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Résumé de la saison des cyclones tropicaux au Canada en 2010

Tempête tropicale Colin | Ouragan Danielle | Ouragan Earl | Ouragan Igor

Trajectoires des tempêtes de 20010

Trois cyclones tropicaux ont pénétré dans la zone d’intervention du Centre canadien de prévision des ouragans (CCPO) en 2010. Le CCPO a émis des bulletins sur quatre tempêtes, dont une (la tempête tropicale Colin) s’est dissipée avant de pénétrer dans la zone d’intervention. Le bureau de prévision du CCPO a été mobilisé une nouvelle fois quand l’ouragan Danielle est entré dans la zone le 30 août, touchant à l’extrême sud des Grands Bancs de Terre-Neuve. Puis, le 4 septembre, l’ouragan Earl, d’une longévité remarquable, a traversé la Nouvelle–Écosse; les prévisionnistes ont alors émis des veilles d’ouragan et des avertissements de tempête tropicale pour une bonne partie des provinces Maritimes. Environ deux semaines plus tard, le 21 septembre, l’ouragan Igor frappait Terre-Neuve avec force, causant d’importants dommages. Des veilles d’ouragan et des avertissements de tempête tropicale ont été émis pour la partie insulaire de la province. Le CCPO a diffusé, en tout, 79 bulletins d’information au cours de la saison des ouragans 2010.

Bien que le CCPO n’ait pas émis de bulletin officiel après le passage de l’ouragan Igor, les tempêtes tropicales Nicole et Tomas ont alimenté en humidité des systèmes frontaux stationnaires importants situés au-dessus de l’est des États-Unis et du Canada, à la fin de septembre et au début de novembre. La queue de la tempête tropicale Nicole a causé de fortes inondations et entraîné la mort de deux personnes dans le sud du Québec; de son côté, la queue de la tempête Tomas a causé, dans certaines parties du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, d’importantes inondations qui ont emporté des routes et des ponts. 2010 a probablement été la saison d’ouragans la plus dévastatrice et la plus coûteuse pour le Canada en plus de 50 ans. (Le coût total des dommages n’a pas encore été établi.)

Résumé des bulletins
Résumés des bulletins201020092008200720062005200420032002
Bulletins d’information sur les ouragans (WOCN3X/7X CWHX)79379048938710411368
Nombre de tempêtes décrites dans les bulletins126457888

Tempête tropicale Colin

Résumé de la tempête

Au début du mois d’août, il a semblé que la tempête tropicale Colin toucherait les eaux canadiennes; le CCPO a émis 11 bulletins et suivi des trajectoires en attendant le passage de Colin dans le district maritime extracôtier visé par les prévisions. Cependant, le 8 août, la tempête tropicale Colin s’est affaiblie alors qu’elle s’approchait des Bermudes par le sud. La tempête s’est dissipée, se transformant en dépression tropicale près des Bermudes, et n’est jamais entrée dans la zone d’intervention du CCPO.

Ouragan Danielle

Image de trajectoire pour la tempête Danielle

Résumé de la tempête

On s’était d’abord attendu à ce que l’ouragan Danielle, qui, à un certain moment, était de catégorie 4, se déplace au sud de la zone d’intervention. Toutefois, un creux barométrique en altitude a forcé Danielle à suivre une trajectoire plus au nord. De plus, en raison de ce creux, la transition extratropicale a commencé plus tôt que prévu, le vendredi 27. Le 30 août, le centre de la tempête, rétrogradée à une tempête de catégorie 1, se trouvait au sud du district maritime des Grands Bancs Sud visé par les prévisions. Même si les vents maximums associés à Danielle diminuaient au moment où la tempête passait par les Grands Bancs, on constatait une dernière période de baisse de la pression en son centre alors qu’elle s’éloignait.

Conditions

Les seules conditions de tempête observées au-dessus du territoire canadien ont été des coups de vent mesurés à la bouée 44140, située à la position 42,9 N, 51,5 W. Des vagues importantes de près de 7 mètres ont été mesurées près de la bouée, en grande partie attribuables à la houle engendrée plus tôt, alors que Danielle se déplaçait vers le nord-est. La houle a aussi atteint le sud de Terre-Neuve, sans qu’aucune conséquence négative ne soit signalée. Il y avait un creux qui s’étendait au nord de l’ouragan quand celui-ci est passé près de la bouée, et les vents ont d’abord viré (tournant dans le sens des aiguilles d’une montre) au passage de l’ouragan, avant de reculer (c’est-à-dire de tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) rapidement quand la tempête est passée au sud.

Dommages

Il n’y a pas eu d’impacts apparents sur terre.

Avertissements et bulletins d’information

Des avertissements de coups de vent ont été émis pour les moitiés sud du district maritime des Grands Bancs sud-est et sud-ouest visé par les prévisions à 2230Z, le 29 août (à 20 h, heure locale). Étant donné que la bouée 44140 chevauche la limite entre les deux districts de prévision et que des vents de force grand frais avaient été confirmés, on considère que les avertissements de coup de vent ont été vérifiés. Les prévisions quant à la hauteur des vagues se sont révélées très précises, l’annonce officielle ayant fait état de vagues de 5 à 7 mètres, le lundi 30 août au matin. De fait, d’importantes vagues de près de 7 mètres ont été signalées entre 6 h 30 et 9 h 30, heure de Terre-Neuve, le 30 août à la bouée 44140. En tout, douze bulletins d’information ont été émis sur Danielle, y compris un bulletin préventif le vendredi 27 août, quand il a été constaté qu’il ne serait pas nécessaire de mobiliser lebureau de prévision du CCPO.

Efforts de coordination et de communication

Le CCPO a d’abord communiqué avec le bureau météorologique régional de Gander (le Bureau météorologique de Terre-Neuve-et-Labrador, ou BMTNL) le vendredi 27 août, afin de discuter du bulletin préventif concernant Danielle et de la surveillance de la trajectoire de la tempête au cours de la fin de semaine. En raison du creux qui influait sur la trajectoire de la tempête, le bureau de prévision du CCPO a été mobilisé tard dans la soirée de samedi. Le lendemain (le 29 août), le CCPO a communiqué avec le BMTNL et avec le Centre météorologique canadien pour discuter des prévisions produites par le modèle de prévision numérique du temps. Le matin du lundi 30 août, le CCPO et le National Hurricane Center (NHC), à Miami, tenaient un dernier appel de coordination. À quelques reprises au cours de la vie de la tempête Danielle, les médias ont demandé des renseignements, principalement sur les possibles répercussions de la tempête sur l’Est du Canada et sur les raisons de la relative tranquillité de la saison jusqu’à ce moment-là.

Ouragan Earl

Image de trajectoire pour la tempête Earl

Résumé de la tempête

Earl s’est formé de manière classique au large des îles du Cap-Vert, le 27 août, puis s’est déplacé vers l’ouest pendant plusieurs jours atteignant la force d’un ouragan tout juste à l’est des îles Sous-le-Vent, dans les Caraïbes. Il s’est ensuite déplacé en direction ouest-nord-ouest, frôlant les îles du nord-est des Caraïbes et atteignant la catégorie 4. Du 1er au 3 septembre, l’ouragan a effleuré le cap Hatteras, en Caroline du Nord, puis a poursuivi sa route vers le cap Cod, au Massachusetts, contournant le versant ouest de l’anticyclone des Bermudes. À mesure qu’Earl se déplaçait vers le nord-est, le 3 septembre en fin de journée, il perdait de sa force pour n’être plus qu’un ouragan de catégorie 1; cependant, le champ de vent s’était nettement élargi. Le 4 septembre à 10 h 30 HAA, Earl a touché terre sous forme d’un ouragan de catégorie 1 (120 km/h) à environ 35 km au sud-ouest de Liverpool, en Nouvelle-Écosse; sa pression centrale demeurait basse, de l’ordre de 960 millibars. La vitesse de déplacement vers l’avant de l’ouragan était de 75 km/h lorsqu’il traversait le centre de la Nouvelle-Écosse pour atteindre le golfe du Saint-Laurent; devenu une tempête tropicale se déplaçant à 100 km/h, Earl a poursuivi sa trajectoire sur l’est de l’Île-du-Prince-Édouard, entre 15 h et 16 h. Earl est ensuite devenu une tempête post-tropicale dont la vitesse était grandement réduite; il a aussi rapidement diminué en intensité alors qu’il approchait du sud-est du Labrador.

Conditions

Earl a apporté de forts vents sur une bonne partie du sud et de l’est de la Nouvelle-Écosse, avec des rafales de la force d’un ouragan et des vents soutenus au-dessus des terres de la force d’une tempête tropicale. Plusieurs stations de Halifax et des alentours (zone urbaine) ont enregistré des pointes de vent de près de 110 km/h. Bien qu’il n’y ait pas eu de très fortes précipitations de pluie avec cette tempête, les conditions, lorsque la pluie était accompagnée de fortes rafales de vent, étaient typiques d’un ouragan. Heureusement, la tempête s’est déplacée plus rapidement qu’on ne l’avait d’abord prévu, ce qui a réduit les quantités de précipitations dans de nombreuses régions. Le gros de la pluie est tombé à la gauche de la trajectoire de la tempête, au-dessus du centre et du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, où on a mesuré jusqu’à 75 mm (3 pouces) de pluie, légèrement amplifié par la présence d’un front faible qui approchait. Le long de la côte Atlantique de Nouvelle-Écosse, on avait des conditions de mer agitée qui correspondaient à un ouragan de catégorie 1 ou à une forte tempête tropicale. De très hautes vagues pouvant atteindre de 10 à 13 m (33 à 43 pieds) de hauteur ont été signalées, les vagues les plus hautes atteignant jusqu’à 23 m (75 pieds) à la bouée du port d’Halifax (située à l’extérieur de l’embouchure du port). Une onde de tempête dans le bassin de Bedford (à l’entrée du port d’Halifax) a atteint 120 cm, soit 4 pieds. Certaines des quantités de pluie les plus fortes et des données sur les plus forts vents sont indiquées ci-après :

Stations
StationRafales de ventStationQuantité de pluie
Beaver Island, N.-É.135 (104 soutenus)Edmundston, N.-B.76
McNabs Island, N.-É.130 (104 soutenus)Florenceville, N.-B.*67
Wreckhouse, T.-N.-L.129St. Stephen, N.-B.55
Osborne Head, N.-É.*128Aéroport d’Halifax, N.-É52
Drum Head, N.-É.*127+Parc Kejimkujik, N.-É46
Aéroport d’Halifax, N.-É.117Charlottetown, Î.-P.-É.30
Jetée Shearwater, N.-É117  
Stephenville, T.-N.-L.115  
Antigonish, N.-É.*110  

* Observations de sources privées ou de bénévoles

Bouée - Vents maximums soutenus / rafales (noeufs)
BouéeVents maximums**
soutenus/rafales (nœuds)
Hauteur de vagues significatives (m)Hauteur maximale des vagues (m)
Port d’Halifax 4425846/6710,123,3
Banc de LaHave 4415045/6613,125,1
NE Channel 4402445/609,0nd
Talus Scotian Est37/4810,318,3

** Un vent soutenu dure en moyenne 10 minutes, mesuré à 5 m au-dessus de la surface de l’eau.

Dommages

Earl, en raison des vents, a principalement causé des dommages aux arbres, ce qui a entraîné des problèmes connexes. Dans le centre et l’est de la Nouvelle-Écosse ainsi que dans certaines parties de l’ouest de Terre-Neuve, de nombreux arbres ont été déracinés et d’autres ont eu le tronc brisé. Dans la région d’Halifax, les rues étaient jonchées de plusieurs grosses branches dont la chute a occasionné des pannes de courant à grande échelle, privant d’électricité jusqu’à 200 000 abonnés de la Nova Scotia Power, à un moment ou à un autre de la tempête. Il a fallu quelques jours avant que le courant soit rétabli dans les secteurs les plus touchés, comme l’est du comté d’Halifax et le comté de Guysborough, en Nouvelle-Écosse. À Corner Brook (Terre-Neuve), les arbres ont été lourdement endommagés quand Earl, devenu une tempête tropicale, est passé à l’ouest au-dessus du golfe du Saint-Laurent. On a aussi signalé des arbres abattus et des branches brisées à New Glasgow et à Antigonish, en Nouvelle-Écosse. Les vents ont causé des dommages mineurs aux toits et aux revêtements, en plus de dommages légers à moyens aux panneaux de signalisation.

Heureusement, il n’y a pas eu de dommages importants causés par une onde de tempête ou par des vagues, puisque l’ouragan est arrivé à marée basse. Les vents violents ont cependant emporté, à l’intérieur des terres, des embruns dont le sel a brûlé le feuillage des espèces caduques, des feuillus et des végétaux, qui s’est recroquevillé et est devenu brun. Les vents violents ont aussi lacéré et éclairci le feuillage d’arbres exposés, loin à l’intérieur des terres. On a signalé peu de dommages par la pluie en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve–et–Labrador; cependant, il y a eu quelques inondations mineures des rues à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick.

Avertissements et bulletins d’information

Le CCPO a émis un bulletin préliminaire sur Earl le lundi matin 30 août et un premier bulletin régulier le lendemain après-midi, à 15 h HAA. Par la suite, des bulletins ont été émis toutes les six heures, auxquels se sont ajoutés, dès le jeudi soir à minuit, des bulletins intermédiaires toutes les trois heures.

Pour le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, des veilles de tempête tropicale ont d’abord été émises tôt le jeudi 2 septembre; plus tard dans la journée, vers 15 h, on a émis les premières veilles d’ouragan. Le CCPO a émis des avertissements de tempête tropicale tôt le vendredi matin pour une bonne partie de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard et, plus tard en après-midi, pour certaines parties du sud du Nouveau-Brunswick. Le vendredi à 9 h, une veille d’ouragan a été étendue vers l’est pour inclure les comtés de Lunenburg et d’Halifax, en Nouvelle-Écosse. Des avertissements de tempête tropicale ont été émis le samedi après-midi à 16 h HAT pour l’ouest de Terre-Neuve, lorsqu’il est devenu évident qu’Earl conserverait ses caractéristiques tropicales plus au nord qu’on ne l’avait d’abord prévu, situation qui a découlé du déplacement rapide de la tempête cette journée-là.

Les délais d’émission des avertissements de tempête tropicale étaient en moyenne de 24 heures avant l’arrivée de la tempête pour les provinces Maritimes; pour l’ouest de Terre-Neuve, les avertissements de tempête tropicale ont été émis de 8 à 12 heures avant.

Quatre des huit régions de prévision publique qui ont officiellement fait l’objet d’une veille d’ouragan ont essuyé des bourrasques de la force d’un ouragan et des vents soutenus dont la vitesse était de peu inférieure à la force d’un ouragan (tel a été le cas notamment des rives des comtés d’Halifax et de Guysborough). Le CCPO a émis 34 bulletins d’information, et les bureaux météorologiques régionaux (le Centre de prévision des intempéries de la Région de l’Atlantique [CPIRA] et le BMTNL) ont émis 34 avertissements de vent pour les secteurs maritimes pendant l’événement météorologique.

Efforts de coordination et de communication

Earl est une tempête qui a duré longtemps et qui a suscité l’intérêt des médias très tôt, soit cinq jours avant de s’abattre sur la région. Les cartes de trajectoire du NHC (qui s’étendent jusqu’à cinq jours) ont marqué le début du vif intérêt manifesté dès le lundi 30 août. Au cours des jours qui ont suivi, il y a eu de nombreux efforts de coordination entre le CPIRA, le BMTNL, le Centre de météorologie aéronautique du Canada, les médias et certains ministères, y compris les bureaux de gestion des situations d’urgence.

Des séances quotidiennes d’information technique à l’intention des médias ont été tenues du mercredi 1er septembre au vendredi 3 septembre, de 13 h à 14 h, HAA. Une quatrième séance, qui s’est tenue par téléconférence, a eu lieu le matin du 4 septembre (jour de l’événement) afin de communiquer les dernières informations concernant les conditions et les dommages causés par la tempête. Au cours des séances d’information technique, le personnel a répondu à près de 100 questions, sans compter les quelque 220 autres demandes des médias avant et pendant l’événement. Un météorologue aux alertes du Service météorologique du Canada (SMC) dépêché au Centre des opérations d’urgence pendant l’ouragan aidait à la coordination et à la diffusion des messages. Des conférences téléphoniques ont été tenues avec d’autres bureaux de prévision (comme le bureau de prévisions aéronautiques de Montréal) ainsi qu’avec des météorologues aux alertes, après chaque diffusion d’une prévision par le CCPO. Le CCPO et le NHC ont coordonné leurs efforts à mesure que des veilles et des avertissements météorologiques étaient émis le jeudi. Les principaux appels de coordination ont eu lieu tard le vendredi et pendant toute la journée de samedi, alors que la tempête prenait de la vitesse.

Il y a eu une période d’environ dix heures, avant que la tempête touche terre, au cours de laquelle Earl était classé tempête tropicale par le NHC et ouragan par le CCPO (une différence de 9 km/h entre ces deux catégories), une divergence involontaire qui a créé une certaine confusion auprès du public. Étant donné que la vitesse de déplacement de la tempête augmentait, ce léger accroissement de la vitesse du vent au moment où la tempête a touché terre est compatible, bien qu’une estimation de vitesse maximale de vent soutenu de 9 km/h se situe à l’intérieure des limites d’incertitude des observations. À la suite des discussions qui se sont engagées après la saison des ouragans, Earl a été officiellement classé ouragan au moment de son arrivée à terre, mais il n’était qu’une forte tempête tropicale dans les heures précédentes.

Ouragan Igor

Image de trajectoire pour la tempête Igor

Résumé de la tempête

Igor s’est formé près des Îles du Cap-Vert, au large des côtes de l’Afrique, le 8 septembre 2010; il s’est ensuite déplacé en direction ouest traversant, de façon typique, les régions tropicales de l’Atlantique. La tempête n’a pas atteint la force d’un ouragan avant le 12 septembre. Igor a atteint sa plus forte intensité tôt le 15 septembre, alors que sa pression au centre a diminué à 925 mb et que les vents maximums soufflaient à 250 km/h, à peine moins que la vitesse d’un ouragan de catégorie 5. Puis, alors qu’il suivait une trajectoire nord-est, l’ouragan s’est affaibli au niveau d’un ouragan de catégorie 1, mais il s’est grandement étendu et a conservé une très faible pression, de l’ordre de 940 mb, en son centre. Igor est passé tout juste à l’ouest des Bermudes, tôt le 20 septembre, avec des conditions de vent d’une tempête de catégorie 1. Une fois passé les Bermudes, Igor a poursuivi sa route d’abord vers le nord, puis vers le nord-nord-est et a commencé à accélérer. Le même jour, un système frontal vigoureux au-dessus de Terre-Neuve est devenu stationnaire, tirant de l’humidité et des pluies très intenses qui s’étiraient vers le nord depuis l’ouragan. Tôt le 21 septembre, Igor a interagi avec un creux en altitude associé au front, et a repris de la force tout au long de la journée alors qu’il se dirigeait vers la presqu’île Avalon, à Terre-Neuve (qu’il a cependant évité, passant tout juste à l’est). La pression au centre a chuté à près de 950 mb et les vents ont augmenté d’environ 20 km/h pour atteindre 140 km/h quand l’ouragan a touché l’est de Terre-Neuve. L’interaction avec le creux a fait dévier la tempête sur une trajectoire plus au nord, qui a ensuite fusionné avec une autre vaste zone de basse pression le 23 septembre.

Un résumé opérationnel détaillé de la tempête (AWCN16 CWHX) a été présenté dans les deux jours suivant l’événement; comprenant une évaluation météorologique et un rappel historique destinés aux médias, ce résumé a permis de s’assurer qu’un ensemble de données cohérentes étaient transmises à l’interne ainsi qu’aux organismes partenaires. La version originale de ce résumé est accessible en ligne en cliquant ICI.

Conditions

L’ouragan Igor, le front et le creux associé à ce dernier sont à l’origine de l’intensité de cet épisode combiné de transition extratropicale. Le principal impact de l’ouragan Igor a été la pluie : plus de 200 mm (8 pouces) de pluie sont tombés sur les péninsules Burin et Bonavista. Et plus de 100 mm (4 pouces) de pluie sont tombés sur une vaste zone couvrant la moitié est de Terre-Neuve. Les vents étaient particulièrement forts du côté ouest du front et du côté ouest du centre de l’ouragan, alors que celui-ci suivait une trajectoire tout juste à l’est de la presqu’île Avalon. Des vents soutenus de la force d’un ouragan (environ 120 à 130 km/h) ont été enregistrés, avec des rafales allant de 150 à 170 km/h. Au-dessus du district de prévision maritime, on a signalé des hauteurs maximales de vague de 13 mètres (environ 43 pieds) sur la trajectoire de la tempête, et des hauteurs maximales de vagues significatives de 12 mètres (environ 39 pieds) à la plateforme pétrolière Hibernia, à environ 250 km à l’est de la trajectoire de la tempête. À l’est de la trajectoire, les vagues ont atteint des hauteurs de 25 m (environ 80 pieds). Toujours à la plateforme Hibernia, on a enregistré, à l’aide d’un anémomètre situé à une hauteur de 140 m (456 pieds), des vitesses maximales de vent soutenu de 174 km/h. Des marégraphes ont mesuré une onde de tempête de 70 à 100 cm (environ 2 à 3 pieds) près de la partie est de Terre-Neuve.

Station - Rafales de vent
StationRafales de vent (km/h)StationQuantité de pluie (mm)
Cape Pine*172 (122+ **)St. Lawrence238
Île Sagona163 (113 **)Bonavista235 ***
Bonavista155 (122 **)Lethbridge *194
Pouch Cove*147St-Pierre/Miquelon (FR)160
Pool’s Island146 (104 **)Pouch Cove *142
St. John’s (CYYT)137 (92 **)St. John's (ouest)134
Grates Cove135Gander124
St-Pierre (France, îles)135 (91)  
Argentia132  

* Observations de sources privées ou de bénévoles
** Vent soutenu pendant 10 minutes
*** Défaillance ou débordement du pluviomètre autour de la marque de 200 mm, suivi d’une estimation par radar

Bouée - Vents maximum soutenus / rafales (noeufs)
BouéeVents maximums**
soutenus/rafales(nœuds)
Hauteur de vagues significatives (m)Hauteur maximale des vagues (m)
Banc Banquereau 4413959/758,916,9*
Banc Nickerson 4425154/738,116,2
Queue du Grand Banc 4414053/7012,521,0
Grands Bancs Sud-Ouest 4413853/6812,525,5
Banc Burgeo Nord-Est 4425538/494,26,5

* Les données recueillies à cette bouée ont indiqué un maximum de 28 m (92 pieds) qu’il faudra vérifier par des analyses plus poussées.

Dommages

Le ruissellement d’eau de pluie abondant et les rivières gonflées ont causé de nombreux dommages aux routes et aux ponts ainsi qu’à certains bâtiments dans une grande partie de l’est de Terre-Neuve. Les dommages ont été plus importants dans les péninsules Bonavista et Burin où de nombreuses collectivités ont été isolées du réseau de transport principal lorsque des routes ont été emportées. Le ravinement des routes a été important, nécessitant le remplacement de ponts et la reconstruction de plateformes routières. Un homme a perdu la vie lorsque la route sur laquelle il circulait a été emportée. Les torrents d’eau dus au débordement des rivières ont détruit certains bâtiments et changé le cours de certaines rivières. De grands tronçons de berges et de routes ont été emportés par les puissants débits des rivières qui ont atteint des niveaux records. On a même vu des arbres matures arrachés par le déferlement d’eau. Des militaires canadiens ont été dépêchés à Terre-Neuve et le gouvernement fédéral a apporté une aide financière pour les travaux de rétablissement. Il a fallu construire des ponts temporaires pour que les collectivités aient accès à des services et biens essentiels, comme le carburant et la nourriture, ce qui, dans certains cas, a pris quelques semaines. Pour ce qui est de l’infrastructure routière, la principale priorité a été la reconstruction d’un tronçon de la route Transcanadienne dans le parc national Terra-Nova; emportée par les eaux, cette portion de route a fait place à un gigantesque ravin d’une largeur d’environ 30 mètres (environ 100 pieds), qui a complètement isolé la majeure partie de la population de Terre-Neuve du reste de l’île.

En plus des inondations, des vitesses de vent très élevées ont été constatées au-dessus des péninsules est de Terre-Neuve, renversant de nombreux arbres (particulièrement en région urbaine) et causant des dommages aux structures, notamment des toits complètement arrachés et des murs-rideaux effondrés.

Avertissements et bulletins d’information

Le CCPO a émis un premier bulletin préliminaire sur Igor le vendredi après-midi, 17 septembre, soit quatre jours avant le principal événement (survenu le mardi 21 septembre). Ce premier bulletin avait pour but de signifier le début des activités de surveillance de la tempête du Centre canadien de prévision des ouragans et d’aviser le public, avant la fin de semaine, de l’arrivée de la tempête.

Dès l’après-midi du 18 septembre, le CCPO a commencé à diffuser des bulletins réguliers. Les prévisions de trajectoire émises du samedi (18 septembre) au lundi soir (20 septembre) indiquaient qu’Igor passerait dans la partie centrale des Grands Bancs. Cependant, le mardi 21 septembre, en début de journée, il est devenu évident qu’Igor suivrait une trajectoire plus loin au nord-ouest et plus près de Terre-Neuve. Même le jour de l’événement, il a fallu continuellement ajuster la position et les prévisions de la trajectoire, toujours plus près de l’île, à mesure que l’information sur l’influence du creux en altitude changeait. Les prévisions quant à l’intensité de la tempête étaient constantes durant les jours qui ont précédé le passage d’Igor près de Terre-Neuve, indiquant un ouragan en transition avec des vents de 120 à 140 km/h. Tôt le 20 septembre, les prévisions ont commencé à indiquer la possibilité que la tempête connaisse une réintensification au cours de la transition extratropicale au-dessus des Grands Bancs.

Même si la menace de précipitations de pluie associée à l’événement a été prévue deux à trois jours avant, on ne s’était pas vraiment attendu à ce que la menace de vent pose un problème au-dessus des terres jusqu’au jour précédant l’arrivée d’Igor (le lundi 20 septembre). Ce n’est que le lundi que les modèles informatisés ont commencé Í montrer une plus forte probabilité d’un fort courant jet de vents du côté froid du front en interaction, situé au nord d’Igor. Des avertissements de tempête tropicale et de vents ont donc été mis le lundi après-midi pour l’est de Terre-Neuve (ce qui correspond au délai de prévision ciblé qui est d’environ 24 heures). Le CCPO a diffusé des veilles d’ouragan tôt le mardi 21 septembre quand il est devenu encore plus évident que la forte interaction entre le creux et l’ouragan donnerait lieu à des vents forts au-dessus des péninsules orientales. La plupart (90 %) des veilles et des avertissements émis concernant Igor se sont avérés exacts.

Le CCPO a diffusé 22 bulletins d’information sur l’ouragan Igor.

Efforts de coordination et de communication

Les médias ont manifesté beaucoup moins d’intérêt pour cette tempête qu’ils ne l’avaient fait pour l’ouragan Earl qui avait frappé les provinces Maritimes deux semaines et demie auparavant. Cet intérêt moindre des médias (et du public) était probablement attribuable à divers facteurs, notamment les différents scénarios proposés quant à la trajectoire de la tempête. Dans le cas de l’ouragan Earl, on a su beaucoup plus tôt qu’il y avait une plus grande probabilité d’impact quelque part au Canada atlantique que dans le cas d’Igor, qui se trouvait beaucoup plus loin dans l’Atlantique.

Même après que le CCPO a diffusé, le vendredi 17, un bulletin préliminaire sur Igor en tant que « préavis », il y a eu étonnement peu d’intérêt de la part des médias au cours de la fin de semaine. L’ouragan Earl, qui avait fait les manchettes quatre jours avant son arrivée, a suscité nettement plus d’intérêt. Ce n’est qu’après que le CCPO et le BMTNL aient commencé à avertir le public (la veille) des vents très forts prévus et une fois les graves répercussions connues que l’intérêt a commencé à augmenter. Une séance d’information technique par téléconférence a été tenue le matin du mardi 21 septembre (jour de l’arrivée de la tempête) à l’intention des médias et des représentants de la gestion des situations d’urgence. Le CCPO a répondu à environ 35 demandes des médias dont certaines avaient été acheminées directement au BMTNL avant d’être traitées par le CCPO.

Les communications entre les bureaux du CCPO et du BMTNL ont commencé tôt le vendredi 17, avant que le bureau du CCPO soit mobilisé. Ce premier contact était important pour établir la meilleure façon de décrire l’événement dans les prévisions météorologiques à long terme. Les communications entre le CCPO, le BMTNL et le Centre de météorologie aéronautique du Canada se sont poursuivies pendant toute la fin de semaine (soit les 18 et 19 septembre). Le lundi 20 septembre à 11 h HAA, le CCPO a tenu une séance d’information par téléconférence à l’intention du Centre des opérations du gouvernement (COG). Une autre séance d’information a eu lieu le mardi matin à 11 h HAA.

Les météorologues aux alertes (MA) d’Environnement Canada ont travaillé en étroite collaboration avec les services d’incendie et d’urgence de Terre-Neuve-et-Labrador, l’organisme provincial qui est principalement responsable d’avertir les municipalités et d’autres instances des menaces possibles avant, pendant et après l’événement.

Le CCPO et le National Hurricane Centre, en Floride, ont coordonné leurs actions pour la diffusion de veilles et d’avertissement et se sont accordés pour dire qu’Igor avait atteint le stade de tempête post-tropicale le 21 septembre.

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