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L'ouragan Hazel - Après l’ouragan

Suivez les liens ici-bas pour plus d'informations sur le rétablissement:

  1. La milice
  2. Les organismes de secours
  3. Contributions financières
  4. Le Fonds d’aide aux victimes de l’ouragan
  5. Les assurances

J.R. McFadden a décrit à Betty Kennedy le rôle qu'il a joué dans les opérations de nettoyage après l'ouragan Hazel:

« À la radio, on demandait aux bénévoles de se rendre au poste de police d'Etobicoke. À peine avions-nous commencé à faire la queue mon ami et moi que nous étions choisis et emmenés au bureau du médecin légiste. Mon ami portait un blouson de la faculté de médecine de l'Université de Toronto. On lui a alors demandé s'il était étudiant en médecine et s'il avait fait son stage sur les cadavres, ce à quoi il répondit par l'affirmative. Le Coroner et le chef de police, Andy Hamilton, nous ont alors demandé d'installer une morgue centrale au premier étage de l'ancienne caserne de pompiers, sur le côté nord de la rue Dundas, juste à l'ouest de la rue Burnhamthorpe.

« L'étage était divisé en son milieu par des cloisons mobiles. L'entrée, qui se trouvait à l'arrière, devait servir pour l'arrivée et la sortie des corps, ainsi que pour accueillir les personnes qui venaient pour identifier des victimes. Dès l'arrivée sur les lieux, les familles affligées étaient accueillies par des membres de l'Armée du Salut qui ont fait un travail remarquable pour les aider à retrouver les leurs. De l'autre côté de la cloison, le futur Dr Elliot Baker et moi nous occupions de la réception des corps. Notre rôle initial consistait à mettre sur pied et à administrer la morgue, mais nous nous sommes retrouvés à nettoyer les corps au mieux de nos capacités et à chercher des éléments qui pourraient en faciliter l'identification. Ensuite, nous rédigions une brève description des corps et indiquions l'endroit où ils avaient été trouvés avant de placer des étiquettes sur les orteils et de transmettre la description à l'Armée du Salut. De notre côté de la cloison se trouvaient, alignés sur trois rangées, les corps d'hommes, de femmes et d'enfants placés par ordre d'âge. Des couvertures recouvraient tous les corps.

« Il était évident que bon nombre de ces victimes avaient été emportées durant la nuit, car elles étaient encore en pyjama. Apparemment, elles n'avaient eu aucune chance de survivre.

« Le plus difficile pour nous fut de nous occuper du corps de l'un des concierges de notre ancienne école, un pompier volontaire qui avait été tué en tentant de venir en aide aux autres. Nous connaissions cet homme depuis longtemps et nous l'admirions. Nous étions bien au courant de ses activités au sein des pompiers volontaires car nous l'avions vu maintes et maintes fois, lorsque la vieille cloche d'incendie sonnait derrière l'école, traverser en courant la cour de l'école pour aller faire son devoir.

« Je me souviens d'un monsieur d'un certain âge qui est venu pour identifier le corps d'une dame âgée qui n'avait pas de famille et vivait sur Raymore Drive. Le monsieur - c'était son ancien employeur - voulait tout simplement que son ancienne amie soit enterrée dignement.

« Je me suis souvent demandé combien de ces victimes auraient pu survivre si elles n'étaient pas retournées dans leurs maisons pour aller chercher des objets que certaines d'entre elles serraient encore dans leurs mains. » (Kennedy, 1979; p. 125-126)

La milice

Huit cents militaires sont arrivés à Toronto pour participer aux opérations de nettoyage et de remise en état. Quinze groupes de la milice et huit unités de la réserve ont participé à la mission intitulée Exercise Search . Les hommes ont sillonné les rivières à la recherche de victimes, à l'aide d'embarcations, de gaffes, de lance-flammes, de bulldozers, de bêches et de barres à mines. Des unités de la Marine de la région avaient également assisté aux opérations de sauvetage en fournissant des hommes et des embarcations.

La milice ne pouvait pas affecter indéfiniment des hommes aux opérations de recherche car les miliciens - des civils - ne pouvaient s'absenter de leur travail pendant très longtemps. Les entreprises privées ne pouvaient continuer de payer les salaires de leurs employés pendant qu'ils participaient aux secours. Voici ce qu'a déclaré à ce sujet le Brigadier Purves : « Nous déplorons de devoir retirer la milice sans pouvoir passer le relais à un autre groupe. La restauration par les civils de la vallée de la rivière Humber prendra entre six mois et un an. L'inondation a été une des plus grandes catastrophes de l'histoire de Toronto. » Même après être retournés à leur emploi régulier, des miliciens ont passé des fins de semaine à fouiller les piles de débris et à les brûler sur place dans les secteurs envahis par les eaux stagnantes.

Les organismes de secours

Les dons de vêtements, de chaussures, de couvertures, de nourriture et d'argent ont afflué dans les bureaux de l'Armée du Salut. Les clubs philanthropiques tels que le club Kiwanis, les Lions, les Chevaliers de Colomb et B'nai Brith ont participé aux opérations. Marilyn Bell, la célèbre nageuse, a fait don de chaussures, de vêtements et de couvertures qui lui appartenaient au poste de police de la rue Keele. Le camp de travail de Springville, à New York, a fourni du matériel de cuisine et des lits. La Marine a envoyé sur les lieux 100 hommes et 12 baleinières; l'Armée a fourni 900 couvertures, 350 matelas, 175 lits superposés et 150 civières. L'Ambulance Saint-Jean a envoyé 75 hommes et l'Armée du Salut 100 personnes. Les Scouts ont effectué une surveillance pour prévenir le pillage à Etobicoke. Le Corps des transmissions de l'Armée a installé un système de communications le long de la rivière Humber. Harold Bradley, responsable de la voirie à Toronto, a mis des bulldozers, des camions et des tractopelles à la disposition des collectivités qui en avaient besoin. Toronto a fourni l'eau à Woodbridge et une brasserie a transporté, à l'aide de ses propres véhicules, de l'eau à Weston et à Willowdale. La Croix Rouge a envoyé des sauveteurs à Long Branch, envoyé du matériel à Bradford, ainsi que des infirmières à Woodbridge, pour administrer des vaccins contre la typhoïde. Les Scouts britanniques ont fait don de 1 000 livres pour les Scouts de la région qui avaient subi des pertes. Les membres de la Croix Rouge Junior ont donné leurs pièces de un sou pour aider les enfants victimes de l'inondation.

Deux hommes qui faisaient une collecte de vêtements ont rencontré un homme qui a enlevé la veste qu'il portait en disant : « Tenez, prenez ça. Ils en ont plus besoin que moi. » (TS, 19 octobre 1954)

Les entrepôts de l'Armée du Salut se sont rapidement remplis, si bien qu'il a fallu demander aux gens de cesser de faire des dons, tout en leur indiquant qu'on les aviserait si d'autres dons s'avéraient nécessaires.

La Croix Rouge a rapidement installé des refuges dans les secteurs touchés de l'Ontario, permettant d'accueillir 90 personnes à Port Credit, 30 à Lambton et 300 personnes qui avaient quitté le marais Holland, à Bradford. L'accueil dans les refuges était la grande priorité pour la Croix Rouge qui, ensuite seulement, se préoccupait de fournir aux sinistrés nourriture et vêtements.

Deux femmes de la Croix Rouge, Francis Bischoff et Pearl Butler, qui circulaient sur l'autoroute 400, déclarée impraticable par les autorités, pour livrer un chargement de vêtements destinés aux sinistrés, ont dû faire un détour par la route 11. À leur arrivée à Bradford, elles ont distribué du café et de la nourriture, pris les noms des sinistrés et organisé l'hébergement des sans-abri. « Nous avons aidé les parents et leurs enfants à s'installer pour la nuit dans le centre communautaire. Les enfants ont été admirables. À peine si on entendait pleurnicher », a déclaré M me Bischoff. (GM, 18 octobre 1954)

Contributions financières

Le conseil municipal de Toronto a fait don de 50 000 $, ce que certains ont jugé insuffisant. Nathan Philips, candidat à l'élection municipale, et le conseiller Balfour estimaient qu'un don de 500 000 $ aurait été plus « digne d'une ville comme Toronto dont les municipalités voisines avaient subi la plus grande partie des dégâts. » (TS, 19 octobre 1954)

L'agglomération de Toronto a proposé de faire un don de 100 000 $, outre les 50 000 $ offerts par la ville même de Toronto. Le maire Saunders a dû demander au gouvernement provincial de faire passer une loi spéciale pour autoriser le don. En vertu de cette loi, Toronto contribuerait à hauteur de 62 %, ce qui ramènerait la contribution totale de la ville à 112 000 $. Par ailleurs, le conseiller Lipsett estimait que, compte tenu de l'affectation d'employés et de matériel aux opérations, la contribution totale atteindrait bien les 500 000 $. Le conseil municipal d' Etobicoke a demandé à la province une aide de 500 000 $ pour aider à reloger les sinistrés.

La Chambre des Communes a voté pour fixer à 1 000 000 $ le montant de la contribution fédérale aux opérations de secours, afin d'égaler la contribution de la province. Par ailleurs, Frank Enfield, député libéral de Scarborough, a demandé que la somme de 5 300 000 $ soit accordée à l'Office de protection de la nature de la vallée de la rivière Humber. Il souhaitait voir cette somme affectée immédiatement à la construction de barrages destinés à empêcher d'autres inondations catastrophiques, même si on prévoyait la mise sur pied d'un programme plus complet de prévention des inondations qui allait se concrétiser plus tard.

Le Fonds d'aide aux victimes de l'ouragan

Le Fonds d'aide aux victimes de l'ouragan a été mis sur pied pour « recevoir les dons de tous les citoyens de la province et d'ailleurs qui souhaitent venir en aide à ceux qui ont perdu une grande partie de leurs biens. » (TS, 18 octobre 1954) Le premier ministre Frost et le président de la communauté urbaine Gardiner ont lancé un appel à l'aide à l'échelle nationale pour obtenir des fonds. Le Colonel Eric Philips a été nommé président du Fonds, le trésorier étant Neil J. MacKinnon, directeur général de la Banque canadienne impériale de commerce. Le but du Fonds était d'amasser de l'argent pour répondre aux besoins personnels des victimes de l'inondation. L'objectif était fixé à 10 000 000 $.

Fonds d’aide aux sinistrés de l’ouragan Hazel (Roy Mitchell/Archives nationales du Canada/RD931)
Fonds d’aide aux sinistrés de l’ouragan Hazel (Roy Mitchell/Archives nationales du Canada/RD931)

La ville de Hamilton a promis de verser 20 000 $ au Fonds d'aide aux victimes. Au nombre des autres donateurs, citons la compagnie Ford Motors (25 000 $), l'Église Unie du Canada (5 000 $), Laura Secord Candy Shops Ltd. (1 000 $), la Atkinson Charitable Foundation (250 000 $) et la British American Oil Company (20 000 $). Le Pape a exprimé ses sincères condoléances et a fait don de 10 000 $.

Des entreprises canadiennes, au nombre desquelles des banques, des compagnies d'assurance et des cabinets de comptables, ont fait des dons en espèces mais ont également fait don de marchandises, de services et de main d'oeuvre. Les dépenses de fonctionnement et de promotion sont demeurées très faibles, car la plupart du travail a été accompli par des bénévoles. Par ailleurs, Pitney Bowes a fait don de machines à écrire, Bell Canada a gracieusement offert le service téléphonique et Grand and Toy a fait don de bureaux. Les travailleurs de l'automobile - qui étaient en grève - ainsi que l'Armée de terre, la Marine et les Scouts ont également généreusement offert leurs services.

Les employés d'Avro Canada ont fait don, pour leur part, d'une journée de salaire, ce qui représentait 250 000 $. Un employé de la compagnie et son épouse avaient péri dans la catastrophe tandis que les maisons de 115 autres employés avaient été détruites ou endommagées. Une station de télévision de Hamilton avait reçu des promesses de dons totalisant 53 000 $ avant même que les stations de radio et de télévision de Toronto aient pu mettre sur pied les opérations de collecte de fonds. Des retraités ont fait don de leur chèque de pension et des enfants ont vendu des jouets et fait don du produit de la vente au Fonds d'aide aux victimes.

Un grand bureau central et neuf bureaux secondaires ont été mis sur pied pour recevoir les demandes d'aide relatives au contenu des maisons et aux effets personnels perdus ou endommagés par l'inondation. Ces bureaux ne s'occupaient pas des pertes causées par les infiltrations et le ruissellement en surface. Les dégâts non couverts par le Fonds d'aide aux victimes ont probablement été couverts par les assurances ou par des aides gouvernementales.

« Nous donnons aux victimes le minimum raisonnable pour satisfaire leurs besoins essentiels », a précisé le Colonel Philips, président du Fonds d'aide aux victimes, afin que la population ne confonde pas le Fonds avec les assurances. Certains se sont plaints de la réduction des montants versés aux demandeurs, d'autres prétendaient que ces derniers ne recevaient pas suffisamment d'argent pour remplacer ce qu'ils avaient perdu. Le préfet de Woodbridge a pour sa part déclaré que les sinistrés ne recevaient que le quart de ce dont ils avaient besoin.

Les ayants droit des victimes de l'inondation allaient continuer de recevoir des indemnités du Worker's Compensation Board après la dissolution du Fonds d'aide aux victimes.

Voici la répartition définitive des sommes recueillies par le Fonds :

  • Le total des sommes distribuées s'élève à 5 132 024,40 $;
  • 250 000 donateurs ont donné au total 5 278 624,98 $;
  • un montant de 56 660,58 $ a été mis en réserve en cas d'urgence pour faire face, le cas échéant, à des réclamations ultérieures;
  • 3 425 personnes, dont 1 197 enfants, ont bénéficié du fonds;
  • les enfants des victimes devaient recevoir, à leur 21 e anniversaire, la somme de 2 500 dollars plus les intérêts accumulés;
  • Les coûts de 67 funérailles et les sommes versées à 27 ayants droit totalisaient 324 113,13 $;
  • la somme de 1 392 633,96 $ a été distribuée pour le remplacement du contenu des logements et des vêtements de 1 663 ménages comptant 5 504 personnes;
  • 859 fermes ont subi des pertes : 216 ont subi des dégâts de clôtures et des ponts et ponceaux ont été endommagés dans 145 fermes. Le montant accordé aux agriculteurs a atteint 1 810 354,07 $;
  • 224 petites entreprises ont présenté des demandes pour le remplacement de matériel et de marchandises perdues dont la valeur s'élevait à 488 658,32 $;
  • 222 propriétaires de maisons mobiles ont reçu au total 320 534,75 $;
  • 19 organismes à but non lucratif, églises, hôpitaux et camps d'été pour enfants défavorisés ont reçu en tout la somme de 111 271,07 $;
  • 318 demandes concernaient des dommages causés à des voitures et à des camions, pour un total de 59 213,86 $;
  • les frais d'administration ont atteint 59 734,64 $, soit 11 % de la somme totale recueillie par le fonds (TS, 18 août 1955).

Les assurances

Les compagnies d'assurance ont installé des bureaux spéciaux pour répondre aux nombreuses réclamations consécutives à l'inondation à New Toronto, Woodbridge et Newmarket. Les renseignements que recueillaient les évaluateurs installés dans ces bureaux étaient acheminés ensuite aux quelque 200 compagnies d'assurance contractantes. Les sinistrés devaient aviser leur compagnie d'assurance des dommages qu'ils avaient subi, commencer les travaux de réparation, faire l'inventaire des biens qu'ils avaient perdu et attendre que les évaluateurs étudient leur demande. De nombreux sinistrés ont découvert que leur police d'assurance ne couvrait pas les dégâts des eaux. « Il est impossible de contracter une assurance pour les dégâts causés par une inondation depuis la grande inondation du Mississipi, il y a quelques années », a déclaré Douglas MacRae, codirecteur de la London and Lancashire Insurance Company Ltd.

Les assurances contre l'incendie couvraient les dégâts causés par le vent et par le reflux des égouts municipaux, mais pas ceux causés par l'inondation ou le reflux des fosses septiques. Si des vitres étaient cassées par le vent, les détenteurs de police pouvaient faire une réclamation pour les dégâts d'eau et obtenir un remboursement partiel pour les dégâts au contenu de leur maison s'ils avaient une assurance flottante sur les biens meubles.

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