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Les effets de l'ouragan Hazel - Long Branch

Le ruisseau Etobicoke est sorti de son lit, inondant complètement trois rues de Long Branch et faisant sept morts. Island Road et la 43e rue, situées au sud de Lake Shore Road, bordent le ruisseau Etobicoke. Elles ont subi de gros dégâts. On a condamné la plupart des maisons afin de prévenir une épidémie. Quand le ruisseau a débordé, quatre cents personnes ont été évacuées du parc de maisons mobiles Pleasant Valleyqui se trouvait sur la berge ouest du ruisseau Etobicoke, au nord de Lake Shore Road. Des 140 maisons mobiles que comptait le parc, certaines, dont la longueur atteignait jusqu'à 40 pieds (12,2 m) ont été tout simplement soulevées par les eaux et sont allées heurter d'autres immeubles. D'autres maisons mobiles sont demeurées en place, mais on a dû les emmener plus tard hors de la zone contaminée.

Plusieurs maisons ont été entraînées dans le lac Ontario. Certains résidents se sont trouvés prisoniers à l'intérieur de leurs maisons, tandis que d'autres se sont réfugiés sur les hauteurs ou sur les toits d'autres maisons. Les pompiers et les policiers ont aidé les gens à sortir de chez eux et les ont emmenés sur des terrains plus élevés ou sur des toits. On a lancé des cordes pour repêcher les gens qui étaient entraînés vers le lac. Voici le récit qu'a fait Don Nuttley, un agent de police, de la nuit qu'il a passée à travailler pour sauver les victimes de l'inondation : « J'étais dans l'eau, jusqu'à la poitrine, essayant de guider une embarcation vers un groupe de personnes en difficulté, lorsque je me suis retrouvé dans le courant. Je me suis dit que j'étais fichu. » L'agent Nuttley a dû être lui-même secouru. Après avoir passé plusieurs heures dans l'eau, il a été jeté dans le lac en même temps qu'un autre homme et sa famille. Edgar Beaulieu leur a lancé une corde:« J'étais en train de me noyer. Si Beaulieu ne m'avait pas tiré de là avec une corde, je ne serais pas ici aujourd'hui. »

Voici le récit de Jack Pickering, un résidant de Island Road : « J'étais coincé dans ma maison. En regardant à la fenêtre, j'ai cru voir passer une autre maison. Voilà la maison de papa, ai-je remarqué mais, lorsque ma propre maison a heurté quelque chose, je me suis rendu compte que c'était elle qui était en mouvement, pas celle de mon père. » (TS, 18 octobre 1954). La maison de Jack Pickering avait été soulevée de ses fondations et transportée 100 pieds (30,5 m) plus loin. Là, elle était venue se poser sur la voiture de Jack, enfonçant un peu plus cette dernière dans la boue.

Le conseiller Maurice Breen a participé au sauvetage des familles dans une embarcation à moteur : « Lorsque je suis arrivé, des gens se tenaient debout, dans l'eau déjà profonde. Nous pensions que c'était fini pour eux. Alors que je partais chercher des planches pour créer un pont, j'ai entendu hurler. Une femme était tombée à l'eau; nous l'avons rattrapée de justesse. »

Tous ont cru qu'Andrew Tannock, un résidant de Island Road, à Long Branch, était mort lorsque sa maison, arrachée à ses fondations, a été emportée vers le lac Ontario. Mais Tannock avait grimpé dans la charpente, sous le toit, et y était resté jusqu'à ce que sa maison finisse sa course. À ce moment-là, il en est sorti et a rejoint la berge à la nage.

La préfète Marie Curtis, de Long Branch, aurait déclaré : « S'il n'y avait pas eu les arbres pour retenir les maisons, la moitié d'entre elles auraient été emportées dans le lac. » (GM, 18 octobre 1954). Deux arbres, notamment, ont retenu une maison sur le toit de laquelle s'étaient réfugiées 35 personnes et qui se dirigeait droit vers le lac.

Plaque du parc Marie Curtis (photo: Peter Bowyer)
Plaque du parc Marie Curtis (photo: Peter Bowyer)

Voici l'histoire de Norm Clift, qui s'est retrouvé coincé par l'inondation dans un gros camion-benne, telle qu'il l'a racontée à Betty Kennedy : « Si ma mémoire est bonne, nous étions dix ou douze dans le camion, trois dans la cabine et les autres dans la benne. Nous avons descendu la rue et avons fait un premier arrêt à une maison de type chalet. Là, les adultes (les Thorpe) ont refusé d'être évacués, déclarant avoir déjà survécu à des inondations et se disant prêts à affronter celle-là. Ils avaient un bébé, toutefois, (une fille, je crois) qu'ils nous ont confié, avec une valise dans laquelle se trouvaient des biberons pleins de lait maternisé. Deux pompiers sont allés jusqu'à la maison, dans l'eau jusqu'à la poitrine, pour récupérer le bébé et la valise et les amener au camion. » (Kennedy, 1979; p. 93)

Le chef pompier Houston, qui se trouvait dans le camion avec Clift, a décrit l'inondation en ces termes : « L'eau continuait de monter, alors, lorsque le moteur était sur le point de caler, nous avons coupé la courroie du ventilateur. Cela a marché pendant un moment et nous a permis de nous rendre plus loin dans la rue, où nous avons récupéré deux personnes qui étaient prisonnières de leurs voitures entourées d'eau. C'est alors que le moteur a calé et que le courant nous a emportés encore plus loin dans la rue. Nous nous sommes arrêtés contre un gros chêne. À une vingtaine de pieds de nous se trouvait une maison. Sur la pelouse était stationnée une voiture. À côté, il y avait une maison en béton dont la cave était d'une hauteur peu ordinaire et dont le toit semblait solide. Toutefois, coincés dans le camion entouré de cinq ou six pieds d'eau, nous étions à la merci de la rivière. Enfin, quelqu'un est venu à notre rencontre dans une embarcation en cèdre et a emmené quatre pompiers, les deux personnes que nous avions tirées de leurs voitures et le bébé Thorpe sur le toit de la maison en béton. » (Kennedy, 1979; p. 93)

« Puis nous nous sommes mis à commenter, en criant pour couvrir le bruit, la montée du niveau de l'eau par rapport à la voiture qui était stationnée sur la pelouse. Nous avons d'abord vu disparaître les poignées de porte; puis, l'eau est arrivée à mi-hauteur des fenêtres, puis jusqu'au toit jusqu'à ce que, vers 3 heures ou 4 heures du matin à peu près, nous ne voyions plus qu'une toute petite partie du toit, comme une tache sur l'eau. Puis, nous avons vu la tache s'agrandir. Nous savions alors que l'eau avait atteint son niveau maximal.

« Alors que nous étions dans le camion et que l'eau continuait de monter, nous avons vu de grandes maisons mobiles du parc situé au nord du pont, sur la Lake Shore Road, bringuebaler dans la rivière. Nous pouvions entendre le cliquetis de la vaisselle et des marmites qui sautaient sur les étagères. Nous entendions aussi des gens appeler désespérément au secours, mais nous ne pouvions rien faire pour eux. À un moment, il y a eu des éclairs sur la rivière lorsque des fils électriques ont cassé et sont tombés dans l'eau.

« Les dégâts qu'avait causés l'ouragan Hazel et le paysage qu'il laissait derrière lui étaient époustouflants. Partout on voyait des maisons arrachées à leurs fondations, des voitures inondées pleines de boue et des racines et débris qui jonchaient le sol. La maison des gens (trois ou quatre personnes en tout) qui nous avaient confié leur bébé n'était plus là. Il n'en restait plus que l'escalier en béton » a déclaré Clift. (Kennedy, 1979; p. 94)

Ethel Forrester, qui habitait dans le parc de maisons mobiles Pleasant Valley, a raconté l'histoire de son sauvetage à Betty Kennedy :

« Nous étions couchés. Des coups à la porte nous ont réveillés. Je suis allée ouvrir et j'ai vu un homme en ciré, une lampe à la main, qui se tenait dans une immense flaque d'eau, sous la pluie torrentielle. "Madame, m'a-t-il dit, il y a une grosse tempête et le ruisseau menace de déborder. Vous devriez partir pendant qu'il en est encore temps". Je l'ai remercié et j'ai fermé la porte, pensant que le meilleur endroit où passer la nuit était encore ma maison mobile chaude et confortable. Puis, je suis retournée me coucher.

« Environ une demi-heure plus tard, on frappait de nouveau à la porte. Cette fois, l'homme avait de l'eau jusqu'aux chevilles et se faisait plus insistant. Nous devions partir pour nous réfugier sur les hauteurs. La pluie et le hurlement du vent ont fini par me convaincre qu'il avait raison. Il nous a dit de rassembler quelques affaires et d'attendre qu'il revienne nous chercher. Nous avons enfilé nos bottes et mis des manteaux par-dessus nos pyjamas et sommes restés à la porte à regarder l'eau monter. Un homme qui passait dans une petite camionnette nous a demandé si nous avions besoin d'aide. Il nous a proposé de nous emmener jusqu'à Lake Shore Road. Lorsque nous sommes montés dans son véhicule, l'eau atteignait les enjoliveurs. Il a confié son petit chien à mon fils et nous a raconté comment il s'était trouvé par hasard près du parc de maisons mobiles et avait décidé d'aller porter secours aux victimes après avoir vu l'inondation.

« Il a essayé de se rendre jusqu'à Lake Shore Road mais, arrivé à mi-chemin, a constaté qu'il y avait trop d'eau. Il a donc fait demi-tour pour essayer d'atteindre la voie ferrée qui se trouvait plus haut, au nord du parc de maisons mobiles. L'eau atteignait alors les portes et commençait de s'infiltrer dans la cabine. Nous avons compris à ce moment que nous devions sortir du camion si nous ne voulions pas y rester coincés. Nous avons ouvert les portes, non sans difficulté, et sommes sortis du véhicule pour nous retrouver dans l'eau glacée jusqu'à la taille. L'homme m'a portée tandis que je portais son petit chien. Mon fils John tantôt marchant, tantôt nageant, s'est rendu jusqu'au talus de la voie ferrée. L'homme nous a laissés là, au sec, avant de reprendre son petit chien et de repartir dans les eaux tourbillonnantes pour venir en aide à d'autres personnes.

« Nous avons escaladé le talus sur lequel s'étaient réfugiées de nombreuses autres personnes. Elles étaient là, debout, dans le vent glacé, la plupart en tenue de nuit. Un homme m'a tendu sa bouteille d'alcool dont j'ai volontiers accepté une gorgée. Nous avons ensuite décidé d'aller à pied jusqu'à une route qui était encore au sec et d'où nous pouvions rejoindre Lake Shore Road. Une fois arrivés là, nous avons trouvé quelqu'un qui nous a conduits chez un ami. » (Kennedy, 1979; p. 58-60)

A Long Branch, il a fallu évacuer 700 résidants du parc de maisons mobiles et des deux rues qui avait été condamnées. Le conseiller Len Ford a donc suggéré que la zone inondée de Long Branch soit transformée en parc : « Les résidants de Long Branch espèrent que la partie sud, au moins, sera transformée en parc et fera partie de la ceinture verte de l'agglomération. Il y a eu trop d'inondations dans ce secteur pour qu'on permette à des gens d'y vivre. »

Après l'inondation consécutive à l'ouragan Hazel, les résidants se sont résolus à quitter les lieux. Voici ce qu'a déclaré M me David Kestenberg, une résidante du parc de maisons mobiles : « J'ai horreur de céder, mais cette fois, c'en est trop. »

M me Ross Whitfield, une autre résidante, a déclaré ceci : « Cette fois, ça suffit, je pars. »

L'administration locale a demandé aux gouvernements provincial et fédéral de racheter 192 propriétés sur Island Road, sur les 42e et 43e rues et sur Lake Promenade à l'ouest de la 42e rue. Ce secteur a été condamné pour des raisons sanitaires. Un collecteur d'égout qui, avant l'inondation, était enterré à sept pieds sous le lit de la rivière s'est retrouvé, après la tempête, à trois pieds au-dessus du lit de la rivière. Des 192 propriétés concernées par l'expropriation, 43 étaient complètement détruites, 68 sérieusement endommagées et 37 légèrement endommagées. Par ailleurs, 30 garages avaient été détruits et un commerce sérieusement endommagé. Les premières estimations des dégâts dépassaient déjà le million de dollars. On a donc proposé un projet au coût de 1 600 000 $ pour enlever 300 maisons des terrains les plus bas et créer un parc de 35 acres.

Les trois quarts des gens qui habitaient dans le secteur sont partis. « Nous ne sommes pas en mesure financièrement de restaurer les services et de réparer les dégâts, mais nous sommes confiants que les résidants recevront une aide pour s'installer ailleurs. Seules deux personnes refusent de partir. La plupart des gens qui ont pu se reloger sont partis et nous mettons tout en oeuvre pour reloger les autres. Tous les jours, nous arrivons à trouver de la place pour reloger les sinistrés. Les gens, surtout les familles avec de jeunes enfants, ne veulent plus rester là et collaborent pleinement », a déclaré Marie Curtis, préfète de Long Branch. (TS, 28 octobre 1954)

Lorsque le parc de maisons mobiles de Pleasant Valleya fermé, le préfet Anthony Adamson a su faire taire les critiques, déclarant que certains étaient extrêmement chanceux de s'en être sortis vivants.

Monument commémoratif de Long Branch (photo: Peter Bowyer)
Monument commémoratif de Long Branch (photo: Peter Bowyer)

« Certes, Pleasant Valleyporte bien son nom, car c'est un endroit très agréable. Mais lorsqu'arrive une inondation, c'est une tout autre histoire. Or, vous avez subi trois inondations en cinq ans. » (GM, 18 octobre 1954)

L'orpheline de la tempête

Nancy Thorpe, alors âgée de quatre mois, fut la seule survivante d'une famille qui demeurait sur Island Road à Long Branch. On l'a surnommée “l'orpheline de la tempête.” Sa mère l'avait confiée au chef pompier, qui l'avait emmenée de l'autre côté de la rue. Lorsqu'il est revenu pour aider le reste de la famille à échapper à l'inondation, il a découvert que la maison avait été emportée vers le lac. Les parents de Nancy étaient M. et M me Clifford Thorpe. Au fur et à mesure qu'ils recevaient des nouvelles de la tempête, les gens proposaient d'ouvrir leurs portes aux sinistrés. Après avoir vu une photo du bébé Thorpe dans le journal, une famille de huit personnes a proposé d'héberger une autre famille de huit personnes. Quant à l'orpheline, elle devait passer Noël chez son oncle et sa tante. On n'a plus entendu parler d'elle ensuite.

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