,1 mm de pluie tombés à Alma le 1er avril 1962. À Fredericton, le 13 décembre, 105 mm de pluie sont tombés. Cette journée se classe parmi les dix jours les plus humides de la capitale, les précipitations record remontant à 1871. Les inondations ont été pires à St. George et à Bonny River qui se trouvent sur la côte sud. Les eaux se sont écoulées de la forêt, ont traversé les champs et ont atteint les terrains de stationnement, les routes et les sous-sols. Des équipes de sauvetage se sont servies de bateaux pour amener les résidants aux abris les plus près au milieu de la nuit. D'innombrables emportements par les eaux (routes et ponts) et pannes d'électricité ont eu lieu, et des centaines d'assiettes des rails ont été sapées. Entre les villes de Fredericton et de Saint John, plus de 100 routes ont été barricadées. Dans la foulée des pluies torrentielles, les autorités ont lancé des avertissements d'inondation et déclaré l’état d’urgence à St. Stephen et dans plusieurs autres villes et villages. Le programme Surveillance du fleuve, qui est appliqué au printemps, a été mis en vigueur puisque les niveaux d'eau le long du fleuve Saint-Jean ont dépassé d'un mètre les niveaux de crue. Cette mesure n'a jamais été prise à l'automne auparavant.

Sur l'île du Cap-Breton, des pluies torrentielles ont détruit des routes, des ponts et des ponceaux en béton et ont entraîné des éboulements et des coulées de boue. Des vents violents et de fortes pluies ont donné lieu à la fermeture de routes le long de la célèbre piste Cabot. Au milieu du mois, 251,5 mm de pluie étaient tombés à Sydney, ce qui représente trois fois l'accumulation normale de la ville pour la première moitié du mois de décembre.

Au Québec, la ville de Gaspé a été déclarée zone inondable après deux jours de précipitations abondantes de plus de 200 mm : il s'agit clairement des deux jours les plus humides de son histoire et d'une des chutes de pluie les plus importantes de l'histoire de la province. Une quantité de pluie incroyable est tombée au cours des deux premières semaines de décembre, soit une quantité équivalente à celle de près de six mois ou 357 mm et la moitié du mois reste à venir. Cet automne avait déjà été le plus humide enregistré avec des précipitations totales de septembre à novembre de 505 mm (soit 178 % des accumulations normales), ce qui avait des répercussions sur le sol et les cours des rivières. En Gaspésie, l'augmentation des niveaux de l'eau a forcé des centaines de personnes à fuir leur maison. Le long de la côte, les ondes de tempête ont entraîné des vagues atteignant jusqu'à 10 m. Un résidant a affirmé qu'il s'agit d'une des pires inondations qu'il ait vue depuis les années 1970. Les routes étaient submergées et 500 maisons ont été inondées dans une tempête qu'un responsable local a qualifiée de tempête « catastrophique et historique ». L'inondation a causé des millions de dollars de dommages à l'infrastructure locale et certains foyers et entreprises sont irréparables. Lorsque l'eau a submergé les chemins de fer de la région, VIA Rail a suspendu le service ferroviaire à destination et en provenance de Gaspé. De plus, des pluies abondantes au nord de Sept-Îles ont causé un glissement de terrain qui a eu des répercussions sur la livraison de matériaux à Schefferville et au Labrador.