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L'ouragan Hazel - Mesures d'atténuation

Suivez les liens ici-bas pour plus d'informations sur le mesures d'atténuation:

L'ouragan Hazel a été une catastrophe, toutefois, il a eu certaines retombées positives, à savoir la création de l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région (Toronto and Region Conservation Authority ou TRCA ) et la mise en place de systèmes d'annonce de crue. La TRCA est issue de la fusion de plusieurs petits organismes de protection de la nature. Elle a été créée pour gérer les plaines inondables et les cours d'eau de la région. Avant l'ouragan Hazel, on avait proposé d'ériger, sur la rivière Humber, des barrages qui serviraient d'ouvrages de régulation du débit du cours d'eau. Après l'ouragan, on a relancé l'idée de construire des barrages afin de prévenir une autre inondation de cette ampleur. Toutefois, il est très coûteux de construire des barrages capables de retenir une quantité d'eau telle que celle qu'a déversée l'ouragan Hazel. En conséquence, seuls quelques-uns des barrages proposés ont été construits. Il était plus important pour limiter les dégâts d'inondation et favoriser la protection de la nature d'acheter les terres inondables et de modifier les règlements de zonage pour empêcher toute construction sur les zones à risque le long des cours d'eau.

Les barrages

Deux ans avant le passage de l'ouragan Hazel, le conseil municipal de Toronto avait gelé un projet de construction de trois barrages sur le bras ouest de la rivière Humber. En étudiant les moyens de prévenir d'autres inondations de la sorte, la Humber Valley Conservation Authority avait envisagé de relancer ce projet qu'elle avait approuvé initialement, mais que le conseil municipal avait rejeté, objectant que Toronto devrait subventionner la majeure partie des coûts évalués à 2 000 000 $. Le plus petit barrage devait être construit au sud de la localité de Stanley Mills, elle-même située au sud de la route 7. Un autre devait être érigé à Clairville, un demi-mille au sud de la route 7, et un à Ebenezer, juste au nord de la route qui relie Brampton à la route 11. M. Leavens, alors président de l'Office de protection de la nature, a déclaré que les barrages n'auraient pas empêché l'inondation mais qu'ils auraient joué un rôle crucial. Le bras ouest de la rivière Humber recueille le tiers des eaux de la rivière. Les barrages auraient donc retenu une partie des eaux.

S.L. Barnes, directeur adjoint de la conservation pour la province, était plutôt de l'avis de Leavens, toutefois, la construction de barrages suffisamment solides pour retenir les eaux des crues aurait été extrêmement coûteuse.

Eric W. Baker, représentant du canton d'York, était opposé à la construction des barrages qui, selon lui, n'auraient joué qu'un rôle minime compte tenu de la quantité d'eau qui s'était déversée sur la région lors du passage de l'ouragan Hazel. Par ailleurs, il pensait que l'urbanisation de la région était une cause aggravante du débit de pointe de crue. Selon lui, il était préférable que le bureau météorologique fasse fréquemment le point sur les précipitations en cas de tempête et que les autorités municipales se chargent de prévoir le débit de pointe de crue et d'avertir la population de tout danger éventuel. Il a également recommandé qu'on interdise toute construction dans les plaines inondables.

A.H. Richardson, ingénieur principal de la conservation de la province, a indiqué que, si les six barrages proposés avaient été construits, le débit de pointe de crue n'aurait été réduit que de 35 %. « Les inondations ne sont pas dues à la rivière » a-t-il déclaré. (TS, 19 octobre 1954)

Les plaines inondables font partie intégrante du lit de la rivière. La construction de barrages, le labour parallèlement aux courbes de niveau, le reboisement et les mares présentes sur les exploitations agricoles contribuent à retenir les eaux lors des inondations. Par contre, le redressement du tracé et l'enlèvement des obstacles du lit d'une rivière augmentent la vitesse du courant. Les gens qui construisent dans des plaines inondables le font à leurs risques et périls.

La commission de planification de l'agglomération a demandé au gouvernement provincial d'exproprier tous les résidants des plaines inondables. M. Gardiner, président de la communauté urbaine, pensait que les barrages ne servaient à rien si ce n'est à maintenir le débit de l'eau en été et protéger l'environnement.

« Si on voulait être honnête et étudier à fond les causes des inondations, on s'apercevrait qu'environ 90 % des dégâts permanents résultant d'inondations sont dus à la construction de routes, de voies ferrées, d'usines, de résidences, de fermes etc., sur des terres qui, normalement, appartiennent au lit de la rivière », a déclaré un ingénieur de la United States Army (TS, 19 octobre 1954)

On a constaté que les gens reviennent toujours sur les terres inondables. Si dix à vingt ans s'écoulent sans inondation, tout le monde pense que l'endroit est sans risque.

L'expropriation

Les tentatives d'expropriation des terres après le passage de l'ouragan Hazel ont suscité bien des controverses. Voici ce qu'a déclaré Jim Patterson : « Je crois qu'il est temps que quelqu'un parle au nom des voisins qui ne pourront jamais se défendre, ceux qui ont péri dans la catastrophe et dont les propriétés ont été détruites par l'inondation de Raymore Drive. 

« Je crois qu'il est temps de faire savoir au gouvernement de l'Ontario que ces gens ne vivaient pas dans des taudis. Pourtant, c'est ce qu'on pourrait croire, à en juger par le plafonnement à 5 000 $ imposé dans le plan d'indemnisation. Je peux vous dire que 5 000 $ suffiraient à peine à payer la maçonnerie pour certaines de ces maisons. »

Le gouvernement prévoyait exproprier les propriétaires des terres basses susceptibles d'être à nouveau inondées. Les propriétaires devaient recevoir des indemnités basées sur la valeur du marché en plus d'un dédommagement pour les dégâts subis par leurs maisons et autres bâtiments. Les indemnités devaient atteindre quatre-vingts pour cent de la valeur estimée des dégâts, jusqu'à concurrence de 5 000 $, moins une franchise de 100 $. Les sommes versées par les compagnies d'assurance privées entraient également en ligne de compte dans le calcul des indemnités. Les indemnités versées pour compenser la perte du logement et les dégâts aux propriétés étaient distinctes des réclamations relatives aux effets personnels et au contenu des maisons, qui elles, relevaient du Fonds d'aide aux victimes de l'ouragan.

La Ontario Mobile Home Association a demandé que les propriétaires de maison mobile soient indemnisés au même titre que les autres propriétaires. Le plan d'indemnisation présenté à l'association par le conseil municipal de Port Credit prévoyait que les propriétaires de maison mobile ne recevraient que 300 $. Or les dégâts subis par leurs propriétés étaient en moyenne de l'ordre de 2 000$ à 2 500 $. La plupart des 143 maisons mobiles que comptait le parc ont été complètement submergées. Des cinquante qui étaient restées en place après le passage de l'ouragan, 20 étaient inhabitables en raison des dégâts causés par l'eau.

Les propriétaires de maison mobile ont poursuivi leur action contre le conseil municipal tout en essayant de se reloger. Le trésorier de l'association a déclaré que les propriétaires ne devraient pas s'attendre à ce que le conseil municipal leur verse des indemnités puisqu'il avait souhaité qu'ils quittent le secteur avant la tempête.

Trente propriétaires de Long Branch, résidants de Island Road, des 42e et 43e  rues et de Lake Place, ont été expropriés pour un total de 139 050 $. Dans le secteur inondé d'Etobicoke, sept propriétaires ont reçu au total 61 900 $; deux maisons de Raymore Drive ont été expropriées respectivement pour les sommes de 11 200 $ et 8 300 $. Les autres maisons expropriées étaient situées sur la rue Gilhaven.

Les propriétaires de Long Branch n'étaient pas satisfaits des 800 000 $ offerts pour l'expropriation de leurs 164 propriétés. Lors d'une réunion, les contribuables ont qualifié de vol le dispositif d'indemnisation comme en témoigne cette déclaration de William Bywater de Island Road : « On m'a volé. J'ai signé mais je vous conseille de refuser. Je me suis rendu dans les bureaux de la municipalité où on m'a proposé 3 400 $ pour ma maison. J'ai accepté l'offre. Comme je devais encore 2 800 $ sur ma maison, il m'est resté 600 $. Je suis sans emploi et depuis l'inondation je dois payer 19 $ de loyer pour deux pièces . »

« Ma propriété n'a pas subi de dégâts et je ne veux pas un sou. Donnez l'argent à ceux qui en ont besoin. Toutefois, je suis un simple ouvrier et je n'ai pas les moyens d'acheter une maison à 10 000 $. Pourquoi m'exproprier? Que ceux qui veulent un parc en paient le prix », a déclaré John Plewes.

Les résidants en colère ont organisé un débat spontané avec le conseil de l'agglomération. Selon Marie Curtis, la préfète du secteur, certains membres du groupe avaient intentionnellement échauffé les esprits afin d'obtenir une offre supérieure à celle, tout à fait correcte, qui leur avait été faite.

Deux familles de Long Branch ont dû être expulsées après avoir refusé de se plier à l'ordre d'un juge qui les enjoignait de quitter les lieux avant le 15 juillet 1955. Ils étaient demeurés sur les lieux dans l'espoir d'obtenir une meilleure indemnisation. La question avait été portée en arbitrage, mais aucune décision n'était attendue avant le mois de septembre. L'un des résidants, Thomas Sprigy, s'est vu offrir 6 100 $ pour sa propriété qui, selon lui, valait 9 800 $. Il l'avait achetée sept ans auparavant pour 4 900 $ et y avait fait des rénovations. Thomas Tugwell se trouvait dans une situation semblable puisqu'il avait acheté sa propriété pour 5 100 $ et y avait également fait des rénovations. On lui proposait 4 200 $ d'indemnisation.

Vingt-quatre propriétaires de West Hill étaient mécontents de la décision du conseil municipal de Scarborough de ne pas les exproprier. Le ruisseau Highland, qui traverse la localité, est sorti de son lit durant l'ouragan. L'inondation a détruit 13 chalets et causé des éboulements. Des voitures et des clôtures ont été enfouis sous la boue. On avait recommandé l'expropriation mais un litige était survenu du fait que les résidants ne sont pas propriétaires du sol sur lequel reposent leurs propriétés.

La somme de 143 000 $ a été versée pour l'expropriation de résidants du secteur du sentier Humber, qui devait être transformé en zone protégée. Le plan d'expropriation concernait 43 résidants et 30 terrains vagues situés dans un secteur de 50 acres le long du sentier situé à l'embranchement de la rivière Humber.

Le plan de lutte contre les inondations

Une portion de la vallée du Don à North York, située au nord de l'avenue Sheppard et à l'est de la rue Bathurst, serait menacée si une autre inondation de l'ampleur de celle de Hazel se produisait. Quatre ponceaux ont été installés sous la rue Bathurst pour remplacer un pont qui avait aggravé les conséquences de l'inondation.

Un tronçon du ruisseau Black qui courait sous le terrain de golf de Lambton a été dévié. Un système d'égout qui reliait les cantons de Weston et d'York au collecteur principal a été creusé dans le terrain de golf qui était branché à la station de traitement des eaux usées. Le ruisseau Black devait couler au-dessus de l'égout et se déverser dans la rivière Humber.

La TRCA reconnaissait qu'il était nécessaire de mettre sur pied un plan régional de lutte contre les inondations, mais que le coût d'un tel plan serait trop lourd à assumer pour les propriétaires particuliers. Il était donc nécessaire de demander l'aide du gouvernement fédéral. En 1959, la TRCA a proposé un plan de lutte contre les inondations qui devait faire intervenir les trois ordres de gouvernement. Ce plan, intitulé Plan for Flood Control and Water Conservation (plan de lutte contre les inondations et de conservation de l'eau), prévoyait la construction de 13 barrages et réservoirs sur dix ans, au coût de 34 607 601 $ . Il nécessitait l'acquisition de 7 600 acres (31 km2) de plaines inondables qui devaient être transformées en parcs et installations de loisirs et compter 10 lacs. De nouveaux bassins de régularisation des crues permettraient de régler le débit de l'eau en été et, partant, de lutter contre la pollution et l'érosion, et de constituer des réserves d'eau, ainsi que des zones de protection du poisson et de la faune. Les retombées économiques étaient évaluées à 56 625 000 $. Les gouvernements fédéral et provincial devaient financer le plan à hauteur de 37,5 % chacun tandis que les municipalités financeraient les 25 % restants.

Le plan prévoyait la construction de six réservoirs le long de la rivière Humber dont le lit devait faire l'objet d'aménagements en trois endroits. Il nécessitait également l'acquisition de 1 000 acres (4 km2) de terre. On devait construire un barrage avec réservoir sur le ruisseau Etobicoke et acquérir 1 200 acres (4,9 km2) de terres inondables. Sur la rivière Don, le plan prévoyait la construction de deux barrages avec réservoirs et des aménagements au lit de la rivière ainsi que l'acquisition de 2 000 acres (8,1 km2) de terre. Sur la rivière Rouge, il était question de réparer un barrage existant et d'acquérir 1 300 acres (5,3 km2). Le ruisseau Dufferin verrait la construction de deux réservoirs et l'acquisition de 1 000 acres (4 km2). Le plan prévoyait également la construction d'un réservoir sur le ruisseau Highland et l'acquisition de 800 acres (3,2 km2), ainsi que l'acquisition de 300 acres aux alentours du ruisseau Mimico.

Selon le plan de la TRCA , le ruisseau Black verrait aussi la construction d'un barrage et d'un réservoir, ainsi que des améliorations au lit du cours d'eau, nécessitant l'acquisition de 250 acres (1 km2), pour un total de 4 740 000 $. Les coûts des autres phases du plan étaient évalués comme suit : 16 179 600 $ pour la rivière Humber; 2 522 000 $ pour le ruisseau Etobicoke; 10 555 000 $ pour la rivière Don; 1 325 000 $ pour la rivière Rouge; 1 979 000 $ pour le ruisseau Dufferin; 1 477 000 $ pour le ruisseau Highland et 600 000 $ pour le ruisseau Mimico.

Les bassins hydrographiques de la région ont connu 41 grandes inondations depuis 1804, les deux plus importantes ayant été celle de l'ouragan Hazel et celle de 1878. La rivière Humber a connu 14 grandes inondations, le ruisseau Etobicoke, 7, et la rivière Don, 6.

Les détracteurs du plan de lutte contre l'inondation prétendaient que les propriétaires qui allaient être expropriés et indemnisés devraient assumer une plus grande partie des coûts que les autres contribuables. D'autres disaient que si on interdisait de construire dans les plaines inondables et qu'on enlevait les constructions existantes, ce plan coûteux devenait superflu. Le maire Nathan Philips était opposé au plan. Pour lui, on aurait dû obtenir des rapports techniques détaillés avant d'aller de l'avant et plafonner les coûts d'acquisition des terres à 12 000 000 $. En 1960, on mettait en oeuvre le programme d'acquisition des terres qui prévoyait 22,5 millions de dollars pour la construction de structures de lutte contre les inondations. Ce programme devait se dérouler sur la période de 11 ans qui avait été prévue pour l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique globale de planification des terres inondables.

Les mesures d'atténuation qui allaient être mises en oeuvre dans la région prévoyaient des changements structurels, l'acquisition des propriétés à risque, la réglementation de l'aménagement et la mise sur pied d'un important système d'annonce de crue. Craig Mather, administrateur de la TRCA responsable de la gestion des eaux, a déclaré ce qui suit : « Tout de suite après l'ouragan, nous disposions de beaucoup d'argent pour racheter les propriétés et construire des barrages, mais au fil des années, ces projets ont perdu leur caractère prioritaire et le financement est devenu de plus en plus difficile à obtenir. On insiste moins aujourd'hui sur l'aspect structurel car il nous est impossible d'obtenir les fonds nécessaires. Nous ne connaîtrons sans doute plus de catastrophe d'une telle ampleur. Nous sommes beaucoup mieux préparés aujourd'hui. » (TS, 14 octobre 1984)

En 1972, on avait aménagé 326 milles carrés (844  km2 ) de parcs aux alentours des rivières et des lacs. Environ deux millions de personnes fréquentaient ces parcs chaque année à l'époque. Dix-neuf ans après l'ouragan Hazel, un grand barrage sur la rivière Humber était terminé et un sur la rivière Don en voie de l'être. Deux autres barrages plus petits sur la rivière rouge étaient également terminés. Onze autres barrages devaient être construits sur la rivière Humber et les ruisseaux Etobicoke et Dufferin.

En 2004, trois barrages prévus dans le plan initial avaient été construits dont le barrage de Clairville (en 1964) et les barrages de Milne et du parc G. Ross Lord (en 1973). Par ailleurs, on a construit, à Stouffville et sur le ruisseau Black à hauteur de l'avenue Sheppard, des barrages qui n'étaient pas prévus dans le plan initial. Douze importants canaux d'évacuation des crues et deux digues ont été construits. On a mis sur pied des plans de lutte contre l'érosion et acquis 32 000 acres de terre.

Le système d'annonce de crue de l'Ontario est géré par le ministère des Ressources naturelles, les offices de protection de la nature et Environnement Canada. Des comités composés de représentants des trois organismes se réunissent pour étudier les questions liées à la lutte contre les inondations. On surveille la situation dans les bassins hydrographiques, notamment les chutes de neige, les quantités de précipitations et l'écoulement et, au besoin, on émet des avertissements d'inondation. Il existe trois types d'avertissements concernant les crues :

  1. le bulletin/avis de sécurité;
  2. l'avis/alerte et
  3. l'annonce de crue.

Les parcs et les règlements de zonage

Quelque temps aprés l'innondation causé par Hazel, uUn homme a demandé à la Humber Valley Conservation Authority la permission de construire sur un terrain qui s'était retrouvé sous 15 pieds d'eau au moment de l'inondation. Ce terrain était situé à côté d'une propriété sur laquelle trois personnes avaient trouvé la mort lors du passage de l'ouragan. L'homme a objecté que, si on ne l'autorisait pas à construire sur son terrain, personne ne devrait être autorisé à construire quoi que ce soit dans trois états des États-Unis qui avaient subi des inondations. L'homme avait acheté son terrain en 1952 et ne pensait pas qu'une autre inondation de l'ampleur de celle provoquée par Hazel pourrait se produire. Il a fallu demander l'autorisation du comité de planification régional. Les nouveaux occupants de la maison dont les propriétaires avaient péri, ainsi que d'autres voisins, appuyaient la requête de l'homme, disant qu'il était impossible qu'une telle inondation se produise au cours des 100 prochaines années.

On a exproprié des résidants de Long Branch pour empêcher d'autres inondations et aménagé un parc de 35 acres après avoir surélevé la zone de 10 mètres grâce à l'apport de remblai. La ville d'Etobicoke a envisagé d'interdire toute construction le long des cours d'eau sur les terres situées sous le niveau de pointe de crue atteint après le passage de l'ouragan Hazel. Ces terres allaient être utilisées à des fins agricoles, reboisées ou transformées en parcs.

Aujourd'hui, sur les berges de la rivière Humber, depuis le lac Ontario jusqu'à la rue Dundas, sont occupées par des parcs. Aprés l'innondation on a réuni la somme de 95 000 $ pour l'acquisition des terres et 50 000 $ pour la première phase d'aménagement. Le marais situé sur la rive est de la rivière a été débarrassé des déchets qui y avaient été déposés au fil des années et aménagé pour accueillir les oiseaux et la faune. Au nord de la rue Bloor, près de Old Mill, des murs de soutènement ont été réparés ou reconstruits. L'aménagement du ruisseau Highland comprenait un grand projet de conversion d'une zone de 1 000 acres en aires de pique-nique et en sentiers de randonnée. La somme de 200 000 $ avait été réservée à l'acquisition des terrains.

Le parc Marie Curtis à Long Branch s'étend sur les deux rives du ruisseau Etobicoke le long du lac Ontario. Les plans d'aménagement de ce parc avaient été dressés avant le passage de Hazel, toutefois, ils n'ont suscité l'intérêt qu'après les catastrophiques inondations qui ont suivi l'ouragan. Ce dernier a détruit 43 maisons dans le secteur et jeté à la rue 360 personnes. Vingt acres de terre ont été achetés. Les propriétaires des 164 terrains qui se trouvaient dans les limites prévues du parc ont reçu au total 800 000 $, dont la moitié provenait de la province et l'autre moitié était partagée à parts égales entre la ville de Long Branch et l'agglomération. La ville de Long Branch a par ailleurs fait don de 6,5 acres de terre et le gouvernement fédéral de 8,5 acres. Grâce à un programme d'enfouissement, on a pu aménager dix acres supplémentaires.

Le projet du comité de planification de l'agglomération relatif au rezonage d'Eglinton Flats en vue d'en faire une ceinture verte a déclenché un conflit. Les propriétaires des terrains concernés menaçaient de construire sur leurs terrains sans l'appui ni l'approbation du comité de planification, car ils craignaient que le rezonage fasse baisser la valeur de leurs propriétés. Le secteur d'Eglinton Flats a été converti en parc de loisirs de plein air. On y trouve des patinoires, une pente de glisse, des courts de tennis et des jardins communautaires.

Un nouveau projet d'aménagement d'Eglinton Flats a été bloqué. Les propriétaires souhaitaient qu'une partie du secteur, d'une superficie de 135 acres, puisse être aménagée à des fins commerciales ou industrielles. L'interdiction de construire à Eglinton Flats était mal accueillie par les propriétaires qui comprenaient mal qu'on leur interdise d'aménager des terrains qui n'avaient pas été submergés par l'inondation alors qu'on aménageait des terres qui avaient été inondées.

Les promoteurs ont tenté de court-circuiter la TRCA en demandant à la Commission des affaires municipales de l'Ontario l'autorisation de construire une tour à appartements à l'ouest de Weston Road, près de la rivière Humber. La commission a rejeté leur demande.

Les propriétaires dont les terres ont été désignées terres inondables ont vu la valeur de leurs propriétés baisser considérablement. Des terrains qui valaient auparavant entre 10 000 $ et 30 000 $ l'acre ne valaient plus qu'environ 2 000 $ l'acre. Qui plus est, les propriétaires n'étaient plus autorisés à construire sur leurs terrains. Le secteur de Raymore Drive dont les maisons avaient été emportées par les flots a été racheté pour être transformé en parc; on y a aménagé un terrain de jeux.

Un lac de 50 acres a été créé avec l'érection du barrage de 65 pieds au nord-est de la rue Dufferin et de l'avenue Finch. Le parc qui l'englobe porte le nom de l'ingénieur chargé de la lutte contre les inondations à Toronto, à savoir G. Ross Lord. Le coût de construction du barrage a été estimé à 5 000 000 $.

Un promoteur a proposé de céder à la TRCA 14 acres de terre propices à la création d'un parc si cette dernière l'autorisait à construire deux tours sur les 13 acres qui lui restaient. La TRCA a refusé, les tours en question devant être construites sur les berges de la rivière Humber, sous le niveau de crue établi lors de l'inondation de l'ouragan Hazel. Le promoteur a accusé la TRCA de réduire à néant le potentiel de ses biens immobiliers. La TRCA a réussi à empêcher tout nouvel aménagement sur les plaines inondables de Toronto, sans toutefois pouvoir empêcher le réaménagement des terres déjà occupées. Elle a acquis au total plus de 14 000 acres de terres inondables.

On a redéfini les terrains susceptibles d'être inondés en fonction de deux critères, le premier étant le niveau le plus élevé atteint par l'eau dans la région lors du passage de l'ouragan Hazel et le second étant le niveau le plus élevé atteint au cours des 100 dernières années. Certaines localités comme Uxbridge se trouvent entièrement dans la zone qui répond au second critère. En conséquence, on doit y limiter les autorisations de construire et imposer des modifications en matière de construction, en ce qui a trait par exemple au renforcement des murs et à la construction de brise-lames.

Un projet de construction dans le secteur de St. Lawrence Square concernait exclusivement la plaine inondable de la rivière Don. Le projet de construction à l'intersection des rues King et Parliament prévoyait la création de 700 logements dans une zone déjà construite, mais nécessiterait l'installation de dispositifs spéciaux de protection contre les inondations. La rive ouest de la rivière Don est constituée de terres basses. Les eaux pouvaient donc atteindre la rue Yonge en cas d'inondation. Les nouvelles constructions doivent répondre à des critères très particuliers dans l'ensemble de ce secteur.

L'imposition de normes de conception particulières pour tous les projets de construction de la plaine inondable de la rivière Don à l'est de la rue Yonge a fait l'objet d'un éditorial virulent. L'auteur remettait en question le bien-fondé de ces mesures de sécurité qui, lui semblait-il, étaient excessives compte tenu du fait qu'une catastrophe de l'ampleur de l'ouragan Hazel ne risquait de se produire qu'une fois par millénaire.

L'Office de protection de la nature de Toronto et de la région

En 1946, le gouvernement provincial de l'Ontario a proclamé la Loi sur les offices de protection de la nature qui permettait aux municipalités situées dans des bassins hydrographiques de créer un office de protection de la nature chargé de la conservation et de la gestion des ressources naturelles. C'est en 1957 que l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région a vu le jour pour remplacer quatre organismes de protection de la nature distincts.

Depuis sa création, l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région a élaboré et mis en oeuvre des programmes de gestion des ressources naturelles renouvelables dans les bassins hydrographiques qui relèvent de sa compétence. Il est chargé de gérer les plaines inondables et les terres adjacentes, ainsi que d'autres secteurs vulnérables, en appliquant les règlements et la politique d'aménagement du territoire en vigueur. Les terres placées sous sa responsabilité s'étendent de l'embouchure du ruisseau Etobicoke à Mississauga à l'embouchure du ruisseau Carruthers près d'Ajax et, au nord du Lac Ontario, des cantons de Mono et d'Uxbridge.

L'Office de protection de la nature de Toronto et de la région a mené la campagne pour la construction de barrages sur les cours d'eau de la région de Toronto. Il a par ailleurs obtenu la permission et le financement nécessaires à l'acquisition des terrains qui avaient été inondés lors de l'ouragan Hazel, afin de restituer ces terres au lit de la rivière. Le plan de lutte contre les inondations permettrait de faire en sorte que, si un autre phénomène de l'ampleur de Hazel venait à se produire dans le bassin de la rivière Humber, le bilan ne serait pas aussi catastrophique.

En sa qualité d'organisme partenaire, l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région a pu, avec l'appui de tous les ordres de gouvernement, d'entreprises et de particuliers, améliorer rapidement l'état des bassins hydrographiques placés sous sa responsabilité.

Pour tout renseignement concernant l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région, veuillez consulter son site Web à http://www.TRCA .on.ca/ ou écrire à l'adresse suivante :

Office de protection de la nature de Toronto et de la région

5 Shoreham Drive, Downsview (Ontario) M3N 1S4, Canada
Tél. : (416) 661-6600; Fax : (416) 661-6898
Courriel : info@TRCA.on.ca.

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