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Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2013

Nº2 Pluies torrentielles à Toronto

Figure 2a. Carte du Canada mettant en évidence la région du Grand Toronto. Cliquez pour grande carte.

Une masse d'air estivale avec des orages « communs » intégrés a traversé une bonne partie du sud de l'Ontario au cours de l'après-midi et de la soirée du 8 juillet. La seule préoccupation pour les prévisionnistes était sa teneur exceptionnellement élevée en eau précipitable et son mouvement lent. Après un début de journée calme, la situation a commencé à changer en milieu d'après-midi lorsqu'un petit groupe d'orages est passé au-dessus de la baie Georgienne et a poursuivi sa course en direction du sud-sud-est. À 17 h, il pleuvait fortement au centre de la tempête, au nord de l'autoroute 401 et à l'aéroport international Lester B. Pearson de Toronto. Au même moment, une autre ligne d’orages plus faibles s'est formée au nord-ouest de la région du Grand Toronto (RGT), puis s'est déplacée en direction du sud-est, vers le centre-ville. À 17 h 30, cette tempête relativement faible a pris une ampleur spectaculaire. Soudainement, Toronto a été confrontée à deux cellules orageuses distinctes (la deuxième suivant de très près la première) qui ont ralenti leur course avant de s'arrêter au-dessus de la ville. En l'espace de deux heures, la brève tempête a apporté davantage de pluie que Toronto n'en voit habituellement pendant tout le mois de juillet. De plus, la zone touchée était la plus urbanisée du Canada. On a rarement vu un orage aussi fort inonder une surface comportant plus de ciment que d'herbe. Les quantités totales de pluie suivantes à l'intérieur et autour de la RGT aident à placer le centre de l'événement au centre-ville : 126,0 mm pour l'aéroport Pearson de Toronto, 96,8 mm pour la ville de Toronto, 85,5 mm pour l’île de Toronto, 65,8 mm pour Downsview, 51,5 mm pour East York, 19,8 mm pour Richmond Hill, 4,8 mm pour Oshawa, 4,2 mm pour Oakville et 4,2 mm pour Hamilton. La tempête a été remarquable en raison de l'intensité de la pluie, dépassant largement la capacité des égouts pluviaux et provoquant un ruissellement du surplus d'eau dans les rues de la ville, vers les ruisseaux et les rivières. La majorité de la pluie est tombée en l'espace de deux heures, de 16 h 20 à 18 h 30 environ. De nombreuses personnes ont comparé les chutes de pluie de cette tempête à celles de l'ouragan Hazel, survenu en octobre 1954.

GO Transit à côté de la rivière Don avec le niveau d'eau très élevé.

L'impact de la tempête a été accentué par les 38 mm de pluie qui étaient tombés la veille. Ajoutons à cela un printemps et un début d'été anormalement humides (les plus humides depuis 2000). Du 1er avril au 7 juillet, on a enregistré à l'aéroport Pearson de Toronto des chutes de pluie de 50 à 75 % supérieures aux normales. Pour couronner le tout, la tempête s'est abattue durant les heures de pointe de l'après-midi, piégeant des millions de personnes qui rentraient chez elles après leur journée de travail. Les 126,0 mm de pluie ont constitué un nouveau record quotidien à l'aéroport (le record pour la station remonte à novembre 1937) et un record pour le mois de juillet au complet (le précédent record de chutes de pluie quotidiennes pour le mois de juillet a été établi le 28 juillet 1980, lorsque 118,5 mm de pluie sont tombés). Le précédent record quotidien pour n'importe quelle journée à l'aéroport international Pearson de Toronto a été établi pendant l'ouragan Hazel, le 15 octobre 1954, lorsque 121,4 mm de pluie sont tombés. La tempête du 8 juillet a également établi un record pour la quantité totale de pluie enregistrée sur une période de 30 minutes ainsi que de 1, 2, 6 et 12 heures à l'aéroport international Pearson de Toronto; toutes les quantités enregistrées dépassaient d'ailleurs les valeurs des périodes de retour de 100 ans. Il est intéressant de noter que les chutes de pluie quotidiennes lors de la tempête ne constituaient PAS la valeur la plus élevée archivée par Environnement Canada sur l'un des pluviomètres de la région du Grand Toronto. À North York (Downsview), 140,6 mm de pluie ont été enregistrés le 19 août 2005, avec des accumulations maximales de 175 mm (données non officielles) dans une arrière-cour à Thornhill. Les chutes de pluie quotidiennes historiques les plus élevées en dehors de Toronto ont été relevées au nord-ouest de l'aéroport Pearson, à Snelgrove, où 181,6 mm de pluie sont tombés pendant l'ouragan Hazel.

Flooded park

Le Bureau d'assurance du Canada a estimé à près d'un milliard de dollars les dommages causés par la tempête du 8 juillet. Il s'agit de la catastrophe naturelle la plus coûteuse qu'aient jamais connue Toronto et l'Ontario. La tempête a occasionné d'importants arrêts et retards de circulation, des fermetures de routes, des annulations de vols et des inondations un peu partout à Toronto et à Mississauga. Les chutes de pluie extraordinaires ont submergé plusieurs routes et passages inférieurs, forçant les automobilistes à abandonner leur véhicule. Des vidéos montrent des voitures flottant dans les rues et sur les autoroutes, des dolines se formant et des serpents nageant à l'intérieur de trains de banlieue à l'arrêt. Des milliers de personnes ont été bloquées et certaines ont dû être secourues par bateau. D'autres ont abandonné leur véhicule et, ayant de l'eau jusqu'aux cuisses, ont marché le long de routes ressemblant davantage à des canaux. Environ 500 000 ménages, principalement dans l'ouest de la région du Grand Toronto, ont subi des coupures d'électricités allant de quelques heures à plusieurs jours. Quelque 3 000 sous-sols ont été inondés lors de la tempête de pluie, ce qui a provoqué d'importants dommages.

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