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Troisième évaluation nationale

Sommaire

Le Règlement sur les effluents des mines de métaux(REMM) est entré en vigueur en 2002 en vertu de la Loi sur les Pêches. Il précise les limites au point de rejet (décharge) de certaines substances, et fixe une norme nationale visant la protection des poissons, de l’habitat des poissons et l’utilisation des ressources halieutiques. Les effluents des mines de métaux sont conformes à plus de 95 % aux limites prescrites et satisfont à l’exigence de ne pas avoir une létalité aiguë pour la truite arc-en-ciel (Environnement Canada 2015). Au-delà de leur obligation du respect des limites au point de rejet, le REMM impose aux mines canadiennes visées de réaliser des études de suivi des effets sur l’environnement (ESEE) sur les effets potentiels de l’effluent minier sur l’environnement aquatique. Les informations obtenues grâce aux ESEE contribuent à l’évaluation de l’efficacité du Règlement pour la protection de l’environnement aquatique et des technologies, pratiques et programmes actuels et futurs de prévention et de contrôle de la pollution du secteur minier. L’objectif du présent rapport est de présenter les principales conclusions des ESEE réalisées par les propriétaires des mines à travers le Canada.

Les ESEE imposées par le REMM consistent en des études de suivi biologique et de la qualité des effluents et de l’eau. Les études biologiques sont effectuées sur trois composantes : les populations de poissons, l’habitat des poissons (représenté par la communauté des invertébrés benthiques) et l’utilisation humaine des ressources halieutiques (représentée par la concentration de mercure dans les tissus des poissons). Les études de suivi de la qualité de l’effluent et de l’eau, consistant en une caractérisation chimique de l’effluent final, des essais de toxicité sublétale et une surveillance de la qualité de l’eau dans l’environnement, contribuent à l’évaluation de la qualité de l’effluent et des conditions de l’environnement aquatique dans chacun des sites miniers. Le présent rapport est centré sur les composantes biologiques des ESEE afin de fournir une évaluation à l’échelle nationale des effets potentiels des effluents des mines de métaux sur les environnements aquatiques.

Le troisième rapport d’évaluation national résume les études de suivi biologique entreprises pour évaluer la présence ou l’absence d’effets, soumises à Environnement et Changement climatique Canada avant le 1er octobre 2013. Il résume également les études de suivi biologique entreprises pour connaître l’ampleur, l’étendue géographique et la cause des effets observés, soumises avant juin 2014. Les résultats des études sur la toxicité sublétale et la caractérisation de l’effluent effectuées entre 2003 et 2012 sont aussi résumés afin de fournir des renseignements complémentaires.

Le REMM définit un « effet » comme l’écart statistique entre les données recueillies dans les zones exposées à l’effluent minier et celles recueillies dans une zone de référence similaire non exposée à l’effluent. Cinq indicateurs d’effets sont associés à la composante « population de poissons », quatre à la composante « habitat des poissons » et un à l’« utilisation des ressources halieutiques ». On estime que la présence ou l’absence d’un effet est « confirmée » lorsqu’un type similaire d’effet ou l’absence d’effet a été observé lors de deux études consécutives. Si des effets sont détectés lors d’une étude et que, lors d’une deuxième étude, on observe des effets différents ou l’absence d’effet, la présence ou l’absence d’effets sera déclarée « non confirmée » et l’on devra effectuer des études supplémentaires pour obtenir une confirmation.

Bien que le secteur des mines de métaux respecte dans plus de 95 % des cas les limites de rejet prescrites, les résultats d’une décennie d’ESEE ont mis en évidence des impacts sur les poissons et leur habitat en aval des mines de métaux, mais les effluents n’ont que rarement un impact sur la consommation humaines des poissons.

La plupart des mines (62/82 ou 76 %) qui ont réalisé deux études consécutives visant à évaluer des effets ont confirmé au moins un effet, et 52 % (32/62) de ces mines ont confirmé des effets à la fois sur les poissons et leur habitat. Une mine a confirmé l’absence d’effets sur les poissons, leur habitat et l’utilisation des ressources halieutiques. Pour presque toutes les mines (57/62 ou 92 %) dont les effets ont été confirmés ont relevé au moins un effet dont l’ampleur pourrait être indicative d’un risque plus élevé pour l’environnementNote de bas de page 1.

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Dans le cas des poissons, le changement (hausse ou baisse) du rapport entre le poids et la longueur du corps, appelé « condition », est l’effet le plus fréquemment observé, mais des changements ayant trait à la survie, à la croissance, à la reproduction ou à la taille relative du foie ont aussi été observés. Les indicateurs de survie, de croissance et de taille du foie ont souvent été plus importants dans la zone exposée à l’effluent, alors que les indicateurs de condition et de reproduction étaient souvent moindres.

Dans le cas de l’habitat des poissons, l’effet le plus courant était le changement dans la structure des communautés d’invertébrés benthiques (mesurée grâce à un indice de similitude), suivi par la baisse du nombre d’espèces présentes (soit la richesse taxonomique). Les changements du nombre total d’individus (augmentation ou diminution de la densité) et les changements du nombre d’individus de chaque espèce (mesurés grâce à un indice de régularité) étaient moins communs. Le nombre de mines où était observée une densité accrue dans la zone exposée à leur effluent était plus élevé que celui des mines où une baisse de densité a été relevée.. Les effets causaient aussi souvent des hausses que des baisses au nombre d’individus de chaque espèce dans la zone exposée.

Les études de suivi réalisées pour évaluer l’impact des effluents des mines de métaux sur la concentration de mercure dans les tissus des poissons (utilisation des ressources halieutiques) n’ont pas établi de liens entre l’effluent des mines de métaux et une teneur élevée en mercure dans les tissus des poissons.

Les résultats des ESEE indiquent que la toxicité sublétale (TSL) globale des effluents miniers est demeurée stable pendant la première décennie d’application du REMM. Les résultats des essais de TSL ont montré que l’effluent des mines de métaux avait l’effet le plus important sur la reproduction des invertébrés et la croissance des plantes aquatiques et le moins d’effet sur la croissance larvaire des poissons. Certains essais de TSL ont indiqué que les effluents miniers stimulaient la croissance des plantes et des algues.

Si l’existence d’effets était confirmée, les mines devaient réaliser un échantillonnage à des endroits supplémentaires à l’intérieur de la zone exposée afin d’évaluer l’ampleur et l’étendue géographique desdits effets confirmés. La plupart des mines (25/29 or 86 %) ayant évalué l’ampleur et l’étendue géographique d’effets confirmés dans la zone exposée proche du point de rejet de l’effluent (la zone proche) ont noté un ou plusieurs des mêmes effets dans la zone exposée plus éloignée de l’exutoire (zone éloignée). La moitié des mines (14/25 ou 56 %) qui ont évalué l’ampleur et l’étendue géographique de plusieurs effets confirmés ont observé les mêmes effets multiples dans la zone éloignée. Dans plus de 50 % des cas, les effets sur les poissons détectés dans d’autres lieux était moindres que ceux observés près du point de rejet. L’ampleur des effets sur l’habitat des poissons était surtout indicative d’un risque plus élevé pour l’environnement, à la fois à proximité du point de rejet et dans les autres lieux de la zone exposée. La distance entre ces autres lieux d’exposition et le point de rejet n’avait pas d’influence sur l’occurrence ou l’ampleur des mêmes effets.

Une fois l’ampleur et l’étendue géographique d’effets confirmés déterminées, les mines sont tenues d’effectuer une étude de suivi biologique pour établir les causes de ces effets confirmés. Trente-cinq mines ont recherché les causes de ces effets. Deux catégories générales d’effets ont été étudiées : les effets inhibiteurs causés directement par la toxicité ou l’altération de l’habitat ou indirectement par la limitation alimentaire ou les substances toxiques contenues dans les proies; et les effets stimulants pouvant être causés par l’eutrophisation due à l’ajout de nutriments dans l’environnement. Environ la moitié des mines ayant recherché des causes ont principalement étudié les effets surtout inhibiteurs, et les autres ont principalement étudié les effets stimulants ou une combinaison d’effets inhibiteurs et d’effets stimulants. Certaines mines ont terminé leurs recherches des causes, alors que d’autres n’ont terminé que la première partie d’une étude en deux parties.

Des 26 mines qui ont recherché les causes, 77 % (20/26) ont déterminé que l’effluent minier actuel était la cause primaire ou probable contribuant aux effets observés. Deux mines ont établi que les substances liées à l’exploitation étaient une cause, mais n’ont pas indiqué si l’effluent actuel de la mine en était la source. Quatre mines ont signalé que les effets découlaient de facteurs non liés à la mine. La présence dans l’effluent des ions principaux et du phosphore tendait à être associée à des effets stimulants, alors que celle des métaux, du sélénium et des solides en suspension totaux était le plus souvent liée à des effets inhibiteurs. Les composés azotés dans l’effluent étaient associés à la fois aux effets stimulants et aux effets inhibiteurs.

 

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