Évaluation du Programme d'intendance de l'habitat pour les espèces en péril

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5.0 Conclusions

Cette évaluation du PIH a révélé que le programme est d’une grande pertinence en regard des rôles et des priorités du gouvernement fédéral ainsi qu’un moyen particulièrement approprié d’intervention du gouvernement fédéral pour répondre aux besoins des espèces en péril sur le territoire non domanial en raison de son approche coopérative. Bien que plusieurs programmes similaires existent actuellement, aucun ne reproduit les activités ciblées par le PIH.

Le PIH a été conçu à titre de programme dirigé qui réserve des fonds de contribution aux grandes priorités du Programme, en collaboration avec les communautés d’intérêts ayant la capacité de mener des projets de conservation. Cependant, des éléments probants ont montré que le programme n’a pas rempli son mandat efficacement à ce chapitre, parce que les décisions de financement quant aux propositions soumises ont surtout été prises de manière réactive et, selon des informateurs clés de toutes les catégories, le programme doit adopter une approche plus stratégique pour allouer les fonds du PIH en raison des capitaux restreints accordés aux projets du PIH.

À la lumière des éléments probants recueillis, les difficultés du PIH à remplir son mandat de programme dirigé seraient attribuables à deux facteurs principaux. D’abord et avant tout, l’obtention des résultats escomptés du PIH est étroitement liée à la mise en œuvre du Programme fédéral pour les espèces en péril, de portée plus générale. Diverses sources ont montré que le Programme sur les espèces en péril fait face à des défis qui doivent être relevés en premier lieu avant que le PIH puisse possiblement remplir son mandat. Parmi ces difficultés, on compte la lenteur des progrès dans l’identification des habitats essentiels et l’élaboration de plans d’action et de plans de rétablissement des espèces en péril. De tels repères sont nécessaires pour favoriser la concentration des activités des projets du PIH. Ces activités dépassent toutes la portée actuelle du PIH; néanmoins, la lenteur des progrès à ces chapitres du Programme sur les espèces en péril nuit à la capacité du PIH d’affecter stratégiquement ses fonds. En réponse à une recommandation découlant de l’évaluation du Programme sur les espèces en péril réalisée en 2006, les ministères/agence principaux se sont engagés à élaborer une vision et une stratégie fédérales détaillées pour appuyer la préparation et la mise en œuvre de plans d’action pour le rétablissement des espèces en péril. Un récent suivi a montré que peu de progrès a été accompli pour formuler clairement et mettre en œuvre cette vision ainsi que pour en déterminer les conséquences sur les programmes pour les espèces en péril, dont le PIH.

Un autre facteur nuit à la capacité du Programme de cibler stratégiquement son financement, il s’agit de la capacité inégale dans la communauté des ONGE d’élaborer et de mettre en œuvre des projets de qualité qui répondent aux priorités du PIH, combinée à la capacité limitée du Programme de sensibiliser de nouveaux demandeurs de financement et partenaires stratégiques potentiels qui pourraient être en mesure de répondre aux priorités du Programme. Divers intervenants estiment que le personnel régional a un rôle central à jouer dans l’amélioration de la capacité des ONG et l’identification de projets qui pourraient intéresser de nouveaux partenaires stratégiques. À ce jour, la plupart des coordonnateurs régionaux d’Environnement Canada et de leurs homologues régionaux du MPO et de l’APC ont eu de la difficulté à remplir ce rôle en raison des ressources limitées affectées à l’exécution du PIH.

Dans sa forme actuelle, le Programme est bien géré et administré. La structure de gouvernance du Programme est claire et efficace, et les CRMO offrent un bon modèle de prise de décision par consensus entre plusieurs autorités compétentes.

Dans l’ensemble, les ressources existantes du Programme sont suffisantes pour assurer le traitement des demandes de projet, la prise de décision et l’administration des accords de contribution. Elles sont insuffisantes pour permettre au personnel régional d’améliorer la capacité des ONG et de surveiller activement le rendement et les rapports des projets.

En raison des limites inhérentes au type d’indicateurs faisant l’objet de suivis, de l’incertitude quant à la précision de certaines données recueillies sur le rendement, ainsi que de l’absence de cibles et de données de référence, peu d’information a pu être recueillie sur la réussite du Programme et l’atteinte de ses résultats immédiats. De plus, rien n’indique que le programme atteint ses résultats intermédiaires quant à l’augmentation des populations d’espèces en péril et à la réduction du nombre d’espèces inscrites sur la liste des espèces en péril en partie parce que de tels résultats peuvent rarement n’être attribués qu’aux activités de projet et, selon tous les intervenants interrogés, parce ce que l’incidence des projets du PIH sur les espèces en péril ne se fera généralement sentir qu’après des décennies. De plus, la conception du Programme et les indicateurs de rendement, ces derniers étant axés sur l’habitat, sont plus à même de contrer et de mesurer les impacts sur les espèces terrestres que les impacts sur les espèces aquatiques.

Selon des informateurs clés et des répondants au sondage, les meilleurs résultats obtenus par le Programme concernent la sensibilisation et la participation des Canadiens, suivis des résultats relatifs à la protection des habitats.

Un facteur externe important qui, selon tous les informateurs, a nui à l’efficacité du Programme demeure les longs délais d’approbation par Environnement Canada pour les projets sélectionnés en 2006-2007 et en 2007-2008. De plus, la majorité des informateurs clés du MPO a proposé que l’administration et la gestion financière des projets aquatiques financés par le PIH soient assurées par Pêches et Océans Canada.

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